Il n'y aura plus de nuit Eléonor Weber
Ceci est une Khôlle / exposé, je ne vais pas tout vous publier car une partie n'est pas de moi mais de mon collègue. Je suis dans l'attente de mon passage et ma note
Avis = C'est un documentaire qui change totalement notre point de vue vis à vis du monde . Il invite à décentrer notre regard. La majorité du documentaire est fait par un montage d'image de caméra de surveillance et embarquée. Auquel ont été rattaché une voix off. Le film est très particulier à voir même malaisant. Selon moi, il pose une question morale manière de traiter des thèmes de la guerre, de la violence et de la souffrance humaine à travers un regard unique porté sur le paysage nocturne.
Note = 2,5/5
analyse = Séquence 1h10 :
pblm = Comment le décentrement du point de vue narratif humain classique permet-il de questionner l'éthique et la morale humaine ?
Cette séquence marque un tournant dans le film. Si la majorité de ce dernier est filmée d'un point de vue zénithal, par une caméra embarquée, offrant un regard peu humain voire froid. Cette dernière scène est filmée sur terre, la caméra tremble, le zoom et les travellings sont parfois brut . A première vue, le paysage semble filmé d'une manière assez esthétique, montrant dans des plans assez long le paysage. Cependant par la voix off, le spectateur comprend la portée dominatrice des ''puissants'' sur le paysage. L'homme est à présent capable de filmer la nuit comme en plein jour, permettant de la visibilité, là où l'homme faible, l'ennemi est dans l'incapacité de maîtriser son environnement pour se cacher. Le titre du documentaire prend ici toute sa signification.
Ce qui pose une contradiction fondamentale entre deux partis, deux mondes. La caméra est ici, une technologie de l'armée renforçant l'aspect de domination. Mais en parallèle, l'homme semble être observé par le paysage, qu'il soit fort ou faible, il ne semble pas avoir d'emprise particulière sur ce dernier. Il est un vaste territoire, qui selon sa volonté cache ou découvre.
Si la nature peut paraître belle, paisible, bonne permettant de fournir un abri, elle est aussi théâtre des horreurs humaines, un terrain où la violence s'invite et où l'espoir est souvent étouffé. Une vision donnée par la voix off, l'homme. Le paysage devient une métaphore de la mémoire, il est chargé d'histoire, d'un passé pesant ( qui rappelle tout ce qui a précédé ) qui semble résonner encore dans l'image. Le paysage devient une trace, une empreinte de l'expérience vécue, une mémoire visuelle qui résonne dans le présent. Les taches blanches qui occurrent dans le paysage et qui peuvent se confondre avec des étoiles, donnent l'impression de voir des fantômes anonymes. Le silence qui se fait oppressant se rajoute à la dimension fantomatique qui occupent le paysage qui caractérise le film et qui vient renforcer l'ambiance.
Ainsi le point de vue offert par le film sur le paysage est ambivalent selon les éléments pris en compte dans cette séquence.
Le premier point de vue à noter est cette vision de l'homme puissant par sa technique et sa force sur le paysage. Il est capable de faire vivre éternellement le jour, de vivre dans la lumière, et donc de modifier le naturel.
Le second point de vue est celui de la nature. La nature a encore son mot à dire sur l'homme, notamment par la présence des étoiles qui scintillent rendant peu crédible ce ''jour'' imposé par l'homme. Il est à la fois théâtre, scène des violences mais observateur. Il contient en son sein la violence humaine. Il décide presque du sort réservé à l'humain. Il voile et dévoile.
Le troisième point de vue est celui du spectateur et de la réalisatrice, qui ont du recul par rapport aux évènements qui occupent le paysage. D'une certaine manière, nous observons tout d'abord de manière naïve le paysage, en voyant quelque chose que l'on peut qualifier de beau. Avant de nous rétracter pour y voir toute l'horreur de la guerre, le jeu des hommes pour être le plus puissant et le plus malin. Si on ne voit pas la guerre directement, on la devine dans ce paysage désertique porteur de mémoire. Le paysage devient une trace, une empreinte de l'expérience vécue, une mémoire visuelle qui résonne dans le présent. Le paysage est en quelque sorte le vecteur de l'histoire. La narratrice et réalisatrice lui donne une voix .
Conclusion
Eléonore Weber dans ce film élabore un décentrement du point de vue narratif humain classique. Nous entendons par "classique", le fait de posséder un seul regard sur les choses qui nous entourent. En effet, la réalisatrice offre trois grands points de vue sur le paysage et les choses : le pdv humain du plus fort, le pdv de la nature et le pdv du spectateur.
En se décentrant du point de vue humain classique, le film met en lumière une dualité fondamentale : celle entre la beauté du paysage naturel et l'atrocité des actions humaines.
Le paysage n'est pas seulement un décor, quelque chose d'esthétique comme on pourrait le croire à première vue sans la voix off. Il devient un témoin silencieux, une métaphore de la mémoire collective, où la violence humaine est inscrite de manière invisible mais omniprésente. Ce documentaire adopte une perspective souvent froide et distante qui permet de rendre plus manifeste la déshumanisation liée à la guerre et interroge profondément les rapports de pouvoir et de violence mais aussi notre propre regard sur la nature, notre volonté à toujours nous imposer. La mémoire qui est inscrite dans le paysage, nous force à interroger notre rapport à la guerre et aux responsabilités morales, non seulement en tant qu' observateurs mais aussi en tant qu'individus qui laissent des traces irréversibles sur la nature. Le fait de vouloir mettre fin à la nuit apporte une dimension de domination et de contrôle sur un phénomène naturel, qui est une métaphore de l'inconnu, de l'angoisse intérieure, de la souffrance, et de l'incertitude qui envahissent l'esprit des soldats. L'homme cherche à effacer tout cela, mais n'y parvient pas sans y perdre son humanité et sa morale. Cette volonté de maîtrise est contredite par la nature elle-même, qui reste une entité indomptable comme en témoignent les étoiles. Le paysage reste un espace où l'homme, même avec toute sa technologie, demeure souvent vulnérable, en dehors de son contrôle.
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