Cette analyse intervient dans le cadre d'une Khôlle que je n'ai pas encore passé. Donc je ne connais pas l'avis de mon professeur ni ma note . Mais en attendant je vous présente mon travail . Cette analyse intervient dans le cadre d'une question esthétique autours du paysage.

Mais tout d'abord mon ressenti autours de ce film : 
Nous avons du mal à entrer dans le film dans un premier temps notamment à cause de la manière de filmé qui brisent les codes conventionnels du cinéma ( les sons sont envahissant, le cadre est penché). Cependant progressivement on s'attache aux deux personnages principaux : Brenda, qui passe sont temps à hurler pour un rien et Jasmin qui tente tant bien que mal de se faire intégrer.
Ce western moderne, pose un nouveau regard sur ce qui a été les grandes notions américaines de Wilderness, Frontière et Destiné manifeste ( n'hésitez pas à me poser des questions si vous ne comprenez pas les termes )

Note que je donne au film : 4/5.

Intro =  Bagdad Café, réalisé en 1987 par Percy Adlon, est un film allemand qui se déroule dans le désert de Mojave, en Californie, et raconte l'histoire de deux femmes de mondes très différents qui, à travers leur rencontre, vont se transformer mutuellement. Jasmine, une touriste allemande perdue après une dispute avec son mari, trouve refuge dans un petit café isolé tenu par Brenda, une Afro-américaine, et fréquenté par une clientèle variée et décalée.  

Question =  Comment le film revisite-t-il les grands principes américains tels que la Wilderness, la Frontière et la Destinée Manifeste ?

1 Séquence  =  14m 30- 21 min = Le paysage comme  lieu de rencontre  et de frontière ?
Introduction et résumé de la partie :

Cette séquence est la première grande rencontre des personnages  = L'allemande Jasmine et La femme noire Brenda. Elles proviennent toutes les deux d'un monde différent .  L'une de la vieille Europe, plus particulièrement d'Allemagne. Et la seconde d'une Amérique moderne qui rejette des communautés,  Communauté noire et native qui ont toute leur importance dans le film.
Dans cette séquence, le paysage encadre la rencontre de deux mondes. Il est à rappeler que sont les européens qui sont à l'origine de la conquête de l'ouest.  Une certaine frontière est mobilisée. Pourtant elle est fragile par la ressemblance des personnages qui vivent le même drame à savoir l'abandon de leur mari et la solitude.

Le désert Mojave, où se situe le Bagdad Café, symbolise l'isolement et la transformation. C'est un lieu de passage et de changement pour les personnages, notamment Jasmin, qui y trouve refuge, malgré ses préjugés envers la minorité noire.  Elle va devoir apprendre à vivre à la manière des communautés qui l'accueillent malgré la méfiance : argument sur la place de la lumière dans le rapport entre les 2 femmes
La lenteur du film quant à elle permet d'identifier l'isolement que procure le paysage. Elle souligne la chaleur insupportable du désert, mais permet de commencer à établir un lien entre les personnages.
On peut notamment observer ce lien avec une opposition entre la femme noire et l'Allemande, alors qu'elles ont beaucoup de points communs. Cela se voit dans l'esthétique du paysage. Les couleurs, la lumière et le cadrage  du paysage et des personnages établissent cette relation d'opposition entre les deux mondes : en ce qui concerne le rattachement à la femme noire, les teintes  sont plus ocres et l'éclairage est  comme de  la poussière, elle se rapproche de la terre et du désert. De son côté l'allemande est associée au ciel, dans des teintes plus claire comme le bleu ou le blanc, qui donne une sensation d'osmose entre les deux.  De plus, L'éclairage dans le bureau de Brenda semble indiquer un manque de clarté, une obscurité symbolique qui contraste avec l'apparence presque angélique  lumineuse et purificatrice de Jasmin. La lumière qui éclaire progressivement le visage de Jasmin et ses gestes devient une métaphore du changement qu'elle initie, non seulement dans l'espace mais aussi dans la relation avec Brenda.
Ainsi Jasmine serait une sorte d'ange parachuté dans le microcosme du Bagdad Café, dont la destinée est de rendre la vie à ce lieu vide et désertique.

2 séquence = 40 min = Vouloir intégrer du changement, transformer le lieux et le paysage.
Le bureau de Brenda est un espace en désordre, un peu chaotique à l'instar du personnage lui-même qui passe son temps à hurler.   Jasmin,  entreprend de vouloir le nettoyer dans cette séquence,
un geste symbolique de purification et d'ordre, un moyen de rétablir un certain équilibre dans cet environnement qui semble à l'image des vies perturbées de ses occupants. 
Cependant en voulant intégrer de l'ordre le personnage de Jasmin influence sur l'apparence du paysage comme le montre le plan sur le château d'eau qui coupe le ciel en deux couleurs: Bleu/Ocre. C'est  une sorte d'illusion onirique qui marque un passage important dans le film = la transformation.
C'est une transformation des personnages, du paysage mais aussi des grands concepts américain comme la Frontière qui devient quasi inexistante puisque le personnage de Jasmine semble vouloir s'intégrer. Mais cette intégration reste encore dans l'idée de vouloir imposer une vision. Une vision d'ordre;  Le nettoyage de Jasmin peut aussi être vu comme un acte de guérison, non seulement pour l'espace physique mais aussi pour les relations entre les personnages. Brenda, qui semble une femme dure et peu ouverte au début du film, va progressivement s'adoucir à travers ces petites actions de Jasmin, symbolisées par le nettoyage. Le bureau devient alors un microcosme des transformations qui vont avoir lieu à un niveau plus large, dans les relations humaines.  Elles vont progressivement influencer le paysage  qui gagne en couleur. Le bleu prend de l'importance sur la couleur de la terre.

