"Onze étés"

« Onze étés » écrit par Chew_Stories, est une romance et l'objet de ma seizième critique. Je précise que l'auteure désirait que je m'attarde sur sa façon d'écrire et sur le choix de ses mots.

Résumé.

Zineb est charmante, douce, rêveuse, parfois capricieuse, et un brin maladroite. Ses onze étés témoigneront de ses deux pieds gauches qui ne lui portent pas toujours chance, et vous, vous serez les spectateurs de cette drôle d'aventure, avec des garçons pas toujours gentils.Seule tâche au tableau, un mensonge qui ne restera pas sans conséquences.

Dans cette critique, nous nous intéresserons dans un premier temps à la couverture, au titre puis au résumé, avant d'attaquer le roman en lui-même. Ainsi, vous découvrirez pas à pas avec moi l'histoire.

I. La couverture, le titre et le résumé.

Je n'ai pas accroché à ta couverture. Certes, reste dans des tons chauds et les filtres, ainsi que les photos derrière contribuent à créer une ambiance. Cependant, ton pseudo est absent de la couverture (quoique ce ne fût pas un gros rapproche). Le titre est coincé dans haut de la couverture, le « o » est même presque coupé. Il n'est pas assez « présent ». La jeune fille fait beaucoup trop rajoutée sur la couverture. Bref, tous les éléments ensemble font très « rapportés ». Par ailleurs, si j'ai bien compris ce que sous-entend ton résumé, l'héroïne aurait onze ans ? Je n'ai pas bien compris. Dans tous les cas, si la fille de la couverture est censée être l'héroïne, elle me parait un peu trop vieille (Je reviens après avoir lu le prologue, l'héroïne a bien quinze ans).

Passons au titre. Je suis en revanche beaucoup plus séduite par le titre. J'apprécie beaucoup de compter les années en se basant sur les saisons. C'est un titre très original que je ne comprends pas encore. L'héroïne va-t-elle raconter onze étés (parmi tous ceux qu'elle a vécus) ? A-t-elle onze ans ? Est-ce que le onzième été l'a plus marqué ? Bref, c'est un très bon choix.

J'ai beaucoup plus à dire avec ton résumé. Il m'a laissé confuse, perdue et perplexe. Commençons par la première phrase. Dans une romance, effectivement, présentez de manière assez précise les personnages est une bonne idée. Toutefois, si les rythmes ternaires (donc trois adjectifs dans ce cas-ci) sont appréciés dans une phrase, lorsqu'on dépasse ce chiffre, cela fait trop énumération. C'est ce qui se produit avec ta première phrase. Je pense que tu peux en supprimer au moins deux. Pour ma part, j'enlèverai déjà « charmante ». Elle charme, ok, grâce à quoi ? Dans ce cas, cite plus ce qui séduit. On se doute bien qu'elle est charmante. Ses autres qualités, en revanche, comme on ne la connait pas encore, restent dans le flou. Excuse-moi d'être aussi franche, mais la seconde phrase de ton résumé n'a, de mon point de vue, pas de sens. Sa maladresse est à l'origine de bon nombre de ses déboires ? Elle a été très maladroite et plusieurs moments peuvent le prouver ? Tu as essayé de caser dans la même phrase ces deux questions et le résultat est très peu clair. Par ailleurs, cette deuxième phrase est trop longue. Songe à la couper à partir de « pied ». La deuxième partie de ta deuxième phrase (soit à partir de « et vous serez »), est très maladroite elle aussi. Tu ne nous a pas suffisamment présenter ce à quoi nous allions assister pour que nous soyons les spectateurs. Ensuite j'imagine que tu veux dire que nous allons voir que l'héroïne va être confrontée à des garçons pas très sympathiques. Or, dans le sens dans lequel va la phrase, on dirait qu'on va lire un truc avec des garçons pas sympas. Or ce que tu veux dire c'est qu'on va lire des trucs sur des garçons pas sympas. Cela se joue à peu de mots, mais le sens change. Ensuite, dire des antagonistes qu'ils « ne sont pas toujours gentils », cela fait très enfantin comme manière de parler d'eux. La dernière phrase est également maladroite. D'une part car ce n'est certainement pas la seule tâche puisque des garçons pas sympas et d'autre part, ce mensonge tombe comme un cheveu sur la soupe. Rien ne l'annonce. C'est, si je comprends bien, le gros point de tension de ton histoire. Met-le plus en valeur. Bref pour conclure, ton résumé est trop court. Il se peut que certains résumés soient très courts, mais efficaces. Le tient est beaucoup trop court et ne donne pas vraiment envie de lire. Tu ne présentes pas le cadre : où va-t-elle passer ses étés, l'héroïne a-t-elle vraiment onze ans (ce point me perturbe car la manière dont tes phrases sont tournées le laisse supposer), parle-nous un peu plus de l'héroïne. Si ton héroïne est maladroite, sa maladresse pourrait être un élément déclencheur. Tu insistes beaucoup sur cette maladresse utilise-la mieux, prouve son utilité ! Je te conseillerais très sincèrement de refaire tout ton résumé.

Il est temps à présent d'attaquer le récit en lui-même.

II. Prologue et chapitre 1.

1. Les prologues.

Bon, je ne prends personne par surprise lorsque je dis que je vais me pencher en détail sur la première phrase. Je pense que tu t'en doutais, je trouve cette première phrase trop longue. Il manquerait à mon avis une virgule après le « moi » (concernant la ponctuation, tu as tendance à en oublier dans le prologue, mais cela ne concerne peut-être que le prologue. J'aurais l'occasion d'en parler plus en détail dans la partie « Rédaction et style d'écriture »). Autre petit détail, je dirais « Que dans le désert » (et non pas « qu'au désert »). Dernier point, j'ai l'impression d'avoir lu beaucoup trop de fois ce début « Moi, c'est –insérer ici un prénom féminin -» : il manque sincèrement d'originalité.

Avant de développer, je dirais que j'aime bien la signification et que je trouve le prénom très joli.

J'ai un problème avec les prologues qui brise le quatrième mur (notons que dans ces critiques, je n'en ai pas beaucoup rencontré). Il y a pas mal d'avantages et d'inconvénients. Le principal avantage, c'est que cela interpelle le lecteur et donc le prend à partie. Personnellement (et c'est l'inconvénient principal de ce système), c'est qu'on me rappelle que je suis lecteur et j'ai plus de mal à rentrer dans l'histoire, mais c'est un critère très subjectif ! Cependant, ce système peut amener des problèmes eux bien objectifs, et c'est ce dont je vais parler à présent. Briser le quatrième mur dans un prologue, donne souvent (pas toujours !) des prologues un peu bateau dans laquelle il ne se passe pas grand-chose et dans lesquelles les tensions ne sont pas bien exposées. C'est hélas, ce qui se passe avec ton prologue.

