Chapitre 41

- Et tu aimes quoi dans la vie ?

- La peinture. C'est vraiment un art que j'apprécie grandement. Les peintres ont ce je-ne-sais-quoi qui fait toute la différence. J'aimerai avoir le même talent qu'eux.

Comme l'avait indiqué Hoseok, Chunyong et Jun se promenaient dans les jardins. Ils apprenaient à faire connaissance.

- Et tes parents sont de quel rang ? Ils sont marquis ?

Jun perdit peu à peu son sourire.

- Non.

Sa brève réponse surprit le jeune prince.

- Tu ne veux pas me le dire ?

Jun bougea la tête de droite à gauche, scrutant le sol tout en marchant.

- Tu sais, c'est ce qui m'attire chez toi. Ton côté mystérieux. Je ne sais absolument rien de toi appart tes goûts. Et ça me donne envie d'en apprendre plus.

- Vous ne devriez pas être trop curieux, Votre Altesse. Vous pourriez être déçu.

- Je t'ai déjà dit que tu pouvais m'appeler Chunyong, et que tu pouvais me tutoyer.

- Mais il faut que je reste à ma place.

L'adolescent s'arrêta de marcher, et Jun fit de même.

- Tu veux que je devine ? D'abord, tes vêtements. Ce ne sont pas des vêtements de serviteurs ou de paysans, c'est évident. Et ta façon de bouger, tes manières, ton vocabulaire, m'indiquent que tu as reçu une éducation. Tes parents sont donc de haut rang.

- Vous voulez que je vous dise ? Mon père est le dauphin du roi. Voilà, vous êtes content ?

Jun se remit à marcher à la hâte. Chunyong, un de ses sourcils arqué, rattrapa le blond.

- Pourquoi est-ce que tu t'énerves comme ça ?

- Je...je veux que vous arrêtiez de me posez des questions sur ma vie.

- Pourquoi ? Tu me caches quelque chose ?

- Non, absolument pas. C'est juste que ma vie est particulièrement ennuyante par rapport à la vôtre.

Chunyong le prit par le bras pour qu'il arrête de marcher. Il vit alors son visage et les larmes dans ses yeux qui menaçaient de couler sur ses joues.

- Jun, qu'est-ce que tu as ? Si tu as un problème, tu peux me le dire, tu sais. Je suis ton ami.

Jun ne répondit pas. Il regardait simplement l'homme devant lui, qui lui faisait un doux sourire.

- Excusez-moi...

Le blond se mît à courir vers le château, le visage dans ses mains. Plusieurs personnes se retournèrent sur son passage. Ce n'était pas convenable de courir, à la cour. Mais Jun s'en fichait. Il avait juste envie de s'enfermer dans sa chambre et d'y rester toute la journée pour y pleurer. Il entendit le prince l'appeler au loin, mais il ne se retournait pas. Jun avait vécu des choses, dans son passé. Toute sa vie, sa mère ne l'avait apprit à faire qu'une chose. Et aujourd'hui, il craquait. Malheureusement, il ne pouvait pas en parler. Il voulait, mais il ne pouvait pas.

Il entra dans sa chambre et s'affala sur son lit, pleurant toutes les larmes de son corps dans son oreiller. Chunyong l'aperçut et s'approcha en se pinçant la lèvre. Voir les gens pleurer lui faisait toujours quelque chose. Il s'assit au bord du lit et avec hésitation, il caressa le dos de l'adolescent. Celui-ci, en sentant son contact, se releva aussitôt.

- Je suis vraiment désolé, Majesté, dit-il la gorge serrée. Quelle humiliation...

- Il n'y a pas de honte à pleurer. Vas-y, pleure tout ce que tu peux. Tu te sentira beaucoup mieux, après.

Chunyong le força à poser sa tête sur son épaule, et c'est ce qu'il fit.

- Tu veux vraiment pas me dire ce qui ne va pas ?

- Non, je suis navré. J'ai un passé...douloureux. Et me rappeler ça me fait du mal.

- Oh Jun, je suis désolé. Et moi qui t'embêtes avec ça... On n'en parlera plus, dans ce cas. Et je ferai tout pour te faire oublier ce que tu as vécut.

