Slenderman x Reader - Tu ne sauras jamais ( Partie 12 - 1/2 )

La plupart des personnes le savent.

Les couloirs des hôpitaux ont une sale réputation et sont entrés dans le langage courant. On dit par exemple : « Triste comme un couloir d'hôpital ». Lui-même pensait un tantinet de même, mais cela n'allait pas dans l'exagération. C'était juste que ces couloirs étaient ceux d'un endroit comme celui-ci.

Néanmoins, il ne s'était jamais senti mal, attristé, abattu, au sein de ces quatre murs.

Mais ça, c'était avant.

Il avait changé d'avis. Il ne trouvait rien qui pouvait être plus triste que ces couloirs. Ils n'étaient que les coulisses propres d'un cirque, avec des tentatives de décoration qui tournaient autour de posters peu chers d'expositions.

Il y avait aussi des affichettes, des informations variées, des consignes de sécurité, des plans d'évacuation, et des affiches éducatives, à la limite de la moralisation, ou tout simplement tentant une communication entre le monde hospitalier et ses utilisateurs.

À y réfléchir plus sérieusement, ce n'était pas triste. C'était simplement dérangeant.

Cela le déroutait de voir que les efforts d'originalité en termes de décoration avaient été tentés, pour sans doute égayer, pour distraire, pour faire oublier que les gens que l'on venait voir ici étaient malades. Que certains souffraient, avaient des maladies graves, ne s'en sortiraient peut-être pas, et que d'autres avaient tout simplement envie ou peur de mourir.

Ou encore, comme lui, des personnes qui se retrouvent stressées, se sentant impuissant, ne pouvant que prier pour que tout se passe bien.

Cela faisait maintenant trois jours qu'il était là, assis sur ce banc en tissu d'un confort discutable, n'ayant pas bougé sauf pour aller au petit coin et pour prendre une douche rapide, dans une des chambres inoccupés, sous la supplication des infirmiers pour éviter le risque de surplus de bactéries et de mauvaise odeur.

Dès qu'il avait appris ce qu'il s'était passé, il s'était empressé de venir ici, en laissant en plan tout ce qu'il était en train de faire.

Rien n'était plus important qu'être ici, à ses côtés.

Enfin, « à ses côtés ». C'était vite dit. Il ne pouvait toujours pas rentrer dans la chambre de la belle au bois dormant, qui semblait ne pas vouloir sortir de ces songes.

Il se redresse, et tourne sa tête en arrière, pour la regarder quelques instants, à travers cette vitre, même si cela ne lui procurait que de la douleur de la voir ainsi. Allongé dans un lit, les yeux fermés, des perfusions plantées dans son corps qui étaient décorées de bandages par endroits.

Il pose son front contre la baie vitrée, et n'essaie même plus de cacher son déchirement dû à cette situation. Ce que les passants pouvaient penser ne le préoccuper pas. Toutes les messes basses qu'il parvenait à entendre des infirmières à son sujet ne lui faisait ni chaud ni froid.

Les seules interactions qu'il avait depuis qu'il était là, étaient celles avec le médecin pour savoir s'il y avait du changement, les infirmières quand elles lui demandaient d'aller se reposer ou s'il voulait quelque chose, et...

- Monsieur ( t/n ) ?

Un soupir échappe des lèvres du reporter indépendant, et sans camoufler son manque d'envie et de motivation, il se détache de la vitre, pour tourner sa tête vers celui qui venait de l'appeler.

- Je vois que vous n'avez toujours pas dormi. Vous savez que ce n'est pas bon ?

Mikhaïl ne répond rien, ne faisant que de l'observer. Il n'avait pas beaucoup interagit avec lui, mais il considérait que c'en était déjà de trop.

- Café ? Demande l'homme, lui présentant un gobelet où une douce fumée de café s'en émanait.

Au lieu de répondre, il baisse la tête, essayant de retenir un autre soupir, sentant qu'il allait s'énerver, se frottant légèrement les tempes.

L'homme lâche un sourire qui sonnait faux, avant de s'asseoir à côté du blond, posant le gobelet sur l'accoudoir en bois qui se trouvait entre eux.

Et même si l'homme venait de faire une tentative pour ouvrir la conversation qu'il voulait avoir, en s'asseyant à cette place, le silence régnait en maître entre eux. Mikhaïl ne voulant pas du tout échanger avec lui, et lui, réfléchissant à ses paroles, pas pour prendre des pincettes, comme toute personne le feraient dans ce genre de situation, mais bien pour lui tirer les vers du nez.

