2. Tu me trahis.
❀▬▬▬ Tαo ▬▬▬❀
Tu m'as abandonné. Tu as préféré garder le silence. Tu as préféré me détruire.
Je ne fais que de penser à toi. Mes larmes coulent sans relâche depuis des jours, et tout ça par ta faute.
Pour ne pas changer, je broyais du noir, enfouis sous ma couette, dans ma chambre qui baignait dans l'obscurité. Je ne sentais même plus les larmes dévaler mes joues, mais je savais qu'elles étaient là.
J'entendis toquer à ma porte, mais, une fois de plus, je ne répondis pas. La poignée se baissa lentement avant que la porte ne s'ouvre. La personne resta un moment à l'entr'baillure, sans rien dire, avant de souffler :
《 Tao, je t'ai apporté à manger.》
Je reconnus sans mal la voix de Kyungsoo, qui venait m'apporter de quoi me nourrir tous les jours depuis que tu n'étais plus là. Il resta un instant cloué sur le seuil de la porte, me fixant sûrement l'air désolé, puis il finit par sortir de la chambre, refermant la porte derrière lui.
Je savais bien que mon état influençait l'ambiance du groupe. Mais ça m'était impossible de faire comme si rien ne s'était passé. Ce serait trop facile de juste oublier ou d'essayer. Je ne veux pas faire semblant. Je perçus des voix à travers la porte.
《Tao est réveillé ? interrogea la voix que je reconnus comme étant celle de mon meilleur ami.
- Oui, mais il n'est toujours pas décidé à prononcer un mot, lui répondit Kyungsoo.
- Pas grave.》
J'entendis ensuite toquer. Je relevai la tête pour croiser le regard de Sehun qui venait d'ouvrir la porte. Il détourna le regard et se mordit la lèvre.
《 Je suis désolé, murmurai-je peiné de le voir aussi mal.》
Ça se sentait que mon état l'affectait. Je m'en voulais de le rendre triste. Je m'en voulais de tous les inquiéter.
《 Je m'en fiche que tu t'excuses ou non. Ton attitude impacte tout le groupe. On a tous le moral dans les chaussettes à cause de ce qui s'est passé, mais si tu continues comme ça, t'arriveras jamais à te relever.》
Je baissai les yeux. Il avait raison. Mais je n'arrivais pas à faire autrement.
《 Bref. Je suis pas venu pour te faire la morale ou quoi qu'est-ce. Je broyais du noir à cause de ton état qui ne s'arrangeait pas. Alors je suis allé prendre l'air un peu et je suis allé à la plage. J'ai trouvé ça, déclara-t-il en me tendant une enveloppe épaisse, Ça t'est adressé. Je n'ai pas regardé dedans, mais je pense que YiFan a écrit ça avant de s'en aller. Tu devrais y jeter un oeil.》
Je saisis l'enveloppe en fixant mon nom inscrit dessus. Ce serait... YiFan qui a écrit ça ? Pourquoi ? Sehun soupira en faisant volte-face. Il saisit la poignée, mais ne la baissa pas toute suite.
《 Tu me manques Tao. Tu nous manques tous, lâcha-t-il la voix instable en sortant de ma chambre.》
Je reportais mon attention sur l'enveloppe qu'il venait de me remettre. J'entrepris de l'ouvrir, mais je la refermai en la serrant contre mon torse. Les larmes embuèrent ma vue, je me mis à trembler. YiFan. C'est vraiment toi qui a écrit ça ?
Je me décidai à sortir de mon lit, ramassant le plateau que Kyungsoo avait posé par terre peu de temps avant. Je mangeai rapidement avant de sortir des affaires de ma penderie. Je me tournai vers celle de YiFan et l'ouvris. J'avais l'habitude de lui emprunter ses sweats. J'en pris un dans mes mains avant de le ramener à mon visage. Ça sent encore son odeur... J'aimais bien me réveiller et sentir son odeur enivrer mes narines. J'adorais sa présence tout simplement... Je fondis en larmes, serrant un malheureux sweat à capuche dans mes bras. Bon sang... Pourquoi t'es parti ?!
Je m'assis sur la plage face à la mer. Le temps se rafraîchissait. Je me frottai les épaules à travers le tissu épais de ton sweat pour me réchauffer. Je sortis l'enveloppe de ma poche et me décidai cette fois à l'ouvrir et à la lire.