Petite parenthèse. Pour ceux à qui l'expression ne parle pas, « briser le quatrième mur » c'est en gros interpeller le lecteur directement. L'expression vient du monde du théâtre. Les acteurs/personnages sont enfermés dans une pièce. Nous on regarde donc fatalement (dans une position un peu de voyeur). 3 murs sont là pour encadrer la scène, mais pas de 4ème pour qu'on puisse voir (Merci Captain Obvious). Les acteurs font comme s'il y avait un mur empêchant justement de voir les spectateurs qui les regardent. Briser le quatrième mur, c'est que les personnages en quelque sorte se rendent compte qu'ils sont observés et parle au public.

En effet, il manque de pertinence. Si ton prologue présente ton personnage et globalement ce qui va être raconté dans la suite, il faut que ce soit pertinent. Les éléments présents doivent être utiles.

Je vais prendre un exemple : Percy Jackson (Tome 1, grand livre de mon adolescence. Oui, je prends cet exemple, car c'est le seul livre que j'ai pu lire qui présente un prologue brisant le 4ème mur. Ou du moins, dont je me souvienne). Bref, comme toi, il présente son prénom. Cependant, il explique que c'est parce que héros grec connut que bonheur et que c'est rare (et que du coup, il aimerait bien que son histoire aussi se termine bien. Ce serait cool). Cela permet d'introduire sa mère et on comprend tout de suite les choses anormales et dangereuses qui vont se passer, ainsi que le lien avec la mythologie grecque. Bref, ce prologue est pertinent car on comprend dès le départ les ennuis que connais le héros, les ennemis qui vont se mettre sur son chemin et la tendance du héros à causer des catastrophes.

Ton prologue à présent, pourquoi parler de son prénom ? Ce n'est pas très utile. Ou alors, si pour présenter des racines, un contexte... Présente-le vraiment comme tel, insiste bine dessus ! Cet élément doit servir à la suite ! Du reste, elle digresse sans pour autant que ce

Tu parles également d'une héroïne maladroite (trait attachant s'il est bien utilisé, un cliché dans le cas contraire. Oui, la limite est assez fine). Mais là, tu n'en parles pas alors que ça devait être le point de départ de pas mal de ses déboires (c'est du moins ce dont tu parles dans ton résumé).

Ensuite, elle digresse beaucoup, sans que tu introduises certains points clés : ce fameux mensonge, le love interest...

Cependant, tu évites une erreur que pas mal d'auteurs font quand ils brisent le quatrième mur (notons, que c'est la première fois que je relève ce point car je l'ai appris récemment dans fiche de cours d'écriture). Bref, cette erreur c'est d'interpeller le lecteur dans le prologue et puis ensuite plus du tout. Il faut que dans ton récit tu brises encore le 4ème mur. Tu le fais, bon point pour toi.

Je ne suis également pas une grande amatrice des prologues qui présentent physiquement leur personnage, même si chez toi c'est léger (voire très léger). Je ne sais pas si c'est très réaliste lorsqu'on se présente de se décrire comme ayant « une beauté farouche ». L'héroïne apparait un peu prétentieuse. Quoiqu'en y pensant, c'est une fille qui a une bonne confiance en elle et c'est plutôt une bonne nouvelle lorsqu'une majorité des adolescents se sent souvent mal dans sa peau. J'attends retrouver cette confiance au fil des chapitres.

La répétition de « moins quand on l'est moins » répétition sonne mal. Je te conseillerais d'en supprimer un. Par ailleurs, je ne comprends pas la phrase qui suit. On comprend qu'elle n'est pas très photogénique, et que du coup, garder les photos, ce n'est pas une bonne idée. Pourquoi dis-tu cela ? Il m'a vraiment fallu relire la phrase avant de comprendre le lien. Retravaille-la pour que le lien se fasse vite. On peut ne pas être disciplinée et que les photos rendent bien. Par ailleurs tu dis qu'elle est belle juste avant, pourquoi la tu dis qu'elle est moche ici ? En effet, ce que tu sous-entends avec ta phrase « cela marche lorsqu'on est belle et disciplinée » signifie qu'a contrario, elle ne l'est pas.

Pour la partie où elle explique le second sens de son prénom, elle dit que ce dernier signifie « Ornement du père ». Personnellement, comme « ornements » signifie « décoration », je trouve que cela veut plutôt dire qu'elle est là pour faire jolie à côté de son père (la phrase a une tournure négative, mais ce n'était pas ainsi que je l'entends. En effet, son père est justement très fier d'avoir une fille aussi belle).

Je pense que tu peux enlever « grâce à toutes ces années de mathématiques ». Le calcul n'est franchement pas compliqué, pas besoin d'avoir étudié longtemps les maths. Ou alors joue plus franc jeux la carte de l'ironie.

Confus, c'est le mot qui me vient au terme de ton prologue. C'est bien, on a les infos (point très positif, on nous parle de ses parents, de son frère, de sa grand-mère... On voit ainsi qu'ils sont très présents, importants... bref, on se dépeint plus sa situation).

Cependant, tu fais plus un listing sans réellement de lien entre ces infos, ou alors le plus souvent, le lien n'est pas très clair. Du coup, parfois, on ne sait pas exactement où tu veux en venir. Concentre-toi sur une idée claire.

Je vais prendre un exemple : « Je suis très douée pour jouer les rôle de petites sœurs et d'amies. » Quel est le rapport avec les phrases d'avant et d'après ? Si elle est douée pour ces rôles, elle ne l'est cependant pas dans le rôle de la petite amie ? Si oui, dis-le clairement. Sinon on a l'impression que tu sautes du coq à l'âne.

Bref, le prologue doit servir à fournir des éléments pour expliquer les premiers chapitres, selon l'auteur Stéphane Arnier (J'ai découvert les conseils de cet écrivain dans le livre de conseils d'excellente qualité. Pour ceux que cela intéresse, on se retrouve en fin de critique). Sinon, ce prologue ne sert à rien. Du coup, moi je dis, non seulement cela permet d'expliquer les premiers chapitres mais aussi le titre et le résumé (Ouais je me disais aussi... Onze ans ça fait petit quand même). Cependant, j'aurais tendance à dire que cette explication devrait déjà apparaître au résumé. Je vais même plus loin, globalement (outre certains détails, ton prologue devrait être modifié de tel sorte à être ton résumé).

Tu parles d'acharnement. Pour moi, cela ressemble plus à de la taquinerie sympa. Tu dis que la grand-mère le ressort quand un petit copain frappe à la porte. Or ça n'arrive jamais. Donc elle ne doit pas s'acharner souvent. Il y a une répétions de « toquer à la porte ».

