Chapitre 9
Pardon
En règle générale, le fait de se parler à soi-même n'a pas une très bonne réputation. Ceux et celles qui pratiquent l'auto-conversation sont considérés comme excentriques, pour ne pas dire un peu fous. Pourtant, se parler à soi-même est bon signe. C'est quelque chose de naturel... et de très positif ! Cela permet de mieux retenir une information, de s'encourager, de lutter contre son stress ou encore de se soulager
***
Certaine, d'avoir déjà entendu parler de cette tradition hawaïenne, j'avais eu l'idée ingénieuse de vérifier si je pouvais trouver la moindre trace de cette pratique dans les affaires que Jayden avait oublié.
Je savais que mon ex petit ami avait déjà mentionné Ho'oponopono par le passé. De plus, je cherchais à tout prix une façon de prouver qu'il était l'auteur de ces lettres. Alors quoi de mieux que de chercher dans ses quelques affaires oubliées ici, comme une impitoyable détective.
C'est d'ailleurs en vérifiant dans la petite bibliothèque du séjour, que j'avais fait une trouvaille de qualité, celle d'un ouvrage intitulé Délivre Moi Du Mal. Interpellée par la coleur rose quasi fluorescente de sa couverture, j'avais, tout de suite reconnu, le roman que Vanessa m'avait offert à mon anniversaire, trois ans plus tôt.
Jamais je ne l'avais lu, sinon, je m'en serais forcément souvenue. Or certaines pages du livre avaient été cornées par le précédent lecteur que je supposais être Jayden.
Il lui avait coûté seulement sept livres soixante-dix. Pas très charmant de laisser le prix du cadeau qu'on offre à quelqu'un. Pensais-je. Même si je me doutais que cela avait dû être un simple oubli de sa part.
J'avais feuilleté cet espèce de guide de survie en vitesse avant de me concentrer sur les chapitres dédiés à la confiance en soi. Et à ma plus grande surprise, la page qui devait révéler la tradition ancestrale hawaïenne avait été laborieusement arrachée. Ma déduction pouvait sembler farfelue, mais je décidai tout de même, de la prendre pour acquis.
À partir de cet instant j'étais persuadée que l'individu qui avait subtilisé cette page était inévitablement mon admirateur secret.
D'ailleurs, n'étais-ce pas la preuve accablante qui attestait que Jayden y étais pour quelque chose ? Qui d'autre aurais eu accès à cela ? Etait-ce simplement un coup du hasard ?
De nombreuses questions me retournaient la cervelle, à tel point que je ne sache plus où donner de la tête !
Armée de mon ordinateur portable, j'avais tout de même tenté de me concentrer pour réussir à me réconcilier avec moi-même à l'aide du fameux Ho'oponopono. J'étais assez sceptique face à la simplicité de cette méthode que j'avais trouvé particulièrement déroutante. En effet, il fallait l'avouer, m'excercer à cette pratique était pour moi une découverte surprenante mais qui me donnait, en même temps, l'impression de retrouver un vieux savoir oublié. Je ne saurais dire si elle était innée ou si je l'avais rapidement acquise.
Mais le mieux, c'était de s'y mettre avec sérieux. Alors cette fois, j'avais mis toute la matinée à écrire sur des post-it, quatre mots que j'avais accroché au miroir de ma salle de bain.
S'écrire à soi, était un acte difficilement réalisable, mais je m'en donnai les moyens !
Puis je me suis dressée devant mon miroir pour me la lire car j'avais espoir qu'avec ces excuses envers moi-même, je puisse voir se produire des changements considérables dans ma vie.
Désolée
... d'avoir tué le poisson rouge de ma voisine et d'avoir accusé son fils à ma place quand j'avais huit ans.
Ça pouvait paraître stupide, mais ce meurtre involontaire me pesait lourdement sur la conscience. De plus, j'avais été très lâche d'accuser un innocent à ma place ! Et aujourd'hui je voulais être une femme qui assume ses erreurs et ses responsabilités !
Pardon
...de les avoir fait passer avant moi.
J'aimerais, m'excuser d'avoir trop longtemps accepté des choses qui ne m'allaient pas pour faire plaisir aux autres.
Merci
... de bien vouloir de moi ici. Je suis reconnaissante, parce qu'il la fait. Aujourd'hui encore, Dieu m'a réveillée.
En répétant cette phrase à une dizaine de reprises, je laissais divaguer mes pensées vers un horrible souvenir qui me taraudait l'esprit. Quelques années au par avant, j'avais essayé d'en finir. Je voulais réellement mettre un terme à ma vie. Alors, comme un serpent qui s'enroule j'avais la corde resserrée autour du cou.
Je voulais, ne plus être. Des rivières sous mes yeux, mes pieds dansaient sur le tabouret, il était sur le point de se renverser. Et sur le moment j'avais éprouvé la fameuse sensation de mort imminente. J'étais convaincue pendant quelques secondes ; que c'était la fin... qu'à cet instant tout s'arrêterait brutalement. Cependant au moment où l'idée que je puisses mourir, m'avait traversé l'esprit. J'avais directement regretté C'est carrément terrifiant ! Mais ce jour là, ma mère était rentrée plus tôt du travail.
Je m'aime
... et je me fait la promesse d'apprendre à aimer mon corps et être en phase avec la personne que je suis devenue.
J'ai longtemps eu des troubles de l'alimentation et jai violemment détesté mon corps. En effet, les traces de lames sur mes bras étaient là pour me rappeller à quel point il m'arrivait d'éprouver un profond dégoût envers mon être tout entier. Je me doutais pertinnement que ce ne serait pas si facile mais je savais aussi, qu'il fallait que ça change.
C'était difficile de comprendre et d'admettre que tout ce qui arrivait dans ma vie merdique n'était que la conséquence de mes propres actes et de chacune de mes décisions. Ou que quelque part, les cicatrices inconscientes de mon esprit m'avaient emprisonnées dans un monde teinté de souffrances.
La mine, légèrement déconfite, devant mon miroir j'avais l'air déçue mais pas surprise. À vrai dire, j'aurais du m'y attendre : c'était ce qui devait arriver puisque, ma vie durant, je m'étais appliquée à cueillir des ronces.
J'avais été grièvement blessée à l'âme. Comme si ces mots m'avait criblée de balles, ou qu'une ribambelle d'idées noires m'avaient renversée et piétinée sur le macadam.
Malgré cela je m'étais toujours relevée seule, quitte à refuser les mains tendues. Toujours dans le deni, certaine que tout irait pour le mieux, je ne voulais de l'aide de personne. Ce que je ne voyais pas c'était qu'aucun de mes pansements ne m'avait véritablement guérie.
J'avais enseveli mes douleurs sous le tapis de l'ignorance putain de sequelles toujours en évidence. Naive j'osais espérer que le temps refermerait ces horribles égratignures. Merde, elles étaient devenues des montagnes de remords en putréfation. Volcan qui m'exploserait à la figure.
Plus de place pour les "si j'avais". Il était devenu nécessaire et inévitable de nettoyer mes souvenirs problématiques.
J'avais bien conscience que problèmes ne se transformeraient pas subitement en multiples solutions favorables à l'évolution de mon développement personnel. Mais je me sentais déjà beaucoup plus légère et plus proche de ma véritable identité ainsi que celle de mon admirateur secret en cultivant ma paix intérieure.
Alors que je séchais mes larmes, me sentant parfaitement alignée avec moi-même. La sonnerie de mon appartement retentit, m'annonçant qu'il était temps pour moi d'accueillir mes amies pour se préparer à la fête.
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