Chapitre 6
Abandon
Le désespoir.
À lui seul, ce simple mot dépeint de lourdes détresses, c'est l'esquisse du niveau d'abattement le plus total que peut subir tout individu qui a cessé de croire en ses rêves. Il vous fait trembler, baisser les bras et plonger dans l'abandon le plus total, comme dans les bras d'une mère.
"Etre désespéré c'est perdre le sens de la vie."
Nul besoin de préciser que les personnes qui souffrent de cette profonde affliction sont malheureuses... profondément.
***
La pilule n'était même pas encore passée depuis l'attaque publique et les tabloïds, que je me retrouvais à lire et relire une lettre anonyme de quelqu'un qui prétendait me connaître mieux que quiconque.
Enfermée dans les toilettes je me sentais faible et impuissante. J'avais les larmes aux yeux, la mort à l'âme et l'arme à la main.
Touchée, coulée.
Il fallait soigner le mal, par le mal.
Une douleur pour en oublier une autre. C'était la règle.
J'allais dessiner des constellations, sur mon poignet et de cette lame de rasoir, j'allais rayer chaque mots qui m'avait fait souffrir.
Car à cet instant précis, je n'attendais plus rien de la vie. Je ne croyais déjà plus en mes chances d'aller jusqu'au bout de mes peines sans être réduite en miette. Alors à quoi bon ?
Déchiré et condamné à mort, mon cœur était aussi fané qu'une fleur arrachée.
Habituellement, lorsque tout semblait perdu d'avance, et que l'avenir me fermait ses portes, j'avais tendance à sombrer dans un profond désespoir. Avec l'abandon comme seule échappatoire, je devenais spectatrice de ma propre existence. Mon âme égarée se laissait aller à la destitution la plus totale et mon cœur fragile flanchait sous la douleur.
J'étais, prisonnière de mes idées noires et esclave de mes pires cauchemars. Mes songes étaient amères et douloureux, mon souffle semblait inefficace et étranglé.
J'étais vidée et terriblement mal.
Incapable de me relever, je m'abandonnais corps et âme à cette chute incontrôlable et incontrôlée.
J'étais sur le point de m'écraser et... à vrai dire j'en mourais d'envie.
Je méritais d'être fracassée, petite poupée de porcelaine, si douce mais si fragile... ne tarderait pas à tomber de haut, se consumer et n'être plus que poussière, réduite au néant.
Je souffrais d'avoir trop aimé.
Etais-ce donc un crime que d'éprouver ce sentiment si noble et si sincère ? Pourquoi de nous deux, j'étais celle qui devrait souffrir ?
Mais alors que j'étais sur le point de flirter avec la mort, en faisant danser ma vie sur le fil de mes idées noires. Je renonçais en puisant la force de cette lettre que j'avais trouvée dans la pile de factures.
Pas cette fois. Pensais-je en me regardant avec dégoût dans le miroir.
J'ai déposé mon arme parce que j'avais décidé de refuser de m'abîmer de nouveau.
Je voulais me voir, pour de vrai.
"Je te vois.
Ma douce et affective Kamila, souvent déconcertante secrète et introvertie. Tu es solitaire et sauvage, tu fuis la réalitéoujours eu tendance à te couper du monde, te repliant chétive, dans ta tour d'ivoire
Tu te la joue femme forte et indépendante. Mais ce n'est qu'une façade. Tu donnes l'illusion de mener une vie normale, mais dans les faits, tu es quelqu'un d'instable.
Je sais que tu éprouve une certaine perte d'intérêt pour tout dans ta vie, je sais que tu ne t'apprécie plus, et que tu es habitée par une tristesse trop intense.
Mais tu vaux mieux que ça, je le sais, car je te vois Kamila, la vraie toi, mise à nue et sans artifice. Ta part de mystère, ton côté inaccessible et difficile à comprendre où à aborder, je les connais par cœur.
Ma chérie, personne ne t'aime autant que moi. Je t'aime quand tu ris et même quand tu pleure. Je te connais par coeur.
Je sais même qu'il y a plusieurs toi. Celle que tu es, celle que tu montre, celle qu'ils jugent et celle qu'ils croient connaître.
Tu n'aime pas la frivolité que tu renvoie, tu n'es sûrement pas méchante ou mauvaise. Et à vrai dire ton âme est profondément gentille, c'est ce qui te rend si naïve.
Tu as tendance à faire confiance aux mauvaises personnes, et c'est précisément ce qui te mène à ta perte.
Arrête de faire semblant d'être forte. Sois forte et prouve le à la face du monde en reprenant l'écriture.
Cordialement une personne qui ne te veut que du bien
Si j'en étais arrivée là, c'était simplement parce que j'avais commis une erreur.
En baissant ma garde j'avais laissé libre champs à Jayden. Il en avait donc profité pour appuyer là où ça me ferait le plus mal, sans la moindre hésitation.
Il était grand temps que je prépare ma contre attaque.
J'avais déjà reçu une lettre anonyme puis deux ou trois de ce correspondant, j'en reconnaissais l'écriture mais chaque fois, je m'en suis débarrassée, renonçant même à les ouvrir. Car à vrai dire, je n'en avais strictement rien à faire d'avoir un "admirateur secret."
Je me souviens qu'une fois, cet individu m'avait laissé une adresse mail où le recontacter. Mais je n'avais aucune raison de m' intéresser à ce fanatique ... du moins c'est ce que je pensais au début, mais dans les faits, c'était beaucoup plus que ça.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, cette personne m'avait sauvée la vie. Désormais j'étais donc animée par un besoin immense lui répondre.
Se sentir ainsi mis à nu, et qui plus est par un inconnu était l'une des choses les plus perturbantes et difficile à encaisser.
Qui étais-ce ?
Cet individu faisait peut être parti de mon cercle d'amis ? Il était selon moi évident que seul mes proches pouvaient me connaître aussi bien...
Mais il fallait avoir un esprit sincèrement tordu pour mettre en place un stratagème de la sorte. C'était carrément flippant !
Il fallait que je sache à qui j'avais affaire. Alors c'est dans cette optique que j'ai décidé de trouver un moyen de m'adresser à mon correspondant.
J'allais lui écrire.
Clé secrète 🔑
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