Chapitre 4

Ce matin je me réveillai dans mon séjour, devant une télévision toujours allumée.

-Eh merde l'électricité. Bougonnais-je en m'asseyant pour reprendre mes esprits.

Je tournai la tête vers l'horloge et me rendis compte qu'il était déjà midi passé.

-Putain, encore une journée de merde. M'énervais-je.

Bon au moins j'aurais rattrapé une bonne partie de mon manque de sommeil dû à mon travail.


La journée est assez vite passée, Allongée dans mon lit, j'imagine déjà celle qui m'attendra demain. Grâce est censée passer la nuit de dimanche à lundi chez moi, et par la même occasion, nous rejoindrons ensemble nos amis lundi.

Au début, j'essayais de tenir le plus de temps avant de dormir. J'entretenais cette « veillée » comme je le pouvais : télévision, téléphone, philosophie. Mais je me suis vite rendue compte que ce n'étais pas réalisable et qu'à chaque fois, inévitablement, je m'endormais. Alors j'ai laissé tomber, j'ai compris que ça ne changera pas les choses. A quoi bon me fatiguer à attendre, alors qu'inévitablement, je m'endormirai ?


C'est une belle journée même s'il fait assez froid. Grâce, Martin, Julien et moi sommes dans un couloir du lycée. L'ambiance est bonne. Je me bats avec Martin tandis que Grâce nous regarde en rigolant ; et Julien, comme à son habitude, n'est pas très bien. Soudain Martin me retourne tout en passant son bras au niveau de mon coup, il simula un étranglement arrière sans pour autant serrer fort. Je rigolai tout en essayant d'enlever son bras.

-Aller ! Dis-je en me tordant dans tous les sens.

-Tu vois, avoue que je suis plus fort que toi.

-Jamais. Répondis-je en me libérant.

Et le « combat » reprit de plus belle.


Grâce est arrivée vers cinq heure aujourd'hui.

-Alors ? Lui demandais-je avec un grand sourire pervers collé aux lèvres lorsque je lui ouvris la porte d'entrée.

Elle rigola, entra, puis posa ses affaires dans l'entrée. On s'assit sur le canapé et elle commença son discours.

-Ben en fait, c'est lui qui voulait me revoir. Bien sûr, tu te doutes bien que je n'allais pas dire non, ça fait presque 5 mois que ça dure, donc bien évidemment que je saute sur l'occasion. Mais bon avant je voulais quand même avoir ton avis, c'est pour ça que je t'ai envoyé un premier message.

-Mais je ne pensais pas que c'était du jour au lendemain ! M'exclamais-je existée. Tu aurais dû me le dire !

-Oui, mais attends la suite. Du coup, je lui ai dit que j'étais libre demain, sauf qu'il m'a rappelé que demain les gars voulaient qu'on s'organise une sortie, donc j'étais un peu déprimée tu vois. Mais à ce moment, il a sorti « je vais voir si je ne peux pas faire quelque chose ».

-Et alors ? Demandais-je impatiente.

-Et alors il a inventé une connerie à Aaron. M'expliqua Grâce.

-Qu'il devait garder sa sœur.

-Comment tu le sais ? S'étonna-t-elle.

-J'ai vu les gars mercredi, et Aaron me l'a dit, mais c'est encore une autre histoire.

-Bref, moi, étant donné que je n'avais pas donné de réponse, disons que je suis passée entre les mailles du filet et que les gars ne s'en sont pas rendu compte.

-A ce propos, il faudra que je t'avertisse d'un truc après. La recoupais-je.

-De quoi ?

-Rien de bien important, continue.

-Du coup, tout était bon, il fallait juste qu'on se retrouve. Donc je lui ai proposé à 14h dans un café en bord de mer, je savais que tu ne voulais pas que les gars sachent pour ton job d'été, donc j'ai préféré choisir un autre café.

-T'as bien fait, mais au final ça n'a pas servi à grand-chose...

