Chapitre 11

Lorsque je me suis réveillée cette nuit, je me suis rendormie assez rapidement, sûrement à cause de la nuit blanche d'hier.

Ce matin, tout le monde semble déprimé. C'est notre dernier jour et l'oncle de Clément doit récupérer les clefs demain matin. Après un petit déjeuner, on décida que passer la journée à la plage ne serait pas une si mauvaise idée que ça. Manon et Chloé, elles, ont tout de même tenu à faire un peu de shopping pour cette soirée.


Le soleil tape sur ma peau. Je m'allonge sur le ventre et entreprends un début de bronzage du dos.


-Faustine !

-Quoi ! Me réveillais-je énervée.

-Putain Faustine ça fait combien de temps que tu es allongée dans cette position ? Me demanda Chloé qui était de retour parmi nous.

-Je ne sais pas, je me suis endormie.

Chloé sort son téléphone, prend une photo de mon dos et de mes jambes qu'elle me montre. Je suis rouge écrevisse. Merde. Le bronzage ne m'a pas réussi, comme toujours... La soirée... Et moi qui voulais mettre un short... Je souffle.

-Non mais là on rentre à la maison et je vais te mettre de la Biafine. Me dit Chloé.

-De toute manière, il faut qu'on rentre tous faire nos valises et nous préparer pour ce soir. Annonce Manon.


Lorsque nous sommes rentrés, Chloé s'est précipitée sur le placard à pharmacie et m'a étalé une bonne couche de Biafine sur le dos et les jambes. J'ai riposté en lui expliquant que ça ne servait à rien puisque j'allais me doucher, mais elle n'a rien voulu entendre et elle a répliqué qu'elle m'en remettrait après la douche.

Une fois douchée et la Biafine de nouveau absorbée par ma peau, je m'habille d'un jean blanc et d'un tee-shirt clair. Hors de question que je me mette en robe ou en short avec une délimitation pareille. Tant pis, j'aurais juste un peu plus chaud.


La plage est remplie de monde, la musique est si forte qu'on a du mal à s'entendre parler, mais l'ambiance est bonne. La nuit est tombée, mais les éclairages prévus pour le festival éclairent si bien qu'on peut distinguer parfaitement ce qu'il se passe autour de nous.

-On va se prendre un verre ? Nous demanda Lucas.

Mon regard trouve celui de Chloé qui semble du même avis que moi : inutile de boire de l'alcool. On suit tout de même nos amis et je demande simplement une bouteille de Coca, en verre, c'est plus écologique. La foule se fait de plus en plus pressante dû au fait de l'accumulation des nouvelles arrivées ; mais cela n'empêche pas que mes amis et moi profitions de cette dernière soirée ensemble. Je dance, saute avec Grâce sur des airs de musique, bien trop connues, remixée. A cour de souffle, je fais une petite pause pendant que ma meilleure amie retourne voir Connor. Je sors mon téléphone de ma poche et remarque un message non-lu.


De Valentin :

« Tu y es ? »

De Faustine :

« Oui, depuis quelques minutes. »

De Valentin :

« Accepterais-tu de me rejoindre derrière la scène ? »

De Faustine :

« J'accepte. »


Je m'éloigne de mes amis en rangeant mon téléphone dans la poche de mon jean. Lorsque j'arrive derrière la scène, je repère immédiatement Valentin. Je m'approche de lui et le salue.

-Comment tu vas ? Me demanda-t-il.

-Bien et toi ? Le questionnai-je.

-Je suis heureux d'être ici, avec toi, donc oui, je vais bien.

Oh non, je n'aime pas ce genre d'allusion, ça a le don de me mettre mal à l'aise.

-On marche ? Me propose-t-il. A moins que tu ne veuilles hurler pour me parler. Rigola-t-il, ce qui me fit rire à mon tour.

J'hochai la tête, puis on commença doucement à s'éloigner de ce bouquant.

-Tu m'intrigue. M'avoua-t-il.

-Pourquoi ?

