La dernière piste Kelly Reichardt
Avis= J'ai trouvé ce film assez intéressant, la narration est bien ficelée, les paysage sont beaux. Cependant quelques lenteurs sont à souligner .
Note = 3.7/5
Analyse
La Dernière Piste de Kelly Reichardt est un western qui interroge le mythe de la conquête de l'Ouest, en mettant en lumière la domination de la nature sur l'homme. Dans la deuxième séquence (1h02-1h05), l'homme perd son identité face à l'immensité de la nature, qui prend le dessus sur lui. Le paysage devient un personnage à part entière, influençant le destin des protagonistes et les confrontant à leurs propres limites, peurs et espoirs. En utilisant le format 4/3, le film resserre l'image et crée un sentiment d'isolement, tout en inscrivant le paysage comme un enjeu politique. Le discours du trappeur, vantard et imprudent, se heurte à celui des femmes, de l'Indien et de la terre elle-même, remettant en question la légende du western et la représentation traditionnelle de l'Ouest.
Le film interroge également la vision du genre western, qui a longtemps prôné une domination sur la nature. À 1h07.25, lors du coucher du soleil, les couleurs du ciel attirent l'attention du spectateur, tandis que les hommes sont réduits à des ombres et semblent être de passage. Ce moment, loin de véhiculer une domination sur la nature suscite un émerveillement, marquant un changement de perspective : un regard d'admiration plutôt que de conquête. À 1h07.44, après la nuit, l'homme pénètre le paysage, mais son regard est ambivalent. Le silence, le bruit de la nature et une musique discrète accompagnent cette scène, où les couleurs dominantes sont les ocres, renforçant une atmosphère de peur et d'appréhension, notamment chez les femmes.
L'Indien, tout au long du film, joue le rôle de personnage donateur, apportant une nouvelle perspective qui s'oppose à celle de la conquête. À 1h11, le personnage de l'Indien, bien qu'impuissant face aux paysages, guide les autres dans leur quête pour s'adapter à leur environnement. La dernière scène, où l'Indien part, montre un personnage qui s'intègre au paysage plutôt que de tenter de le dominer. La femme, en le regardant partir, accepte ce retour à la nature sans intervenir, symbolisant une sorte de réconciliation entre l'homme et le paysage.
Le film utilise de nombreux silences, et surtout un travail sonore minutieux lors des scènes de paysage, pour souligner l'importance de la nature. Le bruitage, au lieu de s'imposer, donne à la nature une voix qui parle de manière plus intime et profonde, renforçant l'idée que le paysage est un protagoniste essentiel dans l'histoire.
Cependant si les films de Ford, portent une vision de domination de l'homme sur la nature, le paysage par la destinée manifeste , la frontière et la possession progressive de la Wilderness, le film de Kelly Reichardt prend une position toute autre. Une autre vision plus dans la dimension de Thoreau. Il faut voir la dimension sublime du Wilderness. Une dimension plus contemplative comme l'exprime les regards de l'indien et des femmes.
Il n'y a pas la dimension violente des films de Ford ne serait ce que dans la beauté du paysage de coucher de soleil avant la troisième nuit. Dans cette scène, l'homme est effacé, présent par son ombre mais dominé par la couleur rouge du ciel et le silence. Un autre regard est posé sur la nature . Elle semble infranchissable, aride, désertique pourtant belle. Nous la voyons à travers les yeux de l'Indien quand ce dernier guide les familles et qu'il pointe l'horizon . Il devient donateur. Cependant l'indien semble avoir quitté le paysage tout au long du film pour y revenir à la fin. La dernière séquence est alors dictée par le regard donateur de la femme qui regarde l'indien pénétrer la nature, le paysage sans se retourner? La femme possède une nouvelle dimensions , elle a accès au paysage ce qui n'est pas le cas des films de Ford où les femmes sont obligée de rester à leur place à l'intérieur de la maison, ou dans la diligence. Soit un espace dit "Domus" .
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