On sent que tu veux donner un ton léger, humoristique à ton récit. Joue plus sur cette corde. Tombe franchement dedans en utilisant des phrases plus claires (pour qu'on comprenne mieux l'humour). On doit se laisser porter par l'argumentation, pas lutter contre elle.

Pour conclure, ce n'est pas un prologue qui m'aurait donné envie de lire car il est trop flou et ne donne pas assez envie de lire.

Mon conseil pour ce prologue serait vraiment de prendre une ligne directrice, certain les points qui te semble capitaux. Elle, dans son esprit, elle digresse, mais pas l'auteur ! L'auteur ne doit jamais perdre de vue les points à amener et faire en sorte que ces points apparaissent naturellement.

Voilà, j'ai essayé d'être la plus exhaustive possible. J'ai peut-être oublié des choses, mais j'ai tenté de respecter au mieux ta demande de m'intéresser au choix de tes mots et à ta manière d'écrire. Bref, j'espère que ça te convient, car cela va être ainsi le reste de la critique !



2. Le premier chapitre.

Dans le premier chapitre souvient de trop de détail précis, surtout sur des choses non marquantes. C'est une chose que je reproche à tes premiers chapitres. Je sais que c'est pour le bouquin, cependant ce dernier s'inscrit vraiment dans le réel, tu te dois donc d'être réaliste. Fais le test, essaye de te souvenir d'un truc quand tu avais cinq ans. Tu as globalement une (bonne) idée de l'action, tu visualises assez bien l'objet, mais le reste est assez flou. Manipuler les souvenirs, c'est particulier. Je doute que tu te souviennes très précisément des sensations d'un souvenir quand tu avais cinq ans (notons que je ne parle pas de traumatisme etc.). Voilà, c'est le reproche que j'aurais à faire, sinon c'est très amusant car de nombreuses choses que tu évoques, on les a tous déjà vécu.

J'aimerais te proposer une piste, comme ce que j'ai pu te dire avant, tu en fais ce que tu veux (l'utiliser, en faire un méchoui et une fournée de cookies...). Bref, ce que tu pourrais faire, c'est que les premiers souvenirs soient très flous. Elle ne se souvient que d'émotions ou vraiment d'actions marquantes, puis au fur et à mesure qu'on avance dans les souvenirs les évènements se font plus précis, les visages se détails, ainsi que les sensations. Ainsi, on a plus cette impression de remonter le temps. Ce qui est logique : les souvenirs sont plus proches donc, on s'en souvient mieux.

Je souhaitais dire cela avant de commencer de critiquer le chapitre en détail. Reprenons donc du début. Encore avant d'attaquer la première phrase (Quel suspense, je crée... Ceci est un sarcasme), laisse-moi te parler de tes débuts de chapitres. J'aimerais te suggérer de mettre un titre à tes chapitres et les deux petits lignes que tu mets avant de commencer réellement le chapitre (soit ici « premier été / cinq ans »). Donc ton chapitre peut avoir comme titre « Chapitre 1. Premier été ». Et tu n'as pas besoin de préciser cinq ans car dans ton prologue tu dis déjà que tu vas commencer l'histoire à partir de cinq ans et en plus c'est dans la première phrase de ton chapitre.

Ce qui me fait une transition toute trouver pour : la première phrase. De prime abord, je l'ai trouvé trop longue et puis ensuite, je l'ai bien aimée car pour une première phrase, elle pose bien le contexte. Et surtout, elle ne se contente pas de descriptions : tu parles de sensations qui font appel à un autre sens que la vue et c'est un excellent point. Mais, elle n'est cependant pas sans défaut. Son gros problème est que tu enchaines beaucoup de préposition très lourdes (des « qui », des « participes présent »). Je te conseillerais très sincèrement de couper ta phrase en plusieurs bouts. C'est le moment de faire de l'humour ou d'employer un ton sarcastique.

Note. Ô écrivains, ceci est un plaidoyer : essayer de supprimer au maximum les participes présents. Cela alourdit les phrases, les complique inutilement et c'est moche (point de vue totalement subjectif ici).

Tu as tendance à négliger des virgules (c'est-à-dire à en mettre trop, comme dans le paragraphe « c'est à ce moment-là », ou pas assez). Ici, une après « pourtant » ne serait pas en trop et cela se retrouve dans le chapitre. Bien qu'encore une fois, une remarque là-dessus de ma part, c'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité : ponctuation, Roméo et Juliette, décès, tout ça, tout ça (Les vrais savent... Oui, je fais une référence à moi-même. Mon melon va bien si vous vous posez la question) ... Pour rester sur la question de la ponctuation, certaines de tes phrases sont trop longues. Ce n'est pas un problème généralement car tu alternes bien avec des phrases courtes. Mais certaines fois, on a envie de mettre un point. Je prendrais comme exemple la phrase : « Il avait de la chance d'être né [...].

Bref, décrit mieux le contexte. Tu es à la plage, il faut qu'on ait compris qu'il y avait la mer et qu'elle ne jouait pas dans un bac à sable (car même si c'est l'été, ce n'est pas automatique d'aller à la plage pour des questions évidentes de budget ou juste parce que vous êtes #teammontagne). Mais bon sable + été, globalement, il ne faut pas être vif pour pas additionner deux et deux. Toutefois, ce serait mieux que tu donnes le contexte. Quelle plage tu étais par exemple. Ensuite, tu dis « cette magnifique eau bleue ». Mon problème vient de « cette », qui est démonstratif, autrement dit tu fais référence à quelque chose qu'on a déjà vu. Or on vient juste d'arriver. Utilise plutôt « l' ». Au lieu d'utiliser cette périphrase pour désigner la mer, je te conseillerais de dire clairement « mer » dès le début. Tu auras tout le reste du chapitre pour l'utiliser.

J'aurais une question, qu'est-ce qu'une « rondelette » ? Le dictionnaire me dit qu'il s'agit juste d'un adjectif pour dire « potelée », mais dans le contexte, j'imagine que ce sont des pois ? Je ne crois pas cela se dise. Si c'est une expression qui t'es propre, n'hésite pas à le préciser : on s'attache pas mal aux persos qui ont des expressions bien à eux !

Attention, avec tes mots de liaison. Ils ne sont pas tous pertinents dans le contexte. Je prends comme exemple le « d'ailleurs » dans le paragraphe « le contact de l'eau sur ma peau rougie ». Il n'y a pas de rapport avec le fait que son père les rejoigne. Ou alors, il faut préciser que lui aussi à des coups de soleil et/ou a chaud.

Petit tips. « D'ailleurs » permet de « faire un lien transitif en utilisant une situation présente comme support ». Tu peux le remplacer par « du coup ». Si ta phrase perd son sens, c'est que « d'ailleurs » n'est pas approprié.

