Eyeless Jack x Reader - Mange moi ( Partie 8-1/2 )

La saison la plus chaude entre les quatre étant parties, l'automne en profita pour montrer le bout de son nez, avec tout ce qu'elle offrait. C'était la saison qui faisait office de transition entre l'été et l'hiver. Ma mère m'avait dit une fois, que « l'automne est le printemps de l'hiver » et qu'un « bel automne vient plus souvent qu'un beau printemps ». Et j'étais d'accord avec elle. Pour moi, c'était la saison du recueillement et de la méditation.

C'est la saison des couleurs chaudes. Le ciel conserve encore au crépuscule la teinte rousse qui dore l'herbe fanée. Les forêts exhalent une odeur enivrante et le climat est encore très doux. Les arbres se parent de rouge, de jaune et d'orange. Les feuilles qui tombent, et commencent à joncher les sentiers, avertissent que tout va disparaître, que tout va mourir, et invitent à contempler, avec plus d'attention et de recueillement, ces splendeurs qui vont s'effacer.

Aujourd'hui, il faisait mauvais dehors. Les arbres sont nus, les oiseaux ont laissé leurs nids détruits par le vent pour chercher un autre abri. Les feuilles mortes sont dispersées par-ci par-là. Hier soir, une tempête avait eu lieu, et je m'étais plu à m'asseoir dans une des chaises de la table à manger, que j'avais mise près d'une des fenêtre présente dans la pièce de vie, malgré les avertissements de Jack, me disant que je ne devrais pas rester près de la fenêtre sous risque d'attraper froid.

Mais je n'y pouvais rien. J'adorais voir la pluie tomber sur le sol et entendre le bruit qu'elle faisait. Je trouve ça reposant. Surtout qu'on était en pleine forêt, donc cela me plaisait encore plus. Jack devant mon entêtement, avait juste soupiré, et m'avait rejoint, en me faisant lever, pour qu'il s'assoie sur la chaise, et m'avait mise sur ses jambes, me faisant un câlin par la même occasion, sous un plaid bien chaud. Et on s'était mis à regarder ensemble ce magnifique spectacle, jusqu'à ce que je m'endorme.

À mon réveil, je me retrouvais dans mon lit, sous la couette bien chaude, supposant donc que Jack, voyant que je m'étais endormie, nous avait emmené dans le lit. Oui, même si je n'avais plus de manille au pied lié à une chaîne qui m'attachait à un sommier, et que je pouvais me déplacer librement dans la petite vieille maison en bois, Jack voulait qu'on dorme ensemble, même s'il y avait deux chambres. Mais cela ne me dérangeait aucunement. Je me tourne de l'autre côté, et remarque qu'il n'est pas là. Il est sans doute parti dans la pièce de vie pour ne pas me déranger.

Les rideaux n'étant pas fermés, la fenêtre laissa la lumière d'un jour nuageux entré dans la pièce. La chambre était plutôt belle, avec une grande commode et une armoire en face du lit sur le côté, que je partageais avec lui. Une grande bibliothèque pleine à craquer avec des romans, des biographies et des manuels se trouve en face des pieds du lit.

Maintenant, que j'y pense, cela faisait en tout 10 mois que je vivais avec Jack, et 6 mois que nous habitons ici. Quelques jours, après que Jack m'avait sauvé de la folie de mon oncle, sans me concerter avant, il était allé voir le chef de toutes les creepypastas, pour lui demander si on pouvait vivre dans la petite maison en bois dans laquelle il vivait avant d'être au Manoir. Et ce qui m'étonna, d'après ce que j'avais compris par les dires de Nurse Ann et de Jack, du fait que Slenderman était tout le contraire de tendre et de bienveillant, il avait accepté, et en plus, il avait instauré le même champ de protection qu'il y avait autour de sa forêt, autour de la maison et aussi l'ordre qu'aucune creepypastas autre que Jack, avait le droit de me faire du mal, que ce soit physique ou mental, resté maintenu.

Mais cela avait bien sûr un prix. En échange de tout cela, Jack n'avait plus sa protection, et devait se débrouiller seul. Donc il devait chercher de la nourriture pour moi, et toutes les babioles dont j'avais besoin. Et surtout, et c'est là où il avait hésité d'après ce qu'il m'avait dit, c'est qu'il n'avait pas le droit de tuer plus d'une personne par mois. Moi cette contrainte me réjouissait dans le fond, mais je m'étais gardé cette joie pour moi, voyant vraiment que ça ne l'enchantait pas.

Mais malgré tout, il avait accepté, pour moi. Et puis, il avait mieux accepté cette contrainte, en se faisant plaisir à voir la descente en Enfer de sa victime par sa faute, chose qu'il ne faisait pas avant ses chasses ne durant pas plus d'une journée normalement.