-Du coup, on s'est retrouvé, et disons que c'était assez bizarre au début, enfin je veux dire qu'on parlait de tout et de rien, et petit à petit, notre conversation s'est approfondie jusqu'à ce qu'on en vienne à parler de nos attentes amoureuses. Et c'est à ce moment-là qu'il a enfin vaincu sa timidité. Si tu savais comme je suis heureuse Faustine ! Ça fait presque 5 mois que je suis dans le flou et il décide enfin de m'éclairer ! Je ne peux pas me sentir mieux.

-Comment il te l'a dit ! Dis-moi ! La pressais-je.

-En gros après m'avoir expliqué ses attentes amoureuses, il m'a sorti : « mais tu sais, je crois que tu pourrais très bien les combler ». C'était presque inaudible et moi je suis restée figée.

-Oh my God. Lâchais-je choquée en m'affalant sur le canapé.

-J'étais tellement figée qu'il a dû se dire : « merde ce n'est pas réciproque ».

-Et alors, toi tu lui as dit quoi ?

-J'ai pris le même ton que lui, et je lui ai lâcher : « je crois que c'est réciproque ».

-Oh mon Dieu, oh mon Dieu. Du coup ? La suite ?

-Après nous nous sommes baladés en ville, on a fait quelque boutique et voilà, on s'est quitté.

-C'est trop bien putain ! Pas de bisous ? La questionnais-je.

-Pas de bisous, ou du moins pas encore... Souria-t-elle.

-Ah je vois, vous réservez ça pour la semaine prochaine... La charriais-je avec un petit sourire pervers.

-T'es conne. Rigola-t-elle à nouveau. Du coup, tu voulais me dire quoi ?

-Mercredi les gars, Manon, Perryne et Chloé sont passé au café.

-Quoi ? Mais la coïncidence !

-Oui. Rigolais-je. Je t'avoue que ça nous a tous surpris. Chloé m'a dit qu'elle avait essayé de les dissuader d'y aller, mais bon, ils lui ont quand même tenu tête.

-En même temps ce n'est pas comme si c'était un café paumé dans la ville et peu connu.

-Oui mais bon, il y en a plusieurs à Nice de types de cafés comme celui-ci. Rétorquais-je. Bref, peu importe. Du coup, on a eu le temps de parler un peu, et ils ont commencé à parler de vous. Alors Aaron a sorti que Connor ne pouvait pas venir parce qu'il gardait sa petite sœur, puis les regards se sont tournés vers moi avec un sous-entendu de « et Grâce, elle fait quoi ? »

Grâce s'esclaffa, tendue.

-Et du coup, repris-je, je leurs ai dit que tu avais un rendez-vous à ta fac de musique pour l'année scolaire prochaine. Je te le dis, histoire qu'il n'y ait pas de quiproquo avec les autres.

-Oh putain, je te kiffe, merci. Reprit-elle.

-Ça te vas si on commande sushi ? Demandais-je à Grâce.

-Oui niquel, mais par contre je n'ai pas pris d'argent. Me répondit-elle en s'asseyant devant mon piano.

-Ce n'est pas grave, ne t'inquiète pas, je reçois ma paye lundi.

Le matin de Yann Tiersen retentit dans tout l'appartement lorsque Grâce posa ses doigts sur les touches. J'observe ma meilleure amie de dos. Elle est grâcieuse, elle porte bien son nom. Parfois un peu trop collante, ce qui me fait beaucoup rire. Elle n'est pas très grande, je dirais environ un mètre soixante mais elle est bien formée. Elle a une petite tête ronde, des yeux marron foncé qui s'accordent très bien avec ses taches de rousseurs, et des lèvres fines. Grâce est brune, elle se recoupe très souvent son carré, car elle ne supporte pas avoir les cheveux longs. En parlant de ses cheveux, disons qu'ils sont à la fois lisses et ondulés, c'est peu définissable.