Alors que Mikhaïl se contente de fixer le sol, les jambes, un peu écartées, les mains maintenant joint ensembles, l'homme remarque du coin de l'œil que deux jolies infirmières papotaient assez discrètement, tout en jetant des regards indiscrets envers la personne qui était assise sur le même banc que lui.

- Eh ben, il faut croire que vous avez du succès avec les femmes, même dans votre état. Elles semblent toutes sous votre charme. Est-ce dû à votre loyauté envers votre fiancé ? Je ne sais pas, elles doivent se dire que-

- Qu'est-ce que vous voulez, inspecteur Munier ? Demande Mikhaïl, essayant de rester le plus poli possible, relevant la tête, le fixant droit dans les yeux.

Munier lui répond avec un sourire encore faussement bienveillant, en lui disant :

- Je veux juste papoter.

Le visage fatigué de Mikhaïl se fit encore plus ferme, en sachant très bien que cet homme ne voulait pas « juste papoter ». À chaque fois, c'était pour tenter de lui faire avouer quelque chose de totalement erroné. Pour qu'il puisse boucler cette affaire et passer pour un héros, du moins, c'est ce qu'il se disait.

Cependant, il n'avait pas tout à fait tort.

Cet homme de quarante ans, était persuadé de sa théorie, et ne lâcherait pas l'affaire. Pour lui, malgré ce que le blond pouvait lui dire, et les preuves qu'on pouvait lui présenter, son instinct lui disait qu'elle avait quelque chose à avoir dans le meurtre de monsieur Bovie.

Et vue que la principale suspecte était encore dans le coma, il s'en retourna envers son fiancé, pour obtenir la moindre révélation qu'il espérait entendre.

Néanmoins, il n'avait toujours rien obtenu.

Mais ce n'est pas pour autant qu'il lâchait l'affaire.

- Juste papoter, vous dites ? Permettez-moi d'en douter. Cela va faire quoi, la quatrième fois que vous allez recommencer à m'exposer vos spéculations ? Vous n'en avez pas marre de vous répéter ? Demande Mikhaïl en se redressant.

- Voyons, ne le prenez pas comme ça. Je fais juste mon boulot. Vous pouvez comprendre, non ? En tant que reporteur indépendant. Il est normal de persévérer quand on nous cache des choses qu'on aimerait savoir et qui pourraient faire avancer notre travail.

- Oui, persévérer, ne pas ennuyer une personne quand ce n'est ni le moment ni le lieu. Comme dans mon cas actuellement. Ma femme est allongée dans ce lit et je ne peux même pas aller la voir, car d'après son médecin, si un autre individu rentré dans cette pièce, cela pourrait la déranger dans son rétablissement. Ce que je trouve puérile d'ailleurs. Je ne peux même pas aller à son chevet. À la place, je suis là, assis sur un banc fait en tissu bon marché, qui va bientôt vous entendre dire des inepties. Répond-t-il en lâchant un grand soupir d'énervement.

- Je comprends votre irritabilité. Moi-même, je trouve cela aberrant qu'on vous refuse l'accès de la chambre de votre fiancée... Fiancée ou femme ? Je crois savoir que vous n'êtes pas encore marié.

- C'est ma fiancée. ( t/p ) a toujours trouvé que le mariage était quelque chose de superflu. Mais même en sachant ça, je lui ai demandé sa main, et elle a accepté. On comptait tout planifier une fois bien installé dans notre nouvelle maison. Répond-t-il en lâchant un petit sourire.

- Je vois. Vu les circonstances, on peut dire que votre démarche est tombée à l'eau.

- Tiens, je ne m'en était pas rendu compte. Vous êtes tellement intelligent, monsieur l'inspecteur. Dit Mikhaïl de façon ironique.

- Ce n'est pas parce que je compatis que vous pouvez vous permettre de me répondre en usant de ce ton. N'oubliez pas ce que je suis. Dit Munier sérieusement, ses yeux chocolat exprimant de la sévérité.

- Je n'ai pas oublié. Mais entre vous et moi, j'ai déjà eu affaire à des personnes qui étaient plus imposantes, plus intimidantes et plus dangereuses que vous. Pour vous dire, dans à peu près deux mois, je devais aller normalement au Québec pour faire un reportage sur la mafia des motards. Et cette escapade n'est rien comparée à ce que j'ai déjà eu à faire.

- Eh ben, je constate que vous êtes un homme qui aime prendre des risques.

- Si dans la vie, on ne prenait pas des initiatives comportant des risques, restant dans sa bulle de confort, on passerait à côté de plein de choses.

