Chapitre 5

Tristesse

Une personne toxique est incapable de se remettre en question, rejette ses responsabilités sur les autres, veut du mal, vous dévalorise et vous insulte constamment, elle est habitée par des démons si grands qu'elle estime que les autres en sont responsables et qu'elle n'a rien à changer. Détruire les autres est sa spécialité.
***

Le temps était maussade en ce début d'après midi. Les nuages gris avaient ramené avec eux la pluie, qui s'écrasait lourdement au goutte à goutte sur la ville.

En un rien de temps, le ciel fondit en larmes, ne présageant rien de bon.

Les passants qui n'avaient pas de parapluie sous la main se pressaient d'accélérer le pas. Je les regardais s'abriter de l'averse sans vraiment les voir, et restais immobile refusant de les imiter.

J'étais d'une humeur massacrante, et mon sweat semblait bien trop léger pour un temps pareil. Heureusement, la devanture du restaurant me servit d'abri de fortune et le téléphone contre l'oreille droite je n'avais plus qu'à rester suspendue aux lèvres de ma meilleure amie.

— Je n'appelle pas pour que nous nous disputions Kamila. Je ne veux plus me battre avec toi tu entends ? Souffla-t-elle à l'autre bout du fil. Je comprends tout à fait que tu puisses m'en vouloir mais je pensais que notre amitié était plus forte que ce genre de choses.

— Tu me manques tellement. Répondis-je la gorge serrée. J'ai été stupide et jalouse, et tu n'imagine pas comme je regrette toutes les horreurs que j'ai pu te dire. Je suis si fière de toi Vanessa, cette place tu la méritais plus que quiconque !

— Toi aussi tu me manques. Dit-elle d'une voix tremblante qui laissait transparaître toutes ses émotions. Tu n'imagine pas à quel point tout ce que tu viens de me dire me rassure. Elle marqua une pause et inspira un grand coup. Je me sentais si coupable de t'avoir arraché à l'un de tes rêves. J'avais le sentiment d'être la pire des traîtresses.

Les rues se faisaient de plus en plus désertes, et seules les voitures menaçaient de m'éclabousser en accélérant sur les flaques d'eau.

J'avais déjà presque tout perdu ces dernières semaines et je refusais de me disputer de nouveau avec l'une des personnes qui comptaient le plus pour moi. Nous nous sommes donc réconciliées mais au moment venu de raccrocher, j'eu le sentiment qu'elle ne m'avait pas dit tout ce qu'elle avait sur le cœur.

— Avant de te laisser, il y a une chose que je dois te dire. Déclara ma sœur de cœur. J'ai une mauvaise nouvelle.

Mon intuition était juste, et je devinais à quel point il était difficile pour elle d'aborder ce sujet. L'une comme l'autre nous nous connaissions par cœur. Je lui fis entendre qu'elle pouvait tout me dire tandis que Rachel choisit le même moment pour me rejoindre à l'extérieur.

— J'ai reçu un mail de la boîte à la fin de mon deuxième jour de séminaire. En mon absence, personne ne m'a sollicité pour la une du journal qui est paru hier. Jefferson a autorisé la publication d'un article où Jayden annonce publiquement votre rupture et déclare que tu es la méchante dans l'histoire.

— Il n'a quand même pas osé me faire une chose pareille ? Hurlai-je les larmes aux yeux.

Vanessa restait muette. Rachel m'interrogeait du regard. Et mon anxiété montait en flèche.

— Samantha a dû reprendre son service alors j'ai demandé à faire emballer ton déjeuner pour que tu puisses l'emporter et manger une fois à la maison essaya la jolie métisse que je remerciai brièvement avant de lui demander d'aller m'attendre dans la voiture.

Je raccrochais involontairement au nez de Vanessa et me dépêchais de traverser la route de manière dangereuse. Je fonçais tout droit vers le kiosque le plus proche d'ici afin de voir tout ceci de mes propres yeux.

Je déposai la monnaie sur le comptoir en m'emparant rageusement du journal.

Trempée jusqu'aux os je me suis ensuite dépêchée de rejoindre Rachel qui démarra au quart de tour.

Vanessa ne s'était pas trompée, Jayden faisait bel et bien la une du journal avec en gros titre : Les relations toxiques. Peut être que si j'avais lu mes mails ou répondu aux appels de ma maison d'édition j'aurais pu réagir à cette atteinte.

