Epilogue
De Faustine à Valentin :
« Je pense que j'ai besoin de te voir. »
De valentin à Faustine :
« Je ne peux pas venir maintenant, l'hôpital est fermé. »
De Faustine à Valentin :
« Je t'attendrais au lieu que tu m'avais montré. »
Assise sur le sable, je contemple le mouvement incessant de l'eau sous le ciel à présent noir. Ces dernières heures ont été chaudes en émotions. Ma poitrine se soulève, au rythme de mes respirations. Vais-je réussir à lui dire ?
Des pas raisonnent derrière mon dos. Inutile de me retourner pour savoir de qui il s'agit.
-Qu'est-ce que tu fais ici Faustine ? Me demande Valentin en s'asseyant à ma droite. Tu n'as pas fini de passer tes examens.
-Je suis passée par les urgences. Lui expliquai-je. Et a l'heure actuelle, je m'en fou un peu des examens.
Valentin pince ses lèvres, exaspéré de mon attitude.
Un silence s'installe. J'essaye de trouver mes mots.
-Lorsque je suis entrée en terminale, il y a un an, un garçon y été aussi. C'était Martin. Il était venu pour un voyage linguiste si on peut dire. Il m'avait expliqué qu'il préféré passer une année en France, car les attentes scolaires sont bien moindres qu'en Angleterre. Il habitait avec sa famille d'accueil, ici, à Nice.
Valentin ne me coupe pas. Il attend, observant lui aussi les vagues s'écraser sur le sable fin, essayant lui aussi de contrôler ses émotions. Je prends une grande respiration.
-Au début, repris-je, je ne lui parlais pas vraiment, il restait plus avec un ami à moi ainsi qu'un autre mec. Disons qu'ils s'entendaient bien parce qu'ils avaient les mêmes centres d'intérêt : les clopes, la drogue, l'alcool. Deux mois après la rentrée, sa famille d'accueil à découvert ses fréquentations et lui a ordonné de ne plus approcher ces gars-là. C'est comme ça que j'ai commencé à le fréquenter. On est d'abord devenu amis, puis c'est devenu ambigu, mais je ne me posais pas de questions, car je n'avais jamais eu de relations sentimentales avant ça. Je ne me posais pas de questions jusqu'au jour où il m'a fait du chantage pour l'aide qu'il m'avait apporté lors d'un devoir d'anglais. « Tu n'accepteras pas » avait-il finit par dire. Si seulement je n'avais pas accepté. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait ; c'était comme une attirance malsaine, il obtenait toujours ce qu'il désirait de moi ; et il m'a obtenu. Je n'avais jamais eu de relations amoureuses avant Martin ; lui avait bien trop d'expérience. Il aimait bien toucher à plein de trucs, des plans culs, plans à trois, bref, ce genre de trucs bizarres. C'est pourquoi j'étais réticente, au début, parce qu'on était trop différents, on n'avait absolument pas la même vision de la vie, lui cherchait juste à s'amuser, et moi je cherchais quelque chose de sérieux. Mais Martin m'avait promis qu'on trouverait une solution. Alors j'ai accepté, même si je n'arrivais pas à le cerner. Il m'avait expliqué qu'il ne voulait pas que ça vienne à se savoir pour nous deux, qu'il ne voulait pas « officialiser » notre relation. Je me sentais purement merdique.
Je relève les yeux au ciel, comme s'il pouvait me donner la force de continuer.
-A cause de son expérience peu ragoutante et de ses propos absolument pas rassurants, je ne me sentais pas prête à l'embrasser, car oui, nous ne nous étions jamais embrassés. Mais il a forcé, et il a gagné, comme toujours. J'étais aveuglée. Il faisait ce qu'il voulait de moi. Pas un seul jour n'est passé sans qu'il me blesse par ses dires horribles. Mais j'essayais de m'accrocher, car on allait trouver une solution. J'étais attachée à lui, puis j'ai commencé à l'aimer, sincèrement. Souvent il me répétait que ça se finirait bientôt, ce que je ne pouvais pas entendre, car il m'avait promis de trouver cette putain de solution. Comment veux tu être tranquille lorsque tu comptes tes jours ? Souvent, on se rendait chez Julien, mon ami, et ils fumaient de la drogue ensemble, devant moi, puis, il revenait pour m'embrasser, il puait tellement cette odeur infecte, mais je ne disais rien, pour ne pas le froisser. Durant les vacances de février, il m'a trompé, puis il m'a fait comprendre que c'était de ma faute, que je faisais attention à tout et n'importe quoi, que je me prenais trop la tête. A ce moment, j'ai réfléchi à le quitter, si seulement je l'avais quitté. La réalité était que j'étais bien trop attachée, que je ne sais comment, je l'aimais.
La mâchoire de Valentin se contracte. Ma respiration se veut saccadée. « Aller Faustine » pensais-je.
-Puis il m'a touché... Une larme coule sans que je le désire. Il m'a touché contre mon gré.
D'autre larmes se joignent à la première. Les yeux de Valentin se ferment de dégout, ou de colère, je ne saurais déterminer. Je respire difficilement.
-Et lorsqu'il a eu terminé, il m'a avoué que j'avais bien fait d'accepter, car sinon il m'aurait largué. Sauf que je n'avais pas accepté moi...