Exceptés ces éléments, je dois que autant je n'ai pas accroché à ton prologue, autant ton chapitre un me réconcilie totalement avec l'histoire. J'ai été très prolixe sur ce qui n'allait pas. Je dis vite ce qui ne va pas, mais cela n'en fait pas un point inutile pour autant. Ton premier chapitre est vraiment bien.

D'un point de vue purement objectif, tu poses le contexte familiale, les relations, le thème : l'amour et le fait qu'il n'aboutisse jamais, ou du moins qu'il en se concrétise pas.... Bref, les éléments que tout bon premier chapitre doit présenter.

Sur un plan plus subjectif, c'est aussi une réussite. Ce n'est pas un enfant de cinq ans qui parle mais une adolescente qui parle des sentiments d'une enfant de cinq ans, sans tomber dans une superposition avec ses sentiments actuels. La seule comparaison avec sa période de rébellion survient très naturellement. Tes phrases sont très justes. Tu sais bien trouver les éléments qu'il faut pour raconter cet été et des tonnes de petits détails qui évoquent au lecteur ses propres souvenirs. C'est très bien trouvé car tu sais te mettre le lecteur dans ta poche très naturellement en tablant sur un élément avec lequel nous avons tous une relation affectueuse : notre enfance. Je dis chapeau, car tu as vraiment réussi cette partie-là !



III. La suite de l'histoire (chapitre 2 à 24).

Eh bien, une fois n'est pas coutume, il est temps de faire un sommaire, et ainsi, allez jeter un coup d'œil aux parties qui vous intéressent le plus.

1. La rédaction et le style d'écriture

2. Remarques en vrac

3. La structure de la narration

4. Souvenirs d'enfance

5. Les personnages

6. Ma phrase préférée

7. Est-ce que l'histoire est en accord avec les attentes nées du résumé et du titre ?



La rédaction et le style d'écriture.

J'en ai fait la partie la plus importante comme tu m'as demandé. Comme pour toutes mes critiques, je fonctionne de la manière suivante : je dis ce qui, de mon point de vue, ne va pas, je donne un ou plusieurs exemples, puis une solution/ reformulation éventuelle pour corriger cela. Notons, que je ne fais ici que soulever les problèmes je ne relève pas toutes les fois où il se produit, ton histoire comprend 24 chapitres et un prologue, si j'avais fait cela, j'y aurais passer beaucoup trop de temps !

Commençons.

· Le respect du temps de narration.

Dès le départ, tu racontes de souvenirs et tu pars donc très logiquement sur du passé. Or, très (trop) souvent dans ton histoire tu passes au présent (J'ai compté le passé composé comme temps du présent évidemment). Je voulais le relever à chaque fois, mais cela est arrivé plus d'une dizaine de fois et avec tous les commentaires, cela aurait fait harcèlement... Fais attention, lorsque tu commences avec un temps tient-le !

Par exemple, dans le chapitre 2, tu dis « Mes vœux tombent à l'eau », ou encore « Ce matin encore, rien n'a changé ».

· La lourdeur du style et la longueur de tes phrases

Ton style peut se révéler parfois lourd et c'est dommage. Cela est dû au fait que tu enchaînes beaucoup de préposition, de participe présent, des négations qui ne sont pas utiles... Je vais prendre une phrase dans le chapitre 3 : « [...] qui donnent sur une forêt que je n'espère pas avoir à découvrir ». Ici, deux prépositions et une négation, c'est lourd. Quand tu te retrouves avec plus de deux prépositions, c'est que très souvent, il faut couper ta phrase en deux. Quant aux négations, pars toujours du principe qu'elles doivent être évitées ou simplifier. Ici, peut-être « que je n'aimerais pas découvrir » serait plus adéquate, et pourtant, je me suis juste contenter de supprimer le « avoir » sans toucher à la négation.

Et parfois, ce n'est pas lié à de trop nombreuses prépositions, c'est juste ta tournure que tu alourdis inutilement (sans être lié à des style pseudo poétique, ce que j'ai tendance à parfois croiser dans certains livres... Ou alors, c'est juste moi qui ne suis une amatrice du style...). Bref, dans cette catégorie, je vais te donner un exemple (Je crois qu'il provient du chapitre 3...) : « Ses parents sont divorcés ce qui fait que ce n'est pas toujours qu'il passe ses vacances en compagnie de son père ». Permets-moi de te donner une tentative de reformulation : « A cause du divorce de ses parents, il ne peut pas passer tous les étés avec son père ».

Bref, mais ces problèmes sont liés au fait que tes phrases sont souvent beaucoup trop longues, si bien qu'à la fin, on se retrouve facilement perdu. Au départ, cela se remarquait peu, car tu alternais avec des phrases courtes, mais tu as perdu cette recherche de l'équilibre. Je précise que faire des phrases longues n'est pas en soi un problème. C'est lorsque cela se fait au détriment de la fluidité et de la clarté de l'ensemble que cela handicape le récit. Raccourcis-les, sincèrement, tu améliorerais grandement ton style rien qu'avec ça (Level two unlock ! Il faut le dire avec la voix de Paul Taylor).

Je pense que c'est dû au fait que tu souhaites présenter un style travaillé (ce qui est tout à ton honneur ! C'est un très bel effort, car certains auteurs sur Wattpad ne se donnent pas cette peine). Or, au risque de radoter telle une petite vieille sénile, un bon style n'est pas forcément un style compliqué avec des tournures à rallonge. Je te citerai la plupart des romans de Margaret Atwood au style fin et percutant.

Si je peux même te donner un conseil, n'écris qu'avec des phrases courtes, puis ensuite petit à petit quand tu auras réussi, tu recommenceras à mettre des phrases longues (c'est l'exercice auquel je m'astreins avec « Le Foyer » par exemple). Si tu dis qu'il y a un parallèle à faire avec un homme qu'on sèvre de son alcoolisme, oui, y'a de l'idée.

· Les expressions et verbes mal employés ou mal à propos.

Tu utilises des expressions pas toujours à propos (Oui, je sais, c'est le titre...). Tu cherches à diversifier mais la phrase qui en résulte certaine fois est maladroite.

Ce qui va suivre va surtout être un listing de certaines phrases que j'ai relevées. Cependant, je n'ai pas noté toutes les fois où ce problème survenait pour des raisons évidentes de temps (et parce que cette critique est déjà beaucoup trop longue). Pour relever tout ce que je n'ai pas fait, je te conseille de te trouver un bêta lecteur. Plusieurs comptes sur Wattpad proposent ça, essaye de voir si tu ne peux pas trouver un tel correcteur.

- « Je n'en perds pas une miette » (Chapitre 4, je crois). Dans le contexte, ce n'est pas approprié.

