Mon cul blanc ne plaît pas forcément

— Je ne vais pas porter ça !

— Pourquoi pas ?

— Pour... pourquoi pas ? Tu oses me demander, je rêve.

Si je me mets à balancer ce truc devant ses yeux il va bien comprendre qu'il y a un souci, non ? Sans rire, il y a bien plus de ficelle que de tissu ! Même pour un être de son espèce j'ose croire que l'évidence devrait lui sauter aux yeux. Parce que s'il s'imagine que je suis du style à porter une telle chose, qui mettrait mon derrière à nu, il se met le doigt dans l'œil le démon.

— Tu ne peux pas continuer à oser porter tes boxers pourris alors qu'on est sur le point de te dégoter un mec.

— Ce n'est pas non plus un Jockstrap qui va me faire rencontrer l'homme de ma vie ! Je dois faire quoi au juste avec ça ? Me promener dans la rue et baisser mon froc dès que je verrais un gars mignon passer près de moi ? J'ai plus de chance de me faire arrêter pour atteinte à la pudeur et finir en prison plutôt que dans son lit.

— Tu dois te sentir désirable pour pouvoir être désiré en retour. Pour ça, il ne faut pas lésiner sur la touche sexy si tu ne veux pas tomber sur un mec qui est aussi à côté de la plaque que toi.

Je souffle et passe une main dans mes cheveux, qui aurait pensé qu'avoir une conversation comme celle-ci serait au programme quand je me suis réveillée ce matin.

— D'où est-ce que tu me sors de telles conneries ? Les démons sont friands des magazines de kiosques que l'on trouve à n'importe quel coin de rues ? Ceux qui promettent la solution miracle pour t'aider à trouver l'amour en dix leçons ? Écoutes, je suis désolé de te l'annoncer de but en blanc sans prendre de gants, mais c'est de l'arnaque Oh grand maître des ténèbres.

Ce n'est pas faute d'avoir essayé par moi-même, mais je ne vais pas lui avouer ça. Caym ne prend pas en compte ce que je viens de lui dire, attrape même un autre article du genre avec des flammes dessus —approprié— et me le tend.

— Si ma mission est de te trouver quelqu'un il n'est pas question de se contenter d'un type étiqueté au rabais ! Un peu de respect pour toi et pour moi, merde !

— Caym, si tu te contentes de te taper tous ceux que tu trouves à ton goût physiquement, ce n'est pas mon cas. Bien sûr si c'est un apollon je ne dirais pas non, mais ce n'est pas ma priorité. Quand je pense à l'homme avec qui je passerai le reste de ma vie, je ne pense pas à son physique, à sa morphologie. Non, moi quand j'y pense, j'imagine juste une harmonie parfaite entre nous, pas un truc cul-cul la praline du genre prince charmant. Je veux juste un homme qui m'aime, qui n'a pas peur de le montrer, n'a pas honte de moi et qui n'essaie pas de me changer. Je veux quelqu'un qui accepte mes qualités, mais aussi mes moindres défauts. Je veux qu'il me regarde avec des yeux brillant comme si j'étais son monde, même si je ne le vois pas. Je veux qu'il me prenne la main en public pour bien montrer que je suis à lui peu importe qui il croisera dans la rue. Je veux un homme avec qui j'aurais des papillons dans le ventre toute ma vie, qui me fera sourire chaque fois que je le vois même après une journée de merde. Je veux quelqu'un qui me comprenne même si je ne dis pas un mot, qui voit quand je ne vais pas bien même si je rigole et fais des blagues. Un homme qui m'offre des cadeaux ridicules juste parce que ça lui a fait penser à moi, qui m'offre des choses justes parce qu'il en a envie et pas parce que c'est une date spéciale. Je veux que tout ça soit réciproque surtout.

J'inspire longuement et relâche ma respiration lentement avant de continuer :

— Mais je crois que je n'aurai jamais cette chance, je suis trop... trop. Juste trop, pour tous les mecs. Alors bonne chance pour ta mission. Je suis désolé d'avance si tu échoues par ma faute et que ce lien ne se rompt jamais, Sincèrement, je m'en voudrais réellement si par ma faute tu t'affaiblissais de trop et que cela te coûte cher. Ce n'est pas ce que j'espère pour toi, même si tu as déjà essayé de me tuer ne l'oublions pas, seulement je pense juste que je ne suis pas fait pour le vrai amour, même si j'y ai cru un jour.

Quand je finis mon monologue je redresse la tête pour voir Caym m'observer avec un air que je ne lui avais jamais vu avant. Je rougis et baisse la tête, quelle idée de raconter ça à un démon qui n'en a clairement rien à faire et qui veut juste se débarrasser de moi au plus vite. Je me secoue et reprends la parole pour que Caym ne puisse pas le faire avant moi.

— N'oublions pas que je veux des parties de jambes en l'air d'enfer !

Caym lève un sourcil, un coin des lèvres remonté en un sourire moqueur et je me rends compte de la connerie que je viens de dire.