- C'est vrai, mais il est bon aussi de prendre la voix de la sécurité quand il le faut. Et c'est ce que vous devriez faire, au lieu de vous mettre dans une position délicate.

- Je ne vois pas en quoi je me mets dans une position « délicate », c'est plutôt vous qui avez posé un pied dedans. Je ne suis pas sûr que votre associé et supérieure apprécierait grandement que vous veniez me voir pour m'importuner avec votre théorie tout droit sortie d'une pochette-surprise.

- Vous avouerez que c'est bizarre, non ? Pourquoi la voiture de votre fiancée, dit-il en appuyant grandement sur le mot « fiancée », se trouvait devant le domicile d'un homme mort. De plus, ses affaires personnelles sont restées dans l'automobile. Normalement, quand une femme se promène, elle emmène toujours avec soi son sac à main et ne le laisse pas dans une voiture, à la portée de tous. À moins qu'elle comptait ne pas s'éterniser.

Mikhaïl soupira, en mettant ses mains sur son visage, avant de les glisser vers le bas, étirant sa peau.

Il se tourne vers Munier, le regardant impassible, ne laissant ne serait-ce qu'un aperçu d'une faille que l'inspecteur pourrait utiliser pour réussir à lui mettre le doute. C'était une posture qu'il adoptait souvent devant des hommes de son genre. Il l'avait appris dans son métier que ces personnes de cette catégorie faisaient tout pour obtenir ce qu'il voulait, et que bien souvent, il essayait d'instaurer de la confusion sur la position de leur interlocuteur.

Dommage, pour cet homme, cela ne marchait pas sur lui. Car il en était persuadé à 100 %.

Sa femme n'avait strictement rien fait.

- Ou peut-être qu'elle s'est aperçue que le psychopathe qui la mise dans cet état la suivait, qu'elle a paniquait, et a commençait à fuir pour sauver sa peau.

- Donc votre théorie serait qu'un psychopathe la poursuivait, et qu'au lieu de rester dans sa voiture, et d'appeler la gendarmerie de la ville, elle a décidé de courir, et ceux jusqu'à la forêt interdite d'accès, sans de témoins oculaires qui l'aurait vu ou entendu crier ? Vous m'excuseriez, mais c'est une histoire qui ne vole pas très haut et remplie d'incohérence.

- Je vous sors juste une possibilité qui est au même niveau que la vôtre. Ma femme n'a strictement rien fait. C'est tout sauf une meurtrière. Je la connais.

- Vous en êtes sûr ?

- Oui. Répond-t-il de suite, sans hésitation.

- Vous êtes bien sûr de vous, dites moi. Dit-il en faisant un sourire moqueur. Donc, si comme vous l'affirmez, vous la connaissez bien, pouvez-vous me dire pourquoi ses empreintes se retrouvaient sur le canapé de monsieur Bovie ?

- Ma femme est une éprise des livres. Je n'ai jamais connu une personne aussi mordue par la littérature. Il lui arrivait souvent de se plonger dans un ouvrage et de totalement se couper du monde qui l'entourait pendant des jours, ne se préoccupant même pas de sa santé. Les autres pourraient qualifier cela de puérile, qu'elle est sotte de faire une chose pareille. Mais c'est ce que j'aime aussi chez elle. Une femme indépendante et courageuse qui n'a pas des occupations superficielles comme ont la plupart des femmes de nos jours. Qui ne s'invente pas une personnalité, une image, pour plaire aux autres. Une femme qui est captivée réellement par un univers qui l'anime. Et donc, d'après ce que vous m'aviez dit et de ce que j'ai pu entendre des ragots du personnel, ce Bovie était un habitué de la bibliothèque de la ville. Y allant toute les semaines. Un passionné vraisemblablement. Cela ne m'étonnerait aucunement que ( t/p ) ai capté l'amour que cet homme porté envers les livres, elle sait détecter ça chez les personnes qu'elle rencontre. Et que par conséquent, une chose en venant à une autre, ils ont dû parler ensembles de ce sujet et Bovie l'invitait chez lui pour en discuter tranquillement, à la fraîcheur. Là où Bovie se sentirait le mieux. Car si j'ai bien compris, il avait une maladie contraignante l'empêchant de sortir comme il le souhaitait. Il me semble donc logique que cela devait se passer chez lui. D'où la présence de la voiture de ma femme devant son domicile.

- ... Vraiment ? Vous pensez vraiment que c'est ce qui s'est passé ? Et que c'est pour cela qu'on a trouvé ses empreintes sur son canapé ?

- J'en suis convaincu.

