Chapitre 8.
Aujourd'hui, c'était moi qui réveillait Deborah. J'étais debout à 9h tapante, il était juste hors de question que j'arrive en retard au cours de Camille. J'avais une boule au ventre a l'idée de la revoir et surtout, j'avais une boule au ventre a l'idée d'aller sur un foutu parcours de cross. S'il y avait bien quelque chose qui me terrorisait sur terre c'était le cross. J'aurais encore eu moins peur à l'idée d'avouer mes sentiments a Camille que d'aller sauter des obstacles naturels qui ne bougeait pas si on avait le malheur de se planter. Et ça, je vous jure que ça fait mal, je l'ai appris il y a quelques années...
Mais aujourd'hui, j'arrivais à l'écurie tôt, très tôt, pour préparer Danseuse. J'étais la seule dans l'écurie et je vis les cavaliers arrivés les uns après les autres. Et pourtant, autant vous dire qu'au final, je devais pas être arrivée si tôt que ça car je venais tout juste de finir de brosser lorsque les autres se mirent à seller leurs chevaux. Mais pour une fois, j'étais la première à cheval et à rejoindre Camille sur le cross. Ce qui l'a fit d'ailleurs sourire et me valut une remarque.
Camille : Tiens tiens, miss McCullers a l'heure ! Serait ce parce que c'est moi que tu ai fait un effort ?
Je lui tirai spontanément la langue pour appuyer ma réponse.
Emma : C'est ça fou toi de ma gueule ! Ça va, t'as pas l'impression d'avoir la grosse tête ?
Camille : Non, je suis juste réaliste, j'y peux rien moi si t'es tombée sous mon charme.
Elle rentrait dans mon jeu ? Parfait ! On allait jouer alors.
Emma : Difficile de te résister j'avoue ! Ta copine doit être vachement jalouse. Enfin moi, je le serais a sa place.
Camille me jaugeait du regard et elle répondis simplement en voyant les autres cavaliers arriver.
Camille : J'ai pas de copine. Allez, magne toi de détendre ta jument, c'est pas bien de flirter avec sa prof.
Je me dépechais donc de partir au trot. Flirter avec elle me permettait surtout d'oublier mon angoisse. Angoisse qui plus est, justifiée. En m'inscrivant pour les sélections, je savais ce qui m'attendais, je savais que leurs élèves étaient formés, tout au long de l'année sur les trois disciplines olympiques afin de leur faire atteindre un niveau adéquat pour rentrer dans les divisions internationales, qu'elle que sois leur discipline. J'avais aussi à l'idée que ça ne pourrais m'être que bénéfique de me remettre au cross.
Je rejoignis Deborah et me mis au botte a botte avec elle, souriante. J'avais réellement besoin de parler pour me changer les idées.
Emma : Ça va ? T'avais déjà été sur un cross avant toi ?
Deborah me souris, visiblement contente que je vienne lui faire la conversation alors que l'on trottait d'un pas actif.
Deborah : Oui, quelques fois... Mais j'ai jamais trop eu l'occasion d'en faire réellement. Tu sais, ma discipline a moi ça reste vraiment le dressage.
Emma : C'est vrai que tu t'en sors vraiment bien, tu es la seule pour qui les cours de Charlotte ne sont pas trop intensif, je ne sais pas comment tu fais.
Deborah : Oh, je ne fais rien de spécial a vrai dire, je me suis juste fait violence en étant plus jeune !
Je lui souris et nous nous séparions pour galoper tranquillement. Une fois tout le monde détendus, on rejoignis Camille au milieu du terrain. Celle ci s'était assise sur un tronc en hauteur pour voir tout le monde et sûrement, tout le parcours qu'elle nous avait concoctée.
Camille : Bien ! Aujourd'hui je vais surtout jauger votre niveau sur un petit parcours technique. Il vous suffira pour cela d'enchaîner le tronc sur la bute en numéro un, ligne brisée le contre haut avec, en ligne, le panoramique. Ensuite, virage a gauche, le gué avec en sortie le tronc, en ligne courbe, le trou et enfin, courbe à droite, l'oeil. Je ne donnerai aucuns conseils durant votre parcours donc, mes seuls recommandations sont de galoper, vraiment et de faire attention dans les courbes. Qui dis faire attention dis : se redresser, galoper en tenant la tête à l'abord et surtout, faire attention au pied sur lequel vous galoper. C'est bon pour tout le monde ? Oui ? Alors c'est parti. Arranger vous comme vous voulez mais que ça s'enchaîne.
Bien. Je me répétait le parcours dans la tête et laissais tout le monde passer avant moi. J'observai les passages de chacun de mes camarades. Chelsea avait assuré, elle s'était littéralement promenée tout son parcours, les jumeaux Charles et Corentin s'étaient chacun pris une dérobade et deux refus qui leur aurait valu l'élimination en concours. Erwan s'en tirait lui avec un refus sur l'œil et Deborah avec une chute dans le gué. Lorsque mon tour fut venu, je pris le temps de remettre la jument au galop sur un cercle. J'étais la dernière à passer, tous les autres étaient déjà rentrés à l'écurie après leur tour, me laissant seule avec Camille. Je sentais son regard sur moi lorsque je m'élançais sur le numéro 1. Je prenais petit à petit confiance en moi et en la jument, je n'eus aucuns mal à franchir le contre haut suivi du panoramique. Je m'appliquais dans ma courbe pour aller sur le gué lorsque soudain, des flash back de mon passé me revenait en tête. Je tirait soudainement sur mes rênes avant de rentrer dans le gué, faisant effectué un arrêt net a la jument, lui arrachant la gueule sans le vouloir. Je ne m'apercevait que maintenant que des larmes coulait le long de mes joues et que ma respiration s'était intensifiée. J'étais en pleine crise de panique.
Emma : Je ne peux pas ! Je ne peux simplement pas !
J'avais crié ses paroles. Des paroles de détresse avant que Camille me rejoigne en courant. Elle avait entendu mes cris et s'était précipité vers moi dans la panique.
Camille : Calme toi, ce n'est rien. Reprend ton souffle, calme toi, ça va aller d'accord ? Raconte moi ce qu'il s'est passé.
Je me braquais. Non ça n'allait pas aller. J'étais terrorisée et je m'étais plantée devant elle.
Emma : Je suis désolée je... Je ne peux pas.
J'avais dit ces mots avant de rentrer au trot aux écuries, la plantant au milieu du terrain de cross. Il fallait que je descende de cette jument, il fallait que je m'isole et tout simplement, il fallait que je me calme et que je fasse le point sur ce qui venait de se passer.
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