Chapitre 18
Je me réveille entourée des bars de Valentin. Je me retourne. Il parait si paisible quand il dort. Je tente de me lever sans faire de bruit mais c'est peine perdue.
-Tu va où ? Me demande-t-il.
-En Afrique. Répliquai-je, fière de moi.
-Non, sérieusement Faustine.
-Je vais me préparer.
-Mais pourquoi ?
-Aujourd'hui on passe la journée avec mes amis au cas où tu l'aurais oublié.
Valentin se passe les mains sur la figure en râlant avant de se lever. J'attrape mes affaires et pars m'habiller dans la salle de bain. Je m'observe. Mon reflet dans le miroir me renvoie une fille bien trop simple, bien trop banale. Je n'aime pas la banalité. Mon regard divague sur une tache violacée se logeant dans mon cou. Merde.
Flashback :
Je dors chez Julien, depuis quelques jours. Des airs de guitares parviennent à mes tympans, ce qui me réveille. Je m'étire et me redresse. Julien me regarde et me sourit.
-Ça va ? Me demande-t-il.
-Oui et...
-Putain de merde. Me coupe-t-il.
-Quoi ? M'affolai-je me rendant compte qu'il me fixe.
-Tu vas me tuer.
-Mais explique toi, je ne comprends pas.
-Je t'ai fait un suçon, et ça se voit.
Je me lève et me dirige vers la salle de bain. Le constat est là, et il ne m'a pas loupé.
-Je suis désolé, je ne veux pas que tu penses que je me sers de toi. S'excuse-t-il.
-Julien. Si je ne voulais pas, je te l'aurais dit, donc arrête de culpabiliser. Lui répondis-je en allant me remplir un énième verre d'alcool.
Je porte mes doigts sur le bleu, l'effleure. Ça fait légèrement mal, mais c'est amplement supportable. Valentin entre dans la salle de bain. Ses cheveux blonds tombent sur son front, en désordres. Il m'attrape par la taille et colle son torse à mon dos. Sa tête vient s'enfouir dans mes cheveux.
-Qu'est-ce qu'il y a ? Demandai-je.
-Rien, je voulais juste être avec toi.
-Dans une salle de bain ? Arquai-je un sourcil, un sourire naissant.
-Oui, dans une salle de bain. Me confirma-t-il balançant légèrement sa tête en arrière. Belle marque au fait. Me lança-t-il fier de sa réplique déstabilisante.
Est-ce que mes amis ont été choqués que je ramène Valentin ? Oui. Disons qu'ils ne s'attendaient pas à me voir avec un garçon. J'ai toujours été pour eux la fille célibataire par excellence. Donc oui, ça peut être troublant de me voir avec un garçon.
Le soleil est tombé. Il n'y a plus grand monde sur la plage hormis nous. Lucas a proposé de faire des grillades, alors nous avons trouvé un coin tranquille où nous pourront allumer un feu. Je rentre dans l'eau, suivis de près par Valentin. Il m'attrape par la taille, je passe mes bras autour de son cou.
-Alors, que penses-tu de mes amis ? Lui demandai-je.
-Ils sont cools, parfois un peu lourds, mais cools.
Je baissai ma tête, un sourire collé aux lèvres dû à cette description parfaitement similaire à la réalité. Mes cheveux mouillés collent contre ma peau. Valentin attrape mon menton de sa main droite et m'embrasse tendrement, ce qui lui donne un côté mystérieux.
-Je suis heureuse d'être avec toi. Lui avouai-je.
-Alors tu risques d'être heureuse longtemps, car je ne compte pas t'abandonner.
Nous sommes assis, autour du feu. Ma tête repose sur l'épaule de Valentin. Il n'y a pas de discussion commune, mais plusieurs discussions. Je finis le fond d'un paquet de chips goût barbecue. Valentin parle avec Leo et Aaron.
-Faustine. Me murmure Chloé.
Je tourne la tête en sa direction.
-C'est quoi ça ? Me demande-t-elle en montrant mon cou. Un suçon ?
-Non, il me frappe. Répondis-je.
