Chapitre 23

Je me réveille ce matin dans le lit, reprends mes esprits et me souviens que je me suis rendormie sur le canapé. Je me retourne et aperçois Valentin dormir paisiblement, les cheveux en bataille, juste à côté de moi. Tu m'étonnes qu'il dorme encore étant donné l'heure à laquelle il est rentré hier. Je me rapproche de son torse afin de m'y blottir tandis que son bras vient instinctivement gagner ma taille pour me maintenir contre lui. Il est semblable à un ange, lorsqu'il dort. Je dépose un léger baisé sur ses lèvres et attends qu'il se réveille naturellement.


-Oui, c'était sympa, à refaire. Finit par conclure Grâce.

Grâce, Chloé et moi avions décidé de nous retrouver aujourd'hui autour d'une table d'un café.

-Le seul petit bémol été les douches. Poursuit Chloé. C'était vraiment dégueulasse de ne pas se doucher pendant trois jours.

Je lève les yeux au ciel. Cette partie « petite nature Pimbêche » de Chloé laisse un peu à désirer.

-C'était quand même cool. La rectifiais-je.

-Oui, mais je n'ai pas dit le contraire hein, c'est juste qu'il faut un minimum de propreté quoi. Mais du coup tu en ais où avec Valentin ? Reprit-elle rapidement afin que je ne puisse pas répliquer après sa précédente réponse.

Grâce relève sa tête en ma direction. Il est vrai que ça commence à faire quelques jours que je n'ai pas fait de « mise à jour » à mes amies.

-Je crois que je l'aime. Leur avouai-je.

Le sourire de Grâce s'étire tandis que Chloé semble vouloir en savoir plus.

-Mais je dois vous avouer que depuis la dernière soirée en forêt, ce n'est pas trop ça... Repris-je.

-Qu'est-ce qu'il se passe ? Me demande Chloé intriguée.

-Pas grand-chose, c'est juste qu'il commence à avoir bien trop d'informations sur... Sur Martin, et... Il sait que ça m'atteint. Je pense juste qu'il veut que j'aille bien pour qu'il aille bien de son côté. Et pour ça il m'a demandé d'aller voir un psychologue.

Grâce arque un sourcil, l'air blasée.

-Il n'est personne pour te dire ce que tu dois faire ou pas. Me répond-elle. D'autant plus qu'il n'est pas dans ton corps, dans ta situation.

Grâce réagit souvent au quart de tour lorsqu'il s'agit de l'influence que peuvent avoir les autres sur mes choix, et notamment les garçons. Disons qu'elle a peut-être raison, car en terminale, elle ne me disait rien, elle se taisait tout le temps, et la fin n'a pas été glorieuse. Je regarde Chloé, qui elle, ne dit rien.

-Qu'est-ce que tu en penses toi ? La questionnai-je. Si tu étais à ma place, tu ferais quoi ?

A l'inverse, Chloé a toujours été plutôt du style « lèche-cul des mecs », si je peux me le permettre. Si le contexte s'y prêtait, elle aurait fait une très bonne ménagère des année 20, au plus grand plaisir d'Aaron, qui ne fait qu'asseoir son autorité. Je parierais donc sur le fait qu'elle me propose de suivre le propos de Valentin à la lettre.

-Ben personnellement, je pense que je l'écouterai.

Bingo. Ce n'était pas si difficile... Mais par conséquent, cette conversation ne m'a rien apporté, à cause des différentes positions qu'occupent mes amies sur ce sujet. Je porte mon refresha à mes lèvres et en bois quelques gorgées. Ce truc est divin, je ne comprends pas pourquoi il est si peu connu.

-Mais quoiqu'il en soit, je pense que tu devrais quand même y réfléchir Faustine. Finit par m'annoncer Grâce.

-J'ai déjà vu un tas de psychologue, je ne crois plus en ces trucs. Lâchais-je, ennuyée.

-Alors cherche encore, ce sont des professionnels qui ont étudié le cerveau humain, ils doivent bien pouvoir t'aider...

Je souris, c'est exactement les propos que tenait Valentin avant-hier.

-Si je viens à voir un de ces « médecins », c'est uniquement pour lui. Affirmai-je tandis que Grâce semblait être dépitée.

-Et par rapport à Martin, tu en es où ? Me demande soudainement Chloé.

Je tourne brutalement la tête en sa direction, surprise qu'elle aborde ce sujet de la sorte. Généralement, mais amies me laissaient le choix de leur en parler ou non, ne voulant pas me remémorer de mauvais souvenirs sans que je le désire.

