CHAPITRE 6

Chapitre 6

You like it rough, don't ya?

La pénombre ambiante. L'odeur de sueur. L'alcool fort qui coule à flot. Les jets de fumée. Les lasers multicolores sur nos corps embrasés. Les basses qui raisonnent dans le sol. La voix tonitruante du DJ qui nous intime d'hurler plus fort. La musique qui se tord, ralentit, repart et explose.

Tout ça tourne si vite autour de moi que je ne prends même plus le temps de l'assimiler. Il est bientôt minuit et la salle ne se désemplie pas : c'est même le contraire on dirait. Les corps suintants se frottent les uns contre les autres et sautent avec enthousiasme en poussant des cris d'exclamations. En d'autres termes : l'ambiance est à son comble.

Pourtant, malgré l'agitation et l'euphorie générale de cette boîte de nuit, je ne suis concentrée que sur une seule chose : séduire la jeune femme qui me fait face et qui se donne à moi depuis que je suis arrivée.

Nous sommes dans un coin reculé et moins éclairé que le reste de la salle. Malgré cela, les confettis de lumière qui passent parfois sur son joli visage m'apprennent la couleur mate de sa peau et les éclats rosés de ses longs cheveux détachés sur ses épaules. Nous dansons collé-serré depuis quelques temps déjà. En plus, lorsque je suis partie boire une bière pour me rafraichir il y a une heure de cela, elle m'a suivi. Depuis, nous ne nous sommes pas quittées. Pourtant, malgré le temps qui passe, nous n'avons toujours pas échangé un mot. A vrai dire, d'après les regards relativement explicites et silencieux que je lui lance, n'importe quelle parole apparait comme futile.

Une nouvelle musique commence et nos deux corps ne font plus qu'un afin de s'adapter à la cadence. J'attrape ses poignets, soulève ses bras et les enroule autour de ma nuque. Immédiatement, sa chaleur corporelle et la mienne se mélangent. Son bassin se dandine au rythme du mien. Sa respiration est calquée sur la mienne. Mes yeux ne quittent pas les siens.

J'ai envie de lui faire tout un tas de vilaines choses, afin de faire taire ma frustration toujours présente depuis que le « dernier des coureurs » m'a rejeté.

A vrai dire, cette fille est vraiment mignonne. Avec sa peau chocolatée, son gloss rose bonbon, son piercing au nez et ses sourcils bien dessinés, elle doit en faire craquer plus d'un.

Rien à voir avec ce gars plutôt frêle pour un homme, pas assez musclé pour la norme et au style désuni et trop simplet.

Je fronce les sourcils et secoue légèrement la tête afin de me recentrer : le fait de penser à lui m'énerve plus qu'autre chose et je suis justement venue ici afin de me vider la tête. Alors ce n'est pas le moment de rater l'instant présent pour des choses aussi futiles.

Comme elle est plus petite que moi, je dois me pencher en avant afin d'être plus proche de son visage. Quelque part, j'adore ce sentiment de supériorité. De plus, son regard obsidienne m'inspire un caractère espiègle et rieur.

Malgré cela, la façon dont elle détourne souvent son attention afin de lorgner quelques secondes ma poitrine ou ses pieds m'apprend qu'elle manque trop de confiance en elle pour soutenir mon regard. Pourtant, c'est bien elle qui m'a fait valoir son intérêt en me payant une bière tout à l'heure. L'alcool doit jouer là-dessus, sans doute.

Sa taille est tellement fine et ferme lorsque mes mains viennent glisser dessus, que je ne peux m'empêcher de pincer les lèvres, agréablement surprise. Ses hanches roulent contre moi de façon à suivre le rythme endiablé de la musique et mes lèvres viennent se poser sur sa nuque pour en humer la délicieuse odeur de framboise.

— Je ne t'avais jamais vu ici avant.