Je me rends compte que j'étais en train de la fixer, le regard vide, dans la lune. J'attrape donc mon téléphone et compose le numéro du magasin de sushis.


-Putain j'ai trop mangé ! S'exclame Grâce.

-J'avoue que je peux aussi dire au revoir à mon « summer body ». Rigolais-je.

-Tu ne l'a jamais eu. Rétorqua Grâce pour rire.

-Parles pour toi sale moche, je suis amie avec toi uniquement pour que tu me tiennes compagnie, c'est tout.

-Oh, tu as touché mon petit cœur sensible. M'avoua-t-elle avec un sourire immense.

-Sur ce, je vais me doucher, je te dirais bien de faire comme chez toi, mais je ne t'apprécie pas trop alors... Affirmais-je en me levant du canapé.

Grâce me jeta un regard assassin avant d'allumer son portable pour répondre aux multiples messages de Connor.


Lorsque nous furent enfin toutes les deux couchées, on parla pendant encore plusieurs heures de tout et de rien, évoquant au passage la surprise que vont avoir nos amis lorsqu'ils vont se rendre compte qu'un début d'histoire est en train de naître entre Connor et Grâce.

-Bonne nuit. Finit par dire mon amie.

-Bonne nuit.


Je suis dans une salle de classe, seule avec Martin. Il fait beau dehors. Les sixièmes ont cours de sport, ce qui nous permet donc d'avoir une pièce tranquille. Je pose la nourriture que nous avons acheté sur un des bureaux. Nous avions fait une connerie et nous devions donc être présent de 8h à 17h, tous les jours, sans exceptions, pendant une semaine. Nous avons deux heures de libres devant nous. Nous commençons à parler, de tout et de rien.

-Pourquoi tu as voulu venir ici ? Lui demandais-je.

-Je suis déjà venu en France, surtout à Paris. Et c'était soit ça, soit l'Allemagne, alors je n'ai pas cherché plus loin. Mais je dois avouer que les allemandes sont pas mal, tout compte fait, ça m'aurait permis de me les taper. Lorsque je veux quelque chose, je l'obtiens.

Je rigolai, c'est vrai que parler Allemand, c'est relativement dur.

-Ce n'est pas comme ça que je vois une relation. Répliquais-je.

-Roh je t'en prie, une relation c'est une relation.

-Je ne suis pas d'accord.

-Alors explique toi.

-Ben, si je devais sortir avec quelqu'un, c'est parce que je l'aime avant tout. Il n'est pas question de « relations basées sur le sexe » ou que sais-je. Après, je dirais que le physique joue forcement dans tout ça, car la première chose que tu vois chez quelqu'un, avant même qu'il ne te parle, c'est son physique. Je peux trouver belle une personne et en trouver moins belle une autre, et vice versa pour quelqu'un d'autre.

Les lèvres de Martin s'étirèrent en un rictus moqueur.

-Ouais, tu es le genre de personne à attendre le mariage avec de baiser pour la première fois.

-Je n'aime pas ce mot. Je ne baiserai jamais, puisque baiser c'est moche, il n'y a pas de sentiments, rien, que dalle. Et pour répondre à ta question, je n'attends pas le mariage, j'attends simplement d'être avec une personne que j'aime, et d'être prête.

-Si tu joues sur les mots aussi. Répondit-il en levant les yeux au ciel. Et Grâce ? Tu crois qu'elle va attendre le mariage ?

-Je ne joue pas sur les mots, je le pense vraiment. Oui elle attendra, c'est son choix, et il n'est pas plus débile que d'autre.

Martin rigola. Je lui jetai un regard mauvais insinuant que je n'apprécie pas qu'il se moque de ma meilleure amie et il se cacha la tête dans ses mains, afin de continuer à rire.

-Tu as tort. Tu devrais profiter et t'amuser. Se reprit-il

-C'est-à-dire.