- D'accord, donc comment expliquer le fait qu'elle ait laissé son sac à main dans la voiture ?

- ( t/p ) peut-être de temps en temps assez tête en l'air quand cela concerne les livres. Elle avait sans doute hâte d'aller à sa rencontre.

- C'est mince comme explication.

- C'est pourtant ce qui a dû se passer. Si vous la connaissiez, jamais vous ne tiendriez ce genre de discours. Et vous comprendrez à quel point elle est passionnée par les livres et que ce genre de situation est tout à fait envisageable.

Munier soupire du nez amusé, avant de regarder le sol, réfléchissant.

- Et vous en a-t-elle parlé, de sa visite chez monsieur Bovie pour pinailler sur des bouquins ? Demande le brun en regardant avec intensité son interlocuteur.

- ... Évidemment, cela va de soi. Elle m'en avait touché un mot la dernière fois qu'on s'est parlé au téléphone. Je vous l'ai déjà dit.

Mensonge. Jamais elle ne l'avait mise au courant. Pendant que lui s'occuper de toute les finitions, il n'avait aucune idée de ce que pouvait faire sa femme de la journée, ici, dans cette ville.

Jamais il ne le dirait à voix haute, mais il avait l'impression que ( t/p ) n'était pas au meilleur de sa forme depuis qu'elle avait emménagé, bien qu'elle lui affirmait le contraire.

Il ne la croyait pas sur ce point-là. Il savait que quelque chose clochait. C'est pour cela qui s'était empressé de tout finir le plus rapidement possible, pour revenir auprès d'elle. Et il pensait que la cause de ce trouble intérieur était dû au fait qu'elle revienne vivre seule dans cette maison.

Cela a dû raviver des souvenirs.

- Hum, c'est surprenant. Vous qui semblez réfléchir à ce que vous allez dire et comment, vous avez hésité pendant une seconde. Avez-vous été perturbé par cette question ?

- Oui. Je suis perturbé, inquiet et ennuyé. Je me sens impuissant. Mais pas par cette question ni par notre échange. Mais par le fait que ma femme se retrouve dans le coma dans cette chambre, et que je ne peux strictement rien faire. Et qu'en plus, on ose l'accuser de meurtre. Elle... C'est purement ridicule. Dit-il en mettant sa tête en arrière, croisant les bras, fixant le plafond, pour garder son sang-froid.

Munier se met à l'observer, et il fut obligé de constater qu'il ne fallait pas prendre cet homme à la légère. Que ce soient les mots utilisés, le ton employé, la posture adoptée et la prestance qu'il dégageait, cela montrait à quel point l'homme était astucieux et malin dans son domaine, et qu'un aucun moment, il ne laisserait passer une faille pour qu'on puisse ne serait-ce lui faire une petite éraflure.

Il n'était pas de l'autre bord, mais il comprenait en quoi cet homme avait du succès. Il devait s'avouer qu'il éprouvait même une petite pointe de jalousie.

- Supposons que c'est vrai, comment expliquer vous que Bovie est mort, un ciseau bien enfoncé dans son crâne, et qu'au lieu d'appeler la police, elle a décidé de fuir dans la forêt ?

- Est-ce légal d'interroger une personne dans ce genre d'endroit ? On ne devrait pas en discuter en privé ?

- Me suivriez-vous si je vous le demandez ?

- Aucunement.

- Et c'est donc pour cette raison que je vous en parle ici. Alors ? Votre avis ?

Mikhaïl se frotte de nouveau les tempes, en soupirant.

- Pour moi, Bovie s'est suicidé devant elle. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ce n'est pas moi qui travaille pour la police. Dit-il en regardant Munier ayant de plus en plus de mal à se contenir.

- Un suicide ? Non. Son grand-père affirme grandement que son petit-fils n'aurait jamais fait une telle chose.

- Donc, vous préférez croire que ce cher monsieur qui n'était plus tout jeune, qui vivait comme un paria, reclus dans sa maison, sans travail, sans amis, sans famille à part son grand-père qui devient de plus en plus âgé, saupoudré d'une maladie inguérissable et contraignante au quotidien n'as pas mit fin à ses jours, mais s'est fait assassiner par ma femme ? Je peux comprendre qu'il est dur de s'avouer quand un de nos proches décide de lui-même de mettre un terme à sa vie, mais parfois, il faut affronter la réalité et non la rejeter. Vous savez ce que je commence à me dire ? Que si vous tenez tant à incriminer ( t/p ) dans le meurtre de monsieur Bovie, c'est parce qu'il venait d'une lignée incroyablement riche, et que vous préférer satisfaire la personne en plein deuil et en souffrance qui a beaucoup d'argent.