Sa voix haletante et éméchée atteint mes oreilles malgré le brouhaha alentour. En réponse, mes paumes se déplacent le long de son corps mince et athlétique afin de s'attarder sur ses fesses rebondies.

— D'habitude, je ne reste jamais longtemps.

Mais toi, tu m'as tapé dans l'œil et tu es désormais dans mon viseur : je ne partirai pas sans avoir presser la détente.

Mes doigts se referment sur l'arrière de ses cuisses et je la sens se contracter contre moi.

— Pourquoi ça ?

Je découvre à son regard malicieux que malgré sa question, elle comprend totalement mon sous-entendu. Elle me chauffe et j'adore ça. Alors, en guise de réponse, je la pousse sur le mur derrière elle et elle sursaute face au contact glacé et humide contre sa peau brulante. Mes doigts agrippent fermement ses épaules étroites et je lui offre un sourire narquois, tandis qu'une odeur de whisky et de grenadine parvient à mes narines. Je lui susurre donc à l'oreille :

— Je termine souvent ma soirée...ailleurs.

Sur ses mots, j'écrase mes lèvres contre les siennes.

Cela fait longtemps que je n'ai pas embrassé une fille. De ce faite, la douceur de sa peau, l'arrière-gout de rouge à lèvres et la taille minuscule de ses mains qui viennent se poser avec hésitation sur mes joues me surprennent.

Malgré son air taquin et ses sourires malicieux, ses baisers sont timides et incertains. En effet, ses paumes glissent sur ma nuque, pour revenir à mes joues, puis à ma nuque, ainsi de suite. C'est comme s'il elle ne savait pas quoi faire d'autre en raison de son inexpérience apparente. De plus, sa langue se contente de donner des petits coups maladroits dans ma bouche et ses dents rencontrent les miennes par erreur à deux reprises.

J'en déduis que c'est à moi de mener la dance et ça me convient parfaitement ainsi.

Cela s'oppose drastiquement à mon embrassade avec Noah, dans laquelle il est parvenu à prendre les reines à la seconde où il a posé ses lèvres sur les miennes. Malgré cela, j'ai vite réussi à reprendre le contrôle et c'est à peu près à partir de là qu'il m'a repoussé.

De ce fait, je ne peux m'empêcher de me questionner sur qui est Noah Wilson : un gars qui manque de confiance en lui et qui est aussi émotif qu'une gamine surexcitée ? Ou un homme sexy qui sait parfaitement les milles et une façon de dompter une femme ?

Dans tous les cas ; je refuse de perdre contre lui.

Quelque part, c'est surement ce que j'aime le plus dans les baisers : malgré le physique et les manières d'un individu, sa façon d'embrasser en dit beaucoup sur qui il est véritablement. De ce fait, j'adore m'adapter à la personne qui me fait face afin de mettre à l'œuvre ses désirs les plus profonds. J'aime voir mes proies perdre pied sous mes yeux. J'aime dominer, tout simplement.

L'alcool coule à flot dans mes veines. Pourtant, je sais totalement ce que je fais, ce que je veux et ce que je ne veux pas. Ce dont j'ai donc conscience, c'est que c'est embrassade avec cette charmante inconnue est trop...passive à mon gout. Trop lovey dovey. C'est le genre d'étreinte qu'un couple marié s'échangerait. Pas le baiser fougueux de deux jeunes femmes bourrées dans une boite de nuit.

Moi, j'ai besoin de quelque chose de plus...animal. Comme avec...Jack.

Tout à coup à bout de nerf et en même temps que le début d'une nouvelle musique, j'attrape ses poignets, les soulèvent au-dessus de sa tête et colle mon corps tellement fort contre le sien que je l'écrase en sandwich contre le mur. En réaction, elle éprouve des difficultés à reprendre sa respiration et ça m'excite d'autant plus. De plus, ma langue vient profondément dans sa bouche et elle gémit de plus en plus fort en s'agrippant à moi afin de ne pas perdre pied.

