Je ne porterai pas de soutien-gorge, même si un démon gay me le demande
« Ne laisse pas Popol te voir nu ! »
C'est tout ce que j'ai le temps d'écrire sur un bout de papier qui traînait à l'intention de Noël avant que Caym ne m'embarque de force à l'extérieur de la maison. Quand je pense que je vais devoir expliquer ça à mon meilleur ami j'en ai déjà des migraines. Mon chat n'est pas un chat. Mon chat est un démon, une suite tout à fait logique, après tout le bordel qu'est devenu ma vie en si peu de temps ça ne devrait pas m'étonner, ni Noël puisque tout ça est arrivé par sa faute. Oui, peu importe ce qu'on pourra me dire je le tiendrai toujours responsable pour ce qui m'arrive en ce moment.
Sans avoir le temps d'émettre toute protestation, c'est du côté passager de ma voiture que je me retrouve. En plus de cela, monsieur le démon se permet de grogner parce qu'il doit ajuster le siège conducteur, comme si c'était de ma faute s'il a de plus grandes jambes que moi, ça lui apprendra à me prendre ma place. Il n'empêche que le voir derrière le volant de ma petite Mini c'est vraiment quelque chose. Il n'y a pas à dire, il serait quand même bien plus sexy au volant d'une belle voiture de sport, l'image que je me fais me rend toute chose. J'essaie de la chasser de mon esprit quand je sens que cela réveille une partie de mon corps qui devrait vraiment rester cacher devant lui ! C'est définitif, j'ai vraiment besoin de me trouver quelqu'un, parce que fantasmer sur un démon ? Oh que non ! J'aimerais éviter me faire torturer à vie s'il apprenait la façon dont mon corps réagit auprès de lui.
Caym roule sans dire un mot en adoptant un air confiant. Un air qui ne me dit rien qui vaille. Il sait où nous allons et apparemment il ne trouve pas utile de m'en informer. De plus, pour mon plus grand malheur il a coupé la radio dès qu'il a démarré. Un peu de musique aurait pourtant pu aider à détendre l'atmosphère. Enfin, plutôt me détendre moi. Pas facile de se relaxer quand on a pratiquement été kidnappé pour aller je ne sais où —note pour moi-même, je sais que l'endroit ne vas pas me plaire— avec un homme sexy à ses côtés qui dégage une chaleur constante qui fait un bien fou par ce temps qui se refroidit.
Merde alors, je commence à trouver des qualités à un démon. Ça fonctionne comment déjà le syndrome de Stockholm ?
Je n'ai pas le temps de me poser la question que la voiture s'immobilise alors que Caym vient de se garer. J'hausse un sourcil en me tournant vers lui.
— On va chercher l'homme de ma vie au centre-ville ?
— Non.
Je souffle de soulagement avant de regretter aussitôt quand il continue :
— On va chercher de quoi attirer l'homme de ta vie dans ton lit, ici.
Du bout du doigt il désigne une petite boutique dans laquelle je n'ai jamais mis les pieds. Et pour cause, la devanture ne montre que des sous-vêtements féminins bien révélateurs.
— Caym, mon chou.
Ce dernier fronce les sourcils à ce surnom, mais je n'y prête pas attention et continue.
— Je sais que tu viens d'en bas et tout ça, là où les hommes gays sont sûrement accueilli tous les jours si je dois croire tous ceux qui m'ont maudit et demandé d'aller brûler en Enfer, mais ce que tu penses de nous, les gays, a l'air assez faussé. Nous n'aimons pas tous nous déguiser en femme, donc ces trucs là que tu vois en vitrine ? Très peu pour moi.
Caym ouvre la bouche puis la referme, je rêve ou j'ai réussi à le rendre muet ? C'est peut-être une victoire que je devrais célébrer, non ? Ou je me réjouis trop vite et il réfléchit sûrement à la meilleure façon de me torturer pour l'avoir appelé mon chou. Je ne bouge pas d'un pouce en attendant qu'il reprenne ses esprits, je me mets même à fredonner un air des Spice Girls qui me passe par la tête.
— If you wanna be my lover...
Apparemment ma chanson à le don de sortir Caym de je ne sais quelles pensées dans lesquelles il était plongé.
— Où est ta famille ?
Cette fois c'est moi qui fronce les sourcils quand je le regarde. J'aimerais savoir pourquoi on en est arrivé à cette question complètement hors contexte et sans aucune utilité à notre problème. Je préfère éviter de questionner son raisonnement et me contente de répondre ce qui me passe par la tête.
— À toi de me le dire.
Il me fixe un sourcil relevé, il ne saisit pas, forcément. J'essaie donc de lui faire comprendre d'une autre façon, je n'ai pas réellement envie de parler de ça, mais qui oserait mettre en colère un être qui sort tout droit des tréfonds des Enfers en faisant le choix de ne pas répondre à ses questions parce qu'elles sont trop personnelles ? Pour avoir déjà vécu le fait qu'il a essayé de me tuer, je répondrai à chacune de ses questions.
— Quoi ? Tu vas me dire que vous n'avez pas ordre de garder un œil sur vos meilleures recrues ? Cela me surprend, mais tu n'es peut-être pas en charge du recrutement des prochains démons prêt à torturer les gays ? Mes géniteurs seraient probablement heureux de vous rejoindre afin de nous damner, nous pauvres pêcheurs. Tu sais ils ont vraiment tout essayé pour me faire revenir sur le droit chemin, celui de tu sais qui.
