seconde rupture et petite mort


Il est presque deux heures. Les coups à la porte on finit par s'interrompre. Enfin. Chaque impact avait finit par marteler ma cervelle aussi fort que si Hélios frappait directement sur mon crâne. Mes migraines prenne une ampleur de plus en plus violente, ma tête, si lourde, menace de tomber. La salle de bain tourne autour de moi. Mon corps ne tremble même plus, mes nerfs paralysés ne me transmettent plus rien.

J'attrape mes cinq boites, que je n'aligne même pas. J'avale mes douze gellules sans même les faire passer par ma paume. Mon reflet, plus sombre et plus flou que jamais, me dégoûte. Déjà fantôme, ses yeux ne reflètent aucune âme, aucun sentiment sinon la peur.

Une seconde fois, j'avale une autre douzaine de cachets. Une ombre noire voile un instant mon regard, et comme dans un rêve, je sors de l'appartement.

J'enjambe le corps ensommeillé d'un bourge au pied de ma porte et descend les escaliers sans l'entendre m'appeler.

Quelque chose m'arrête alors, m'empêche d'avancer. Une main sur mon bras me retient. Une silhouette me fait face. Hélios. Ses lèvres bougent, je ne l'entend pas, ne fais aucun effort pour l'écouter. Je me dégage et continue mon chemin.

Enfin dehors, je reprend mes esprits. Du moins, je commence à y voir plus clair, sans aller moins mal pour autant. Mais une fois de plus, quelque chose me fait face. Encore lui.

- Pourquoi t'es parti l'autre soir ?

Je grimace, fronce un peu les sourcils. Que veut il ?

- T'étais avec ta copine, t'aurai voulu que je reste pour vous filmer ?

Hélios marmonne, comme si il cherchait à se justifier.

- C'est pas ma copine.

- Peu importe.

Je le contourne et continue mon chemin. Mais une fois de plus, l'enfant me rattrape, m'arrête, s'impose à moi. Je grogne, déjà exaspéré par sa vaine persévérance.

- Écoute le gosse va falloir que tu songe à me lâcher les basques. Qu'est ce que tu veux ?

- Je veux comprendre.

Il a presque l'air aussi déterminé que si il présentait sa campagne pour être député. Comment peut être aussi sûr de soit pour des choses aussi futiles que moi ?

- Il n'y a rien à comprendre. Tu ne me rendras pas meilleur. Tu ne fais que t'enfoncer dans la merde en gardant contact avec moi. T'as rien à gagner. Si tu veux devenir avocat il te faudra un casier vierge.

- Mais... pourquoi ?

Ma tête tourne, mes muscles se contractent d'impatience, d'énervement.

- Mais bordel tu veux quoi ?

- Je veux que tu réponde à mes questions !

- Mais t'as pas de questions ! T'as pas besoin de moi, j'ai pas besoin de toi non plus, on est quittes !

Piteusement, comme un chien honteux, Hélios baisse les yeux et se tait. J'incline la tête et avec un doux sarcasme j'espère conclure ce dialogue qui me semble déjà trop long.

- Besoin d'autre chose chaton ?

- Chaton ? C'est bizarre mais ça sonne ridicule dans ta bouche.

Sans blague. C'est ça sa répartie ?

- Bah tiens.. heureusement que tu me le dis je m'en serai pas rendu compte.

- T'es vraiment un con Iro !

Il ne croit pas à ses propres insultes. Ce gosse n'a aucune conviction, aucune motivation, aucun objectif. Il ne sait sûrement même pas pourquoi il est là ce soir.

- Bien. Maintenant qu'on s'est tout dit, tu peux partir.

D'un geste faussement poli, je lui fais signe de s'en aller. Sa BMW luxueuse est garée à quelques pas. Pourquoi n'irait il pas la rejoindre. Pourtant, Hélios ne bouge pas, comme emprunt d'une réflexion aussi profonde que futile. Je reste froid, et lorsque le silence devient un peu trop long, j'insiste.

- Bon. Casse toi.

- Ta gueule.

Je hausse un sourcil. C'est quoi ça ? Une tentative de rébellion ? Pas possible. Le blond serre les dents comme si il regrettait déjà ces deux petits mots. Quelle faiblesse en ce petit être. Je claque de la langue d'agacement et, aussi méprisant que je peux l'être, reprend.

- Tu t'en vas tout seul comme un grand ou tu veux un bisou d'adieu ?