Ses poignets sont tellement fins que je peux les maintenir surélevés d'une seule main. Ainsi, de ma main libre, j'empoigne son sein gauche et le malaxe fermement. Apparemment, elle ne porte pas de soutien-gorge et je souris de contentement. De son côté, ses yeux s'humidifient, son souffle accélère, ses jambes frémissent et je sais que si la musique ne faisait pas trembler les murs, ses gémissements se feraient entendre de tous. Elle sursaute lorsque que je coince son téton entre mes phalanges et le piercing que j'y découvre me surprend agréablement.

J'ai la furieuse envie de glisser mes doigts dans sa culotte pour voir à quel point je lui fais perdre la tête, mais la caméra accrochée au-dessus de nos corps en ébullition m'en dissuade et les toilettes sont diablement trop loin.

Soudain, du coin de l'œil je remarque un homme complétement déchiré qui nous observe de ses yeux pervers. Bière à la main et regard hagard, son sourire en coin et la bosse sur son pantalon m'apprennent que la vue lui plaît. Amusée, je lui fais un clin d'œil aguicheur.

— Tu veux te joindre à nous ?

Son corps vacille de gauche à droite et il glousse un moment avant de tourner les talons pour disparaître dans la foule. Je hausse les épaules et recentre mon attention sur ma proie de ce soir.

Cependant, c'est le moment que mon cerveau décide pour se réveiller. Là, une image de Noah Wilson se glisse sous mes paupières, tel un panneau publicitaire sur l'ouverture d'un nouveau fast-food : je ne parviens donc aucunement à détourner le regard.

L'homme bourré était blond, son T-shirt était de moitié rentré dans son pantalon et ses lacets étaient défaits.

Je fronce les sourcils. C'est quoi ces amalgames fébriles ?! J'ai envie de me mettre une baffe, de boire jusqu'à en perdre la tête et de...de le voir. De le voir et qu'il m'embrasse tout comme j'embrasse actuellement cette fille dont je ne connais même pas le nom.

Tu divagues ma grande. Apparemment, la solitude ne te réussi pas.

Afin de me recentrer, j'enfouie ma tête dans le cou de la femme aux piercings et je me mets à sucer violement la peau juste en dessous de son oreille. Je lui fais donc un joli suçon et ses doux cheveux caressent le bout de mon nez. C'est lorsque je mords subitement sa peau brulante que son exclamation passe au-dessus de la musique et que je souris.

— Tu aimes quand c'est brutal, pas vrai ?

A mes mots, elle frissonne et hoche brièvement la tête en se mordant la lèvre, les larmes aux yeux. Comme elle ne répond pas explicitement, je continue :

— Dans ce cas, dis-le.

Elle baisse la tête afin de ne pas avoir à me regarder dans les yeux et murmure un faible :

— Oui...

De ma main libre, j'agrippe son menton et la force à planter ses prunelles chargées de désir dans les miennes.

— Plus fort !

En raison de la chaleur, ses cheveux collent son visage fin, ses yeux sont aussi brouillés qu'une omelette et c'est presque si des nuages de fumée sortaient de sa bouche entrouverte.

On aurait dit Noah après sa séance de sport.

— Oui, j'aime ça !

Ses joues sont rouges, ses cheveux ébouriffés, des marques foncées décorent ses poignets et les fines bretelles de son débardeur tombent sur ses épaules.

Je ne sais pour quelle raison, mais cette vision d'elle, presque à genoux à mes pieds pour m'implorer de l'envoyer au septième ciel, me refroidit. Je me sens même quelque peu coupable et je ne comprends pas vraiment pourquoi.

Quelque part au fond de moi, j'aurais préféré que la proie se débatte un peu plus, avant de baisser les bras.

Du coup, je reste silencieuse quelques secondes et ajuste puis époussette ses vêtements du bout des doigts. Enfin, je me redresse et prends une profonde inspiration.

— Dans ce cas, trouve-toi quelqu'un qui te baisera si fort que tu hurleras son nom.

