Chapitre 8

Je me réveillai assez tôt ce matin. On ne peut pas dire que je me suis couchée tard hier... Je m'habillai et descendis petit-déjeuner.

Je n'ai jamais compris pourquoi, après une séparation la majorité des gens sont toujours possessifs, parfois même encore plus que lorsqu'ils étaient en couple. « Pourquoi être possessif alors que tu viens de rompre avec cette personne ? » Me demandai-je. Quel que soit la raison de ta rupture, une personne ne t'appartient pas. Que vous vous soyez séparé en commun accord où parce que seulement l'un de vous le voulez, ça ne change absolument rien. Pourquoi harceler la personne de messages en lui disant : « ah d'accord, je vois, tu es comme ça, tu te remets en couple du jour au lendemain toi ». De un, vous êtes censé en avoir rien à foutre, puisque vous vous êtes séparé ; et de deux, bien sûr que la personne en question retrouvera un jour où l'autre un nouveau partenaire. Alors, que tu sois resté en contact avec cette personne ou pas, pourquoi fourrer le nez dans ses affaires ?

J'attrapai mon téléphone et le déverrouillai.


De papy :

« Alors ces vacances ? Il fait beau temps à Nice ? »


Je lui répondis avant d'ouvrir une autre conversation.


De numéro inconnu :

« Salut, je voulais savoir si tu serais libre ce soir ? »


Je regardai l'heure de l'envoi. 3h27.

Devrais tu faire ça ? Est-ce une bonne idée ? On soigne bien le mal par le mal de toute façon.


De Faustine :

« A quelle heure et où ? »


Suis-je le genre de fille naïve, que l'on retrouve dans tous ces romans, qui ne sais pas dans quoi elle s'embarque ? « Non, car au moindre faux pas, je le laisserai en plan » pensais-je. Quoiqu'il en soi, je me doute bien que nous que nous n'allons pas parler de la rotation controlatérale ou bien du cycle de reproduction des abeilles. Mais faudrait-il encore que ça ne soit pas une blague... Qui supporte qu'on se moque de soi ?

-Salut. Me lance Perryne la tête dans le cul.

-C'était bien hier ? Rigolai-je en l'observant un peu plus.

Elle se mit à rire avec moi.

-On fait quoi aujourd'hui ? Lui demandai-je en finissant mon verre de lait d'amende.

-Du jet ski.

« Bonne idée » songeai-je.


J'ai adoré cette journée passée avec mes amis. On s'est bien amusé, même si plusieurs d'entre nous sont tombés à l'eau lorsque nos amis faisaient des virages trop serrés ou encore lorsque certaines vagues étaient plus grosses que d'autres.

Même si j'habite ici depuis mes six ans, je ne suis pas beaucoup venue sur la côte. Certes, c'est pratique en été lorsqu'il fait très chaud, mais ma fréquentation de la plage s'arrête là.

« 23h en face du Jardin Albert Ier » m'avait-il répondu. J'ai d'ailleurs pris soin d'avertir Grâce, afin que, si je venais à disparaitre dans de mystérieuses circonstances, elle sache où, et avec qui j'étais. J'allume mon portable. 21h, je file sous la douche. Pourquoi ce rendez-vous te tarde tant ? « Parce qu'une marque d'attention t'obstine à en chercher toujours plus ? » réfléchis-je. Peut-être.


Tout le monde s'est couché. Ai-je l'impression d'être un voleur cherchant désespérément à sortir de cette maison que j'aurais cambriolé ? Complétement. Sans faire de bruit je sors de la maison. Je me suis rarement rendue au jardin Albert Ier. Je me rappelle juste y courir, lorsque j'étais plus petite, en jouant à « loup » avec Grâce. Il fait frais, mais pas froid. Les lampadaires éclairent d'une lumière jaune le trottoir. « Faite que je ne me fasse pas agresser » Priai-je mentalement.

Personne n'est présent devant le jardin, hormis une bande de garçons, un peu plus loin, qui boivent je ne sais combien de bières. Deux d'entre eux tanguent dangereusement. Je dévie mon regard et le pose sur mes converses. Ce genre de chaussures en toile sont très pratique en été, pour pas avoir trop chaud, mais disons qu'il faut quand même les porter avec des chaussettes, sinon, vos pieds puent.

-Bonsoir. M'interpella la voix du garçon que j'attendais.

Je sursautai, il est arrivé de l'autre côté de la rue, dans mon dos.

-Bonsoir. Répondis-je en me tournant en sa direction.

Pour dire la vérité, tout ça commence à être assez gênant.

-Je me suis dit qu'on pourrait aller sur la plage, qu'est-ce que t'en dis ? Reprit-il.

-Oui, pourquoi pas.

Nous nous assîmes sur des rochers, au bord de l'eau, afin d'éviter que le sable colle nos vêtements.

-Alors...

-Faustine. Répliquai-je en comprenant qu'il attendait que je lui donne mon prénom.

Il tourna la tête en ma direction, les coudes posés sur ses genoux. Il me sourit.

-Je suppose que tu habites ici. Reprit-il.

J'hochai la tête.

-Depuis combien de temps ?

-13 ans en octobre. Lui avouai-je un peu stressée.

-Tu n'es pas née ici ?

-Non, ma mère a déménagé lorsqu'elle s'est séparée de mon père, mais je suppose que toi oui, si tu me poses la question.

Il hocha la tête.

-Oh... Répondit-il, sans savoir quoi répondre.

-T'inquiète pas, un couple sur deux finit par divorcer, je ne suis pas bien tombée, c'est tout. Rigolai-je pour détendre l'atmosphère. Et toi... Quel est ton prénom ?

-Tu ne t'en rappelles pas ? Me charia-t-il.