Le visage de Munier commence à s'assombrir de colère, mais se retient, étant dans un lieu public.

- Monsieur ( t/n ), je suis sûre que votre femme ne se sentait pas bien. Qu'elle avait un problème dont vous n'avez pas connaissance. Un de ses collègues de travail nous a rapporté qu'elle s'était comportée étrangement et avait usé d'ingratitude envers un adolescent innocent qui voulait juste rapporter des livres. Cette attitude ne concorde pas avec l'image que vous me donnez d'elle.

- Et donc, d'après vous, ça ferait d'elle une criminelle ? Cet adolescent « innocent », comme vous dites, l'était-il réellement ? ( t/p ) ne manquerait jamais de respect envers une personne qui ne le mérite aucunement. Cet adolescent a dû faire ou dire quelque chose de déplacé, elle a voulu le remettre à sa place, il a nié, et pour éviter de faire des histoires, le collègue en question s'est rangé du côté du visiteur. Pour l'image de la bibliothèque.

- Votre fidélité et votre confiance envers elle en sont presque terrifiantes, vous savez ?

- Je ne fais que dire ce qui est le plus probable.

Munier allait dire quelque chose, mais Mikhaïl lui coupe la parole, en étant sèche :

- Non, je préfère vous arrêter maintenant avant que vous ne vous tournez encore plus en ridicule en disant des balivernes grotesques. Qu'est-ce que vous croyez ? Que je suis resté ici à me lamenter sans rien faire, attendant que vous reveniez à la charge ? Après qu'on se soit « parlé » la dernière fois, j'ai contacté un ami qui me devait un service et deviner quoi, il est le reporteur chargé de cette affaire. Et comme vous le savez, nous, les reporteurs, ont est perspicace et tenace. Et vous savez ce qu'il a découvert ? Absolument tout ce que le milieu de la police sait actuellement. Vous voulez voir où je veux en venir ?

- Je...

Munier se fit de nouveau couper la parole, son assurance commençant à défaillir sous celle de Mikhaïl.

- Que l'autopsie du médecin légiste à affirmer que c'est bel et bien Bovie qui a pris les ciseaux et se l'est enfoncé dans son front. Et que pour arriver à faire une telle chose, c'est qu'il en avait vraiment envie. Aucune substance illicite ou médicale à était retrouvé dans son corps. Donc, c'était bien de sa volonté. Alors, oui, la voiture de ma femme se trouve bien devant son domicile et ses empreintes sont bien sur le canapé, mais elle n'a strictement rien à voir là-dedans. Enfin, à part le fait qu'elle ai dû assister à un tel événement qui peut fortement chambouler, voir, traumatisé. Je ne sais pas pourquoi ma femme s'est faite retrouvée par un groupe de jeunes qui voulaient s'amuser à se faire peur en se baladant dans ce lieu interdit, mais c'est à vous de découvrir le pourquoi du comment. Mais à la place, vous préférer accuser une victime qui s'est fait agressée, qui a finit gravement blessé allant jusqu'à des brûlures aux jambes, « heureusement », superficiel et à fini dans le coma, au lieu de vous démener pour trouver le coupable. Alors, je vous suggère de prendre le temps de la regarder, pour réaliser que vous faites fausse route, d'arrêter avec vos hypothèses futiles et d'enfin faire votre travail comme un vrai inspecteur le ferait.

Alors que Munier resté béat, Mikhaïl se lève en disant :

- Je vais aller me rafraîchir. J'espère que cette fois-ci, vous allez entendre la voix de la raison.

Il se tourne, le regardant de haut, et lui dit avec un faux sourire :

- Et avant de partir, n'oubliez pas de boire votre café. Sinon, il va être froid. Ça serait dommage.

Dès qu'il a fini de dire cela, il se retourne, exprimant de nouveau une expression impassible et fatigué, se dirigeant vers les sanitaires pour homme, laissant Munier qui se retrouvait dans l'incapacité de faire ou de dire quoi que ce soit. Il avait l'impression d'être retombé en enfance et de s'être fait prendre en plein flagrant délit par son paternel.

Cela ne faisait que renforcer l'image de dangerosité qu'il avait du blond.

Il regarde le café, le prend, le porte à ses lèvres pour en prendre une gorgée.

- C'est froid. Dit-il en tirant une grimace.

Il se lève à son tour, comptant jeter son café désormais imbuvable dans une poubelle. Mais avant d'effectuer cette action, il porte son attention pendant quelques instants sur la patiente, se rappelant les paroles du conjoint de la femme.