La tête de Jun quitta son épaule. Il essuya ses yeux et fit face au prince.

- Vous êtes si bon, Majesté.

Le jeune étranger scruta la bouche de son voisin. Elle était pulpeuse et attirante, comme celle de son père. Jun s'en approcha et bientôt, il y posa ses lèvres. Chunyong se mît à rougir. C'est la première fois qu'un garçon l'embrassait. Et bizarrement, il adorait ça. Il préférait ça à tout ce qu'il avait vécu auparavant avec les filles. Et c'est là qu'il comprit : il était amoureux. Il répondit au baiser mais Jun se retira soudainement, affolé.

- Oh mon dieu, je suis vraiment désolé ! Je ne sais pas ce qui m'a prit, j'aurai dû vous demander la permission ava-

C'est Chunyong qui l'embrassa cette fois. Il tenait son visage entre ses mains pour ne pas qu'il s'en aille. Le baiser se voulait tendre. Très tendre. Les deux garçons sentaient leur cœur s'accélérer, et leur ventre se remplir de papillons.

- Je te ferai oublier ton passé. Ne pense qu'au présent et au futur, maintenant.

~

Jimin était seul avec son bébé dans sa chambre. Il attendit le retour de Yoongi, qui s'était absenté pour discuter avec Taehyung dans son bureau, comme ils le faisaient tous les jours. Assis au bord de son lit, il berçait le bébé en chantonnant un chanson. Sa douce et belle voix emplissait la pièce. Hobeom s'était endormi. Jimin sentait qu'il deviendrait comme son père : un gros dormeur.

- Me voilà pour la deuxième fois grand-mère.

Le prince sursauta en entendant sa mère, qui apparut à sa gauche, déjà assise, qui regardait le nourrisson roupiller.

- Maman.

- Comment vas-tu, mon chéri ?

- Je ne pourrais aller mieux.

Un bref silence s'installa. Ils regardèrent le bébé ensemble. Puis Jimin le tendit à sa mère pour qu'elle le tienne dans ses bras. Celle-ci l'accepta avec plaisir.

- Maman... est-ce que Papa était au courant, que tu étais une fée ?

- Oui. Et il m'a promis de ne jamais te le dire.

- Pourquoi ? demanda Jimin, blessé. C'est tellement important, j'aurai dû le savoir.

- Je ne voulais pas t'embarquer dans ces choses que tu ne comprendrai pas.

Jimin se leva d'un bond.

- J'avais 13 ans ! J'étais en âge de comprendre ! Toute ma vie, j'ai cru que ma mère était morte !! Toute ma vie, je t'ai imaginé dans une boite en bois sous la terre ! Je ne sais pas si tu te rends compte du mal que j'ai ressenti quand j'ai appris que tu étais vivante. J'étais heureux bien sûr, mais j'ai eu mal. Parce que tu m'as menti.

- C'était pour te protéger !

Et le bébé poussa des hurlements. Jimin essuya une larme d'un revers de la main et prit son enfant pour le poser dans son berceau.

- Je ne vois pas pourquoi on devait me protéger de la vérité, rajouta le brun sur un ton plus calme.

- Jimin. Tu ne t'es jamais dit que tous ce que tu lisais dans les livres étaient peut-être vrai ?

Le père de famille se retourna vers sa mère, les sourcils froncés.

- Quoi ? Comment ça ?

- Toutes les créatures magiques existent réellement. Les fées, les sirènes, les centaures, les licornes, et j'en passe. Nous vivons tous ensemble dans un monde parallèle, et nous veillons sur les humains. Parfois, nous venons dans notre monde, et certains humains nous vois. Et c'est comme ça que nous nous retrouvons dans les livres.

Jimin mît un peu de temps à encaisser ce qu'il venait d'entendre. Il se rassit près de sa mère et joua avec ses doigts comme il le faisait souvent lorsqu'il était gêné.

- Est-ce que j'ai des pouvoirs magiques, moi aussi ?

- Je ne crois pas. Sinon, nous l'aurions découvert bien plus tôt.

