The Witcher 3 : Wild Butt - TIQUE
Quand j'ai fini la quête principale de Blood and wine, après presque 200h de jeu, je me suis sentie vide, et surtout triste. J'allais abandonner Geralt. J'allais abandonner cet univers. J'allais abandonner tous ces personnages qui m'étaient devenus chers. Alors j'ai rangé mon armure, déposé mes armes, enfilé de chouettes habits (que Geralt aurait détesté) et suis allé voir l'amour de Geralt dehors. C'était une journée chaude, ensoleillée. J'ai pris une dernière screenshot, sauvegardé, puis quitté le jeu. J'ai regardé la vidéo pour les dix ans de la série. Failli pleurer. Puis désinstallé le jeu. Spleen. Bienvenue dans cette TIQUE.
The Witcher 3 est sorti en 2015 sur consoles et PC et est développé et édité par CD Projekt Red, sous la houlette de Konrad Tomaszkiewicz, Mateusz Kanik (déjà designer sur The Witcher 2) et Sebastian Stępień. Y est raconté l'histoire de Geralt de Riv, qui cherche sa fille adoptive Ciri pour lutter contre la Chasse Sauvage.
Un peu de contexte pour commencer. J'ai joué une petite vingtaine d'heures à The Witcher premier du nom, mais ne l'ai pas fini à cause de son gameplay. J'ai cependant de bons souvenirs liés à certains choix. J'ai ensuite joué à The Witcher 2, qui est probablement mon jeu linéaire préféré. J'avais beaucoup apprécié le gameplay à base d'attaques rapides et d'esquives et, à nouveau, les choix qui pouvaient drastiquement affecter l'expérience de jeu. J'ai en revanche un mauvais souvenir de son boss final, mais bon.
Quant à The Witcher 3... J'y ai joué d'abord 160h sur un pc qui peinait à maintenir 20 fps, avant de le laisser de côté, en ayant eu un peu marre, pendant deux ans, pour le reprendre pile à l'endroit où je l'avais laissé et le finir, cette fois sur un pc correct.
Aujourd'hui, j'en suis à me demander s'il n'a détrôné MGS V dans mon esprit pour devenir mon jeu favori. Si c'est le cas, cela signifie que je peux faire passer la narration avant le gameplay. En effet, si MGS V est/était mon jeu favori, c'est grâce à la précision quasi sans faute de son gameplay, associé à une narration très efficace. The Witcher 3 se contentait d'être mon jeu préféré en terme d'histoire. Mais là... Blood and wine magnifie les qualités du jeu de base, atténue certains défauts.
Commençons par les défauts. Le gameplay du jeu, quoiqu'assez fun (je suis toujours amusée par le combo attaque/esquive) est assez basique, trop facile à optimiser et parfois imprécis. Concrètement, vous n'avez pas quarante options, surtout quand vous vous penchez sur les systèmes de près. À quoi bon utiliser l'arbalète, Igni ou une huile contre les vampires, si de toute façon vous butez les gros monstres en dix coups d'épée (je n'exagère pas), même en difficile et avec du level scaling au cas où ? J'ai mis tous mes points en attaque légère et lourde, optimisé mon stuff pour faire encore plus dégâts et utilisé uniquement Quen. Un combat, c'était donc : quen, esquive jusqu'à ce que mon stamina se remplisse, puis utilisation de l'attaque tornade ou l'attaque lourde chargée, fin du combat. Bon, en face, les ennemis me tuaient en trois coups, mais ils n'avaient souvent pas le temps d'en caler plus d'un ou deux.
L'imprécision, elle, vient surtout des déplacements de Geralt et Roach. Geralt fait souvent de trop grands pas et il est parfois difficile d'aller précisément où on veut, à moins de passer en mode marche. Roach, quant à elle... Bon, elle voit des murs partout, disons. Et j'avoue avoir abandonné l'idée du combat à cheval très vite. Sa vitesse est en plus limitée dans les villes.
Les villes, quoique finalement relativement petites, sont cohérentes et bien construites, en plus d'être jolies. D'ailleurs, joli, le jeu l'est, avec une palette de couleurs qui correspond bien à son ton – et quel plaisir de le voir s'éclaircir en allant à Toussaint ! Cependant, à cause de la taille de son open-world, le popping est assez présent, surtout de végétation et parfois de PNJs. Les visages sont magnifiques et parfois très expressifs (je ne me remettrai peut-être jamais de l'expression de douleur dans les yeux de Yen lorsque je l'ai repoussée), les animations, parfois un peu étranges (les personnages semblent parfois en faire trop), sont souvent très sympathiques et diverses.
Techniquement, donc, c'est plutôt bon, malgré un bon nombre de bugs (encore maintenant, j'ai deux quêtes que je ne peux pas finir à cause de bugs) et quelques crashs. Cependant, je ne peux m'empêcher de trouver l'open-world assez inintéressant. On se balade simplement de points d'intérêts en points d'intérêts, qui forment des îles entourées de vide, certes joli, mais peu engageant. Le voyage rapide sera vite votre ami, et c'est dommage, notamment parce que l'ambiance sonore est très chouette.