Elle me fit une grimace en guise de réponse, comprenant très bien où je voulais en venir. Je tends le bras pour attraper un nouveau paquet de chips mais je sens Valentin se crisper. Je me redresse et l'observe. Il a arrêté de parler, il s'est comme... Renfermé.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? Lui demandai-je.
-Tu viens avec moi deux secondes. Me répondit-il sèchement en se levant.
Je le suis. Mais pourquoi est-il comme ça ? Pourquoi a-t-il changé si brutalement d'humeur ? Valentin s'arrête un peu plus loin.
-Donne-moi ton bras. M'ordonne-t-il.
-Pardon ?
-T'as très bien entendu Faustine.
-Mais pourquoi ? Lui demandai-je essayant de gagner du temps.
-Donne-moi ton bras. S'impatient a-t-il.
Flashback :
J'en peux plus. Je ne comprends plus rien. Tout est si lourd, tout est si compliqué, tout est si chiant. Pourquoi moi ? Pourquoi moi bordel de merde ? J'attrape une lame de rasoir et me l'enfonce dans la chair de mon bras gauche. Ça fait mal, mais moins mal que ma propre situation, ça me permet juste... D'oublier, de penser à autre chose. J'observe mon sang, dégouliner le long de mon bras, picotant légèrement au niveau de ma plaie entre ouverte ; c'est fascinant. Une autre entaille, puis une autre, et encore une autre. Ce n'est jamais suffisant. Jamais. La douleur revient systématiquement.
-Je ne peux pas.
-Et pourquoi ça ? Me demanda-t-il, me fixant droit dans les yeux.
-Parce que je...
-C'est Martin n'est pas ? C'est ce gars qui hante tes nuits ? C'est ce gars qui t'a traumatisé ? Ce gars qui t'a poussé à te mutiler ? S'emporta-t-il.
Je ne dis rien.
-C'est à cause de ce gars que tu t'es fait ça ? Me cria-t-il dessus.
Il est énervé. Je ne l'avais jamais vu énervé. Ses veines ressortent bien plus qu'habituellement. Martin s'éloigna.
-Je vais buter ce connard ! Hurla-t-il dans le vide, une lueur de folie passant dans son regard, comme s'il s'attendait à ce que Martin arrive. Je vais le buter. Répéta-t-il d'un timbre de voix plus faible avant de s'éloigner en s'allumant une clope.
Mes yeux s'humidifient. Il mérite mieux que moi, ce n'est pas comme si je ne le savais pas, je ne lui apporte que des soucis. Grâce et Chloé me rejoignent, inquiètes. Tout le monde semble surpris, ne comprenant pas la réaction soudaine de Valentin.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Me demande Chloé.
Toujours sous le choc, j'ai du mal à m'exprimer.
-Je n'aurais pas dû. Tentais-je. Je n'aurais vraiment pas dû.
-De quoi ? Me demanda Grâce.
-Je suis un poids. Je le savais, depuis le début, et encore une fois, je me suis voilée la face. Je refais inlassablement les mêmes erreurs. Expliquai-je en deux sanglots. Je ne voulais pas lui faire du mal, mais je lui en fait.
-Mais qu'est-ce qu'il s'est passé Faustine ? Essaye de comprendre Chloé.
-Il a réussi, je suis devenu comme lui.
-Mais non Faustine, me rassure Grâce, jamais tu ne lui ressembleras.
-Pourtant je fais du mal à Valentin, alors qu'il n'a rien demandé.
-Je ne pense pas Faustine. Je pense juste que Valentin t'aime vraiment et que te voir mal l'atteint. Il t'aime, et crois moi, Ce n'est jamais facile d'accepter que l'autre souffre sans raison apparente, encore moins si cette autre personne est sa copine. Alors, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais il faut que tu arrêtes de toujours te rabaisser.
Je suis seule, dans une pièce sombre. Un mauvais présentiment me hante. Mon regard passe de droite à gauche, cherchant désespérant la source de mon mal-être. J'avance à pas feutrés, essayant de me faire la plus petite que possible. Une main passe dans mon dos, le caressant au passage. Je me retourne brutalement.
-Ça fait longtemps.
Son accent resonne dans ma tête, comme un écho ne finissant jamais. Je recule, mais Martin me suit.