- Je ne pourrais donc jamais venir dans votre monde.

L'enchanteresse secoua la tête de droite à gauche tristement. Elle passa une main dans les cheveux de son fils affectueusement, comme pour le réconforter.

- Et tu ne pourras jamais venir vivre ici..

- Le monde a besoin d'amour. Si je ne suis pas là, le monde ne sera que feu et sang, et la guerre régnera. Ce n'est pas ce que tu veux, n'est-ce pas ?

- Bien sûr que non.

- Alors je dois vivre parmi les miens.

Jimin se pinça les lèvres en hochant la tête. Une question plus épineuse lui trottait dans la tête.

- Et tu vivra...pour toujours..

- Oui, les fées sont éternelles.

- Tu me verra vieillir, et mourir..

- Je peux t'offrir l'immortalité si tu le souhaites.

- Non, ce serait égoïste de ma part.

- C'est comme tu veux.

Le prince s'enfouit dans les bras de sa mère et redevint le petit garçon qu'il était autrefois.

- J'espère que tu viendra souvent me voir.

- À chaque fois que tu le désirera.

La porte derrière eux s'ouvrit et l'enchanteresse disparut. Yoongi apparut dans la pièce, mais pas seul.

- Chéri, j'ai emmené le médecin pour qu'il ausculte Hobeom.

Jimin sourit et hocha la tête. Il se leva et porta le bébé pour le poser sur le lit. Il laissa place au médecin qui commença dès à présent à faire son travail. Les deux papas l'observèrent sans un mot. Le bébé se laissa faire, étrangement. Après plusieurs minutes, le docteur se tourna vers le couple royal, et son expression en disait beaucoup sur l'état de leur enfant.

- Majestés, votre bébé en pleine forme. Seulement, il montre quelques symptômes d'une maladie assez rare..

- Laquelle ? demanda Yoongi d'un air affolé.

- Une maladie du coeur. Il ne faudra pas qu'il fasse de sport, de cheval, ou quoique ce soit qui soit trop brusque. Sinon, son coeur risque de lâcher.

Yoongi se rappela alors la fleur qui saignait, dans le jardin. En voilà la raison. Il passa une main dans son cheveux en soupirant légèrement, désemparé.

- Et il n'y a rien qui puisse le guérir ? l'interrogea Jimin avec un peu d'espoir.

- Non. Mais j'ai quelques médicaments qui contiennent des vitamines. Il devra les prendre si vous voulez qu'il soit au meilleur de sa forme.

- Nous lui donneront en temps voulu. Merci beaucoup, docteur.

Ce dernier s'inclina puis sortit de la chambre. Les deux hommes se regardèrent, sans aucune expression sur le visage.

- Il faudra le surveiller en permanence. Jour et nuit.

- Yoongi, nous ferons ce qu'il faut. Pour l'instant, il n'est qu'un bébé. Nous jugerons de ce qu'il y a de meilleur pour lui quand nous y serons confronté.

~

- Faites attention à lui, surtout.

- Ne vous inquiétez pas, Prince Jimin, votre enfant est entre de bonnes mains. Pas vrai, Jungkook ?

- Oui, c'est sûr.

Jimin embrassa une dernière fois Hobeom puis se dirigea vers son cheval. Meena et Jungkook se tenait à l'entrée du château pour leurs dire au revoir, à tous. Après quelques signes de la main, le couple royal, Seokjin, Hoseok, Taehyung et quelques gardes partirent pour la mine.

Ils arrivèrent après des heures de voyage. Tous les mineurs s'étaient alignés devant l'entrée de la mine, qui se tenait en bas d'une haute montagne. Des chariots remplit d'or circulaient dehors. C'était ce qui faisait la richesse du pays. Et la mine en regorgeait.

Yoongi descendit de son cheval, ainsi que Jimin. Le roi fit un bref discours pour saluer le travail des mineurs et de ce qu'ils apportaient au royaume. Puis les deux souverains s'étaient approchés des rangés et chaque mineur s'inclina. Certains leurs adressaient des mots gentils et des sourires.

- Prince Jimin, j'ai appris pour votre enfant. Toutes mes félicitions.