Hey mon petit panda,
Je suis content que tu es trouvé ma lettre.
Tu dois te sentir trahis non ? Peut-être même que tu me détestes haha.
Je crois que tu mérites des explications sur la raison de mon acte. Je suis désolé de ce que j'ai fait. Mais j'en pouvais plus Tao. J'en avais marre de vivre. Tu comprends ? Je suis bête, j'imagine que tu m'en veux plus qu'autre chose.
Je ne voulais pas que tu t'inquiètes pour moi. Alors je ne t'ai rien dit.
Mais tu mérites de savoir. Alors je vais tout t'expliquer. (J'espère que tu es bien installé, ça risque d'être long haha.)
Je vais commencer par le début. Ma mère est tombée enceinte de moi à dix-sept ans. Mon père ne m'a pas reconnu, et l'a laissée seule m'élever. Elle a tout du affronter seule. Ses parents l'ont reniée, en apprenant qu'elle avait copulé sans être mariée au préalable. À cause de moi, elle a abandonné son ambition d'être chirurgien, et s'est plongée dans le monde du travail. Je crois qu'elle m'en voulait d'être apparu dans sa vie. Elle me l'a elle-même dit. Mais malgré ça, elle a tout fait pour que je grandisse bien, et que je ne manque de rien. Elle avait tout sacrifié pour moi. Tous les soirs, je l'entendais pleurer depuis ma chambre. Je savais que j'étais un enfant qui n'était pas désiré. Je savais qu'elle se mutilait. Je savais qu'elle souffrait. Je savais qu'elle était loin de la vie qu'elle avait espérée. Mais elle faisait tout ça pour moi, pensant que je m'en porterai mieux. Mais chaque soir, alors qu'elle pensait que je dormais, je pleurais aussi. Car, même si ma mère faisait tout pour moi, je savais que jamais je n'aurais du être là. Jamais je n'aurais du naître. Jamais je n'aurais du vivre ce que j'ai vécu.
J'étais bon élève, mais pour soulager ma mère, dès que j'en eu l'âge, je suis parti de la maison. J'ai trouvé un boulot quelconque dans un bar. J'allais voir ma mère de temps en temps pour prendre de ses nouvelles. Elle déverrouillait juste la porte avant de partir s'asseoir sur le canapé. Elle restait toujours dos à moi. Je ne voyait jamais son visage. Je ne savais jamais si des larmes coulait sur ses joues, parce que j'étais parti ou parce que je venais la voir, ou si son visage arborait un sourire heureux, parce que j'étais parti ou parce que j'étais revenu. Je ne savais pas. Et je vous ai rencontrés au bar. Vous m'aviez invité à boire un verre pendant mon service, et c'est très vite devenu une habitude. Après ce fut les soirées, les après-midi en ville, les nuits blanches à regarder des dramas. Puis vous m'avez proposé la collocation que j'ai de suite accepté. J'ai été voir ma mère pour le lui dire. À ce moment, tout allait encore bien.
Puis tu as commencé à me trouver étrange, distant, triste. Si j'étais comme ça, c'est parce que j'avais reçu un coup de fil de ma mère. C'était très bref :《Ton père m'a retrouvé, il veut te récupérer. Reste à l'écart de la ville. Ne viens plus me voir. Ne va pas le rencontrer. Jamais. Ton père est une ordure. Il ne mérite pas de te rencontrer. Il ne mérite pas un fils comme toi. Je t'aime YiFan.》 Jamais elle ne m'avait dit qu'elle m'aimait. C'était la première fois que j'entendais sa voix prononcer ces mots. J'ai pleuré. Ça m'avait rendu si heureux que, malgré qu'elle m'est interdit de venir la voir, j'y suis allé. J'ai amèrement regretté. Oui, évidemment, mon père était chez elle. Et il a vite deviné qui j'étais. Ma mère n'avait aucun ami, personne ne venait la voir à part moi. Je me souviens qu'elle m'avait crié dessus, c'était aussi la première fois qu'elle le faisait. J'étais si heureux malgré la situation dans laquelle on se trouvait. Mon père a voulut m'emmener avec lui, mais je lui ai résisté. Il a frappé ma mère, ce qui me mit en rogne. Je l'ai frappé à mon tour. Il était bien trop étonné pour riposter, je lui ai crié dessus que j'étais majeur, que j'étais libre et qu'il n'avait pas le droit de revenir en prétendant vouloir récupérer le temps perdu après avoir lâchement abandonnée ma mère. Je l'ai laissé là et j'ai emmené ma mère avec moi.