— Je veux dire que... je veux m'envoler au septième ciel. Pas... pas en Enfer. Oh et puis merde, donne-moi ça !

J'attrape le truc qui sert de sous vêtement recouvert de flamme et me dirige vers une cabine d'essayage les mains pleines, autant en finir maintenant parce que je sais bien que je n'aurais pas le dernier mot. Je vais commencer par le dernier qu'il m'a refilé pour en être débarrassé. Je ferme le rideau de la cabine, mais sens la présence de Caym proche de celle-ci. J'ouvre à nouveau juste pour passer ma tête et le vois les bras croisés à attendre à quelques centimètres. Je m'apprête à dire quelque chose, lui demander d'aller voir plus loin parce que je n'ai pas besoin de lui, mais avant même que ma bouche ne s'ouvre sa voix résonne déjà dans ma tête.

« Je ne bougerais pas d'un poil. »

Un sourire se dessine sur ses lèvres, il attend de voir si j'ose répliquer, je le sais. Je me contente de lui envoyer un regard noir avant d'à nouveau fermer le rideau et de me concentrer sur la tâche à accomplir : réussir à enfiler ce truc à l'endroit sans laisser aucune partie dépasser. Cela s'avère plus compliqué que ça n'en a l'air et je pense que Caym perd patience, j'en suis d'ailleurs même certain car je ressens son irritabilité au fond de moi. Mais il ne s'attend quand même pas à ce que je lui montre mes essayages tout de même ?

J'ai ma réponse quand le rideau s'ouvre d'un coup alors que je viens juste de réussir à mettre correctement ce machin. Je suis dos à Caym, ce qu'il fait qu'il a désormais vue sur mon cul ! Je me retourne précipitamment, prenant soin de placer mes mains aux endroits stratégiques qui pourraient cacher un peu de mon intimité. Les yeux de Caym s'écarquillent un moment, une lueur étrange passe dans son regard avant qu'elle ne passe aussi vite qu'elle n'est venue.

« Tes mains. »

Ces deux mots qui résonnent dans ma tête me font perdre toute contenance. Je sais ce qu'il veut et je m'exécute lentement en écartant mes bras, je me tourne même pour que cette petite séance impromptue d'essayage se termine au plus vite. Je vois Caym dans le miroir de la cabine, son regard passe de haut en bas, avant que ses yeux ne deviennent totalement noirs comme les fois où sa colère atteignait des sommets. Je n'ai pas le temps de me retourner pour lui demander ce qu'il se passe qu'il disparait d'un coup, sans aucune explication.

Je devrais être habitué à ce qu'il fasse ça, pourtant cette fois ci je n'y comprends strictement rien. Avant même que je n'ai le temps de me poser la question j'aperçois la vendeuse dans le miroir, avec ses yeux écarquillés elle me fixe comme si j'étais un détraqué. Je me retourne aussitôt et ferme le rideau pour me débarrasser rapidement de ce foutu jockstrap et partir d'ici pour demander des explications au démon qui vient de me planter cul nue dans cette boutique.

— Mon...monsieur ? Ce genre d'article n'est pas autorisé à l'essayage.

La voix féminine qui s'adresse à moi derrière le rideau est peu assuré, en même temps qui n'aurait pas peur à sa place ?

— Humm... Oui, je... désolé. Je vais l'acheter, pas de problème.

Je me rhabille aussitôt, prend l'article en main et c'est mort de honte que je me dirige vers la caisse. La femme n'ose pas me regarder et je ne peux pas la blâmer, qui aurait envie de voir la tête à qui appartient ce cul blanc de rêve ?

Une fois l'encaissement effectué je me précipite vers la sortie et retourne jusqu'à ma voiture. Merde, ma voiture, Caym a conduit jusqu'ici et a gardé les clés, comment j'ai pu penser que ce serait si facile de s'échapper d'ici. J'essaie de l'appeler, dans ma tête pour ne pas paraitre plus dérangé que j'en aie l'air, mais aucune réponse. Pourquoi est-ce qu'il me rendrait la tâche aussi facile ?

— Caym... Mes clés de voiture ?

Je regarde autour de moi en parlant seul, personne ne me prête attention, pour une fois.

— S'il te plaît ?

Même si je me doute que les règles de politesse ne doivent pas valoir grand-chose aux yeux des démons... Mes clefs apparaissent soudainement dans ma main me faisant jurer lorsqu'elles rentrent en contact avec ma peau.

— Bordel de merde !

L'enfoiré ! Elles sont bouillantes ! En plein milieu de la rue je suis en train de me ridiculiser face à quelques passants qui me regardent bouche ouverte en train de jouer au jongleur. Quand le spectacle se termine enfin, sans en mener large, je rentre dans ma voiture à l'abri des regards J'essaie de ne pas trop penser, mais je parierai que Caym me les a balancés tout droit des Enfers et je me demande encore pourquoi il a disparu sans prévenir pour retourner précipitamment là dessous.

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