« L'envoyé de Kalïos », écrit par @Milou-Zcajaz est un roman fantastique et l'objet de ma septième critique.

Résumé :

Un hurlement de loup retentit dans une forêt perdue des vastes étendues canadiennes.

Non loin, un brasier s'élevait dans la nuit, enveloppant une cabane solitaire. Des poutres craquèrent, entraînant des gerbes d'étincelles. La maison s'effondra sur elle-même, dans un tourbillon de flammes.

Un être surgit au milieu des décombres. Il s'avança en titubant vers la forêt, puis tomba face contre terre, inerte.

Au coeur du Paris actuel, dans un monde où imaginaire et réel se confondent, un enfant en quête de son passé a été choisi pour une mission dangereuse, afin de lutter contre une puissance sombre et malsaine qui tente de soumettre les éléments à son pouvoir.

Dans ma critique, je m'intéresserai tout d'abord au résumé, au titre et à la couverture avant d'attaquer le roman lui-même

I. Le titre, la couverture et le résumé.

Commençons par le titre ! Alors, ce dernier a le mérite de tout de suite nous mettre dans l'ambiance fantastique. Cela nous permet de nous poser des questions sur qui est ce fameux Kalïos. Un envoyé signifie qu'il y a un problème à résoudre ou un message à faire passer : nous en déduisons une situation déjà sous pression pour avoir besoin d'un envoyé. La seule remarque négative que je ferai est que je trouve qu'il manque un peu d'originalité car ce genre de titre est assez courant en littérature fantastique.

La couverture à présent ! Tu as un décor très lumineux et très idyllique, une jolie carte postale. A côté ton personnage a l'air sombre, couleur démoniaque et des flammes autour. Ton décor et ton personnage rentre donc en totale contradiction. Alors certes cela permet de poser la dualité de ton décor, cependant je ne trouve pas que cette contradiction fonctionne dans ta couverture.

Ton résumé nous donne un aperçu de ton style qui a l'air pas mal, ma foi ! J'aime bien ton résumé qui pose tes enjeux et la première phrase qui nous plonge tout de suite dans une ambiance particulière qui me plait bien. Bon, il s'agit d'une critique donc attaquons à présent les points qui me semblent plus contestables. Tout d'abord, ton résumé me parait un peu chaotique. Je m'explique : tu commences ce qui ressemble à un extrait extrêmement vague et ensuite tu enchaînes sans aucun lien entre ces deux paragraphes (il faudrait que tu crées un lien, tout en conservant évidemment le mystère sur la créature qui émerge des flammes), un résumé très court en trois lignes et assez précis en définitive. Par ailleurs, tu as beau dire qu'il va lutter tu ne nous explique pas en quoi cela va être compliqué et quels sont les obstacles (bon tu me diras quand on est face à une entité mégalomaniaque qui veut conquérir le monde, il n'y a pas trop de mal à deviner ce qu'il y a de difficile). Cependant, nous pourrions imaginer que ce garçon en quête de passé est tout aussi puissant. Je reste sur ma faim après ta dernière phrase : je sens qu'il manque un élément. Enfin, j'aurai bien aimé voir mentionner ce fameux Kalïos (mais ce n'est qu'un détail, je ne connais pas ton scénario et je ne sais pas encore si ce silence est une partie importante du suspense de ton livre).

Il me semble que c'est à présent le temps d'entamer la lecture du roman lui-même !

II. Le Prologue et le premier chapitre.

· Le Prologue.

Comme à chaque fois avant lire le prologue en entier je m'arrête toujours sur la première phrase. Je trouve ta première phrase franchement bonne. Dès le départ, tu nous as placé l'ambiance (la traque d'une meute de loup, la peur) et le lieu (forêt perdue au Canada). J'imagine bien la scène de nuit. Elle est suffisamment courte pour accrocher le lecteur dès le départ. Si j'étais un simple lecteur et que tu ne m'avais pas demandé de faire une critique, je ne me serai pas appesanti sur ce détail, mais hé ! Je chipote. L'enchaînement « une forêt perdue des vastes étendues canadiennes » me parait un poil long.

Alors, on ne comprend rien. Et ce n'est pas du tout négatif ! Il se passe beaucoup de choses dans ton prologue, tout s'enchaîne rapidement et on a à peine finit de se poser une question (pourquoi les loups le traque ? Qui est l'autre personne qu'ils ont l'air d'avoir acculé et qui n'est visiblement pas le mec dans la cabane ?) qu'on s'en pose une seconde (Il est mort ? Déjà ?), puis une troisième (une licorne dans le feu ? Mais pourquoi elle lui fait ça ?, jusqu'à la dernière (hein ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi tout crame d'un coup ?). Bref, ton style porte l'urgence et l'enchaînement rapide en alternant phrase courte, phrase longue et de simple mot.