Il ferme les yeux, remettant sa tête dans sa position initiale, avant de les ouvrir en soupirant, en chuchotant : « Ridicule ».

Pendant ce temps, Mikhaïl avait rejoint les sanitaires et se trouvait avachi sur un des nombreux éviers, les mains l'entourant de chaque côté, la tête en bas. Un flot de H20 sortait du mousseur, tandis que des petites gouttelettes s'extirper du bout de ses mèches pour rejoindre la surface lisse du lavabo.

Il relève son faciès pour estimer réellement à quel point il avait l'air abattu. Des sclérotiques imprégnées de sang, des paupières inférieures assez gonflées, soulignées par des cernes violacés, qui accentuent l'aspect blanchâtre de son visage.

Même si les infirmiers le forçaient à prendre une douche, il n'avait pas changé de vêtements, ne voulant pas partir pour se vêtir d'une autre tenue, et même si ses cheveux étaient propres, il ne prenait pas la peine de les coiffer. Ce qui était inhabituel venait de lui. Étant reporteur, il avait appris à soigner son apparence. Sauf bien sûr si le lieu où il devait se rendre pour son métier exigeait du laisser aller, pour se fondre dans le décor.

Il soupire, et baisse la manette du robinet, coupant l'accès à l'eau.

Il tend sa main vers le distributeur de serviette, en prend une, et s'essuie délicatement le visage avec. Une fois fini, il la jette à la poubelle, avant de se regarder de nouveau dans le miroir.

Tout plein de questionnements tournent dans sa cervelle. Du style : « Qu'est-ce qui a bien pu arriver ? », « Qui as osé lui faire ça ? », « Pourquoi est-elle allée voir ce Bovie ? », « Pourquoi ne m'en-a-t-elle pas parlé ? », « Qu'est-ce qu'elle a fait pendant cette semaine où elle était seule dans cette ville ? », « Qu'est-ce que l'adolescent a bien pu faire ou dire pour qu'elle s'énerve ? », « Est-ce lui qui l'a mise dans cet état ? Ou est-ce les jeunes qui l'ont retrouvé dans la forêt qui aurait abusé d'elle ? », « Est-ce que les policiers font bien leur boulot ou sont-ils tous comme cet incompétent de Munier ? », « Pourquoi ne se réveille-t-elle pas ? Est-ce qu'elle va se réveiller un jour... ? »

Cette dernière pensée lui donna un frisson désagréable dans la colonne vertébrale.

Il contracte ses doigts de sa main droite sans s'en rendre compte, ressentant de la colère.

De la colère envers le médecin qui l'empêchait de la voir, envers ce Munier qui s'amusait à accuser sans preuves concrètes ( t/p ), envers les personnes chargées de l'affaire qui n'avait toujours pas avancé, envers son collègue qui a préféré préserver l'image de la bibliothèque plutôt que de la défendre, l'ayant mis sans doute dans une position assez embarrassante.

Mais surtout, il était en colère contre lui-même.

Si seulement il avait été là, dans cette ville, dans cette maison, avec elle, rien de tout cela ne se serait passé.

Il en était convaincu.

C'était en partie de sa faute.

Il remue légèrement la tête de droite à gauche, et se dit que cela ne servait à rien de penser à ça maintenant.

Tout ce qu'il comptait, était qu'elle ouvre les yeux et qu'elle aille « bien ».

C'est en pensant ainsi, qu'il décide de sortir de cette pièce, pour rejoindre son fameux banc en tissu inconfortable.

Mais quand il ouvre la porte, il ne s'attendait pas du tout à voir la scène qui se présentait sous ses yeux, au loin.

- Mais lâchez-moi à la fin ! Je dois absolument partir d'ici !

- Madame ( t/n ) je vous en prie, calmez-vous !

- Me calmer ? Me calmer ?! Mais comment je pourrais le faire ?! Lâchez-moi ! Cette chose va revenir me chercher ! Je n'en peux plus, il faut que je parte le plus loin possible ! Crie-t-elle en se débattant comme une lionne, essayant de se dégager de la prise de la personne qui tentait tant bien que mal de la contenir.

Tandis que les patients et les visiteurs s'écartaient, soit pour se mettre en sécurité pour continuer à regarder sans prendre le risque d'être mêlé à ce qu'il c'était en train de se passer, soit pour filmer avec leur téléphone pour les montrer à leurs proches ou pour la poster sur le réseau internet, le personnels de l'hôpital s'approchaient avec prudence vers la ( c/c ), pour la calmer.

