Prologue
C'est une première. Je ne sais pas comment c'est arrivé. Mais d'une manière ou d'une autre, il a réussi. Ses cris ont raisonné dans mon crâne, ont fait vibrés tout mon corps, et m'ont instantanément emmerdé ! Sa détresse m'a consumé, sa tristesse m'a envahi, et sa peine m'a comblé. Avant de finalement me faire chier quand j'ai compris que ça n'aller pas cesser. J'ai d'abord pensé à une punition, me demandant ce que j'aurais pu faire cette fois-ci pour mériter ça. Mais je n'ai pas osé aller me confronter au maître pour avoir la réponse à ma question, de peur qu'il m'inflige pire qu'un petit merdeux qui se plaint sans cesse de je ne sais quoi.
Des bribes de ses conversations me viennent. Des insultes envers je ne sais quoi, ou je ne sais qui. De la colère, du regret, beaucoup de chagrin aussi m'imprègnent au fil des jours venant de sa part. Je pourrais m'en réjouir, me nourrir de son désespoir qui s'accroit. Mais sa voix qui me vrille les tympans de plus en plus forts chaque jour fait tout le contraire. Il m'affaiblit, me déconcentre dans les pires moments, et m'empêche de profiter de son malheur.
― Mais ferme-la !
Je hurle soudainement alors que ses jérémiades m'atteignent de nouveaux au plus mauvais moment. En face de moi Baël me regarde sans comprendre. Il n'a pas dit un mot depuis un moment maintenant. Même s'il me prend pour un fou, plus que je ne puisse déjà l'être, les voix elles au moins, ont cessées.
« Qui a dit cela ? » j'entends alors de nouveau dans ma tête. Je me fige. Me demandant si la voix s'adresse à moi. S'il m'a entendu. Mais je n'entends rien de plus. Pendant longtemps le silence se fait. Me laissant espérer que cette torture est enfin terminée. Et alors que je pense m'être débarrassé une fois pour toute de cette voix gémissante, elle reprend de plus belle, plusieurs heures après. À base de « j'en ai marre », « des trucs bizarre », « c'est après être allés voir cette folle », « de ta faute ! », et toute autres plaintes sans queue ni tête pour moi qui continuent. Je n'y tiens plus, et me décide d'aller voir le maître. Si je suis punie, moi un démon de haut rang, alors autant savoir pourquoi.
Avec chance, il me reçoit rapidement. Son humeur n'a pas l'air pire que d'habitude. Il n'a pas l'air de jouir de la torture qu'il est peut-être en train de me faire subir depuis quelques jours. Quand il me demande ce qui m'amène, je pense comprendre qu'il n'y est donc pour rien. Il m'écoute lui parler de mon problème. Je lui explique tout ce qu'il se passe. De la voix qui me vrille le crâne, m'empêchant de me concentrer, aux émotions que je ressens pour la première fois depuis des années ; à la satisfaction que je devrais être capable de ressentir face à la peine que dégage cette voix, mais qui n'est pas là. Le maître réplique quand j'en ai terminé :
― Tu as un problème.
Je m'abstiens de tout commentaire. Je sais bien que j'ai un problème, si ce n'était pas le cas je ne serais pas là, à lui débiter toutes ces choses qui sont encore pour moi complètement insensées, et surréalistes, bordel. Il se concentre, les yeux fermés, les traits tendus. Ils rouvrent les yeux avant de m'expliquer :
― D'une façon étrange un humain s'est lié à toi. Encore une de nos voyantes qui a semé la pagaille.
J'en reste interdit. Comment un humain aurait-il pu se lier à un démon de mon rang ? Même une voyante d'une puissance extrême ne peut pas réussir à faire cela facilement.
― Tu dois régler le problème. Si tu ne le fais pas, je ne donnerais pas chère de ta peau dans quelques semaines, les nouvelles recrues seront plus fortes que toi. Ses émotions puisent ton énergie d'une manière étrange.
― Comment suis-je censé faire ? osé-je demander, ne voyant pas de solution dans l'immédiat.
― Tu le retrouves. Et tu t'en débarrasses.
Il me congédie aussitôt sans un mot de plus.
C'est en sortant de son antre que ma quête a alors commencé. Je suis partie à la recherche de cet humain, qui, je ne sais comment, s'amuse à me dépouiller un peu plus chaque jour, de mon énergie. Une fois trouvé, je m'en débarrassais de la manière la plus radicale qui soit. Cela étant nécessaire à ma survie.
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