Il y a un tout léger problème de clarté au départ, j'ai mis un temps à comprendre que les loups paraissaient se réunir autour de la cabane mais que finalement un autre appel plus loin leur indiquait qu'il avait trouvé une seconde cible qu'il prenait pour leur proie. Peut-être travailler cette enchaînement, tout en conservant ton style tout en phrases courtes et directes.

Ce type est un phénix.

Voici donc le Kalïos du titre, voilà pourquoi j'aurai aimé le voir dans ton résumé.

Je vais me permettre un remarque : ce prologue est un vrai prologue à mes yeux de fantastiques. Je n'aime pas les prologues que certains auteurs utilisent pour présenter à moindre frais leur monde et qui ressemble à s'y méprendre à une page Wikipédia. Ici, non et crois-moi j'apprécie.

Ton prologue donne envie de lire indubitablement en donnant le ton et pose l'ambiance de ton roman. Ma seule peur est que ce début rythmé avec un enchaînement rapide mais cependant claire (à part le détail que j'ai relevé plus haut) se perde peut-être dans les prochains chapitres.

Lisons la suite pour le savoir !

Note. Avant de poursuivre, je me posais une question. Peut-on donner un titre à un prologue ? Peut-on écrire « Prologue : le doute » (ceci est un exemple) comme on le ferait pour un chapitre ? C'est ma grande question et je n'arrive pas à trouver une réponse. Pour moi, non, mais je n'ai pas envie de dire une bêtise Si quelqu'un peut m'apporter une lumière je prends !

· Chapitre 1.

Je m'arrête tout de suite sur le titre de ton chapitre : non. Je n'ai rien contre « Premiers souvenirs » évidemment. En revanche, tu ne peux pas mettre du tout « chap », je déconseille très fortement d'utiliser une abréviation. Je suggère d'écrire vraiment « Chapitre 1 » en entier. Tu as un beau style, c'est dommage de gâcher cette impression par cette abréviation. Cela se retrouve sur tous tes titres de chapitres dans tout ton roman.

Pareil, arrêtons-nous sur la première phrase. Je ne suis pas particulièrement convaincue par l'enchaînement des deux participes présents qui ont tendance à alourdir ta phrase. Sinon, je n'ai rien à lui reprocher! 

Mention honorable à la mise en page impeccable de tes dialogues : cadratin, verbes d'incise correctement insérés... Je note, je souligne et j'apprécie.

Dès les premières phrases, je cerne un peu mieux Kalïos : une entité dont le devoir est de tuer des gosses. Un mec sympa, indubitablement.

Tu introduits dans ce premier chapitre les personnages qui seront présentés plus en détails dans des futurs chapitres (je ne dis rien pour ne pas "divulgacher" comme disent les québecois). J'ai trouvé très drôles ces flammes qui parlent dans l'anarchie la plus totale. C'est très dommage que cette anarchie et l'humour qui s'en dégage, ne soit pas réutilisés lorsqu'ils réapparaîtront dans d'autres chapitres.

J'ai beaucoup aimé rentrer dans l'univers avec ces petits bonhommes attachants. Nous quittons le prologue sur Kalïos, entité démonique et là, on se retrouve face à des feux follets. Magie d'un conte d'enfant et un lien avec des légendes celtiques: c'est une inspiration que j'aime bien.

Bref, ces personnages m'ont fait pensé au début à Calcifer dans Le Château Ambulant.

Bon maintenant, il est temps de mon montrer un peu plus critique. Je vais maintenant soulever un problème que je commence à voir de plus en plus. C'est ma grande bataille: la différence entre chapitre 1 et prologue.

Je l'ai déjà expliquer dans d'autres critiques mais répétons-le encore : le prologue est une partie dissociée du récit.

Or ici, ton prologue et ton chapitre 1 sont liés (chronologiquement parlant déjà). Dans le prologue, nous avons l'arrivé du petit garçon et le chapitre 1 suit la scène où il se réveille. Il n'y a rien qui permettent de casser en plus cette continuité: nous restons toujours sur un point de vue omniscient.

