Chapitre 12

La journée est passée lentement. Disons qu'à part regarder des films et lire des livres, je n'avais pas grand-chose à faire. C'est d'ailleurs une sensation particulière l'ennuie ; c'est comme si, malgré tous nos efforts afin de trouver une activité, notre lutte acharnée ne servait à rien, comme si on devait à tout prix rester cantonné à ne rien faire. Le bol de cacahouètes salés monte et descend au fil de mes respiration. Allongée sur le canapé, je regarde un épisode de ma série du moment. J'ai envoyé un message à Valentin ce matin, auquel il n'a toujours pas répondu. Il commence à se faire tard, je n'ai pas mangé, tout simplement car je n'avais pas faim ; enfin si, j'ai mangé des cacahouètes. Il est 21h passé, le soleil s'est déjà couché, les jours se raccourcissent. Que doit faire Julien en ce moment ? Et mes amis, que doivent-ils faire ? Je pose le bol à présent vide sur la table basse et m'installe convenablement afin de me reconcentrer sur ma série. Un message allume l'écran de mon téléphone. Je m'en empare immédiatement.


De Valentin :

« Oui, j'ai bien aimé. Accepterais-tu de me revoir ce soir ? »

De Faustine :

« Tant mieux alors. Maintenant ? »

De Valentin :

« Peu importe quand, je serais là. »

De Faustine :

« Où est-ce qu'on se retrouve ? »

De Valentin :

« Comme d'habitude ? »

De Faustine :

« D'accord. »


Un sourire étire mes lèvres. Pourquoi un sourire étire mes lèvres ? Je me lève rapidement et me dépêche de m'habiller, car, flemmarde comme je suis, il m'arrive très fréquemment de passer des journées entières en pyjama.


Une fois prête, je ferme la porte à clef et me dépêche de monter dans le tramway.


Lorsque j'arrive sur la plage, il doit être 22 heure passée. J'aperçois la silhouette de Valentin, de dos. Je m'approche jusqu'à être à ses côtés.

-Tu es au courant qu'on a le même nombre de lettre dans nos prénoms ? Me demande soudainement Valentin sans me lancer un regard.

-Tu es désespéré au point de compter les lettres de nos prénoms ? Rigolais-je.

-Tu vois Faustine, c'est ça que j'aime chez toi. Reprend-il en se tournant en ma direction. Toutes les autres filles auraient répondu « pourquoi tu me dis ça » et alors, ça aurait été très simple de lâcher une réplique du style « car on est fait l'un pour l'autre », mais toi, c'est différent. Je n'arrive pas à te cerner, je n'arrive pas à savoir ce que tu pourrais me répondre.

-C'est si grave que ça ? Demandai-je, troublée de son argumentation.

-Non mais disons que c'est comme une carotte pour un lapin, attirant, j'ai toujours envie d'en savoir plus, et d'un autre côté, je n'ai pas envie de paraitre lourd à vouloir m'immiscer dans ta vie.

-Tu n'es pas lourd Valentin. Et si ça avait été le cas, ça ferait bien longtemps que j'aurais bloqué ton numéro.

Valentin sourit, comme conquit par ma réponse.

-Je connais un endroit pas mal, c'est à quelque minutes de marche, ça te dit ? Me demande-t-il.

-Je te suis.


Nous arrivons proche d'une sorte de petite forêt, qui, à mon avis, doit être une propriété privée.

-Fais attention, ça descend pas mal, et on ne voit rien. Dit-il en allumant la lampe torche de son téléphone.

Presque collée à son dos, je pose mes pieds sur ses précédentes emprunte de pas, par peur de tomber dans un trou de serpent, ou que sais-je. Malgré tout, je lui fais confiance, je me doute bien que nous n'allons pas finir la soirée dans les bois. Je baisse la tête une dernière fois afin d'éviter une branche et mes chaussures s'enfoncent de nouveau dans du sable. La lune, presque pleine, éclaire tant bien que mal le lieu. C'est simple, mais mignon ; qui plus est, il n'y a personne. Et devinez quoi ? Il y a des étoiles, merveilleux combo non ? Reste à savoir si Valentin à les caractéristiques d'un prince charmant ou non.

-J'adore. Lui avouai-je.

Valentin ne me répondit pas et enleva son tee-shirt. Qu'est-ce qu'il veut faire ? Je recule de quelques pas. « Et s'il t'a emmené ici pour te violer ? » réfléchis-je. J'essaye de calculer quelle serait la meilleure façon de m'enfuir lorsque Valentin rentre dans l'eau.

-Tu viens ? Me demande-t-il.

-Ton pantalon !

-Ce n'est que de l'eau.

-L'eau salée abime les vêtements. Rétorquai-je.

-Pas si tu les laves dans les heures à venir... Me répliqua-t-il content de lui.