-Disons que si j'avais eu à me rappeler des prénoms de chaque clients...

-Valentin. Me répondit-il. Pourquoi tu as accepté ?

Très bonne question Valentin. Pourquoi ai-je accepté ? Je ne sais pas, disons que c'était comme si peu m'importait. Alors accepter ou non, quelle est la différence ?

-Car tes yeux sont bleus. Répondis-je nullement.

Il leva la tête au ciel les lèvres étirées par un sourire.

-Dois-je en déduire que je te plais ?

-Je ne te connais pas. Rétorquai-je afin de calmer la situation.

Pourquoi, inévitablement, les garçons cherchent toujours à savoir si la fille est intéressée ?

-Et tu aimerais me connaitre ? Me demanda-t-il le visage sérieux.

Effectivement, pourquoi ai-je accepté ?

-Peut-être, puisque je suis ici. Répondis-je.

Il rigola à nouveau.

-Alors pose moi une question, n'importe laquelle.

Je dois avouer qu'être seule, auprès d'un inconnu, la nuit, à lui poser « n'importe laquelle des questions » est une situation relativement bizarre.

-Tu es déjà tombé amoureux ?


Flashback :

-Oui.

-C'était qui ? Demandai-je à Martin intriguée.

-Une fille, à la boxe.

Martin pratique la boxe depuis qu'il est petit.

-Et ?

-Et rien du tout, c'était ma meilleure amie, elle l'est toujours d'ailleurs, mais elle préférait les filles... Me répondit-il. A part ça, je n'ai eu que de courtes relations.

-Et quelle était la dernière ?

-C'était celle de trois jours, avec une amie qui s'appelait Claire.


-Je ne sais pas, c'est une question compliquée. Me répondit Valentin.

-Oui.

-Qu'en pense-tu toi ?

-Je pense qu'on ne peut jamais réellement savoir quel est le niveau de sentiments qui peut être associé à l'amour. Chaque relation est différente. Je pars juste du principe qu'une relation implique des sentiments et donc plus largement de l'amour. Mais l'amour pur et parfait, le véritable amour, comment tu peux le classifier ? Seul Dieu le connait, pour les hommes ça restera un mystère irrésolu.

Valentin ne réplique pas. Il semble juste réfléchir à ma réponse.

-Tu connais tes amis depuis longtemps ? Lui demandai-je afin d'éviter ce blanc déjà bien trop installer entre nous à mon goût.

-Je connais Jules depuis petit, commença-t-il sans que je n'arrive à poser une tête sur ce prénom, quant à Antoine, Alexandre et Thomas, on s'est rencontré au collège. Et toi, j'ai cru comprendre que tu avais pas mal d'amis.

-Oui un peu trop, avouai-je en souriant, mais disons que celles qui comptent le plus pour moi sont Grâce et Chloé.

Il acquiesça et comprit que c'était maintenant à lui de me poser une question.

-Tu fais des études ?

-J'ai validé ma première année de Droit. Expliquai-je en pensant à Lucas et Manon qui sont dans ma promos.

-Ah du droit. Rigola-t-il doucement.

-Je sais, ce n'est pas très attrayant, mais il faut bien trouver quelque chose, que ça nous plaise ou non.

-Non ce n'est pas ça, c'est juste que je ne connais pas grand monde en droit.

-Pourtant, la majorité des lycéens se dirigent vers cette filière ne sachant pas quoi faire.

-Et toi y compris ?

-Moi y compris. Et toi dis-moi, quelle sont les études que tu as choisi ?

-J'ai toujours été passionné par les sciences, le contact humain, l'aide.

-Médecine. Répondis-je.

-Disons que le système est un peu plus compliqué que ça. J'ai validé ma PACES cette année, et je rentre en médecine.

-Ça doit être vraiment intéressant. Répondis-je sincère. Chloé a elle aussi validé sa PACES mais elle à choisit maïeutique.

Je marque une pause.

-Et toi ? Repris-je la parole. Qu'est ce qui t'a poussé à me demander mon numéro ?

Il sembla réfléchir quelque instant.

-Disons que tu m'intrigue, j'ai l'impression que tu as du cran, que tu es solide, mais je ne sais pas pourquoi.


C'est le weekend. Julien, Martin et moi sommes assis sur mon lit. Nous devons rendre un devoir de philosophie dans quelque temps. Julien est très impliqué, mais Martin ne cesse d'attirer mon attention sur lui, ce qui m'empêche de travailler. Julien, qui a fini sa partie s'énerve. Il est vrai que Martin n'est pas venu en France pour travailler ou avoir son bac. « Je suis venu pour avoir une année tranquille » m'avait-il avoué. Par conséquent, c'est une très mauvaise idée de travailler en groupe avec lui.

-Pourquoi tu me fais ça ? Me chuchota Martin dans le couloir, lorsque je revenais de la salle de bain.

-De quoi ?

-Pourquoi tu me fais encore attendre ?

-Je ne sais pas... Parce que j'ai peur. Lui avouais-je.

-Sauf que j'ai assez attendu. A partir de lundi, si j'ai envie de t'embrasser, je t'embrasserai.

Je ne répondis rien. A-t-il raison, a-t-il tort ? A-t-il le droit de m'imposer sa volonté ? De toute manière, je ne ferais jamais le premier pas.


J'attrape la bouteille d'eau posée sur la table de nuit et fais couler le liquide acclimaté à la température de la pièce dans ma gorge ; j'en verse également un peu dans mes mains, et me le passe sur la figure, faisant, au passage, tomber quelque goutes sur le drap. Je me suis un peu trop bien réveillée, « se rendormir ne va pas être une tâche simple » pensais-je en soufflant.


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Salut ! Alors, que pensez vous de cette première rencontre, de ces première questions posées ?

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