-Hum... Commençai-je un sourire crispé plaqué sur mon visage. Disons que les conséquences de ses actes sont toujours présentes... Mais... Je n'éprouve plus rien pour lui. J'ai juste peur du jugement des autres, peur que ça se sache.

Il y a un an, lorsque Martin m'a quitté, j'avais demandé à Chloé et Grâce de ne parler à personne de la relation que j'ai pu avoir, trop honteuse. En réalité, peu de monde était au courant de cette relation, puisqu'il désirait la garder « secrète », alors ça m'a facilité la tâche.

Grâce hoche la tête et Chloé ne préfère plus rien dire ayant compris que le sujet reste tout de même sensible.


-Les filles vont bien ? Me demande Valentin lorsque je pénètre dans l'appartement.

-Oui, comme toujours. Répondis-je en enlevant mes chaussures. Tu fais quoi ? L'interrogeai-je le voyant dernière son piano à écrire des notes sur une partition.

-Je compose. Me répondit-il sans pour autant quitter sa feuille des yeux.

-Oh, tu me ferras écouter ?

-Viens. Me dit-il simplement en reculant légèrement le tabouret pour que je puisse passer.

Je m'assois sur ses jambes. Valentin passe une main de part et d'autre de mon torse et commence à jouer.

La mélodie est juste merveilleuse, l'intensité est parfaite, les notes s'accordent miraculeusement. Son travail est admirable. Pourquoi ne partage-t-il pas ses œuvres au monde ?

-Je me suis arrêté là, je n'ai pas terminé.

Je me retourne afin de passer à califourchon sur ses cuisses.

-Fais-moi signe quand tu l'auras achevée. Lui répondis-je dans un murmure sensuel bien trop près de ses lèvres.

Valentin fixe ma bouche, les yeux mi-clos, la mâchoire contractée, sa tête légèrement en arrière. Je remets en place sa fameuse mèche rebelle, qui lui tombe, comme à son habitude, dans ses beaux yeux clairs ; mais il ne me laissa pas terminer mon action et fondit sur mes lèvres. Nos bouches se mêlèrent à la perfection ; ses mains descendirent le long de mes hanches afin de trouver le début de mes fesses. Mon corps entier se forte au sien sans retenue. Chacune de mes formes épouse chaque partie de son magnifique corps. Ses abdos se contractent lorsque je pose une main dessus. Les veines de ses bras ressortent légèrement plus qu'en temps normal. Je sens les battements de son cœur, forts mais réguliers. Mes mains s'agrippent à son tee-shirt, afin de suivre la cadence qu'il impose à nos deux corps. Mon ventre désire plus, je le sens. Une tension sexuelle s'immisce alors entre nous, mais Valentin la rompt, mettant fin à notre embrassade.

-Il y a un repas demain, chez ma famille, et tu y es convié.

-Vraiment ? Lui demandai-je.

-Mais avant cela, car je me doute que ma mère cuisinera des légumes, je te propose de manger dans un fast-food ce soir. Reprend-il.

-Autrement dit, la nourriture à bourrelets. Rigolai-je. Mais oui, je veux bien manger dans un fast-food avec toi Valentin Moraless.


Nous nous asseyons à une table pour deux et commençons à manger notre repas. Je n'ai pas remis les pieds dans un fast-food depuis le début de l'été. Mais il faut dire que le reste de l'année scolaire les fast-foods étaient nos meilleurs amis à Lucas, Manon et moi. La fac de droit étant assez prenante et la nourriture proposée parfois peu ragoutante, on préférait dépenser un peu plus et se faire plaisir, quitte à se faire plaisir plusieurs fois par semaine... En y repensant, à coup de dix euros par repas, trois fois par semaine, j'ai dû y laisser une petite fortune. Valentin ne se fait pas prier pour commencer à mordre dans son hamburger. Un sourire vint étirer mes lèvres. Une fois que tu manges fast-food avec ton copain, il ne peut plus y avoir aucune gêne : entre la sauce qui dégouline et les aliments qui tombent, je crois que c'est suffisant pour soutenir mon propos. J'attrape une potatos, la trempe dans la sauce et l'engloutis. Ce goût m'avait manqué, je dois bien l'avouer. Je fais partis de la petite communauté reculée de mangeurs de potatos, les frites m'ont écœuré.

-Tu es rentré à quelle heure hier ? Demandai-je à Valentin.

-Peu de temps après ton message. Me répondit-il.

-C'était bien ?

-Ouais c'était sympa, il y avait une sorte de concert à la plage, donc on en a profité un moment.

-Il y avait du monde ? Continuai-je mon interrogatoire.

-Ça va ; ça m'a d'ailleurs assez étonné étant donné que la soirée n'était affichée nulle part, à moins que ça ne soit moi qui n'ai rien vu.