Je levai les yeux au ciel, ce qu'il ne put apercevoir compte tenu de la distance nous séparant. Hors de question de me baigner en sous-vêtements, et puis, l'eau doit être froide. Je pose mon téléphone près du sien, m'approche de l'eau et évalue la température de celle-ci.

-Mais elle est froide !

-Il fait nuit Faustine.

Je rentre doucement dans l'eau, sur la pointe des pieds. Elle n'est pas hyper froide, mais elle n'est pas chaude non plus. Plus je m'approche de Valentin, plus je distingue son sourire éclatant.


Flashback

Mathias, Julien et moi avions décidé, après quelque verre d'alcools, d'aller nous baigner à la mer. Julien est bien trop bourré, quant à moi, j'ai une certaine résistance à l'alcool qui m'a permis d'éviter d'être dans ce genre de situation. Disons que je suis juste bien. Mathias, quant à lui, n'a pas bu, car il doit rentrer chez lui cette nuit, en voiture. La lune est présente et quelques étoiles osent se montrer. On rentre dans l'eau sans trop de problèmes, sûrement l'effet de l'alcool. Mathias et Julien s'éloignent un peu, là où l'on a plus pied.

-Julien, reviens, t'es trop bourré pour aller là-bas ! Lui criai-je.

-T'inquiète, je suis avec lui. Essaya de me rassurer Mathias, ce qui me fit encore plus stresser.

Je ne restai pas longtemps dans l'eau et ressortis attraper une serviette pour me sécher. Je fis quelques pas sur la plage et m'assis un peu plus loin, observant le ciel. Comment voit-il les choses ? Est-ce qu'il pense à moi maintenant ? Et surtout, pourquoi m'a-t-il fait vivre ça ? Quelqu'un s'assoit à mes côtés. Julien. Il me prend dans ses bras. Je pleure, encore une fois.

-Ça va ? Me demande-t-il.

-Où est Mathias ? Répliquai-je.

-Il attend plus loin, ne t'inquiète pas.

-Mais qu'est-ce que j'ai fait. Murmurai-je en sanglotant.

-Ce n'est pas de ta faute Faustine, tu m'entends ? A aucun moment ce n'est ta faute. Me dit-il en prenant mon visage entre ses mains.

-Si, je n'aurais jamais dû accepter !

-Il t'as mentis. Me chuchote Julien, bien trop près de moi à mon gout.

Je tourne un peu la tête, ne sachant pas comment réagir sans le frustrer.

-Mathias attend. Dis-je afin de me sortir de cette situation.

-Il peut attendre. Me répondit-il.

-J'ai envie de rentrée. Repris-je.

-On va rentrer. Me murmura-t-il, toujours aussi près.

Je me levai et lui tendis la main.

-Tu viens ?


-Tu sais, commença Valentin, il y a quelque chose que j'ai réalisé au cours de ces dernières semaines où nous avions passé du temps ensemble. En fait, je m'en suis réellement rendu compte-là, en Espagne, lorsque j'étais loin de toi.

Je porte mon regard au sien.

-Disons que tu m'as intrigué dès ce premier jour, où sans comprendre pourquoi, tu as relevé la tête pour m'observer. Et puis je t'ai trouvé à la plage, et vois-tu, c'est peut-être idiot, mais je crois en ce truc du destin. Alors je me suis dit que je n'avais rien à perdre et la première phrase que tu m'as dit m'a troublée. Là où des filles auraient répondu par « oui » ou par « non », tu as cherché à savoir autre chose, tu as cherché à savoir si je le faisais avec le cœur ou pour un simple « challenge ». Alors je n'y ai pas prêté attention au début, même si cela m'intriguait, jusqu'au jour où tu m'as dit que tout le monde était plus ou moins affecté par son vécu. A partir de ce jour-là, j'ai fait attention à toute tes phrases, car même sans le vouloir, elles avaient un sens caché. Alors j'ai ressassé tous ces bouts de phrases que tu as pu me dire et j'en suis venu à la conclusion que tu voulais faire attention à tout, que tu voulais contrôler la situation, mais que sans le vouloir, la situation t'échappait des mains. Je pense que tu as été profondément blesser par quelqu'un et que tu t'es sentie obligé de changer afin de te protéger. Tu penses peut-être qu'être plus stricte avec toi-même et vouloir tout contrôler peut t'éviter de vire à nouveau le problème que tu as dû traverser, mais c'est faux. Si tu dois tomber sur des connards, tu tomberas sur des connards, si tu dois tomber sur de bonnes personnes, tu tomberas sur de bonnes personnes. Tu sais Faustine, tout le monde peut mentir, tout le monde peut s'adapter pour convenir au mieux à la personne que l'on a en face, je pourrais même être ce type de personne, mais ça, tu ne le devineras que bien plus tard. Alors être plus stricte avec toi, pour quoi faire ? Puisque qui le veut, te ferra du mal de nouveau. Alors je sais que c'est difficile à entendre, et je me doute tout aussi que ça doit être compliqué de relâcher cette auto-pression que tu exerces sur toi-même, mais je tenais à te le dire, parce que, durant ces quelque jours, je me suis rendu compte que je t'aimais bien, vraiment bien, je me suis rendu compte que j'ai des sentiments pour toi, car, au-delà de ces simples conversations, il y avait un fond bien plus important encore ; alors oui, tu peux penser que c'est encore trop tôt, ou bien que tu ne vois pas les choses de la même manière que moi et que tu préférerai que l'on reste amis, auquel cas je respecte ton choix, mais voilà, je voulais juste que tu saches que je suis en train de tomber amoureux de toi Faustine.