-Parce qu'il y a quelque chose chez toi troublant, que je n'arrive pas à trouver.

-On a tous vécus des choses Valentin. Chacun, en fonction de sa sensibilité leur accorde plus ou moins d'importance, est plus ou moins affecté.

-Et toi tu es affectée ? Me répond-il en fixant mes yeux afin de détecter une potentielle faille.

Ça sonne plus comme une affirmation qu'une simple question.

-Tu n'en sais rien.

-Une personne pas affectée n'aurait jamais sortie cette réflexion. M'expliqua-t-il.

Il est beaucoup trop intelligent. « Tourne ta langue trois fois dans ta bouche avant de parler » Pensais-je.

-Tu es sensible ? Me demande-t-il.

-J'ai des points de sensibilité, oui, comme tout le monde. Lui répondis-je en haussant les épaules.

-Je pourrais en connaitre un ? Me demanda-t-il sans mauvaise intentions.

-Je m'attache bien trop facilement au gens.

C'est sorti comme si c'était nécessaire qu'il le sache, sans que je puisse moi-même déterminé si oui, ou non, je voulais lui en faire part.

-C'est pour ça que tu es partie, vendredi soir ?

J'hochai la tête.

-Tu as été déçu ? Dans le passé ? Continua-t-il.

Mais yeux s'humidifièrent, mais je me contrôlai.

-Et toi, tu as été déçu ? Demandai-je afin de ne pas répondre à sa question.

-Pas réellement. Tu sais, si tu n'as pas envie de répondre, tu peux me le dire franchement, je ne me vexerais pas.

Pourquoi est-il si gentil ? Est-il vraiment comme ça, ou se créé-t-il un personnage afin de correspondre à mes attentes ?

-Je le sais. Répondis-je.

Les éclairages du festival sont à présent un peu plus loin. Seul le bruit des vagues, se mêlant avec quelques cris retentissent dans la nuit noire.

-Tu sais, je pense que tu es quelqu'un de bien, vraiment. Le rassurai-je quant à mes intentions. J'avoue qu'au début, j'étais un peu rétissante, car je ne te connaissais pas. On ne peut pas dire que je te connais parfaitement, mais disons que ce que tu laisses transparaitre me rassure.

-Je, je t'avoue que je ne sais pas trop quoi dire... Je ne m'attendais pas à ça. Me dit-il en se grattant la nuque.

-Ce n'était pas ce que tu voulais entendre ?

-Bien sûr que si, mais Faustine, si tu ne penses pas quelque chose, que cela plaise à la personne en face ou non, ne le dis pas. Tu n'as rien à prouver aux autres.


Flashback :

-Pourquoi tu as accepté ? Me demande Martin.

-Parce que j'avais peur que tu me quitte. Lui répondis-je, un peu honteuse. Tu m'aurais quitté, n'est-ce pas ?

-Ben disons que si tu n'avais pas accepté, ça n'aurait pas été pareil.


-Sauf que je le pense. Lui répondis-je.

C'est vrai, je le pensais. Ça me tenait à cœur.


Je n'ai pas revu Valentin la semaine suivante, il m'a dit qu'il partait en Espagne, à Valence, avec sa famille. Sa mère est espagnole et son père français, ce qui lui a permis de maitriser ces deux langues couramment. Néanmoins, il m'a tout de même envoyé des messages, ce qui m'a permis de rester en contact avec lui. J'ai d'ailleurs appris qu'il a une grande sœur, Romane, qui fait des études de marketing en Espagne.

J'ai donc profité de cette semaine pour passer du temps avec ma mère et ma sœur. J'ai par la même occasion revu mon chat, qui a douze ans cette année, que je n'ai pas pu emporter dans mon appartement, faute de place.

Quant à mes amis, disons que je les vois un peu moins souvent. En général, on se retrouve dans des cafés ou des restaurants, pour manger tous ensemble, à midi. Je n'ose pas trop déranger Grâce, car je ne veux pas la priver de ses moments passés avec Connor.