Ma voix se brise. Des mèches de cheveux se collent à ma peau. Il n'existe plus de larmes, mais seulement des trainées d'eau salées glissant sur mes joues rougis. Valentin attrape ma main et la serre, pour me montrer qu'il est là. J'attendis un petit moment, afin de reprendre le contrôle de mon corps, de ma voix, avant de reprendre.
-Il m'a demandé ouvertement les sensations que j'avais tiré de cette expérience, ce qui me gênait, beaucoup. Mais il s'en foutait. Et lorsque j'ai fini par lui avouer qu'il m'avait, par moments, légèrement fait mal, il s'est moquait de moi : « ce n'est pas un petit doigt qui fait mal ». Lors d'une soirée, il avait essayé d'aller plus loin encore, mais je m'étais enfermée dans les toilettes, faisant une crise d'angoisse. Il se moquait de mes principes, de mes valeurs, de moi. Il m'avait demandé de situer mes sentiments sur une droit graduée ; j'avais mis un point au hasard, trouvant son jeu débile, et il n'a pas apprécié. Un mois avant qu'il parte, je me suis dit qu'il serait plus simple qu'on arrête là, car je savais que j'allais souffrir, mais le fait de prendre l'initiative de moi-même m'aurait peut-être permis de moins souffrir. Cette idée ne lui avait pas plu et il m'a répondu que si j'osais le quitter, il ne m'adresserait plus la parole.
Mes jambes tremblent à cause du froid, ou peut-être plus de mon monologue.
-Il ne m'a pas touché qu'une seule fois. Dès qu'il en avait l'occasion, il la saisissait. Je n'ai jamais éprouvé un tant soit peu de plaisir.
Mes pleurs reprennent. Valentin caresse, du bout de son pouce, le dos de ma main.
-Puis il est parti. Il m'a quitté lorsque je passais mes épreuves du baccalauréat. Je me suis effondrée, car je m'étais consacrée à un putain de pervers narcissique pendant des mois, aveuglée. Je me suis mutilée, pour oublier. J'ai passé des soirées avec Julien à boire, pour l'oublier. Et ça marchait ; momentanément, mais ça marchait. Les cauchemars sont survenus relativement vites après son départ. Je me suis toujours réveillée la nuit depuis ce jour-là. Je n'ai pas eu l'occasion de passer une seule nuit sereinement, pas une seule sauf la nuit dernière. Mais le pire restait encore la peur du jugement, jugement des autres s'ils venaient à apprendre cette partie de ma vie. J'en avais terriblement peur, tous les jours. Ils m'auraient sûrement assimilé à une pute. Ils m'auraient tourné le dos et arrêté de me parler, honteux. C'était comme ça que je voyais les choses.
Valentin tourne sa tête en ma direction et plonge son regard triste dans le mien.
-Le plus dur était l'attachement. Car même si l'amour, les sentiments, eux, disparaissent vite lorsqu'ils ne sont plus alimentés, l'attachement lui, reste. Je n'arrivais pas à me faire à l'idée que tout ça était bien réel, qu'il m'avait largué, même après plusieurs mois, il allait revenir, s'excuser, espoir merdique. C'était compliqué, au début, de comprendre ce qu'il s'était passé. Je ne voulais pas me faire à l'idée qu'il s'était servi de moi, mais c'était un fait, un constat. Je me suis toujours retenue de faire de cas particuliers une généralité, et c'est ce qu'il s'est passé après cette relation, je ne voulais pas mettre tous les mecs dans un même panier. Alors, je ne pourrais pas te sortir un truc du style « je me demande comment était ma vie avant que tu y pénètres », parce que je le sais : merdique, ouais, j'étais dans la merde. Mais je peux t'assurer que tu m'as permis de revivre, différemment. Je n'avais pas d'oxygène, et tu es arrivé. J'étais étouffée, et tu es arrivé. En fait, j'ai l'impression que tu as toujours fait partie de moi, et imaginer ma vie sans toi à l'heure actuelle m'est tout simplement impossible, parce que je t'aime. Je t'aime Valentin. Alors, si c'était à refaire, je me jetterai encore dans la gueule du loup, je prendrais à nouveau ce risque, volontairement, juste pour te rencontrer de nouveau, juste pour croire encore en l'amour.
FIN.
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Bonjour à tous ! Alors voilà, ce livre qui me tenait particulièrement à cœur d'écrire prend fin aujourd'hui. Je dois avouer qu'il y a eu des passages plus délicats que d'autres à écrire, afin d'éviter de tomber dans un contenu "mature".
Il est vrai que, comparé à mes deux autres histoires (dont une n'a jamais abouti), celle-ci est bien différentes (sans prétention aucune de ma part) : dans le sens où, d'une part, la syntaxe et l'orthographe ont évolué (du moins je le crois) et d'autre part, le fond de mon histoire est bien diffèrent des deux précédentes, où il était bien plus question de fanfictions purement imaginaires.
J'ai conscience que cette romance ne peut pas plaire à tout le monde, mais du moins, si tu es arrivé jusqu'ici, toi, lecteur, c'est que tu as du un tant soit peu l'apprécier ; et pour ça je t'en remercie. Je te remercie aussi pour toutes les critiques constructives que tu as pu me partager tout au long de cette histoire, car je ne suis pas parfaite, et je peux encore largement m'améliorer.
Je m'excuse, par ailleurs, pour les fautes d'orthographe qu'il y a pu avoir tout au long de ces 27 chapitres...
Merci aussi à toutes les personnes qui auront aussi prit le temps de voter pour ma romance, ça m'a fait super plaisir !
Merci !
Eva
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