Suis-je en train de pleurer à cause de sa déclaration ou bien parce qu'il a réussi à lire en moi, ce qui me fait atrocement peur ? Je n'en sais rien. En fait, je me rends compte que je ne sais pas grand-chose. Je m'approche de lui, ce qui fit de de petites vaguelettes dans l'eau. « Est-ce que tu es sûre de ce que tu comptes faire Faustine ? » me demandai-je. Oui j'en suis sûre, pour une fois que je suis sûre de quelque chose. Je sais qu'il n'est pas un connard, je sais qu'il tient vraiment à moi, je sais qu'il ne serait pas capable de me faire du mal, je sais qu'il n'est pas Martin et par-dessus tout, je sais que je suis aussi en train de tomber amoureuse de lui.

J'approche mes lèvres lentement des siennes, puis les effleurent, attendant avec appréhension la résurgence de ces souvenirs horribles qui me hantent depuis bien trop longtemps maintenant, mais rien. Je pose alors mes lèvres sur les siennes. Je suis heureuse, heureuse d'être avec lui en ce moment même, heureuse d'avoir accepté son numéro ce jour-là à la plage, heureuse de m'être raisonnais et d'être retourné le voir. Je suis heureuse. Valentin passe ses bras autour de ma taille afin de m'attirer un peu plus à lui, ce que je ne refuse pas. J'ai confiance en lui. Je sais que je peux avoir confiance en lui. Une sensation de bien-être, de désir se dégage de mon bas-ventre ; je le veux, tout entier. Je me détache de lui à contre cœur, afin de reprendre mon souffle.

-Je ne voulais pas te faire pleurer. S'excusa-t-il.

-Tu as bien fais, c'est la meilleure chose qu'il me soit arrivée depuis bien longtemps. Répliquai-je à voix basse.

Je tourne la tête en direction de la plage.

-On va rentrer. Me confirme-t-il.

J'hochai la tête.


Nous sommes dans un sous-sol. Un ami à Valentin s'approche de moi en rigolant.

-C'est sérieux ? Me demande-t-il. T'as réellement fait ça ?

Mon stress augmente en un instant. Comment est-il au courant ? Qui le lui a dit ?

-Ecoute, c'est pas du tout ce que tu crois. Tentai-je de m'expliquer.

-T'es dégueulasse. Me répond-il outré de ma personne.

Malgré tout, il semble être amusé par cette nouvelle. Et se dirige vers ses amis, vers Valentin. Non. Je cours, je le rattrape.

-S'il te plait, ne fais pas ça, on peut parler, je peux tout t'expliquer mais ne fais pas ça s'il te plait. Le suppliai-je.

-D'accord. Me répondit-il.

On se dirigea alors tous les deux vers une autre pièce, mais lorsque j'eu franchis le pas de la porte, celle-ci se referma soudainement derrière moi.

-Non ! Hurlai-je alors que mon stress reprenait de plus belle. Ne dis rien, s'il te plait.

Des larmes de peur dévalent mes joues. Ils vont me haïr.


Je me réveillai, comme à mon habitude, en pleine nuit. Et si quelqu'un été au courant sans que je le sache ? Une boule se forma dans mon ventre. Et si Valentin venait à l'apprendre ? Je me mords la lèvre. « Il le sait déjà, en quelque sorte » tenta de me résonner ma conscience.

-Non, non, il ne connait pas les détails. Murmurai-je dans le noir.

Je me levai, toujours aussi stressée que dans mon cauchemar, et me dirigeai vers la cuisine. Devrais-je envoyer un message à Grâce pour me confirmer que personne n'est au courant ? Non, c'est trop risqué, il y a Connor. Bordel qu'est-ce que je fais ! J'inspire un grand coup et attrape une bouteille d'alcool que j'ouvre dans la seconde. Je veux juste être un peu plus détendue, c'est tout, juste un peu plus détendue. 


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Coucou ! J'espère vraiment que ce chapitre vous aura plu car c'est l'un des plus importants de cette histoire pour moi ! Dites moi ce que vous en avez pensé et également ce que vous pensez de ce début d'histoire naissant, de manière assez précipité, entre Faustine et Valentin !

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