Ton prologue et ton chapitre ne peuvent pas se suivre comme cela. Je te conseillerai très sincèrement de mettre ton prologue en chapitre 1 et du coup de décaler la numérotation de tes chapitres. Ton prologue n'apporte rien à l'histoire. Enfin si, c'est un très bon chapitre mais ce n'est pas un prologue dans ces conditions. ce que je veux dire, c'est n'apporte pas d'éclairage différent de la situation ni d'informations supplémentaires sur Kalïos par exemple.

Écrire un prologue est très difficile et il doit obéir vraiment à des règles strictes! Je comprends donc la complexité de l'exercice. C'est pourquoi s'il y a une seule règle que vous devez retenir c'est celle-ci.

III. La suite du récit (chapitres 2 à 8)

Zoom sur le chapitre 2.

J'ai trouvé ton chapitre moins vivant que les précédents  et ton style moins bien travaillé. C'est dommage.

Nous avons l'introduction d'un nouveau personnage. Je m'intéresse particulièrement aux premières phrases que prononcent les personnages à l'occasion de leur première apparition dans le livre. On peut dire qu'il donne le ton tout de suite! Plusieurs émotions se sont succédées : je l'ai trouvé d'abord insupportable, puis amusant et enfin sympathique. C'est une belle évolution en un chapitre. Il parait n'avoir aucun don en pédagogie et presque aucun savoir-faire pour s'y prendre avec les enfants. Je sens que ce personnage va me plaire.

Nous en apprenons un peu plus sur le passé de Julien : il habitait au Japon (pour connaître ces feux assez précis). D'où la question qui demeure : Qu'est-ce qu'il foutait en Alaska ?

En écrivant cela, je me rends compte d'une chose. Tu parlais des étendues canadiennes. Fait gaffe parce que Canada et Alaska, ce n'est pas la même chose, ce sont deux pays différent. Il ne peut pas être dans les plaines canadiennes et en même temps au beau milieu de l'Alaska. Ou alors, lui et ses poursuivants étaient de part et d'autre de la frontière ?

J'aurai aimé un chapitre plus long, que le gamin pose peut-être plus de questions ou exprime plus sa surprise à haute voix.

Tu continues de nous donner des informations tout en nous laissant mariner dans le flou, suspense : bon point pour toi.

Analepse/ Flashback.

Je l'aurai normalement classé dans les remarques en vrac comme d'habitude, mais j'avais vraiment envie de faire un point dessus. Je souhaite sincèrement mettre définitivement les choses à plat pour les auteurs que je lis.

Les analepses sont très intéressantes car elles permettent de se plonger complètement dans le souvenir au lieu de le décrire.

Cependant !

Il faut vraiment faire attention à la manière dont on les intègre. Dans le chapitre 3, tu nous poses un souvenir comme ça. Ce n'est pas que je n'ai pas aimé le souvenir lui-même (j'ai été contente d'en savoir plus sur Erywon et la phrase « sa vie bascula dans le chaos »). Tu te contentes juste de faire un nouveau paragraphe, « 12 ans plus tard ». Cela fait un peu paresse d'écriture.

En plus, il arrive comme cela au beau milieu d'un chapitre. Une analepse mérite la plupart du temps un chapitre à lui tout seul à mon avis (cependant au vu de la petite taille de ton flash-back ici, ce serait un peu ridicule), ou alors les placer en début de chapitre, dans un rêve...

Je citerai Dear Eryn dont le personnage nage presque en permanence dans les souvenirs. Je les trouve très bien inclus. Je vous invite d'ailleurs à aller voir pour vous faire une idée.

Comme je l'ai dit dans première critique, contrairement aux films où les éclats de mémoires rendent un jolie visuel, l'auteur est obligé de mieux retravailler pour obtenir les même émotions sans images et avec des mots.

Introduire ce souvenir ici casse complètement ta narration.

Essaye peut-être de trouver une phrase de transition entre la présent et le passé comme : « il se souvenait de tout ce qui s'était passé ce jour-là, comme un film dont il ne pouvait être que le spectateur impuissant ». Bon la proposition est maladroite mais tu as saisi l'idée.

Quelques remarques sur le style.

Au niveau de la ponctuation, tu géres très bien. Tu as une tendance cependant à mettre plein de virgules partout, notamment avant les « et ». Je rappelle qu'avant un « et », on ne met jamais de virgule. A cette règle, il existe quelques exceptions mais c'est tout. Comme c'est un tic récurrent dans les livres que je lis pour mes critiques, voici un lien avec un site pas mal pour ne plus faire la faute :

https://linguistech.ca/Capsule+linguistique+-+Virgule+devant+et

Comme je l'ai dit plus haut, la mise en forme de tes dialogues est vraiment très bien. Tu gagnerais cependant à encore plus varier tes verbes d'incises. D'autre part, le verbe « proférer » : il doit y avoir un complément après (ex : on profère des menaces, une accusation, un blasphème... Mais on ne peut pas proférer tout seul). Parfois, de simples verbes comme tonner ou gronder suffisent.