- « Egrillard » signifie « qui se complaît dans des propos ou sous-entendus licencieux » (D'après la définition d'internet. Notons que je ne connaissais pas ce mot, merci beaucoup de me l'avoir appris !). Or je ne pense pas que ses enfants se contentent de "propos". Peut-être « le caractère détestable » serait plus adéquate (chapitre réunion de famille où elle rencontre pour la première fois Rafiq).

- "Rafiq sans plus de préliminaires entra". Ici, « préliminaires » ne se dit pas. « Sans frapper », « sans préambule », seraient plus adéquats.

- « Les parents m'ont affichée durant un repas de famille, j'ai arrêté de le considérer ». Comment ils l'ont affiché ? C'est-à-dire ? Qu'entends-tu par arrêter de le considérer ? Arrêter de demander après lui ? Après « considérer », je trouve qu'il manque un mot. Je ne crois pas qu'il puisse s'utiliser tout seul.

- Dans le chapitre 5, si la bouche de Rafiq se plaque sur la sienne au point de « l'écraser », alors on n'est plus dans le « chaste baiser furtif ». « Déposer sur ses lèvres un baiser» serait plus juste.

- « La porte ne les accueillit pas tous les deux à la fois », cela ne se dit pas. « L'encadrement de la porte n'était pas assez large pour les laisser passer tous les deux » serait plus juste.

- Chapitre 17 : « Je le gravis d'un large sourire », mais « je le gratifiais d'un large sourire ».

- Chapitre 12. On s'arme face à quelque chose de puissant, pas face à une simple brise légère.



· L'ambivalence.

Laisse-moi te parler de l'ambivalence dans plusieurs éléments de ton récit.

Tout d'abord, l'ambivalence du langage. Parfois, il se veut très recherché et soutenu, puis d'autre fois le style devient complètement oral. Des mots comme « me gava » ne peuvent pas être mélangé à des tournures plus complexes : il faut que tu choisisses.

Ambivalence du ton, mais aussi de la narration. Dans les premiers temps, on sent bien que tu racontes un souvenir. Mais plus on avance, plus on est « dans le souvenir », comme si c'était l'héroïne de cet été qui parlait. Tu ne racontes plus un moment passé, tu le vis. Je ne sais pas si je suis très claire. Et ça pose des problèmes, car elle ne peut pas avoir les réflexions d'adulte ou du moins mettre les mots d'adulte sur la sensation qu'elle ressent, si c'est la Zineb de huit ans qui parle. Tout cela pour une histoire de réalisme.

L'ambivalence des émotions maintenant. Elle est suffisamment inquiète pour paniquer sur la forêt, mais quand elle se trouve dans ladite forêt, là où elle aurait dû être inquiète, elle se permet de faire une plaisanterie et de penser à un truc superficiel (les chaussures différentes de son frère quand elle se perd en forêt). Ce qui fait qu'on ne prend pas la scène au sérieux, ni ne s'inquiète pour l'héroïne car elle-même ne prend pas cela au sérieux.

· Remarques random.

Niveau orthographe et grammaire, je rencontre quelques fautes, sans que cela parasite la lecture. Je pense que tu devrais faire une petite relecture, ou alors utiliser des sites de correction automatique (comme Scribens... Si quelqu'un a d'autres suggestions, n'hésitez pas à les mettre en commentaire). Notons que je suis la première à faire des fautes, bien que je sois la première à dire que cela freine la lecture (Paradoxe quand tu nous tiens).

Mais j'en ai quand même relevé quelques-unes qui revenaient souvent.

En premier lieu, l'absence d'accord du participe passé avec le sujet alors que le COD est avant le verbe. Bon, il y a plein d'exceptions à cette règle qui est elle-même une exception (Putain, c'est Inception en fait), mais j'ai la flemme de toutes les lister ici. Des livres d'écriture sur Wattpad ou un bon vieux tour sur internet vous donneront un cours plus détaillé. En un second lieu, fait bien la différence entre « Ô » et « Oh ». Le premier est une exclamation lyrique un peu grandiloquente, surtout réservée à la poésie, la seconde une onomatopée. Je pensais à une coquille, cependant, comme tu as reproduit plusieurs fois l'erreur, je me suis permise de la relever.

Ne pas mettre des abréviations avec Mlle, écrit en entier plutôt « Mademoiselle ».

Ça mit à part, prends garde également aux répétitions, notamment des sujets. Dans un chapitre de réunion de famille où nous faisons la connaissance de « Medhi », le prénom de ce dernier est répété trop souvent. Utilise plutôt des périphrases, « mon cousin », par exemple.

Une dernière chose que je ne savais pas exactement où caser : ton problème dans ce chapitre 3 et au fil de tes chapitres, c'est que tu énonces pas mal de phrase qui ont l'air d'être des évidences. Sauf que pour le lecteur, elles ne le sont pas réellement et surtout, elles n'ont pas vraiment de rapport avec ce qui vient avant. L'exemple le plus marquant est lorsqu'elle découvre la couleur de sa nouvelle école et elle dit qu'elle est orange pour le plus grand malheur des garçons. Pourquoi ? Pourquoi des filles adoreraient un bâtiment peint en orange à l'inverse ?



· Les termes en langue étrangère.

Je parle ici des mots en anglais et en espagnol (Notons que c'est un problème mineur, mais hé ! tu m'as demandé une critique donc mon rôle est de chipoter !).

« Snoopy » veut dire fouineur, je ne pense pas que tu as eu besoin de le mettre en anglais, surtout que l'héroïne n'emploie que très rarement des termes anglais comme ça. Du coup, cela tombe comme un cheveu sur la soupe. Cela vaut pour map et soccer (je crois que c'est tout)

Je ne parle pas espagnol et quand parada puis guapa (notons que j'ai beaucoup apprécié ce surnom qui changeait de l'ordinaire ! Cela fait vraiment propre à Rafiq) dans le quatrième chapitre est sortie, j'ai dû aller voir sur internet... (Allemand LV2, fuck you... J'aurais dû faire espagnol). N'hésite pas à donner la traduction en bas du chapitre (Pense aux pauvres mortels tels que moi, pour qui l'espagnol consiste juste à rajouter des-a aux mots français).

Mais bref, tous ces mots mets-le en italique. C'est comme ça qu'on doit procéder avec les mots en langue étrangère à la langue de la narration.



Remarques en vrac.

· Lorsque l'héroïne se permet des apartés au présent dans ses pensées, met-les en italique. Plusieurs fois, met en italique car à chaque fois, nous n'avons pas cette distinction entre la narration et ces remarques.

· J'ai trouvé marrant que les dialogues soient mis sous cette forme-là. Au début, je pensais qu'on était dans les pensées des personnages, mais j'ai vite compris. Bref, on a plus l'impression d'être dans un souvenir.

