Chapitre 1

-Et toi, qu'est-ce qu'il te fait le plus peur ?

J'avais longuement réfléchi à la question avant de trouver une réponse. L'amour. Trouves-tu que cette réponse nous vient trop facilement ? Qu'elle sonne faux ? Sauf que la vérité est là : l'amour a cette faculté de te priver de liberté, mais pas n'importe comment ; personne ne te retire cette liberté, personne, à par toi, toi-même. L'amour, à cette faculté de te changer ; mais là encore, c'est simplement toi qui acceptes, en pleine conscience, ce changement. Par métaphore cela serrait comme laisser les portes d'une prison ouverte sans que le prisonnier s'en échappe. Tu ne fais plus attention et tu acceptes ; tu acceptes le bien et le mal, sans même plus de distinction ; « par amour ». « Je tuerai pour toi » ; certain le voit comme un honneur, comme quelque chose d'inestimable ; moi je trouve ça moche et beaucoup trop terrifiant. L'amour nous change tant, que lorsque tout se termine, lorsqu'il s'est consumé, on ne se reconnait plus. Quand on ose se regarder, on a cette affreuse envie de se cracher au visage, de s'insulter, de se rabaisser, de se faire du mal. On a honte, honte de notre propre personne ; et tout ça à cause de lui. Alors oui, je répondrais l'amour, car maintenant, il me fait peur.

-Le vide. Répondis-je lassée par ces questions enfantines.

-Moi j'aurais dit la mort. Rétorqua Louise la bouche pleine. La mort, on ne sait pas ce qu'il se passe après tu vois. Continua-t-elle.

-Louise... Commençais-je sans trop vouloir dérouler le fait que ce qu'il se passe dans sa bouche ne nous concerne pas trop.

-Quoi ? Reprit-elle naïvement.

-Aller les filles bougez-vous, il faut reprendre le service. Nous appela notre supérieur.

J'enfonça le dernier bout de mon donut dans ma bouche tout en me levant rejoindre l'équipe en service. Louise et Esmeralda firent de même.

-Ce n'est pas juste, ralla Louise, on a eu une minute de moins que l'autre équipe.

Je levai les yeux au ciel en passant de l'autre côté du comptoir.

-Bonjour, saluais-je un premier client, vous désirez ?

-Un frappuccino à la vanille s'il vous plait.

-Grand, moyen ou petit ? Répliquai-je machinalement.

-Moyen.

-Désirez-vous l'offre du jour comprenant -15% de réduction sur une boisson ainsi qu'une pâtisserie ?

Bienvenu dans le capitalisme, des phrases toute prêtes, poussant à acheter toujours plus que ce que l'on a besoin, afin de remplir le plus possible les poches de notre PDG.

-Non merci. Me sourit le client.

« Très bon choix » pensais-je.

-Votre prénom ?

-Samuel.

Je l'écrivis sur le gobelet avant de le passer à Esmeralda, qui, quant à elle, s'occupe de la préparation.

Samuel suivit son gobelet me laissant apercevoir les prochains clients.

-Bonjour. Répétais-je, toujours avec ce même faux sourire.

-Je vais prendre un frappuccino caramel, d'ailleurs mettez la dose sur le caramel, histoire qu'on en ai pour notre argent, et Lisa va prendre un capitaine crunch frappuccino.

-Quelle taille. Répliquais-je automatiquement sans prendre son attaque en considération.

-Les deux en grand.

-Vos prénoms.

-Mathieu et Lisa.

-Ca serra tout ?

-Oui.

Je donnai les gobelets à Esmeralda. Une dose reste une dose. Notre supérieur nous demande de mettre trois pompes de caramel, nous mettons trois pompes de caramel, il n'y a pas de raison de traiter les clients différemment ; c'est pourquoi je ne prévois pas de retransmettre à Esmé la volonté de ces personnes. C'est la règle, on suit la règle, point barre.

-Bonjour. Repris-je à l'intention du troisième client.

-Demain Faustine ouverture, donc équipe 1, le matin ; et équipe 2, l'après-midi, Ethan fermeture. Nous annonça notre supérieur. Bonne soirée.

Je récupérai mon sac à main et me pressai de rejoindre l'arrêt de bus afin d'arriver le plus vite possible chez moi.


Je pousse la porte de mon studio et m'affale sur le canapé.

-Oh pourquoi c'est encore à moi de faire cette putain d'ouverture ? Grognais-je. Quoique c'est mieux que la fermeture...

J'allumai la télé tout en détachant mes cheveux bruns. Oui, gare à vos cheveux si vous osez travailler dans la restauration.