- Merci beaucoup, c'est très gentil à vous.

Ensuite, ils avaient visité la mine sombre et sale. Mais Jimin dû admettre qu'il aimait l'ambiance que dégageait cet endroit. Il discutait avec les employés de la manière dont ils récoltaient l'or, et de leurs conditions de travail. Yoongi le regardait faire, et un sourire se dessinait inconsciemment sur son visage. Jimin se débrouillait plutôt bien, en prince. Et il l'avait bien montré depuis toutes ces années.

Il était maintenant temps de retourner au château. Le petit groupe se remit en route sans se presser. Ils appréciaient regarder leur magnifique royaume, et les paysages qui le composaient. Ces cascades, ce ciel d'un bleu aquarelle, ces champs qui s'étendaient à perte de vue... Il est vrai que leur pays était l'une des plus belles terres que le monde est connu, et Yoongi en fut très fier.

Aux abords d'une forêt, ils entendirent quelque chose siffler dans les airs. Et Taehyung tomba de son cheval, criant de douleur. Hoseok arrêta l'animal sur lequel il était et découvrit le pourquoi de ces cris. Le conseiller du roi venait de se prendre une flèche dans l'épaule. La douleur était si grande que Taehyung serra des dents, les larmes lui montant aux yeux. Ses vêtements prirent une couleur rouge peu à peu. Jimin se tourna vers Yoongi. Il n'y avait pas de doutes que c'était lui était visé.

- Hoseok, ramène Taehyung au château. On vous rattrapera.

Le domestique posa difficilement son futur époux sur son cheval puis il galopa au fin fond de la forêt. Les trois autres hommes s'échappèrent pour éviter la pluie de flèches qui s'abattaient sur eux. Ils n'arrivaient pas à voir d'où elle venait à cause des sapins qui gênaient la vue. Les gardes s'y dirigèrent immédiatement pour les faire fuir. Le capitaine des gardes réapparut quelques minutes plus tard.

- On a pu récupérer que celui-là.

Nos trois garçons écarquillèrent les yeux en découvrant le jeune homme qui se tenait devant eux.

- Jun ? lâcha Jimin, plus qu'étonné.

L'adolescent ne chercha même pas à se débattre. Il tenait une arc dans la main, et un sac plein de flèches dans le dos. Étonnement, il était rouge de honte, et n'osait pas regarder les souverains dans les yeux.

- Ramenez-le au château. Je déciderai de sa sentence plus tard, ordonna le roi Yoongi d'une forte.

~

Alors que le capitaine emmenait Jun vers sa cellule, Chunyong apparut dans l'entrée. Ses pères se tenaient là aussi. Le prince fut surpris de voir Jun enchaîné.

- Pères ? Mais, qu'est-ce qui vous prend ?

- Jun n'était qu'un espion. Nous avons été prit dans une embuscade par sa faute. Je me demande pour qui il travaille..

- Pour l'épouse de l'homme que vous avez tué il y a quelques semaines, rappelez-vous, à la potence.

Le souffle de Yoongi s'accéléra. Chungho. Jun était le fils de Chungho. Et donc, par déduction, son cousin de sang.

- Mais non..ce n'est pas possible. Alors, tout ça, c'était faux ? Le bal, le baiser.., sortit Chunyong d'un air triste.

Jimin arqua un sourcil en entendant le dernier mot.

- Au début, oui. Mais après, je suis vraiment tombé amoureux de toi, Chunyong. Je te le jure ! J'ai voulu empêcher tout ça...

- Emmenez-le au cachot. Tout ce qu'il dit n'est que foutaise.

Les gardes s'exécutèrent, mais cette fois, l'adolescent essayait vraiment de s'échapper. Il criait le nom du prince, mais celui-ci scrutait le sol, les poings serrés. Yoongi s'approcha de lui et posa une main sur son épaule.

- Je suis désolé.

- Lâche-moi, dit-il d'un ton plat.

Chunyong marcha dans l'escalier en colimaçon sans destination précise. Il venait de vivre sa plus grande peur : son coeur venait de se briser en milles morceaux.

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