La sonnette de mon appartement retentit. Ça ne peut pas être le facteur, car il ne passe pas à cette heure-ci ; un petit stress s'installe en moi. J'ouvre la porte, en pyjama, et fu choqués de voir Julien et Chloé sur le palier. Je recule de quelque pas, troublée, les mains sur la bouche. Comment ça se fait qu'il soit là ? Julien habite à Salamanque, en Espagne. Mes yeux pleurent de joie. Julien rigole.

-Mais entrez ! Dis-je à mes amis.

Je sautai au coup de Julien.

-Tu m'a tellement manqué. M'avoua-t-il.

-Moi aussi, repris-je mes esprits en me détachant de lui, mais comment tu es arrivé ici, et toi, continuai à l'attention de Chloé, tu ne m'as rien dis !

Chloé rigola.

-Je suis venu en moto. M'expliqua Julien.

-Tu te fou de moi ? Lui demandai-je. Mais combien il y avait d'heure ?

-Plus d'une journée avec les pauses. Me répondit-il.

-Mais tu es malade !

Julien s'est retrouvé dans mon lycée en seconde ; Grâce, lui et moi étions très proches ; puis en première, il est retourné à Salamanque, mais il n'a pas aimé. Il a donc décidé de faire sa terminale avec nous, l'an dernier. Cette année, il a décidé de travailler dans son pays avant de reprendre ses études ; il nous a donc de nouveau quitté. J'ai toujours connu Julien dépressif, et je dois avouer que parfois, c'était compliqué à gérer. En seconde, on pouvait dire que ça allait plus ou moins, dans le sens où il logeait chez une famille d'accueil qui l'hébergeait pour l'année scolaire. Mais en terminale, il a pris un appartement, seul, à cent mètre du lycée et il était plus renfermé sur lui-même. Je pense que Julien a du mal à voir le bon côté des choses, ce qui doit encore plus l'enfoncer dans sa maladie. Je ne dis pas que voir le bon côté des choses est simple, non ; je dois même avouer que dans certaines situations c'est même très compliqué de l'observer, mais je suis heureuse de le revoir aujourd'hui.

-Vous voulez boire quelque chose ? Leur demandais-je.

Mes mains optèrent pour de l'eau suite à leurs réclamations.

-Alors, l'alcool ? Demandai-je en leur donnant les verres remplis.

-Toujours pas. M'avoua Julien.

Ca va faire presqu'un an que Julien ne bois plus et je suis très fière de lui quand on sait qu'il se bourrait la gueule tous les jours.

-C'est vraiment bien ce que tu as fait. Le soutenais-je.

-Tu continue le droit l'année prochaine ?

-Eh bien oui, de toute manière je n'ai pas grand-chose à faire... Mais dis-moi, tu es ici pour combien de jours ? Lui demandai-je.

-Trois. De base, je devais retourner voir mon ancienne famille d'accueil, mais je me suis dit que je pourrais passer en ville pour vous voir tous. D'ailleurs, tu sais si Grâce est chez elle ?

-Je ne sais pas du tout, tu devrais aller voir.


Julien et Chloé sont restés quelques heures. Le revoir m'a fait une drôle de sensation, j'étais à la fois heureuse, mais à la fois troublée, car c'est comme si je replongeai dans le passé. Une triste nostalgie.

Je reçu un message avant d'aller me coucher.


De Valentin :

« Salut, je n'ai pas eu le temps de t'envoyer un message aujourd'hui, j'espère que tu vas bien. »

De Faustine :

« Ce n'est pas grave, ne t'inquiète pas, je n'ai pas voulu te déranger parce que je sais que prendre l'avion tôt le matin de donne pas très envie de parler... »

De Valentin :

« Sauf que toi, j'aime bien te parler. »


