Avis  = Ce film est assez spécial à regarder. Il n'y a quasiment pas de dialogue.  Tout joue autour du paysage. Pour moi ce film relève de l'ordre expérimental complet. Il ne faut pas chercher à donner sens à la narration mais s'intéresser à la dimension de l'espace, du temps et de la nature. Le hasard joue beaucoup dans ce film.  Il est a noté que Gus Van Sant a souvent filmé de manière totalement improvisée. 

Note  =  2/5 avis personnel 3.5 /5 pour la valeur cinématographique 

Analyse= 

Le paysage dans le cinéma peut être utilisé pour renforcer la narration, tout en conservant sa propre identité indépendante de l'intrigue. Cela est souvent réalisé par l'esthétique du paysage, qui peut être intégrée à l'histoire et aux personnages.

 Deleuze et Guattari ont théorisé deux types d'espaces : l'espace strié, qui est délimité et prévisible, facilitant les échanges.  Et l'espace lisse, qui est vaste et insaisissable, permettant une liberté de mouvement mais aussi une prise de conscience de notre finitude.

 Ces concepts peuvent être utilisés par les réalisateurs pour donner une importance prépondérante au paysage, même lorsque la dimension narrative est minimisée. 

 Dans le film Gerry de Gus Van Sant, l'espace joue un rôle significatif.

Dans le début du film, l'espace est strié. Mais au fur et à mesure que le film progresse, il devient de plus en plus lisse, symbolisant l'immensité du désert californien que traversent les deux amis, tous deux nommés Gerry. 

Vers la fin, l'espace redevient strié, marquant un retour à la civilisation. Le désert, vaste et insaisissable, devient un personnage principal dans ce film. Il a une identité bien défini contrairement au deux personnages qui sont des errants.  

Dans les première séquence  les personnages suivent un sentier balisé. La caméra se concentre sur eux. Cependant, au fur et à mesure qu'ils s'enfoncent dans le désert, la caméra se détache d'eux, les mettant à distance et se concentre sur leur environnement. Le sentier disparaît progressivement, transformant l'espace strié en espace lisse. Le film utilise des plans larges pour capturer le désert, donnant beaucoup d'espace à la terre et au ciel. Mais peu aux personnages, qui deviennent de simples points noirs  égarés dans le paysage désertique. Le spectateur perd tout intérêt envers eux et se concentre sur le paysage.  Les couleurs contrastées  de ce dernier accentuent l'esthétique du désert, avec des teintes ocres pour la terre et du bleu pour le ciel. Le temps semble ralentirent, nous sommes désorientés. Le temps semble s'allonger à mesure que la distance s'impose.  Nous avons beau essayer de chercher une trace d'humanité, d'habitation, nous n'y parvenons pas.  

Les personnages vont finir par se perdre dans ce désert, incapables de retrouver leur voiture.  Cela transforme l'espace, qui devient le théâtre de leur lutte pour la survie. Gerry, illustre parfaitement comment Van Sant utilise le paysage non seulement comme toile de fond, mais aussi comme un élément narratif clé qui influence et façonne l'expérience des personnages.