-Avant de venir en France, disons que j'ai eu une petite relation intense de trois jours. Commence-t-il.

-Oui, et ? Ça ne change pas ma vision des choses. Annonçais-je comprenant très bien que « petite relation intense » était synonyme de « baise ».

-Ben rien, c'était bien.

-Je pense qu'une relation doit être basée sur des sentiments réciproques.

-Même embrasser ?

-Même embrasser. Confirmais-je.

Il me lança un regard étonné rempli de jugement.

-Tu devrais arrêter d'être « coincée » et profiter de la vie. Rétorqua-t-il.

-Je ne suis pas coincée, et je profite de la vie à ma manière.

Martin arqua ses sourcils.


Je me réveillai et me redressais comme à mon habitude. Grâce dort encore. Je me passe ma main sur ma figure, désespérée. Je m'assoie sur le lit en essayant de le faire bouger le moins que possible, mais c'est peine perdue et Grâce se réveilla.

-Tu fait quoi ?

-Je vais aux toilettes. Répliquais-je du tac au tac en me levant.

Mes pas se font lourds dans le petit couloir, seule la lampe torche de mon téléphone me permet de me repérer. J'attrape un grand verre et le remplie d'eau que j'avale rapidement, j'en profite aussi pour me rafraichir les idées en me passant un peu d'eau sur la figure.

Rien ne change de d'habitude. J'attrape une bouteille d'alcool et me rends sur mon balcon, côté rue. Les lampadaires sont allumés, la rue presque déserte. Je tente tant bien que mal de l'ouvrir, mais mes mains tremblent tellement que je n'arrive à rien.

-Putain ! M'énervais-je.

Le bouchon se dévissa enfin.


Flashback

-Roh ça va, t'es sûre que tu ne veux pas essayer, je ne sais pas moi, profite. Me dit Martin en me tendant un joint lors d'une soirée entre amis chez Julien.

-Non.

-Même pas de shots ? Insiste-t-il.

-Non.

-Un peu d'alcool ?

-Non.

-Une bière ?

-C'est de l'alcool.


Je m'assoie en reprenant mes esprits. Je porte le goulot de la bouteille à ma bouche et avale quelques gorgées.

J'ai toujours pensé qu'il fallait avoir une bonne raison de boire. Boire en soirée ? Pourquoi faire ? Est-ce drôle ? Pas du tout. L'alcool te mets dans un état second, un état de bien être lorsque tu as presque atteint ta limite d'ingurgitation. Tu flotte sans problèmes et pourtant tout est le contraire. Est-ce que je suis en train d'avouée que ma raison est suffisante ? Peut-être, je n'en sais rien. Tout ce que je désire, c'est oublier et pouvoir dormir. Mes lèvres entre de nouveau en contact avec le verre froid. Une larme s'échappe de mon l'œil gauche, je l'essuis sans plus attendre. Je n'ai jamais été concrètement bourrée. Mon corps est ainsi constitué pour me permettre de me rappeler de mes faits et geste même sous cette emprise. Je sais ce que je dois dire, je sais ce que je ne dois pas dire. Je sais ce qui est dangereux, ce qui ne l'ai pas. Je suis juste bien, je vais juste bien lorsque parfois, tout est si oppressant que je n'arrive plus à tenir, comme tous les Hommes. Je me fou de tout, plus rien ne m'atteint. Je lève la tête, le ciel est couvert, aucune étoile en vue. Tu croyais quoi ? Qu'on se trouvait parmi ces romances à deux balles où le prince charment sauve la princesse sous un ciel étoilé ? Désolée de te décevoir, mais la vie, ce n'est pas un compte Disney.

Lorsque le liquide contenu dans la bouteille à suffisamment baissé pour que je me sente bien, je décidai que c'était enfin le temps de rejoindre Grâce.

֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎

Salut ! Alors, des idées concernant le passé de Faustine ? 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top