Pendant près d'une semaine, tu ne m'as plus vu. Je restai avec ma mère dans un hôtel. Puis le soir où je suis revenu à l'appartement, on s'est disputé. Elle me disait de la laisser, mais je ne voulais pas l'écouter. Puis pour la première fois, elle a levé la main sur moi et m'a donné une gifle que je méritai. Elle était en larmes. Je l'ai prise dans mes bras. Elle me repoussait. Elle m'ordonnait de partir. J'ai fini par le faire.
Mais à peine quelques jours plus tard, j'ai appris le suicide de ma mère. Elle m'avait laissé un mot, que j'avais lu et relu encore et encore le soir où j'ai bien failli sauter de cette falaise. Puis tu es arrivé. Tu étais inquiet, je le sentais. Mais je ne pouvais rien te dire. Pas tant que je n'avais pas été casser la gueule de mon père. Car c'était à cause de lui qu'elle était parti. Alors je l'ai retrouvé. Et je l'ai tabassé. Mais je n'ai ressenti aucun soulagement. Alors j'ai pensé que c'était peut-être de ma faute. Si elle s'est suicidé, c'était pour me protéger ? Je n'étais plus vraiment très sûr. J'ai hésité à t'en parler. Mais tu t'inquiétais bien trop à mon sujet, ça aurait empiré si je t'avais tout raconté. Alors j'ai juste fait semblant.
Sauf que tu n'étais pas dupe et tu as très bien remarqué que je n'allais pas bien. Ça me touchait de voir que mon mal-être t'affectait aussi à ce point-là.
[...]
Alors, voilà. Je me disais que je n'avais plus rien à perdre. Et j'ai décidé de quitter ce monde si triste et superficiel.
Pardonne-moi Tao. Mais je ne pouvais plus. Je sais que je t'ai abandonné. Mais ma vie était bien trop sombre pour que je la laisse continuer d'exister.
Pardonne-moi.
YiFan
Ma prise sur le papier se fit plus forte, tandis que les larmes dévalaient mes joues. Tout prenait un sens. Mais j'avais toujours aussi mal. J'étais toujours aussi en colère et toujours aussi triste. Je t'en veux toujours YiFan.
Je finis par me lever et décidai de marcher le long de l'eau, comme on le faisait avant que tu ne t'en ailles. Sentir le sable fin sous mes pieds était agréable et sentir le vent caresser mon visage l'était tout autant.. Physiquement je me sentais peut-être bien. Mais mentalement et psychologiquement, j'allais toujours mal. Je ne pouvais pas combler le vide que tu avais laissé en moi. Je ne pouvais plus. Il n'y avait que toi pour combler ce vide. Que toi.
Je sentis mon téléphone vibrer dans ma poche. Je le sortis pour regarder le nom du contact qui s'affichait : Sehunnie. J'hésitai un instant avant de décliner l'appel. Ça ne servirait à rien que je parle de mon mal-être. Ça ne te fera pas revenir.
Je n'allais pas bien. Et j'avais l'impression que je ne pourrai jamais aller mieux, que jamais je ne pourrai rire comme avant, ou même sourire. Je n'étais plus qu'un corps habité par de la mélancolie et de la peine. Jamais cette peine ne voudra se détacher de moi. Et plus les jours passent, plus elles enfoncent leurs griffes en moi, et plus je souffre.
Mon mal-être en pâti sur tout le groupe. Je ne les entends plus rire à travers la porte de la chambre. Je ne les vois plus sourire. Ils sont habité par l'inquiétude, comme moi lorsque tu n'allais pas bien mais que tu ne me disais rien. C'est moi le problème. C'est à cause de moi qu'ils ne sourient plus, qu'ils ne rient plus. Peut-être que moi aussi je devrai disparaître. Pas pour te rejoindre. Mais juste pour qu'ils aillent mieux.
