TW en commentaire, bonne lecture !
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- Je bois.

Il sourit. D'un geste de la main, il appelle le bartender et commande la même chose que moi. Il demande un verre pour moi également. Je ne sais pas comment réagir. Je n'ai plus l'habitude de discuter avec des gens, encore moins des hommes... J'ai quitté Paris pour vivre en ermite, enfin, en ermite parmi les sudistes. Ils sont très sociables et accueillants.

J'aurais dû y penser avant...

- Tu as des choses à oublier ? reprend le militaire en attrapant son verre.

- Non, pouffé-je.

Menteuse.

Bien sûr que j'ai des choses à oublier. Qui n'en a pas ? Et en regardant de plus prêt, je vois le reste d'un oeil au beurre noir sur son visage. Les traces noirâtres de la fin de vie d'un hématome. Bien malgré moi, cela sert mon ventre. Ma respiration devient irrégulière et je détourne le regard. Je ne pensais pas que cela me ferait autant réagir. Mais bien avant de le voir venir, je me retrouve propulsé dans un souvenir douloureux.

- Qu'est-ce que tu fais ? C'est pas possible d'être aussi lente Lucile.

D'un geste de la tête, je vérifie que la porte de la salle de bain est bien verrouillée. Le cadenas qui me maintient en sécurité sera ouvert de l'extérieur si je tarde encore. J'ai bien conscience que cela risque de le mettre encore plus en colère mais j'ai besoin de cette soupape de sécurité.

Mon regard se poste de nouveau sur mon visage. J'ai presque fini d'effacer la trace bleu qu'il a marqué sur mon visage hier.

- Tu sais que t'as de la chance de m'avoir ? insiste-t-il. T'es trop conne ma pauvre. Personne ne veut de toi à part moi.

Ses mots sont aussi blessants que ses coups. Une nouvelle balle crible mon cœur à l'entente de sa dernière phrase. Je sais qu'il est le seul à m'aimer. Mais la douleur est trop forte.

Depuis deux jours, je ne parviens pas à marcher sans boiter. Et c'est exactement pour cette raison qu'il m'a frappé hier. Il m'a violemment disputé à cause de ma démarche. Comme je n'arrivais pas à marcher normalement, il m'a battu...

- J'arrive, ne t'inquiète pas je...

- Qu'est-ce que tu as dit ?

Sa voix agressive provoque une réaction immédiate dans mon corps. Mon cœur s'affole, se met à battre la chamade.

- J'arrive.

Je ferme les yeux un court instant. Je retiens le besoin de secouer ma tête, comme si ça allait être suffisant pour chasser ce souvenir. Mon cerveau se rappelle de tout. Il n'a pas effacé un coup, une insulte, un abus de ma mémoire. Et pourtant, je n'arrive pas à l'affronter. Ma psy ma dit d'être plus tendre avec moi-même, mais c'est plus fort que moi. Je me déteste de ne pas parvenir à oublier cette partie de ma vie. Mais je n'arrive pas à l'affronter non plus...

- Lex ?

- Tout va bien, soufflé-je.

Ma tête tourne doucement vers Milo. Son regard perçant me sonde mais il n'ajoute rien. Il se contente de boire une gorgée de scotch, tout en m'observant.

- Qu'est-ce que vous faites ici ? demandé-je finalement, pour briser le silence.

- On revient d'une mission.

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Mardi 7 décembre 2021

Et voici la fin  de ce petit texte ! Il est dur, mais les violences conjugales méritent d'être traitées, nommées et dénoncées telles qu'elles sont réellement.

Si vous êtes victimes de violences conjugales ou que vous connaissez des personnes qui en sont victimes, contactez le 3919.