-Laisse-moi tranquille.
Ma voix est étrangement basse comme si toute défense avait fini par tombé.
-Pourquoi ? Me demande-t-il, étonné.
-Pars, s'il te plait.
Martin m'attrape la main. Mes émotions se chamboule, pourquoi suis-je encore tant affecté par lui ? Pourquoi mon attachement réapparait si soudainement ?
-Qu'est-ce que tu veux ? Lui demandai-je.
-Toi.
Il n'a pas le droit.
-Non... Non, plus jamais... Plus jamais je ne veux vivre ça !
Je me réveille en sursaut. Est-il toujours là ? Mon cerveau prend enfin conscience que ce n'était qu'un rêve. Valentin n'est pas à mes côtés. Je me lève, et pars à sa recherche pour finir par le trouver sur le balcon, fumant une cigarette.
-Qu'est-ce que tu fais ? Lui demandai-je dans un souffle.
-J'attendais que tu te réveilles.
-Pourquoi ici ?
-Parce que je ne supporte pas te voir mal, lorsque tu dors. Me répondit-il en laissant la fumée s'échapper de sa bouche.
-Je suis désolée. M'excusai-je.
-Tu n'as pas à être désolée, tu n'y es pour rien Faustine.
Je te fais du mal, donc si, j'y suis pour quelque chose.
-Tu es stressé ? Je le questionne en le voyant reporter le restant de sa clope à ses lèvres.
-En quelque sorte ; disons que je suis frustré de te voir comme ça, sans réussir à trouver de solutions.
Je m'avance, attrape une chaise, la positionne à ses côtés, et m'assois dessus en prenant soin de ramener mes jambes à ma poitrine. Ma tête tombe sur l'épaule de Valentin, lourdement.
-Ce n'est pas à toi de trouver la solution Valentin.
-Comment c'est arrivé ? Me demande-t-il en me montrant mon bras de la tête.
-C'était pendant la période des examens du baccalauréat. Commençai-je, nerveuse qu'il en découvre toujours un peu plus. Il est rentré chez lui, en Angleterre. Une semaine après, il m'a quitté, parce qu'il avait trouvé mieux que moi.
Je fis une pause, afin de reprendre mes esprits. Un an après, ça fait toujours mal.
-Pendant plusieurs mois, repris-je, je n'allais vraiment pas bien, mais je n'aime pas extérioriser les choses. Tout garder à l'intérieur est bien plus simple. Alors, j'étais face à moi-même, face aux restant de moi-même ; et je me suis mutilée, parce que sur le moment, ça m'aidait. Ça m'aidait à penser à autre chose, ça, et l'alcool. Car crois-moi, lorsque, sans prétention aucune, tu ne te sens pas bien sur une longue période, sans trouver de solution à ton problème ; lorsque tu es seul face à toi-même, à systématiquement radoter ce qui ne va pas bien, n'importe quelle solution d'évasion, même temporelle est la bienvenue. Je ne demandais rien, même juste cinq petites minutes d'évasion, je les prenais, c'était déjà ça Alors j'ai sauté sur l'occasion ; mais cela ne veut pas dire que je n'en ai pas honte à l'heure actuelle, car oui, je suis marquée à vie, et ça c'est irréversible.
Je reporte mon regard sur Valentin. Il m'observe intensément, comme essayant de capter et de retenir tous les mots sortants de ma bouche ; puis, il baisse la tête avant d'écraser son mégot de cigarette dans le cendrier, crispé. Il semble réfléchir, mais ne pas trouver les mots adéquats pour me répondre.
-Tu n'es pas obliger de dire quelque chose ; tu sais, des fois, il ne vaut mieux rien dire... Affirmai-je.
Valentin attrape mon bras gauche, soulève doucement la manche et caresse du bout des doigts mes cicatrices restantes. Ses yeux bleus viennent finalement me détailler dans la pénombre, puis, glissent sur ma bouche. Valentin se rapproche et m'embrasse. Pas un baisé langoureux, non, un simple baisé, profondément triste ; comme s'il comprenait, comme s'il était désolé.
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Salut ! Alors, que pensez vous de l'avancée de la relation entre Faustine et Valentin ?
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