Mon ton est plus froid que je le voudrais. Cela ne me préoccupe plus, d'autant qu'il ne daigne pas me répondre. J'attrape les sangles de mon sac et ma planche, puis je quitte notre petit appartement. Plus le temps passe, plus je m'y sens étouffée. J'ai besoin de sortir, de bouger, de respirer... Ce n'est pas le cas de Germain.

Mettant ma rancœur de côté, je me dirige vers la plage d'un pas vif. Lorsque j'arrive, ce que je craignais se réalise. Tristan surfe. Il n'a pas perdu en technique, depuis qu'il est parti... Je m'engage sur le chemin de sable qui mène à la plage. Il m'aperçoit. Son corps se tourne dans ma direction alors qu'il s'assoit sur sa planche. Ses cheveux mouillés brillent au soleil tandis que ses iris m'étudient.

Cette fois, je suis préparée alors je ne réagis pas. Je retire mon paréo, me débarrasse de mes tongues et prends ma planche. Tout en ignorant le regard insistant de Tristan, je plonge dans l'eau et nage tranquillement jusqu'aux premières vagues.

- Bonsoir ! s'écrit mon ancien crush.
- Salut.

Je ramène mes cheveux dans mon dos avant de me placer sur ma planche. J'observe la mer, respire l'air salé et savoure la caresse du soleil couchant sur ma peau. Alors que je m'apprête à rentrer dans un rouleau, je suis surprise par la force de la vague. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'engloutisse à une telle vitesse...

Prise de panique, je perds tous mes réflexes. Un courant marin me tire dans les profondeurs de la mer et je suis tout bonnement incapable de bouger. L'air commence à me manquer. Mon corps réagit dans un sursaut d'instinct de survie. Je nage vers la surface mais le courant est trop puissant. Mes poumons me brûlent. Ma tête commence à tourner et au moment où des points noirs commencent à apparaître devant mes yeux, je me dis que tout est fini. Le froid de l'eau et le manque de force de mes muscles engourdis, privés d'oxygène, me font perdre tout espoir.

Soudain, une main chaude agrippe ma hanche. Un bras s'enroule fermement autour de ma taille et m'arrache au courant. De l'eau commence à s'engouffrer dans mes narines et à passer dans mes poumons. Pourtant, la personne continue de me tirer.

Nos têtes fendent brutalement la surface. Je perçois vaguement que la personne nous ramène vers la plage.

- Cris, cris, tousse !

Il m'allonge et lorsque mon dos rentre en contact avec le sable humide, je suis prise d'une quinte de toux monumentale. Je crache de l'eau alors qu'enfin, de l'air parvient à mes poumons. Je grimace, chassant la désagréable sensation de l'eau salée sur ma langue. Puis je me redresse sur un coude. Mes cheveux mouillés collent à mon visage et à ma nuque. Le vent, beaucoup plus puissant que ce que j'avais imaginé, me fait frissonner.

C'est pour ça que tu ne t'approchais pas des vagues...

Une nouvelle fois, je tousse et expulse de l'eau marine de mes poumons. Je dois donner un piètre spectacle, mais je ne m'en occupe pas. J'ai failli mourir.

- Qu'est-ce qui t'a pris ? s'exclame une voix rauque. Tu es complètement insensée ? Tu voulais mourir c'est ça ?

Avec difficulté, je m'assois et blottie mon visage dans mes mains. Je viens de reconnaître la voix de mon sauveur. Du sable gratte ma peau mais encore une fois, je m'en fiche. Cette fois, je ne retiens pas les larmes qui affluent à mes yeux. Je sanglote bruyamment tandis que mon dos se soulève. Je sais, maintenant, que je n'aurais pas dû tenter cette vague...

- Cris...

Son ton doux me surprend suffisamment pour que je relève la tête dans sa direction. Tristan s'est agenouillé à côté de moi. Ses paumes se placent sur mes épaules et me transmettent une chaleur rassurante. Puis, sans que je ne le vois venir, Tristan m'attire contre lui. Ses bras musclés me pressent contre son torse dans une étreinte désespérée. Sous le choc, je ne parviens pas à réagir.

Au bout de quelques minutes, ma respiration erratique devient régulière. Je trouve la force, au fond de moi, de repousser le corps chaud de Tristan. Le seul mot que je parviens à prononcer, d'une voix chevrotante, est "Merci".

- De rien.

Son regard trouve le mien et une fois de plus, il me happe. Je ne lutte pas contre le mélange de sentiments qui me submergent violemment. Je me sens divisée entre l'amour que j'éprouvais pour Tristan et si je suis honnête avec moi-même, que je n'ai jamais cessé de ressentir, et la fidélité qui me lie à Germain. Notre relation bat de l'aile depuis plusieurs mois déjà, mais cela ne l'a jamais préoccupé. C'est à peine si autre chose entre dans son cerveau à part ses études. Alors, assise sur cette plage, après avoir failli mourir, sous le regard intense de Tristan, ma confusion se métamorphose en certitude. Peut-être que le retour de mon crush n'est pas anodin, peut-être que l'univers m'adresse un message, peut-être qu'il est temps que je prenne la décision que je repousse depuis trop longtemps... Ainsi, lorsque le visage de Tristan se rapproche du mien, je ne me détourne pas. Je sais ce que je veux.

Pour autant, je pose mon index sur ses lèvres, à quelques centimètres des miennes. Le trouble envahit son regard tandis que ses yeux s'écarquillent et que ses sourcils se soulèvent.

- Je dois faire quelque chose d'abord.

Et je ne veux plus de relation de couple, Tristan.

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27/04/2022

Et voici la seconde partie et la fin !

Ecris-moi un commentaire pour me dire si ça t'a plu et ce que tu as pensé de cette nouvelle.

La fin est-elle claire pour toi ?

Je te souhaite une belle journée !

Des bisous,

~ Liv