Ce que le désert abrite


Le minuscule feu devant moi cuit péniblement les deux lézards que je me suis chassé.
Malgré ma réussite dans ma quête de nourriture, je suis déçu par ma piètre décision.

L'énergie que j'ai dépensé à les chasser est bien supérieure à celle que leur deux petits corps vont m'apporter.
À l'abri d'une roche, je laisse mon regard caresser le ciel et sa voute étoilé.

Rien n'est plus insupportable pour moi que de ne pas savoir si ma famille peut encore l'observer elle aussi.
L'image de Suy suivis par celle de Hoon m'arrivent en tête.
Mon père adoptif sourit dans mon esprit.
Tout va bien se passer, tu vas t'en sortir...

C'est ce qu'il m'aurait dit.
Je soupire et récupère mes deux lézards.
Je croque dans la chair cuite du reptile et grimace.
Ok, le lapin c'est meilleur mais j'ai rien d'autre.

Tandis ce que j'avale mon ridicule repas, c'est Naïto qui remplace ma famille.
Un Naïto fou, enragé, violent, affamé, perdu, mort peut être...

Frissonnant à cette idée, j'avale mon dernier lézard et tente vainement de dormir.

************

Le matin est plus difficile que ce que j'imaginais.
Ayant bu une dernière fois, je dois continuer ma route et m'éloigner de la confortable présence d'une source à mes côtés.

Je resserre légèrement mon bandage de substitution et rattache mes tresses.
Suivant la route imaginaire que mon esprit m'a construit, je cherche tout ce qui pourrait s'apparenter à une montagne.

Et c'est une forme étrange et flou au loin qui percute mon champ de vision.
Soudain plus heureux, j'accélère le pas.
Enfin !

- Allez pitié faites que ce soit ça !

Voulant accélérer encore la cadence, je suis stoppé net dans mon élan.
Un sentiment indescriptible m'attrape les entrailles et semble les retourner.

Celui de reconnaître le pire des endroits.
Ce qui s'apparentait de loin à une forme haute et sombre est en fait une longue et immense zone de ruine noircies et distordu par le désert.

M'apparaissant comme secoué par les vagues de chaleur, l'immense terre noirâtre respire la souffrance et la hantise.

Si la nuit avait recouvert le ciel à cet instant, rien chez moi n'aurait survécu à la terreur qu'inspire cet endroit.
L'effet Omega agit de lui même et fait vibrer mon être entier par la souffrance qu'expire le lieu.

Il y a eu des morts ici.

Et comme un souvenir gravé au fond de moi, comme une part entière de mon être, je reconnais ce sol, cette sensation et cette atmosphère.

Arrêtant tout mes mouvements, je respire rapidement et frémis.
De peur de réveiller mes rêves et mes cauchemars je garde les yeux grand ouvert face au vestige du désert.

Le vestige d'un lieu dont personne n'aime ce souvenir.
Ce lieu que nous n'imaginons pas pouvoir atteindre. Que nous préférons tous penser être un mirage. Qu'on pense ne jamais atteindre.
Dont on ne souhaite pas parler, par tabou ou par peur de réveiller les fantômes de ses victimes.

Ce lieu dont le nom est devenu synonyme de tragédie, d'horreur absolue.

Devant moi se dresse, la carcasse invisible et l'esprit étouffant de l'unique ville désertique.
Thiar et son module Omega.

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