Les musiques du jeu sont vraiment très agréables, quoique certaines reviennent un peu trop souvent (je pense aux DEUX musiques de combat et certains thèmes, comme celui un peu angoissant de Toussaint ou une musique de fête plus joyeuse). Les effets sonores sont vraiment sympas, notamment le bruit des branches qui craquent dans le vent, très chouette. Les doublages sont pour la plupart de bonne facture, en anglais, même si j'avoue avoir eu un peu plus de mal avec ceux de Toussaint, peut-être à cause de l'accent qui m'a enlevé une partie des intentions ?
Cependant, ce léger souci ne m'a pas du tout empêché d'apprécier les histoires. Les histoires ? Eh bien les quêtes principales, une pour le jeu de base et une pour chacun des deux dlcs, et les quêtes secondaires, parfois plus impactantes que l'histoire principale, qui se résume assez souvent à « aller à tel endroit aider machin » (même si les situations sont assez souvent cool et que les choix permettent de la rejouabilité). J'en profite pour lâcher que le jeu consiste trop souvent à suivre des traces rouges avec les sens du sorceleur, puis à combattre quelque chose. Heureusement que c'est bien enrobé.
En parlant des quêtes secondaires, la plupart proposent des choix, souvent non binaires : quelle est la moins pire des options entre tuer une personne qui a de bonnes raisons de vouloir en tuer d'autres et la laisser faire ? Faut-il dire la vérité à ce personnage, quitte à ce que cela ruine sa vie ou juste empocher l'argent et se taire ? Acceptè-je l'argent de ce personnage pour arrêter mon enquête ? Malheureusement, l'économie du jeu étant un peu cassée – on ne galère qu'au début à gagner assez d'argent pour se payer des kits de réparation –, on finit très vite par se ficher par mal de l'argent : seuls les projets endgame des dlcs coûtent un bras.
Un des reproches que j'ai avec le jeu de base, c'est, justement, sa carte, trop grande pour pas grand-chose, remplie de points d'intérêts moyennement intéressant (même si parfois, on se fait surprendre par une quête géniale surgie de nulle part). Blood and wine corrige ce défaut en partie, en accordant plus de poids scénaristique à ces points : un certain nombre sont liés directement à des quêtes (« olala, j'ai des soucis avec ma propriété, tu peux m'en débarrasser ? » mais en mieux écrit), voire bénéficient de petites cinématiques, comme les grandes bases de brigands. L'extension garde aussi le principe de zones à libérer plutôt sympathique. De plus, un certain nombre de PNJs vous reconnaissent et vous remercient, on peut trouver des affiches indiquant qu'il faut aider Geralt, faire des activités secondaires vous vaudra des récompenses chez un personnage spécialisé... Ça donne vraiment l'impression que le monde vit, plutôt que d'être dans un jeu vidéo.
En plus de cette amélioration très agréable, la mise en scène du dlc est bien plus intéressante, sortant du classique « champ/contre-champ » quasiment tout le temps. Cependant, elle ne permet pas de cacher une quête principale finalement moins bien écrite que le reste, à base de choix qu'on aurait cru possible, mais non, le jeu veut aller à un point précis et ne vous laissera pas l'influencer. Dommage. (Je pense notamment à Detlaff, dont j'ai cru jusqu'au bout qu'on pourrait le laisser vivre ou le choix de la duchesse d'enfermer sa sœur malgré l'ultimatum, qui m'a laissé penser qu'on pourrait lui faire entendre raison, mais non.)
Cela dit, s'il y a un mot qui, pour moi, résume ce jeu dans son entièreté, c'est « généreux ». On sent que les développeurs sont allés au bout de leurs idées et ne sont pas épargnés des efforts (j'espère sans trop de crunch...), n'ont pas hésité à ajouter, ajouter, même si ça ne servait à rien sauf l'ambiance. Combien de fois me suis-je dit « ils auraient pu s'épargner cette dépense, mais ils l'ont fait quand même » ? Je pense à certaines scènes avec Priscilla, la fête de la Mandragore ou certains passages dans des zones dans lesquelles on ne reviendra jamais. Le jeu fait de son mieux pour nous en mettre plein la vue, pour être le meilleur possible, et cela se ressent et marche, en tout cas sur moi.
Non, ce n'est pas le jeu parfait, loin de là. Son gameplay est médiocre, il y a encore des bugs, l'histoire principale n'est pas toujours engageante. Oui, son open-world n'est pas forcément très bien utilisé.
Mais franchement, c'est une des meilleures expériences que j'ai pu vivre. Et tout ça sans micro-transactions. Franchement, dans une industrie qui sort des jeux médiocres avec un système économique pour le moins discutable (je ne vise personne, bien sûr), un jeu comme ça, aussi honnête (voire trop), cela s'applaudit et se soutient.
J'espère donc que CD Projekt Red continuera sur sa lancée, en nous fournissant des jeux toujours aussi bons, si pas plus, en terme de narration, qu'ils travailleront leur gameplay pour l'améliorer, et qu'ils resteront justes et respectueux envers les joueurs.
Ce n'est pas tous les jours que des développeurs nous remercient d'avoir dépensé notre argent durement acquis dans leur jeu.
9/10
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