· Je trouve que tu passes trop vite de la haine à l'amour, au point que Zineb réclame la présence de Rafiq pour l'aider à se défendre. Bon après tu me diras, les enfants changent d'avis comme des girouettes, donc bon...

· Les conclusions de tes chapitres. Souvent, elles sont pertinentes et cohérentes avec ce qui vient de se passer et pose une leçon. Cependant, certaines fois ce n'est pas le cas. On a vraiment l'impression d'interrompre une scène sans point de tension ou de conclusion pour le clore. De mon point de vue, le chapitre 5 illustre particulièrement bien cela.

· Parfois, certains passages trop longs. Tu veux trop nous décrire, trop préciser les sensations (notons que c'est très bien de faire cela car on se sent plus dans la scène que si on se contentait de la vue). Mais, tu n'as pas à parler autant, par exemple comme avec la fuite dans le chapitre 5. Le passage où ils enterrent le journal secret par exemple est trop long. Surtout qu'à aucun moment Zineb n'a évoqué le poids de ses mauvais souvenirs. Tu essayes de te rattraper en un chapitre, mais il aurait fallu en parler avant. C'est un manque de préparation (mais j'aurais l'occasion de parler plus en détail de la règle de préparation et de paiement plus bas).

· Au début, le langage des personnages enfants est assez enfantin et colle parfaitement avec ce qu'ils sont. Parfois, il y avait des fautes de syntaxes, mais c'était cohérents et les rendait attachants. Pourtant plusieurs fois, j'ai eu l'impression d'avoir des adultes devant moi. Par exemple, quand Emma qui a huit ans dit « Quant à vous » ou « je suis sûr que Rafiq vous a dit de ne pas préciser le premier point ». Ou encore, quand Zineb parle d'arrêter leur « jeux de séduction ». Il faut que leur langage continue de coller à ce qu'ils sont sans quoi, on perd grandement en réalisme.



La structure de la narration.

Déjà, laisse-moi te faire un compliment. Raconter les onze étés dont elle se souvient pour montrer l'évolution du personnage et de ses relations amoureuses est une très bonne idée. C'est l'occasion de raconter des souvenirs, de voir le monde par les yeux d'un enfant. Il faudrait l'exploiter à fond, car c'est une base très intéressante.

Cependant, le concept n'est pas encore abouti. On sent que tu n'avais pas écrit la fin et tu corriges pas mal de points que tu avais posés au départ, surtout, on sent qu'au fur et à mesure, tu tends presque à t'en détacher.

Nous n'avons ainsi pas une réelle quête d'amour, mais plutôt une suite de péripéties dont on découvre les tenants et les aboutissants au moment où les péripéties elles-mêmes arrivent.

Cela occasionne un gros défaut du livre : on dirait que rien n'a d'impact. Des choses qui sont arrivées et qui sont censés avoir débloqués une situation, et bien c'est comme si elles n'étaient jamais arrivées. Par exemple dans le chapitre 3, Zineb semble avoir dépassée la détestation et commencer à devenir amie avec Rafiq (au point je le rappelle, de vouloir qu'il soit là pour l'aider). Mais dans le chapitre où ils se revoient, elle l'évite et fait la grimace en apprenant qu'il sera là.

Rien de ce qui arrive ne permet à Zineb d'évoluer et en effet, elle n'évolue pas. Genre pas du tout, elle garde la même personnalité, n'apprend jamais de leçon, Rafiq n'a pas d'impact non plus sur sa personnalité... Alors que c'est ça qui aurait pu être passionnant en suivant un personnage sur une aussi longue période de temps !

Je vais prendre un exemple assez léger pour bien te montrer. Dans le deuxième chapitre, tu dis qu'elle a appris à frapper dans les « boulettes » (Je paraphrase) des garçons. Tu présentes cela comme une vraie leçon. Or, le principe d'une leçon c'est que tu l'utilises surtout si tu le présente comme un élément marquant. Je m'attends à avoir une fille qui a le cran pour faire cela aux garçons qui l'embêteront à l'avenir. Pourtant, jamais dans le récit, elle ne réutilise plus jamais cela.

C'est ce qu'on appelle une préparation sans paiement.

Note. Pour faire court, la règle de préparation et de paiement (ou « Set up and pay off » en anglais) est une règle scénaristique qui fonctionne en deux temps. Tout d'abord, il y a une préparation, ce qui consiste à introduire un élément (objet, personnage, une information...) au cours de l'intrigue. Cela pour que le lecteur l'oublie un peu (très souvent c'est pour introduire un retournement de situation). Puis vient le second temps, le paiement. C'est l'élément refait son apparition en ayant une utilité, souvent déterminent pour le héros.

Mais on a également le cas inverse : un paiement sans préparation. La « révélation du chapitre 23 tombe comme un cheveu sur la soupe. Nous n'avons jamais entendu parler de cet ami, rien ne le laissait supposer et ici, ce n'est pas une bonne chose.

D'autre part, si Zineb ne change pas, certains personnages changent mais de manière très aléatoire. Donc au lieu d'avoir une évolution, on a des personnages qui changent certains points de leur personnalité du jour au lendemain avant de revenir aux points de personnalités originaux dans le même laps de temps.

Par exemple, le langage fleuri de Rafiq du chapitre 20 apparait comme ça alors qu'avant, il n'avait pas un tel langage. Il parlait presque soutenu certaines fois. Puis ce langage fleuri disparait aussi vite qu'il est apparu. Quand tu poses un élément de caractérisation d'un personnage tient t'en. Ne l'oublie pas et ne le crée pas trop tardivement. N'hésite pas à te faire des fiches de personnages, si tu as peur d'oublier (cela te permettra de retracer la chronologie du personnage et de déterminer quels évènements de ton histoire vont vraiment les marquer et les faire évoluer).

Notons que pourtant, tu es capable de garder une continuité avec certains éléments comme le surnom que Zineb donne à Rafiq. J'ai bien aimé que « loup » ait vue sa signification évolué : d'un être qui fait peur à une appellation affectueuse. J'ai trouvé cela chou.

Autre exemple, la maladresse refait son apparition, alors qu'on ne l'avait pas vu ces derniers chapitres. Tu la présentes dans le prologue et le résumé comme un élément important. Je ne l'ai jamais vu et elle n'a jamais été importante pour l'histoire. La petite remarque du chapitre 3 du coup, tombe comme un cheveu sur la soupe. Je te conseille de supprimer ce trait de son caractère ou alors, joue à fond la carte, et il faudra modifier certains passages.