Le pire, c'est qu'en fixant cette première page, je le trouvais toujours aussi beau, sans le moindre artifice. Je me revoyais entremêler mes doigts dans ses cheveux d'ébène et noyer mon regard dans le bleu de ses yeux. J'étais tout simplement hypnotisée par son sourire radieux.

Rachel démarra la voiture en me regardant pleurer d'un air compatissant. Mes yeux glissèrent une dernière fois première de couverture et j'eu un pincement au cœur en réalisant que parmi tous les autres journaux, il fallait évidemment qu'il choisisse celui où j'avais travaillé histoire de retourner un peu plus le couteau dans la plaie. ! En temps que personnage publique, il avait même insisté pour que la rubrique people du magazine lui soit entièrement dédiée pensais-je en tournant rageusement les pages.

« Zoom sur la séparation de Jayden Parker et Kamila Williams »

Une citation marquante de son speech régnait en lettres capitale sur le haut de la première page de l'article avec une vielle photo de nous deux au moment de notre voyage à Venise « J'ai tout quitté pour elle jusqu'à ce que je comprenne que c'était elle que j'aurai du quitter. »

Mais quel connard !

Quoi qu'il m'en coûte il allait me le payer très cher.

Je demandais à Rachel toute son attention, afin qu'elle découvre avec moi le portrait sordide que ce monstre avait dressé de moi.

« Au début de notre relation, Kamila était affective, mais je dois avouer que je la trouvais souvent déconcertante. Ce que je veux dire par là, un jour, c'était une personne secrète et très introvertie et le lendemain cela ne l'empêchait nullement de communiquer avec aisance et entrain devenant la personne la plus confiante que je connaisse. Avec elle, je ne savais jamais sur quel pied danser. Il était difficile pour moi de jongler entre son côté solitaire et sauvage qui la poussait à fuir le monde en se repliant dans sa tour d'ivoire et son côté extraverti et curieux qui l'amenait à s'ouvrir et rechercher la communication. »

— Non mais tu entends ce qu'il dit ce petit con ? M'écriai-je horrifiée par ses propos.

— Il n'a peut être pas tout à fait tort répondit Rachel, je te rappelle que je viens de te tirer de force de chez toi alors que tu ne voulais plus voir personne.

— C'est de sa faute si je me suis retrouvée dans cette spirale infernale et tu le sais parfaitement. Répondis-je pour ma défense.

Nous approchions de la petite maison de Rachel et les mouvements de la voiture rendaient ma lecture plus chaotique. Les lettres dansaient sous mes yeux et j'en avais mal à la tête.

« Mon ex petite amie était une jeune femme très mystérieuse, et je n'ai jamais su lire en elle, jusqu'à maintenant je trouve qu'il est très difficile de la comprendre et de l'aborder. Elle était fermée et inaccessible. Elle s'est forgée une fausse image de « miss parfaite » et tout le monde l'a toujours vu comme une fille modèle. Elle répète à qui veut l'entendre qu'il était primordial d'assumer ses différences et d'être une femme indépendante. Mais sans moi, elle reste enfermée dans une certaine marginalité. Repliée comme un ermite. »

Mais dites moi que je rêve !

« Kamila avait deux visages. Elle a usé de toute ma joie de vivre, elle a aspiré toute ma positivité, elle m'a détruit. Au jour d'aujourd'hui je suis incapable de dire si je l'ai vraiment aimée ou si je me suis habitué à être son souffre douleur. Elle me quémandait sans cesse de l'attention à tel point que cela devenait effrayant. »

— A mon avis, il faudrait en parler avec quelqu'un qui s'y connait réellement mais ce Jayden m'a tout l'air d'être du genre pervers narcissique. Déclara Rachel en tournant le volant.

Il était incapable de dire s'il m'avait vraiment aimé ? Répétais-je intérieurement en songeant à notre première rencontre sur les bancs de l'école.

Il était incapable de dire s'il m'avait aimé alors que moi je brûlais toujours pour lui. Réalisais-je les yeux remplis de larmes.

« Cette relation toxique conclue le célèbre mannequin, m'a beaucoup épuisé et fait souffrir. Mais depuis que je me suis libéré de ce rapport néfaste je m'épanoui à tous les niveaux, que ce soit au travail, en famille et en amour. J'invite toutes les personnes qui se trouvent dans des situations comme celle que j'ai vécue à trouver la force d'agir pour assainir leur vie et cultiver une véritable intelligence relationnelle. »

L'amour de ma vie venait-il réellement de me traiter de poison aux yeux de tous ?

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Clé secrète : MDBGHQQDSHXWHWUHSDVWRWDOHPHQWWRUW

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