3 Séquence =  59 min- 1h06 = le vide se remplit

Dans cette séquence les personnages ont enfin atteint leur destinées, Jasmine et Brenda, ont avoué ce qui manque à leur vie et décident de s'entraider.Tout au long du film quand le personnage se confronte à qqch de nouveau, les couleurs et la luminosité du paysage changent. 
Plus on avance dans le film, plus le paysage se remplit de couleur, ce qui montre un changement, une rupture des frontières.  Une forme de magie s'établit dans les relations humaines, mais aussi avec le paysage. Le paysage semble renaître en même temps que les personnages dans cette séquence.
Le ciel et la terre se rencontrent dans une fine métaphore qui représente la frontière brisée entre les personnages. Jasmine quitte sa vieille Europe complètement pour faire partie de cette minorité rejetée et oubliée permettant une renaissance =  celle de la Wilderness, de la vie.  Cette renaissance se fait notamment  par le tour de magie avec le bouquet de fleurs. La femme inexistante  devient existante tout comme le paysage.  le personnage donne vie comme par magie. . Jasmine notamment se permet tout, s'exposer comme muse, apprendre la magie jouer au boomerang. Elle reprend goût à la vie, cela est doté d'un certain  onirisme lié à la pratique de la magie que l'on peut retrouver dans le paysage.

Dans ce film, le désert peut être interprété comme une métaphore de la vie intérieure des personnages. Au début, ce paysage est à la fois vide et désolé, à l'image de leurs états intérieurs. Cependant, à mesure que les personnages interagissent et évoluent, ce désert se remplit progressivement de sens et de vie. Cette transformation s'opère de manière inverse : au fur et à mesure que les personnages trouvent leur place et se redécouvrent, ils incarnent ce paysage solitaire qui renaît.
Cela se reflète également dans la musique et les sons. Au début, la musique est envahissante et lente, accentuant la solitude et le vide. Cependant, elle subit un changement, en particulier lorsque Jasmine commence à être acceptée par les autres. Elle joue un rôle clé en permettant au garçon de s'épanouir, car elle l'écoute et le soutient. Ce geste simple mais significatif lui donne de la valeur et lui permet de se redécouvrir, tout comme les autres personnages qui, chacun à leur manière, trouvent enfin ce qui leur manquait.

Simultanément, le paysage évolue : on commence à lui accorder plus d'attention et, à mesure que les personnages se transforment, la musique se fait plus présente, remplissant peu à peu le monde d'une nouvelle énergie. Le désert, au départ un espace clos et stérile et vide, devient un lieu vibrant de vie, tout comme les personnages qui, à la fin du film, ont retrouvé un sens et un équilibre.

Percy Adlon utilise le paysage pour créer une esthétique visuelle distincte, jouant avec les couleurs et les tons pour transporter les spectateurs dans un entre-deux entre rêve et réalité. Mais aussi on perçoit le changement dans les personnages grâce au paysage  ce qui modifie la conception des grands concepts américains que sont la wilderness, la frontière et la destinée manifeste que l'on pouvait trouver dans les premiers western.
Le film permet de s'éloigner de l'idée de domination de l'homme sur l'homme et sur son espace.

La Wilderness dans  Bagdad Café, se retrouve dans l'image  du désert  qui ne symbolise pas une terre à dominer, mais plutôt un lieu de refuge et de transformation intérieure. Elle représente un espace de vide et de solitude au début, à l'image des personnages principaux qui sont eux-mêmes isolés, seuls et en quête de sens. Le film montre que, contrairement à la Wilderness de la conquête, cet espace est un lieu de rencontre, où deux mondes différents, celui de Jasmine (l'Allemande) et de Brenda (la femme noire), peuvent se redécouvrir et se transformer. En cela la Frontière est re-définis, il ne s'agit plus de frontière à repousser mais à briser. La frontière n'est plus un lieu de conflit ou de division, mais un espace de passage et de rencontre, où les personnages apprennent à se connaître et à se soutenir mutuellement. Le Destinée Manifeste  quant à elle, était une notion qui a justifié l'expansion des États-Unis vers l'Ouest, dans laquelle la volonté divine  était de dominer et peupler le continent. Dans le film, cette dernière est retournée. La conquête de l'Ouest n'est plus  un acte d'expansion territoriale, mais un processus de transformation et de guérison, à la fois pour les individus et pour l'espace lui-même. Jasmine, l'Allemande, symbolise une sorte de figure messianique qui apporte la lumière et le changement dans un lieu désert et abandonné. Elle ne cherche pas à imposer une vision, mais à contribuer à une transformation collective.

Bagdad Café revisite les grands principes américains en les interprétant dans un cadre intime et humaniste. Le désert ne représente plus une terre à conquérir, mais un lieu d'épanouissement.

Voilà, j'espère vous avoir donné envie de voir ce film ! Au plaisir de pouvoir discuter avec vous autour de ce film 😊✨