Mon doigt pointe vers le toit de la voiture avec un clin d'œil. Caym se tend, sa mâchoire se serre et son regard se fait un peu plus dur. Heureusement que je n'ai pas prononcé son nom à voix haute.
— Clairement ça n'a pas fonctionné puisqu'on en est ici, mais ce n'est pas faute d'avoir tenté pendant quelques années. Quand ils ont compris que j'étais perdu et sur la voie de la damnation ils ont préféré partir et faire comme si je n'avais jamais existé.
Le silence qui pèse sur ma révélation me rend un peu mal à l'aise. Je n'en parle jamais, personne n'a à le savoir, mais je ne regrette étrangement pas lui avoir avoué. Après un instant Caym soupire puis sourit, ce sourire légèrement maléfique qui pourrait me faire peur, si je le voyais pour la première fois et que je ne savais pas qu'il ne me blesserait pas.
— Poupée, j'ai une info pour toi. Tes parents auront bel et bien leurs billets d'entrée pour les Enfers, mais crois-moi quand je te dis qu'ils ne seront pas là pour un boulot, mais plutôt pour une résidence permanente. Si tu vois ce que je veux dire.
Je le fixe un moment essayant de voir s'il est sincère et si je comprends vraiment ce qu'il insinue. Je n'ai pas envie d'y croire, ou même de me pencher sur la question de leur sort. Cependant je me demande si je n'aurai pas envie de connaitre la réponse pour mon propre sort le moment venu.
— Est-ce que je résiderais avec eux ? Ce sera ça ma torture pour avoir osé préférer la chair des hommes plutôt que celle des femmes, comme j'étais censé le faire selon eux ?
Un petit sourire se dessine au coin des lèvres de Caym avant qu'il ne se penche dans ma direction. Je n'ose pas bouger alors que sa chaleur m'enveloppe de plus en plus et que mon regard se pose un instant sur sa bouche puis ses yeux.
— Poupée, si les hommes préférant la compagnie d'autres hommes dans leur lit devaient tous finir damnés, à ce jour il n'y aurait plus beaucoup de bourreaux pour leur faire subir leur supplice. Et je ne serais pas là en ce moment précis.
J'ai à peine le temps de comprendre ce qu'il insinue qu'il est déjà hors de la voiture et qu'il se dirige sans m'attendre vers la boutique. Bon clairement j'ai plusieurs choses à assimiler, mais là tout de suite il y a un gros problème, après notre conversation il n'a toujours pas compris que je ne porterais pas de sous vêtement féminin !
Je le suis rapidement et le rattrape au moment où il s'apprête à rentrer. J'attrape son bras et l'arrête. Son regard se pose un instant sur ma main qui le touche, puis il me fixe en fronçant les sourcils avant de me brûler la main.
— Pu... Ok, pas touche le démon compris ! Un simple avertissement oral aurait suffi, pas une brûlure au second degré.
— Tu es à peine rouge.
Je regarde ma main qui n'a effectivement pratiquement rien, mais si je ne me plains pas maintenant qui sait ce qu'il fera la prochaine fois. En attendant je dois lui faire comprendre que je ne rentrerais pas là-dedans. Je m'apprête d'ailleurs à lui dire quand je repense à la conversation que l'on vient d'avoir dans la voiture et mon filtre cerveau-bouche se fait la malle quand je demande :
— Les démons sont gays ? Enfin, il y a des démons gays ? Tu es gay ?
Caym se lèche la lèvre inférieure et mon regard est aussitôt attiré par ce mouvement, merde, la partie de mon corps que j'aimerais vraiment oublier à ce moment précis commence de nouveau à se manifester. Qu'est-ce qu'il m'arrive bon sang ?!
— Non, poupée, je ne suis pas gay.
Un sentiment étrange de déception me parcourt, mais Caym n'a apparemment pas terminé.
— Hommes, femmes, démons, anges... si ce que je vois me plaît, aucune différence pour moi.
— An... anges ?
Mes yeux s'arrondissent. Cela ne devrait pas me surprendre d'entendre que les anges existent puisque j'ai un démon en face de moi, mais de l'entendre me le confirmer me choque au moins autant que de savoir qu'il peut coucher avec l'un d'eux. Il y a vraiment des choses que je ne devrais peut-être pas savoir.
— Au lieu de me fixer et me faire perdre mon temps en imitant un poisson en train de se noyer, est-ce que tu vas enfin bouger ton petit cul et rentrer dans cette foutue boutique ?
Je m'apprête à riposter, mais il ouvre déjà la porte et me pousse à l'intérieur avant de se pencher à mon oreille et souffler :
— Bien que te voir enfiler une nuisette me divertirai grandement, sache qu'il y a tout ce qu'il faut pour les hommes. Maintenant, avance.
Je suis à nouveau poussé, mais cette fois la main de Caym reste sur mon dos jusqu'à m'emmener là où il le souhaite au fond du magasin, où, en effet, tout un choix pour la gent masculine s'offre à nous.
Tandis que je regarde les boxer les plus simples, Caym se dirige plus loin. Il me jette un coup d'œil, me fixe de bas en haut avant de récupérer plusieurs articles. Est-ce que je dois craindre le pire ? Oui, définitivement, surtout quand je vois le genre de chose qui l'attire comparé à ce que j'aime porter. Je sens que cette virée shopping va tourner à la torture, mais quoi de plus surprenant quand on est accompagné d'un démon ?
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