D'autre part, ton style est assez aléatoire. Dans certains chapitres, on sent vraiment ton travail sur le style, d'autre fois, non. C'est assez déroutant et dommage parfois.

Quant à tes paragraphes, je trouve que tu gères très bien tes retours à la ligne et l'aération. Je fais une exception pour ton chapitre 8 où ton nouveau personnage a toutes ses pensées ramassées et c'est très dommage car c'est un personnage qui a l'air complexe.

Remarques courtes en vrac.

Kalïos récupère des cadavres ? Des fantômes ? Des âmes ? Des réincarnations ? Etes-vous un phénix ?

Les quatre éléments sont un motif souvent utilisé mais pour l'instant, ton histoire reste originale.

La « naissance » de tes personnages a l'air d'être sacrément en rapport avec l'élément qui leur est associé. C'est pour cela que j'aurai aimé avoir une naissance pour Ewyron encore plus en rapport avec le vent.

Les personnages.

Je ne me suis hélas pas attachée aux personnages. Je pense qu'il y a un véritable potentiel avec le personnage du maître. Il nous est présenté comme un personnage sarcastique avec un sérieux problème de relationnel. Il est plein de bonne volonté à l'égard de son élève mais pourtant, il a reste peu à l'aise. Ces difficultés et cette carapace que tu nous présentais, auraient dû être plus compliquées à surpasser. Cela aurait pu être l'occasion d'un développement de personnage et d'ajouter de l'humour à ton histoire, de quelques remarques piquantes de sarcasmes... Cependant, nous restons trop en surface, chaque problème trouve aussitôt une solution et l'histoire s'écoule presque sans accro.

Nous avons trop rapidement le passé d'Ewyron qui nous tombe dessus d'un coup. J'aurai aimé avoir l'évolution, des confidences, des informations disséminées... Le suspense était déjà pas mal lorsque tu disais que le dieu/esprit/entité qu'il « sert » a détruit sa vie. J'aimerai savoir pourquoi il reste tout de même attaché à Kalïos. Pour ces derniers points, je prends en compte le fait que je n'ai lu que 8 chapitres et qu'il est évident qu'il est compliqué de développer en si peu de temps.

Cependant, tu te concentre dans tes 7 premiers chapitres uniquement sur deux personnages. J'aurai aimé les voir encore plus développés, leur voir créer des manies, des choses qu'eux seuls comprennent... Utilise mieux ton ellipse !

Quant à l'enfant, il oscille entre sérieux et attitude puérile (au sens stricte du terme). Je te conseillerai de travailler plus cette dualité ou alors de te concentrer uniquement sur une de ses facettes.

Est-ce que l'histoire correspond aux attentes nées du titre et du résumé ?

J'ai l'impression qu'on suit autant le maître que l'élève, j'aurai donc bien aimé voir le nom du maître mentionné dans le résumé.

Par ailleurs, je ne comprends toujours pas bien pourquoi il est l'envoyé et pourquoi il a dû être envoyé. La réponse qu'on nous donne dans les chapitres me semble un peu superficielle.

J'ai trouvé la scène du chapitre 4 appréciable dans la mesure où elle nous a permis de réaliser le danger d'un pouvoir non maîtrisé et donc de justifier concrètement pourquoi il avait besoin de s'entraîner.

Nous avons beaucoup d'informations sur ce qui entoure Kalïos mais sur ce qu'est Kalïos : pas grand-chose. Sans rompre le suspense qui l'environne, si tu pouvais préciser qu'il s'agit d'un dieu, d'une entité (bref sa nature), je trouverais cela bien (si tu l'as déjà fait, dans ce cas, désolée et oublie ce commentaire).

Rappel. Dans ces critiques je ne propose que mon avis/ appréciation qui est éminemment subjectif (ve). Mes conseils ne sont que facultatifs : tu les suis ou tu ne les suis pas. Bon potentiel au niveau du style. Il est très bien dans le prologue et le premier chapitre. En revanche, il a tendance à se relâcher plus on avance. Je suis sûre tu peux encore t'améliorer. Tu as un bon vocabulaire, je suis persuadée que tu peux encore plus le diversifier. J'ai passé en somme un bon moment à te lire. Bon courage pour la suite !