Par ailleurs, sur la structure en général, l'impression qui s'en dégage est confus et fouillis. J'ai l'impression que tu as bien travaillé le premier chapitre et beaucoup moins les chapitres d'après. Tout est un peu confus et comme tu t'emmêles dans les temps, cela ne nous aide pas à comprendre quand commencent certaines actions et quand elles finissent. Notamment les événements, on ne sait pas s'ils ont commencé, puis tu reviens dans le présent... Je pense notamment au moment où elle raconte la partie de « chasse » de ses cousins et son frère. Essaye de débroussailler, de poser clairement les actions qui s'enchaînent. Ou encore, quand ils ont fait cette chasse au trésor et se sont retrouvés égarés. Puis dans le chapitre d'après, il était de retour dans la colo. J'avais personnellement compris qu'il avait dormis à la belle étoile, car perdus.

Bref, pour résumer à cause de ce manque d'impact, je n'ai pas beaucoup accroché à la romance. A cause de certains détails comme la « presque » déclaration de Rafiq qui survient trop tôt, ou des choses plus grosses comme le fait que rien ne s'oppose à leur romance (Juste des hésitations et des résolutions que l'héroïne est incapable de tenir). Comme les héros ne font face qu'à des péripéties, on n'a pas beaucoup d'inquiétude. D'autant que ces évènements, s'ils les font réagir sur le moment, ne compte plus une fois réglés, et surtout, en dehors de la romance il ne se passe rien.

Ce n'est pas obliger d'être un rival en amour, mais ce qui peut faire obstacles, c'est peut-être aussi la personnalité d'un des deux protagonistes et les évènements extérieurs serviront à le faire progresser et se rapprocher de son love interest. Par exemple, dans Orgueil et Préjugé, qui pour moi est une référence en matière de romance (N'hésitez pas à me dire en commentaire, quelle est votre référence pour la romance d'ailleurs ! Ça m'intéresse), il se passe beaucoup d'événements marquants comme l'enlèvement de la sœur, la demande en mariage de Mr. Collins, le voyage dans le Derbyshire, Charlotte... Bref, ces événements aident à faire progresser l'histoire, il marque des vraies étapes qui ont de l'impact il ne passe pas sur les personnages comme de l'eau sur les plume d'un canard.

Bref, tu avais une histoire originale, feel good et puis à partir du moment où ils se sont mis en couple, les deux personnages perdent en intérêt et c'est très dommage.

Voilà, j'ai pas mal insisté sur cette histoire d'impact. J'espère n'avoir pas été trop lourde non plus ! Je rappelle que cela ne vaut pas que pour les romances, mais pour tous les autres genres.



Les souvenirs d'enfance.

Ce que tu as réussi à faire, surtout dans les premiers chapitres (1 et 2 en particulier) est de raconter l'enfance de quelqu'un d'autres mais avec des anecdotes tellement justes que tout le monde peut s'identifier et retrouver des éléments de sa propre histoire. Tu t'appropries dans les premières pages l'affection du lecteur en tablant sur un passage de sa vie pour lequel on a beaucoup d'affection car il nous rappelle des moments d'innocence et d'absence de prises de tête : l'enfance.

C'est le gros point positif de ton histoire et c'est dommage qu'on perde cela quand on avance dans les chapitres. Bref, j'en parlerai plus bas, mais si à certains moments, les enfants parlent et agissent trop comme des adulte pour être réaliste, tu as cependant su capter plein d'attitudes d'enfants et des moments particulièrement choux/chous (???). La scène où il lui demande d'être son amoureuse avec la lettre, trouvera toujours grâce à mes yeux. Mon petit cœur s'est soudain transformé en guimauve.



Les personnages.

1. Zineb.

Tout du long du livre, j'ai eu une relation compliqué avec cette héroïne. D'abord une grande fierté et de l'affection. En effet, d'ordinaire les romances commençant par une haine réciproque n'ont pas vraiment de fondements. Ils se voient et décident de se détester. La, l'héroïne n'a aucun mauvaise intention à l'égard, c'est l'attitude de Rafiq qui va la pousser à le détester (et à raison !). C'est cool : tu poses les bases.

Mais ce que j'aime tout particulièrement ici, c'est l'intelligence de l'héroïne et son originalité. Au lieu de faire comme dans tous les romans adolescents, c'est à dire rentrer dans le jeu du mec et nous donner le droit à des répliques bateau insupportables, ici elle fait ce qu'elle doit faire : l'ignorer. Bravo pour son self contrôle. Bon, elle a 7 ans, c'est donc jeune pour songer à des choses comme ça, mais mettons la logique de côté pour juste kiffer ce moment, voulez-vous ?

Bref, et puis ensuite, elle a commencé à m'insupporter. Elle a commencé à pleurer pour un oui ou pour un non, à être sauvée par Rafiq... Elle hésite beaucoup pour accepter son amour/ attachement envers Rafiq. Elle ne le repousse pas quand il l'embrasse, sa seule objection quand il l'embrasse à nouveau, c'est « pas en public », et passe de très nombreux paragraphes à se plaindre et à prendre des décisions pour que cela ne se reproduise plus... Bref, elle vient de passer plusieurs paragraphe à se plaindre, Rafiq arrive et pouf plus d'objections ! Bon alors, cela pourrait être drôle, mais il faudrait justement pour cela insiste plus sur cette dichotomie entre ses deux attitudes. Cela devient même lassant car c'est toujours le même schéma qui se répète.

Il y a une vraie dichotomie aussi entre pas mal de ses attitudes. Notamment, qu'elle semble plutôt bien manipuler malgré elle Rafiq qu'elle exploite en lui faisant faire sa valise et ranger sa chambre. Et puis dans les derniers chapitres, que se passe-t-il ? Quelle est cette Zineb qui rougit toutes les cinq secondes, qui tolère que son cousin lui parle très, très mal ? Elle est beaucoup trop docile et soumise ! Elle dit qu'à onze ans un simple regard de Rafiq la fait taire et à treize ans, elle acquiesce à tous ses caprices. Comment sera leur relation à 20 ! On perd son envie de revanche pour tous ceux qui lui manque de respect. C'est vraiment très, très, très dommage.

Enfin, elle change d'objet d'intérêt assez vite comme de chemise. Son soudain attrait pour Zach fait très artificiel et rajouté en comparaison. Nous ne l'avons vu qu'un chapitre alors que nous avons Rafiq depuis une vingtaine a contrario. Je sais qu'il fallait bien une péripétie pour malmener un peu leur amour, mais cela aurait été pertinent du coup d'avoir Zach plus souvent. Bon et puis ensuite, ce dernier n'apparait plus. Tu me diras, je préfère ça à un premier ami d'enfance avec lequel elle hésite pendant quinze chapitres avant de se décider à choisir Rafiq.

