Chapitre 16

Grâce et Connor sont déjà assis en terrasse. Je salue Connor et m'assois en face de Grâce. Je n'ai jamais dit formellement bonjour à Grâce. La connaissant depuis toute petite, nous ne nous sommes jamais fait la bise. Disons que cela est tout de même arrivé quelque fois, mais nous étions toujours troublées après l'acte. Valentin, après avoir salué mes amis, s'assoit à ma droite et la discussion commence, comme s'ils avaient déjà rencontré mon petit copain.

-Ben non, je reprends en septembre, comme toujours... Répondis-je dégoutée que mes amis reprennent les cours plus tard que moi.

-Ça va, il n'y a qu'un moi de différence. Rétorque Valentin relâchant au passage une bouffée de fumé.

-Un mois ça fait tout, vraiment. Rigolai-je.

-Quinze jours aussi. Répliqua Connor en levant les yeux, fier de sa blague.

Quinze jours. C'est peu et pourtant j'ai accepté. J'ai refait la même erreur et pourtant tout semble aller à merveille... Au final, devons-nous réellement apprendre de nos erreurs ? Je chasse cette idée de ma tête. « Tu es vraiment débile » pensais-je « ça n'a strictement rien à voir ». Je sens que Grâce est gênée vis-à-vis de la réplique de Connor. Si je ne voulais pas que Connor sache un truc, je lui aurais dit. En l'occurrence, il n'y a pas de mal à ce qu'il sache qu'on n'a pas tenu plus de deux semaines avant de se mettre ensemble... « Se mettre ensemble », ça sonne comme... faux, superficiel... Je ne sais pas, ou je ne sais plus.

-Arrête de te poser des questions. Me murmure Valentin pendant que Grâce parle avec Connor.

-S'il y a bien un truc que j'ai du mal à arrêter, c'est bien ça... Répondis-je du même timbre de voix.

-A croire que tu as que des défauts Faustine...


Grâce, Martin et moi sommes dans une petite pièce, mal éclairée, assis sur le plancher de bois.

-Alors, dis-moi tes sensations. Me demande Martin.

-Mais je n'ai pas envie d'en parler, c'est gênant. Répliquai-je.

Grâce ne dit rien.

-Roh ça va tu peux bien me dire comment tu l'as vécu. C'était bien, pas bien, tu as eu mal ? Reprend Martin.

-Oui.

-Oui quoi, tu as eu mal ? Me redemande-t-il en arquant un sourcil.

J'hoche la tête sous son regard jugeur.

-Attends, tu en train de me dire qu'un doigt ça t'a fait mal, pourquoi tu mens ?

-Je ne mens pas, tu me demande, je te réponds. Répliquai-je.

-Mais Faustine une bite ne peut pas faire mal puisque c'est fait pour ça, alors un doigt... Me dit-il le regard hautain et moqueur.


Je me lève, angoissée. Je ne me sens pas bien. Je suis fatiguée. Je me dépêche d'aller dans la cuisine. Je fouille les placards et tombe sur ce que je désire : une bouteille d'alcool. Oublier. J'ouvre la porte fenêtre menant au balcon et m'assoie sur une chaise en ferraille, à la lueur des lampadaires. Mes yeux se posent sur le cendrier de Valentin, posé sur la petite table, il est rempli. Mes doigts dévissent le bouchon métallique de la bouteille de verre, et mes mains, tremblantes, portent le goulot à ma bouche. Qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai toujours eu des valeurs, du respect envers moi-même et il a tout détruit, tout. Je hais l'amour. Je hais l'amour mal fait. Je hais l'amour pas réciproque, l'amour où le seul but de ton partenaire est de te détruire, l'amour... Destructeur ? Est-ce de l'amour ? Pourquoi moi ? Etais-je une proie facile ? Manquais-je de confiance en moi ? Non. Était-il malsain ? Oui. Est-ce que je me le cachais ? Oui. J'ai toujours eu du mal à dire non, à fixer des limites, par peur de blesser l'autre. Ai-je trop de compassion ? Sûrement. Je préférai souffrir que voir mon ennemi souffrir. Je reporte la bouteille à mes lèvres. Mes tremblements se sont légèrement stabilisés. J'observe la paume de ma main moite, ferme le poing, puis le réouvre. Mais qu'est-ce que j'ai fait ?

-Faustine... Me murmura la voix encore endormie de Valentin.

Je me retourne et l'observe. Il est beau, gentil, serviable, intelligeant, aux petits soins. Pourquoi n'est-il pas entré dans ma vie plus tôt ? Pourquoi ? Cela m'aurait évité toutes ces merdes. Ou pourquoi n'est-il pas entré dans la vie d'une fille qui le mérite vraiment ? Valentin me retira la bouteille des mains.

-Pourquoi tout ça Faustine, je veux comprendre. Continua-t-il. Je ne supporte pas te voir comme ça, ça me fait du mal.

Moi aussi, ça me fait du mal.

-Faustine... Il fit une pause cherchant sûrement les mots, qu'il ne trouvera jamais. Tu es en train de te bourrer la gueule à deux heures de matin sur le balcon putain !

Je fis non de la tête beaucoup trop honteuse de la situation passée et actuelle tandis que mes larmes dégoulinèrent de long de mes joues.


Flashback :

-De toute manière, tu chiales tout le temps. Affirma Martin alors que je n'allais pas bien.


Pourquoi il est toujours là, à me détruire encore et encore, à m'enfoncer toujours plus le couteau dans la plaie ? Valentin me prend dans ses bras. Son parfum parvint à mes narines, ce qui n'est pas déplaisant. Je sens son torse dénudé, chaud, se contracter au contact de mon corps.

-Faustine, ce n'est pas grave, j'attendrais. Je n'aime juste pas tu voir dans cet état. Me rassure-t-il.

-Pourquoi tu es si gentil ? Pourquoi tu es comme ça avec moi ? Lui demandai-je.

-Parce que je t'aime ; ouais, je crois que je t'aime.

Alors c'est ça, le vrai amour ? Je me redresse un peu afin de rapprocher ma bouche de la siennes. Pourquoi n'ai-je pas pu vivre ça plus tôt ? Valentin scelle nos lèvres sans plus attendre dans un baisé fougueux. Il me demande l'accès à ma bouche que je lui accorde sans hésiter. Il est parfait. L'homme parfait. Mon homme parfait. J'intensifie le baisé. Je suis heureuse avec lui. Valentin descend sur mon cou. Je passe mes doigts dans ses cheveux. Oui, il est parfait ; j'ai enfin trouvé la personne parfaite. Il passe ses mains sous mes cuisses, afin de me porter pour regagner la chambre. Sans se détacher de mes lèvres, il me dépose délicatement sur son lit, m'observe quelques instants avant de me rejoindre. Il brule de désir et je brule de désir, mais il ne veut pas mal faire les choses, et il a raison. C'est bien trop tôt pour moi. Sa main vient se loger sur ma taille tandis que son torse musclé se colle contre mon dos ; et c'est ainsi que je regagnai le monde de Morphée.


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Hey ! Pensez vous que Faustine réussira à surmonté son passé ? Valentin devra-t-il intervenir pour qu'elle réussisse ?

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