Où est-ce que j'en suis ? Je n'en sais rien. Je suis bien trop attachée à lui car c'est un garçon vraiment adorable. Est-ce que je l'aime ? Devrais-je plutôt me demander, est-ce que j'ai réellement connu l'amour pour savoir de quoi je parle ? L'amour, c'est moche quand c'est mal fait, c'est destructeur et traumatisant. Alors l'amour pur, non, je ne l'ai jamais connu. « Et s'il ne m'avait pas reconnu, s'il ne m'avait pas parlé ce jour-là » pensais-je. Est-ce que cette rencontre valait le coup ? Oui, car d'une certaine manière il me prouve que ce que je voulais est réalisable : vivre autre chose. Je n'ai jamais voulu mettre plusieurs personnes dans le même panier, lorsque je vivais mal quelque chose. J'ai toujours trouvé débile les phrases du type « les mecs c'est tous les mêmes », et inversement. Non, chaque personne est différente. Cela n'excepte qu'après une erreur, tu changes, tu grandis, ou tu te rabaisse. En règle générale, on se rabaisse d'abord, en se fixant des barrières, par peur de revivre notre erreur, d'où la phrase « apprends de tes erreurs », mais ces barrières tomberont un jour, et on en sortira grandit, grandit de toutes ces années perturbantes où on ne savait pas réellement quoi faire pour s'en sortir, ou bien comment agir. La vie serait trop simple si le mal été partout : tout le monde se suiciderait.


De Faustine :

« Alors j'espère que tu aimeras me parler le plus longtemps que possible. »


Puis-je dire que j'ai le cœur brisé ? Oui. Puis-je dire que je me sens comme une sous-merde ? Oui. Puis-je dire que je hais l'amour ? Oui. J'ai passé la journée d'hier dans l'appartement de Julien, il rentre en Espagne seulement fin juillet. Je prends un énième verre de Vodka mélangé à de la bière et du sirop et m'assois auprès de sa fenêtre, grande ouverte. Le soleil commence à se cacher derrière les bâtiments de la ville. Julien sort sa guitare et vient me rejoindre.

-« Nothing », chante « Nothing » s'il te plait.

Julien compose des chansons, et les chante accompagné de sa guitare depuis quelques années. La plupart de ses compositions sont triste, mais dès le jour où il m'a chanté cette chanson, je l'ai aimée. L'air et les paroles allaient si bien ensemble. Julien chanta. Une larme coula. Le soleil sa coucha.

-Faustine ? Ça va ? S'inquiet-il.

Mon visage se crispa, l'eau salée dégoulina.

-S'il te plaît Faustine, arrête de penser à ce connard.

-Je n'y arrive pas. Murmurai-je entre deux sanglots.

Julien me prend dans ses bras.

-Pourquoi il m'a fait ça ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Pourquoi il m'a fait ça ! Criai-je. Je suis qu'une pauvre merde, je me sens nulle Julien, vraiment nulle.

-Faustine, tu n'es pas nulle. La seule personne qui est nulle dans cette histoire, c'est lui.

-Pourquoi j'ai accepté ? Pourquoi j'ai accepté ce jour-là ? Pour quoi m'a-t-il mentis ? Mes larmes ne cessent de couler. Mon ventre me fait mal, à cause de mes suffocations. Mes cheveux collent sur mes joues. Je sais que je ne dois pas être belle à voir.


Ma gorge est sèche ; j'ai encore dormi la bouche ouverte. Un jour, je risque d'avaler une bestiole, si ce n'est pas déjà fait. Mes pieds entrent en contact avec le sol froid. J'ai déjà eu des pantoufles, mais je ne les ai jamais mis, par flemme. Un mal de tête pointe le bout de son nez.

-Oh non, pas maintenant. Soufflai-je en me dirigeant vers la cuisine.

J'attrapai un verre d'eau et le descendu en quelques gorgées. Je sentis le liquide froid se rependre dans mon corps, comme si mon œsophage n'existait pas et que l'eau se faufilait directement entre mes différents organes. J'inspire longuement, puis expire.


֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎

Hey ! Alors, que pensez-vous de la relation assez ambigüe qu'entretiennent Faustine et Valentin ? Est elle vouée à échouer à cause du comportement de Faustine ?

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