-« ... Changera pas, en revanche un degré viendra s'ajouter à la température initiale notamment à Toulouse, Nice et Bordeaux, ce qui la fait monter à 36°, le temps serra bien évidemment très sec, n'hésitez donc pas à vous hydrater ! La température des eaux serra de plus ou moins de 20° sur la côte Atlantique et 23° sur la côte Méditerranéenne ; bonne fin de soirée. C'était la météo avec... »

Je coupai la télé. Bon disons qu'on ne risque pas d'avoir froid... De toute manière, il ne me reste plus beaucoup d'heure de travail avant d'avoir fini ce job d'été, au moins, j'aurais ma paye et je pourrais enfin profiter comme il se doit de ces vacances. Mon téléphone vibra.


De Grâce :

« Alors cette journée ? Dis-moi, tu penses que je retente de voir Connor ? »

De Faustine :

« Oui, fonce, tu sais très bien ce qu'on a dit la dernière fois : tu ne peux pas en savoir plus si tu ne le côtoies pas en vrai, alors bouge-toi de trouver une date de libre ! »


Depuis plusieurs mois, Grâce et Connor se tournent autour sans le laisser apparaitre, et cela porte énormément à confusion, je l'avoue. Au début, j'ai douté sur les faits et gestes de Connor, portait-il réellement un intérêt pour Grâce ? Mais depuis quelque temps, j'ai l'impression qu'ils avancent, doucement, mais surement. Affaire à suivre.

Je posai mon téléphone afin de me prendre une bonne douche fraîche pour faire redescendre la température de mon corps, puis me glissai sous la couette.


Martin me tient dans ses bras. Nous sommes seuls, dans une pièce aux volets fermés. La lumière est éteinte. Seul un filet de rayon de soleil réussit à passer à travers la fenêtre, laissant au passage, la possibilité de voir les multiples poussières que contient notre air. La pièce est vieille, avant, c'était une salle de cour. Le sol de bois est en très mauvais état lui aussi, il y a même un trou dans un angle. Il reste seulement quelques affaires scolaires. On entend les collégiens jouer dans la cour, un peu plus bas.

-Embrasse-moi.

Je regarde Martin, sans réellement l'apercevoir dû à l'obscurité et pose mes lèvres sur les siennes assez furtivement.

-Ce n'est pas embrasser ça. Reprend-il avec son accent anglais, un rictus moqueur au coin des lèvres.

J'ai du mal à « vraiment » l'embrasser. Disons que j'ai peur de mal faire, de me sentir nulle, qu'il me juge ou se moque de moi. Mais je m'exécute quand même. Je ferme les yeux, rapproche mes lèvres des siennes, les touche, et l'embrasse de nouveau. « Concentre-toi, concentre-toi » pensais-je. J'essaye de faire les choses bien, pour qu'il apprécie, je ne suis pas là pour ressentir je ne sais quels types de papillons dans le ventre ou que sais-je. Il commence doucement à me caresser les dents du bout de sa langue, puis, touche la mienne. J'asseye de faire pareil, je ne veux pas le décevoir ou passer pour une nulle ne sachant pas « embrasser ». Les secondes passent et j'essaye comme je peux de m'accommoder. Je lui mords un peu la lèvre inférieure avant de me détacher de lui.

-Pourquoi tu t'arrêtes ? Me murmure-t-il, ses lèvres à quelques centimètres des miennes.

Il faut bien que ça s'arrête un moment non ? Nous n'allons pas nous embrasser pendant des heures et des heures ?

-Je ne sais pas. Répondis-je pour ne pas le contrarier.

Il rapprocha de nouveau ses lèvres et je compris qu'il voulait reprendre notre « baisé » là où je l'avais terminé, alors je m'exécutais.


Je me réveillai. 2h13. Bordel. Je m'allongeai sur le dos et regardai le plafond. « Tu n'as pas le droit de pleurer Faustine » me répétais-je mentalement tout en pressant ma langue contre mon palet afin de me concentrer sur autre chose.

-Je suis vraiment une merde, je me dégoute. Me soufflais-je à moi-même.

« Non, tu n'as pas le droit de dire ça, tu sais très bien que le fait qu'il fait nuit noire joue sur ton humeur, et tu sais très bien que demain matin, tout ira mieux, alors ne dit pas ça. » Me répondit ma conscience. Je fermais les yeux et me rendormais rapidement, surement dû à la fatigue.


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Bonjour à tous ! Voici le premier chapitre de mon nouveau roman "Crois en l'amour", en espérant qu'il vous plaira même si beaucoup d'informations ne sont pas encore révélées ! (je garde du suspens pour la suite...).

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