Je fixai la lune qui à elle seule illuminait la nuit. Je baissai les yeux pour voir son reflet déformé par les vagues dans la mer. Je m'avançai pour mouiller mes pieds. L'eau était froide. Mais je décidai de m'avancer davantage, me mouillant jusqu'aux genoux. Un frisson me parcourus le corps. Si je m'en vais, ils iront mieux, n'est-ce pas ? Je me retrouvai avec l'eau m'arrivant à la taille. Je ne sentais même plus qu'elle était froide. Oui, je fais ça pour eux. Une fois que l'eau eut atteint mes épaules, je levai les yeux vers la lune. Tout va s'arranger j'en suis sûr. Je baissai les yeux sur la surface de l'eau, m'apprêtant à plonger ma tête et à me laisser couler au fond de l'océan.
《 Tao ! 》s'écria une voix que je ne connaissais que trop bien derrière moi.
Je m'arrêtai dans mes gestes, baissant la tête, tandis que j'entendais le bruit de l'eau qui se soulevait sous les pas de Sehun. Je sentis sa main attraper mon bras, alors qu'il souffla mon prénom. Je me tournai lentement vers lui, mes yeux prêts à laisser mes larmes couler. Quel égoïste je suis. Je m'apprêtai à commettre la même erreur que YiFan. J'allais les abandonnés. Sehun me serra contre lui, passant mainte et mainte fois sa main dans mes cheveux, comme pour s'assurer que j'étais bien là, pour me rassurer aussi. Je passai lentement mes bras dans son dos, un peu hésitant. Il murmurait des mots, des phrases, mais j'étais bien trop secoué pour les comprendre. Je ne devais pas les abandonner. Je n'ai pas le droit de mourir.
Le trajet du retour se fit dans le silence. Aucun n'osait parler. Je tournai la tête vers Sehun, les sourcils arqués. Il avait l'air de réfléchir.
《 Je suis désolé... 》 murmurai-je doucement en baissant la tête.
Je sentis son regard se poser sur moi, je culpabilisais encore plus.
《 Ne refais plus jamais ça, lâcha-t-il sur un ton sévère, Pense à nous. Dans quel état on serait si tu n'étais plus là ? Hm ? On serait aussi triste que tu ne l'es actuellement. Et puis merde ! T'es pas le seul à souffrir ! On se sent tous mal de ne pas avoir remarqué que YiFan n'allait pas bien. Ne pense pas que tu es le seul à souffrir. Tu n'es pas tout seul dans l'histoire. Nous sommes tes amis Tao, tu sais qu'on est là pour t'aider et pour t'épauler quand ça ne va pas. 》
Je levai mes yeux vers lui, aquiescant faiblement de la tête. Je tentai tant bien que mal de retenir mes larmes, mais ma tristesse devait se lire sur mon visage puisque Sehun me fit la remarque.
《 Tu as le droit de pleurer Tao, ne retiens pas tes larmes... 》, prononça-t-il doucement en m'incitant à le faire.
Et comme si les perles d'eau qui menaçaient de tomber à tout moment avaient décidé d'elles-mêmes, elles s'échappèrent de mes paupières sans que je ne puisse les retenir et dévalèrent lentement mes joues, dans le plus grand silence. Sehun me ramena contre lui, le temps que ma crise de larmes se calme.
《 C'est normal de pleurer...
- Ça ne devrait pas l'être, répondis-je entre deux inspirations, ça ne devrait pas...》
Une fois mes larmes évaporées, nous nous dirigeâmes lentement vers l'appartement, parlant de sujets vagues et divers. Passé le seuil de la porte, je vis le regard de mes amis braqué sur moi. Ils avaient l'air soulagés de me voir rentrer. J'avais failli commettre une belle erreur. Heureusement que Sehun était là. Heureusement que quelqu'un s'inquiète pour moi. Ça me rappelle pourquoi je suis là.
YiFan je t'en voudrais toujours.
Parce que tu as laissé un vide en moi.
Parce que tu as jugé bon de te taire plutôt que de tout m'avouer.
Parce que tu es parti en ayant conscience de nous abandonner.
Parce que tu es parti après ce que tu m'avais dit.
Tu m'as trahi.
Et tu m'as détruit.
Pourquoi ?
Je croyais que tu m'aimais.
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