Enfin, il finit par faire demi tour vers sa voiture. Soulagé, je souffle. Mais, la main sur la poignée, il interrompt son mouvement et se retourne vers moi, avec un léger sourire.

- Tu sais quoi Iro ? Et bien juste pour te faire chier, je vais t'adorer.

Ça y est. Il m'insupporte. Et je m'emporte.

- Mais c'est quoi ton problème petit merdeux ? J'en ai marre de voir ta gueule, laisse moi en dehors de ta putain d'existence !

- Ma putain d'existence ? Sans moi tu serais peut être mort seul dans ton appartement à cause de Phyll !

- Qu'est ce que ça aurait changé ? Pourquoi tu te préoccupe de ma survie ?

- Je n'en sais rien, j'ai juste envie de t'aider.

Je souffle. J'ai besoin de me calmer. L'écho dans mon crâne se fait de plus en plus violent, devenant presque douloureux. Non. Vraiment douloureux. Je serre les poings, les desserre, les serre à nouveau.

- Tu ne peux pas m'aider.

- On a tous besoin d'aide. Et on peut tous se sortir la tête de l'eau.

- Pas moi. Tu devrais accepter que certaines choses, certaines personnes, restent ce qu'elle sont. Va aider ceux qui en valent la peine.

J'ai mal. Je voudrais hurler. J'oblige ma respiration à se couper. Puis à reprendre. Ralentir les battements de mon cœur, réguler mon souffle.

- T'es vraiment un abruti, tu t'enfonce au lieu d'essayer d'arranger ton cas.

- Mon cas n'est pas arrangeable. Je suis incurablement con.

Il me faut une ambulance.

- Je suis sûr que non ! Mais pour ça faut le vouloir Iro.

- Non. Tu perds ton temps.

Je t'en supplie Hélios, laisse moi.

- J'ai rien d'autre à faire pour l'instant.

Insupportable succube. Sadisme déguisé en gentillesse, cet Hélios me brûle, me révulse.

- Mais bordel qu'est ce qu'il te faut pour renoncer ?

- Que tu aille mieux.

- Je t'ai dis que c'était impossible. Si tu t'éloigne, ça m'empêchera déjà d'aller plus mal. Fait donc ça.

- Je t'empêche d'aller mieux ?

Exaspérante créature. Il me faut la faire taire. La faire fuir. Sortir de sa zone de confort. Le dialogue ne suffit plus. Le dialogue me fatigue. Je franchis le dernier pas qui me sépare de lui, bloque son visage entre mes mains crispées et l'embrasse avec toute la haine dont je suis capable. Je sens son mouvement de recul, le contre en le retenant un peu plus. Puis enfin je le relâche.

- Bon ça c'est fait, maintenant considère que je te largue.

- Je...

Ses yeux écarquillés semblent emplis de panique. D'incompréhension. Peut être même de peur. Je ne sais pas. Et après tout je m'en fiche.

- Casse toi.

Enfin il recule. Ouvre la porte de sa voiture, démarre, et s'en va.

Mes bras tremblent. Ma tête tourne. Je ne sais plus où je suis, ce que je fais. Contraint de m'asseoir, je me laisse glisser contre le mur. Mes doigts s'agitent, comme à la recherche de mes précieuses pilules. Une , deux, douze, aucune.

Ma main attrape mon téléphone et, dans un dernier état de conscience, je compose le numéro des urgences. Quelques secondes, quelques minutes qui me paraissent interminables s'écoulent alors qu'une sorte de secrétaire prend mon appel à l'aide en compte.

Se reposer, rien qu'une seconde.

N'en pouvant plus, je ferme les yeux. Déjà je me sens mieux. Plus léger. L'asphalte me semble confortable, je me laisse tomber sur le coté. Le sol est chaud, réconfortant, vraiment, je me sens bien.

Mon souffle s'apaise, mon coeur ralentit, je crois que je vais peut être même m'endormir ici.

Je crois que je voudrais mourir ici.

Mes tremblements cessent. Enfin, comme dans un rêve, j'atteins le calme, la perfection, la plénitude.

Hélas, cette sensation ne dure pas. On me soulève, m'arrache à cet état, me ramène à la réalité. Le réel est froid, pénible... plastique ? Je crois reconnaître la matière sur laquelle on me couche. On pose quelque chose sur ma figure, une odeur étrange gagne mes narines, et, on me sombre à nouveau dans un sommeil, cette fois artificiel, glacial, inutile.

Je veux regagner mon sommeil chaleureux, laissez moi finir là bas.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top