2. Les parents.

Un truc très réussi, ce sont les parents. Tu as vraiment réussi à très bien les présenter. Ce sont les personnages les plus réalistes de ton histoire, bravo. On les sent réels : ils agissent comme des vrais parents. Et en plus, ils sont rendus très sympathiques avec leur défaut. Ils ne sont pas les sales cons de la « génération réactionnaire et oppressive» qui l'empêchent toujours de faire ce qu'elle veut. Par exemple, la mère est toujours à lui dire à profiter de la vie, le père prêt à exploser le premier petit ami qui se pointe, mais qui la traite comme une adulte... Ils ne l'excluent pas des décisions de famille (sauf quand poussé par le scénario, ils souhaitent aider leur fille à devenir ami avec son cousin et vont donc régulièrement rendre visage au reste de la famille). C'est une excellente pédagogie.

M'enfin, typiquement, c'est une attitude de parents d'essayer de faire s'entendre deux cousins. La relation affectueuse qu'elle entretient avec ses parents se sent, c'est très agréable.

3. Le reste des personnages.

Je ne savais pas trop quoi penser de Rafiq, comme aux autres personnages, je ne me suis pas attachés à eux, mais je n'avais rien contre lui, voire je le trouvais sympa. Malgré les mauvais coups qu'il a pu jouer à sa cousine, c'est évident qu'il a un bon fond et cherche juste à attirer son attention.

Et arrive, le chapitre 23. Du haut de ses treize piges, le gosse déclare : « je t'ai toujours considéré comme ma petite femme ». Là, je bloque. Du point de vue image de la femme, j'ai beaucoup de mal avec cette appellation (et c'est vraiment un euphémisme). Vraiment, il faut que tu changes : « l'amour de ma vie », « ma princesse », « mon âme sœur », mais « ma petite femme », non. Surtout que Zineb cela lui convient.

Et puis à partir du chapitre 20, tout ce qui était sympa en Rafiq s'évanouit et on bascule dans une relation qui n'est plus saine surtout entre deux enfants. Ses réactions à partir de là ne sont plus logiques : il lui fait sa valise, range sa chambre, mais là, il est à deux doigts de la battre. Et Zineb en a peur et ne se pose pas la question de le quitter !

Les autres personnages ne m'ont pas marquée. Dans mes notes de lectures, je vois juste que j'ai trouvé Emma et Thomas insupportables. Sans prévenir personne, eux et leur dix ans, se barrent faire un pique-nique et une sortie en canoë. Ils se prennent tant au sérieux, qu'ils en sont pénibles. Et s'ils avaient eu un accident ? Ce qui m'amène à une nouvelle question : où sont les animateurs et les adultes ? Les enfants sont totalement en roue libre, alors Mademoiselle Duncan passe sa vie à roupiller, mais tout de même, il n'y a pas qu'un seul adulte ?

Ton histoire comprend hélas beaucoup de personnages oubliables, alors que pour certains, ils avaient du potentiel pour donner quelque chose. J'avais complètement oublié Caleb par exemple, mais en relisant, tu le présente comme un être assez bourrin mais bon vivant. Il aurait été sympa de le développer un peu plus. Or il disparait... Quasiment tous tes personnages sont là pour faire le décor et c'est dommage, car le lecteur peut souvent ne pas aimer les protagonistes, ou moins apprécier leur love story mais, éprouver beaucoup d'intérêt pour les personnages secondaires.

Bref, tu ne nous marques pas assez avec tes personnages. Aucun d'entre eux n'a vraiment un trait de caractère ou de physique assez francs pour nous marquer.

Conseils. Pour chaque personnage, essaye de leur trouver à tous quelque chose qui les rende uniques (un tic, une chevelure bouclée très volumineuse, un langage particulier... Ceci est une liste non exhaustive).

L'inconvénient à ces personnages oubliables, c'est que quand on les revoit, on est complètement perdu, on en sait plus qui ils sont. C'est ce qui s'est produit dans les chapitres 19 et 20 avec la réunion de famille : qui sortait avec qui, qui était qui, quel âge et quel relation avait exactement les gens ? La scène est pour moi très confuse. Tu ne nous les as pas présentés en bonne et due forme, tu nous les introduis en partant du principe que nous les connaissons. Ne néglige pas les présentations et les descriptions de personnage ! Et si tu as peur que ce soit trop long, restreint toi à une simple poignée de personnages que nous connaîtrons bien.

Ma phrase préférée.

« Et surtout, il a fallu que mon prince charmant soit aussi romantique qu'une grenouille ».

Voilà, est-ce que j'ai vraiment besoin de développer ? Dès que je l'ai vue, j'ai su que c'était celle-ci que j'allais inclure dans cette partie. J'ai ri et vraiment tout de suite eu l'image du prince Naveen dans La princesse et la grenouille qui tend ses lèvres pour embrasser Tiana. La comparaison avec la grenouille ici n'est pas incohérente, car des princes transformés en grenouille sont des références courantes dans le monde des comptes.

Est-ce que l'histoire colle avec les attentes nées du résumé et du titre ?

Pas vraiment... Sauf pour le titre, bien que j'aurais plus aimée avoir une évolution du personnage principal. Quant au résumé, je pense sincèrement qu'il faut de toute manière le reprendre. Par exemple, tu y parles de plusieurs garçons. Franchement, à part Zach et Rafiq, elle n'a pas connu d'autres garçons (Je ne compte pas Caleb car l'attirance de Zineb est passé inaperçue et a disparu en deux secondes). Quand au mensonge dont tu parles, je n'en ai jamais entendu parler...

Passons à l'étape : Badge!

Alors, je n'ai pas encore un des deux badges que je voulais te donner: soit le badge guimauve car certains de tes passages étaient juste adorables.

En revanche, j'ai le badge "si réel", car les personnages des parents sont très bien conçus!

Rappel. Ce que je précise ici, encore une fois, n'est que mon avis et donc très subjectif. Je ne suis pas une grande amatrice de romance et je ne dois pas faire partie du lectorat visé par ton histoire. Cependant, beaucoup de lectrices semblent très impliquées dans la lecture, donc ne t'appesantit pas sur mes remarques négatives sur le fond. Le tout est que tu continues d'écrire comme toi, tu le souhaites et de te faire plaisir !



Note. Je ferais peut-être une parenthèse sur les meilleurs livres (que je connais et de mon point de vue) de conseils d'écriture. Pour le moment, il se trouve que je suis tombée sur celui-là tout particulièrement. Les conseils donnés et les explications sont excellents. L'auteur détaille bien chaque point et donne des éléments concrets pour s'améliorer. Je conseille très sincèrement d'aller le lire, vous trouverez forcément votre bonheur dans une des innombrables fiches (d'une qualité autre que ce que j'ai pu faire au fil de ces critiques). Il s'agit de « Conseils d'écriture » par berceuse_violente. Bref, j'espère que cela vous aidera !

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