Mais ce que personne ne savait, était la raison à ce comportement plus que contraignant et dangereux envers les personnes qui pourraient se trouver sur son chemin et pour elle-même.

Dès qu'elle s'était réveillée, une seule pensée résidait dans son cerveau.

Fuir.

Et c'est ce qu'elle avait essayé de faire. Elle s'était débranché le plus rapidement possible, ce qui avait déclenché l'alarme de la machine prévenant les infirmiers que quelque chose n'allait pas.

Puis, ensuite, en ouvrant la porte d'une brutalité, elle avait commencé à courir. Les « BOUM » incessants qui jouaient de nouveau dans ses oreilles, lui indiquant que cette chose n'était pas loin.

Et qu'elle allait encore devoir subir ses petits tours tortueux.

Alors que des cris s'échappaient de sa boîte vocal, hurlant principalement : « Poussez-vous de mon chemin ! », que l'adrénaline commençait à pomper à vitesse grand V dans ses veines, elle s'était fait arrêter dans son élancé par un aide-soignant plus costaud qu'elle.

D'où cette situation qui se présente sous les yeux de Mikhaïl complètement dépassé et interdit.

- S'il vous plaît, laissez-moi ! Je dois sortir de cet hôpital, je dois sortir de cette ville ! Il est là, tout proche, je l'entends ! Je le sens !

En tentant de se débattre encore plus agressivement, des larmes coulaient à plein régime sur ses pommettes, sa respiration devenant rude et violente.

- LACHEZ-MOI ! Crie-t-elle en donnant des coups de coude à la personne qui la tenait derrière son dos.

- J'aurais besoin d'aide ! Crie-t-il d'ailleurs, ayant l'impression d'avoir un furet excité dans ses bras.

- Madame, regardez-moi, vous êtes en sécurité. Dit une infirmière d'une voix douce, se mettant juste en face du visage de ( t/p ), essayant de la calmer, pour réussir à lui administrer correctement l'anesthésiant. Personne ne vous fera du mal. Je vous le promets. Vous n'avez strictement rien à craindre. On est là pour vous. Pour vous aider. Alors essayez de prendre une grande respiration et de vous détendre.

Mais malgré ces paroles remplies de douceur, ( t/p ) ne l'écoutait aucunement, étant plus captivée par les trois personnes qu'elle voyait désormais derrière l'infirmière qui continuait avec vaine son monologue pour l'amadouer. Côte à côte, Bovie, sa mère, et Mikhaïl, la fixaient avec de grands yeux exorbités, et un sourire anormalement étiré vers le haut.

Ce qui la fit s'écrier deux fois plus, redoublant d'efforts pour se dégager de la prise de l'aide-soignant.

Mikhaïl, voyant cela, sort enfin de sa torpeur, et décide de réagir, en suivant son instinct.

Il accourt vers sa fiancée, pour l'arrêter avant qu'elle ne se blesse et pour la réconforter. Mais alors qu'il ne se trouvait plus qu'à quelques mètres, il se fait stopper par une aide-soignante, qui lui dit avec une expression grave plaquer au visage :

- Écarter vous monsieur, cela peut être dangereux.

- Laissez-moi passer, c'est ma fiancée, il faut que je l'aide ! Dit-il en commençant à être à cran qu'on l'empêche encore d'aller la voir, surtout dans un moment où elle avait le plus besoin de lui.

- Désolé, monsieur, mais votre femme n'a plus toutes ces idées en tête actuellement et comme vous pouvez le constater, elle est hors de contrôle. Nous gérons la situation, donc veuillez reculer. Dit-elle avec une voix autoritaire, élevant un peu la voix pour être sûr que ce qu'elle disait ne se ferait pas enfuie par les hurlements de ( t/p ).

- N'importe quoi vous ne contrôlez pas du tout la situation ! Poussez-vous ! Dit-il en effectuant ce qu'il venait de dire, ne prenant même pas la peine de s'excuser pour un tel acte, chose qu'il ferait normalement.

- Alors c'est quand tu veux ! Crie l'homme tenant ( t/p ).

- Oui, j'essaie ! Dit l'infirmière.

- Dégager ! Je n'ai rien fait, ce n'est pas de ma faute ! Je n'ai jamais voulu ça ! Ce n'est pas moi ! J'ai essayé... J'ai tout fait pour essayer de vous sauver... Donc lâcher moi ! Ne me regarder pas !

- ( t/p ) !

Elle se fige, cette appellation parvenant à transpercer les bruits sourd et lourds qui raisonnait dans sa cervelle et de la faire détacher de sa vision d'horreur. Elle tourne la tête lentement sur le côté, en direction de la voix, les pupilles se dilataient, montrant encore plus son visage pathétique au blond.