J'attrape mon Ice-tee et en verse dans ma bouche.

-Et toi, ça allait, cette nuit ? Me demande-t-il doucement.

-Hum, oui, enfin, comme d'habitude. Répondis-je légèrement nerveuse qu'il aborde ça si soudainement.

-Tu as réfléchis à ce que je t'ai proposé ?

-Un peu oui... Lui affirmai-je.

-Alors ?

-Il faut que j'y réfléchisse encore.

-J'espère que tu finiras par accepter. M'avoua-t-il.


Flashback :

-Ma famille d'accueil m'a prêté ça. Me montre Martin.

Il s'agit d'un pendule, objet en quoi je n'accorde absolument pas ma confiance.

-J'ai essayé, et ça marche vraiment. M'explique-t-il. Pose-moi une question.

-Non. Répondis-je rapidement.

En aucun cas je ne veux avoir un quelconque lien avec cet objet.

-Quelle été la question que tu as posée ? Lui demandai-je, intriguée.

-Je voulais savoir si je pourrais te baiser avant de partir. M'avoua-t-il.

-Je ne suis...

-Il a répondu oui. Me coupa Martin fier de lui.


Je secoue légèrement ma tête afin de laisser ce mauvais moment là où il est censé se trouver : dans le passé. Peut-être, qu'en effet, je vais encore finir par accepter.


Je descends les escaliers et entre dans la cuisine. Ma famille m'observe d'un mauvais œil. Je jette quelques regards furtifs autour de moi avant de sortir de la maison afin de rejoindre celle de ma meilleure amie, à deux pas de la mienne. Leur expression reste figée en ma présence, comme si je les dégoutais. Que s'est-il passé ? Je pénètre dans leur salon, Grâce est présente, m'a vue, mais semble ne pas apprécier ma présence ici. Mon cœur s'emballe.

-Grâce ?

Elle ne me répond pas.

-Tu as raison de ne pas lui parler, il ne vaut mieux pas parler à ce genre de personne. Annonça son père. Ces gens ne changent jamais.

Soudain je compris. Comment son-t-il au courant ? Mon s'affole de plus en plus jusqu'à ce que ça me devienne insupportable. Bordel de merde ! Tout le monde est au courant !


Je me réveille et sans plus d'empressement quitte le lit de Valentin. Il me faut de l'air. Mes pas se font lourd sur le sol de l'appartement, espérant que cela ne réveille pas les voisins. J'enjambe le rail de la baie vitrée de la terrasse, après l'avoir préalablement ouverte, puis la referme derrière moi. Je m'accoude sur le barreau de fer du balcon et observe la rue légèrement éclairée. Ce n'est pas une rue passante, mais un immeuble nous fait face de l'autre côté de celle-ci, il est clair qu'étant étudiant, on ne peut pas se permettre une vue de rêve. Les cauchemars où mon entourage vient à apprendre mon passé restent ceux qui me laissent bien trop de traces. C'est courant que lorsqu'on fait de mauvais rêves, parfois, celui-ci se répercute sur la réalité. On se sent mal, ou dans un mauvais état d'esprit. Lorsque mon inconscient me laisse seule face à ce type de cauchemars, fasse à cette grande peur, au réveil, la sensation est bien plus forte qu'un mal-être : une psychose. Ces rêves me font oublier quelle est la réalité, et laquelle ne l'est pas ; ce qui s'est réellement passé, et ce qui ne le s'est pas.

La baie vitrée glisse de nouveau sur les rails et quelque seconde après un corps chaud vient m'enlacer par la taille, collé à mon dos.

-Voyons au moins une chose positive, nous serons prêts à nous réveiller chaque nuit pour nous occuper de nos enfants. M'annonce Valentin d'une voix légèrement endormie avant de déposer de doux baisés sur mon épaule.


Flashback :

-Vies au jour le jour, ça ne sert à rien de se projeter dans un futur incertain. Me rappelle Martin.

Mais lorsque tu aimes une personne, n'es-tu pas censé te projeter avec elle un minimum ? Ou peut-être bien que je suis en tords, peut-être bien que je me projette trop.


Je me retourne et fais face à l'homme que j'aime, l'homme qui ne lui ressemble en aucun points, l'homme parfait ?

-Je me demande toujours pourquoi tu m'as choisi. Lui avouai-je.

-Moi aussi, je me demande toujours pourquoi tu m'as choisi. Me confia-t-il. 


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Coucou ! Que pensez vous de l'évolution de la relation entre Valentin et Faustine ? Et que pensez vous de la place que possède le traumatisme de Faustine dans cette nouvelle relation ?

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