Ainsi, je coince une mèche de ses cheveux derrière son oreille et lui offre un baiser volage sur la tempe. Avec précipitation, je fais volte-face pour m'en aller. En effet, je refuse de coucher avec une fille trop soule et qui essaye de faire plus grande qu'il n'y parait, alors qu'elle pourrait le regretter plus tard. J'écoute souvent mes désirs avant ma raison, mais j'ai tout de même une once de bon sens.

Ou peut-être parce que ce n'est pas avec elle que j'ai envie de baiser, tout simplement.

Toutefois, elle me retient en attrapant le tissu de mon T-shirt.

— Quoi ? Tu t'en vas déjà ? Alors dis-moi au moins comment tu t'appelles !

Je hausse les sourcils, étonnée d'avoir gagné une admiratrice alors que je n'ai fait que déverser ma frustration et ma rage sur elle. Cependant, je lui offre un bref mais sincère sourire.

— Madison. Je m'appelle Madison.

C'est le premier prénom qui me passe par la tête. De toute façon, elle ne se rappellera pas de moi et elle ne pourra donc pas savoir que je lui ai menti. Après tout, je ne suis qu'un grain de sable sur une plage de galets.

— Moi c'est Sarah !

Elle me fait de grands signes, comme si on était devenu les meilleures amies du monde et qu'on allait se revoir. Je me contente de hocher la tête et je m'éclipse le plus vite possible pour la laisser là, en plan.

Une fois dehors, la fraicheur de la nuit refroidit mon corps aussi vite qu'un saut d'eau glacée. Je marche un peu pour m'éloigner des basses de la musique et pour dessouler. C'est lorsque je me retrouve dans un silence des plus profond, seulement entrecoupé par le lointain sifflement d'une ou deux voitures qui passent dans une rue parallèle, que je m'arrête. Là, je prends quelques longues secondes pour regarder dans le vide de cette ruelle sombre et désertée : des poubelles, des graffitis, des magasins fermés.

Alors, après m'être vraiment assurée que je suis enfin seule, je me laisse glisser le long de la façade d'un immeuble, jusqu'à ce que mon postérieur rencontre le sol. Ainsi, tout ce que j'essayais de refouler sort d'un coup, comme l'explosion tonitruante d'un feu d'artifice.

En effet, les battements de mon cœur s'emballent, mon sang traverse mes veines comme des filets électriques et ma gorge me fait mal. Le souffle court, je prends ma tête entre mes mains, tandis qu'une frustration grandissante me prend à la gorge.

Pourquoi est-ce que durant toute mon embrassade avec cette chère Sarah, je n'ai fait que penser à lui, alors qu'il m'a rejeté allégrement tandis que je m'offrais à lui ? Pourquoi je n'ai pas pu m'empêcher d'espérer que tout ce que je faisais à cette fille, il me le fasse à moi aussi ? Pourquoi ai-je envie d'en savoir plus sur lui, sur ses gouts, ses passions, ses joies et ses tristesses, alors que la seule chose que je sais bien faire, c'est baiser ?!

Dans un acte de rage, je me redresse d'un bond et envoie mon pied dans un poubelle, pour le regretter amèrement la seconde d'après. Mon regard s'oriente ensuite vers le ciel noir et sans étoile.

Ainsi, je grimace.

Idiote. Je ne suis qu'une idiote.

À suivre...

Ho ho ho!!

Des scènes de baisers, j'en ai écrit beaucoup.

Mais c'est la première fois que j'en rédige une fille/fille.

Qu'en pensez-vous? Vous avez aimé?

Et ce cher Noah qui vient hanter les pensées de cette pauvre Charlie?

Si vous avez une remarque, un avis, une aloe vera, dites-moi tout dans les commentaires!

Vous êtres les meilleurs! (juste après moi bien sûr, niark niark) !

Kiss kiss

...

7DreamUniverse



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