Mikhaïl avait la gorge sèche, alors qu'il sentait ses yeux s'humidifier, et il dit en souriant et en tendant les bras :

- Tout va bien, je suis là.

La ( c/c ) ne le fait que de le dévisager, aucune expression au visage qui pouvait permettre d'indiquer à quoi elle pouvait bien penser. Mais en tout cas, grâce à cela, l'infirmière a pu prendre un des bras de ( t/p ) pour lui administrer le tranquillisant, tranquillement.

Tout le monde était étonné de constater qu'elle s'était calmé juste en entendant et en voyant cet homme, qui d'ailleurs, s'était mis juste en face d'elle, pour la tenir dans ses bras, pour ne pas qu'elle s'endorme en tombant par terre.

Mais l'effet n'était pas immédiat.

La main droite du blond se frayait un chemin parmi la chevelure de la ( c/c ), et sa main gauche sur son dos, lui offrant un câlin chaleureux, essayant de ne pas trop forcer et tentant de cacher toute l'inquiétude qu'il y avait en lui pour ne pas en rajouter une couche à l'état de ( t/p ).

Il sursaute légèrement, en sentant que sa fiancée lui rendait son embrassade.

Mikhaïl la regarde confus, ne comprenant pas ce qu'elle voulait.

Mais il ne savait pas qu'il le serait encore plus parce qu'elle allait lui faire par la suite.

Approchant ses mains comme elle le pouvait vers son visage, il baisse la tête, pensant que c'est ce qu'elle voulait, mais à la place, elle attrape sa gorge et déclare d'une voix remplie d'une haine profonde, le regard noir :

- Tu croyais m'avoir en prenant de nouveau son apparence ? Je vais te tuer.

Les yeux de Mikhaïl s'écarquillent en grand, ouvrant la bouche, n'en revenant pas. Mais il n'eut pas d'explication, que le corps frêle de sa femme qui avait perdu du poids dû à tout ce qui lui était arrivé, se laissait aller en avant, dans ses bras, détachant sa faible prise qu'elle avait sur son cou, devenant aussi molle qu'un mollusque, fermant les yeux, endormit de nouveau.

Personne n'osait bouger ou dire quoi que ce soit. Peu commun pour un lieu comme celui-ci. Mais le spectacle dérangeant auquel ils avaient eu le droit ne pouvait que les mettre dans cet état.

On ne parvenait qu'à entendre ses ronflements discrets et l'agitation quotidienne dans les couloirs voisins.

La porte menant au coin fumeur s'ouvre sur Munier qui fut abasourdi en voyant un tel tableau.

- Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demande-t-il en rangeant son paquet dans une de ses poches.

Certaines personnes le regardent, mais ce n'est pas pour autant qu'on vient à sa rencontre pour le tenir informé de ce qu'il venait de se produire. D'autres partaient, reprenant leur occupation.

- Euh... Hum... Monsieur ( t/n ), si vous voulez bien la ramener à sa chambre, cela nous aidera grandement.

Il ne répond rien. Il ne pouvait pas. Il ne faisait que de ressasser ce qu'il venait de se passer. De ce que ( t/p ) avait fait et dit.

Surtout ce qu'elle lui avait fait et lui avait dit.

Il s'en retrouvait renversé, choqué.

- Monsieur ( t/n ) ? Vous allez bien... ? Demande l'infirmière gênée par cette question.

- Ou-oui ! Je... Je vais la ramener à sa chambre... Dit-il en sursautant, d'une voix fébrile et faible, alors que ses yeux étaient toujours ouverts en grand.

Et alors qu'il fait glisser une de ses mains derrière ses genoux et derrière son dos, pour la porter comme une mariée, il suit l'infirmière et l'aide-soignant qui était intervenu, ne faisant que de se ressasser cette scène en boucle dans sa tête et en se posant une nouvelle question. Une toute petite. Une fondamentale.

« Pourquoi ? ».

________________________________________

Bon... Je ne suis pas vraiment fière de moi. Je devais sortir ce chapitre hier, mais je le sors aujourd'hui et en plus, j'ai dû le séparer en deux car il était trop long, je vais tout faire pour que la deuxième partie qui n'est pas encore corrigée sorte le plus rapidement possible, avant vendredi. ;-;

Et sinon j'espère que ça vous a plu, ce chapitre était plus centré sur Mikhaïl, et j'ai bien aimé, j'apprécie ce personnage. ^^

Sur ce, je vous dis à très vite. ^^

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top