Je me déplace sur le lit, pour me mettre sur l'oreiller de Jack, sentant son odeur. Si au début, malgré notre grand rapprochement, cette odeur de fer me donnait encore envie de vomir, je m'étais maintenant habitué. Je ne trouvais pas l'odeur du sang réconfortante ou agréable, non. Ce n'était pas en soit l'odeur qui lui collait à la peau qui m'enchantait, ce qui me plaisait, c'était que c'était son odeur à lui. Si une autre personne avait eu cette odeur, je me serais de suite écarté.

Entre Jack et moi, je ne sais pas exactement ce qu'il y a. Nous avons clairement plus la relation de simple chasseur et de proie, de bourreau et de victime, de berger et de bétail. J'aurais certes toujours un peu peur de lui à cause de sa nature de démon, dû à mon instinct de survie, mais maintenant, je pouvais lui parler sans réfléchir à chaque phrase, à chaque mot, minime, soit-il. Avec lui, pour la première fois de ma vie, je peux vraiment parler de tout et de rien, sans que cela soit gênant.

Je sais que, d'un point de vue extérieur, je rendrais dingues plusieurs personnes, me faisant traiter de dingue, de folle, d'inconsciente, d'atteinte mentalement, mais je m'en fiche. Jack m'avait sauvé. Il m'avait sauvé de mon oncle, de ma condition de vie, et de l'océan de tristesse et de solitude dans lequel je nageais depuis ma naissance.

Puis je ne sais pas, je ne vois plus ma vie sans Jack. Quand je suis à côté de lui, je ne me sens plus oppressée ou mal à l'aise, je me sens juste, bien. Je trouve même sa présence... Confortable et réconfortante.

Je me suis même surprise un jour, de m'inquiéter, car il rentrait plus tard qu'à l'habitude. Je n'étais pas inquiète pour moi, mais pour lui. Les scénarios les plus horribles les uns que les autres ne faisaient que de tourner dans ma tête ce jour-là. Et quand il était enfin rentré, j'avais couru vers lui, et pour la première fois, je l'avais disputé, pour extraire la peur que j'avais eue. Il était resté là, à me regarder, ne sachant pas quoi faire. Jusqu'à ce que je finisse par pleurer, rassuré et la tension redescendant en moi. Il m'avait prise dans ses bras, et avait attendu que je finisse, caressant mes cheveux, ce qui avait fini par me calmer.

Oui, car même l'attitude de Jack avait changé par rapport à moi. Il n'était certes pas du genre câlin et ces gestes pouvaient être maladroits, montrant qu'il n'avait pas l'habitude, mais il était devenu plus patient et attentionné avec moi. Il ne s'amusait plus à me faire des frayeurs, il écoutait tout ce que je disais, me faisait des surprises de temps en temps avec ce qu'il pouvait me rapporter de l'extérieur, et surtout, il avait arrêté de me manger sans anesthésiant. Quand il devait manger, on allés dans la salle de bain, pour que cela soit plus facile après pour nettoyer le sang, et il m'en injectait, pour qu'il puisse se nourrir sans me procurer de douleur.

Bien sûr, il y avait des moments où je devais le laisser tranquille, étant énervé ou voulant juste rester seul, et je respecte cela. En attendant que cette petite période se finisse, je m'installais dans l'autre chambre et y restais en lisant un livre.

La journée, Jack et moi, nous sortions pour se promener, mais quand il n'était pas là, car soit il était au Manoir, soit il était en pleine partie de chasse, au lieu de rester ici comme une débile à ne rien faire, et pour ne pas m'ennuyer, j'ai commencé à m'occuper de la maison. Donc le ménage de fond en comble, faire et étendre le linge, et à m'occuper de mon petit jardin de légumes, pour alléger Jack dans ce qui devait me ramener pour que je me nourrisse. Je m'étais aussi mise à écrire des histoires par-ci par-là, pour faire travailler mon esprit. Et quand je voulais juste me reposer, je me posais sur le canapé, et je regardais la vieille télé qui ne diffusait que les chaînes TV.

Cette vie-là, était loin d'être la vie que j'aurais pensé vivre, mais cela ne me gênait aucunement, tant que je restais ici, avec lui.

Alors que je pensais à tout ça, une odeur de brûlé vient me chatouiller le nez. Ne me dis pas que...

Je retire la couverture, sort du lit, pour courir hors de la chambre, traverse le couloir qui contenait trois portes, dont celle-ci, et en a peine quatre pas, j'arrive dans la grande salle qui servait de pièce de vie, où se trouver un canapé en face d'une vieille télé, avec entre les deux une table basse. Il y avait une petite cuisine sur le côté, avec une table en bois et des chaises faites dans la même matière. Et dans la partie de la cuisine, il y avait Jack, fronçant des sourcils, ne portant pas son masque, ce qui est assez rare, le gardant normalement en dehors de quand il me mange, prend sa douche ou quand il dort, tenant dans ses mains une assiette où une substance carbonisée s'y trouvait. Tellement cramé, que je ne reconnaissais pas ce que cela pouvait être de base.

Je savais que la plupart des aliments humains étaient rebutants pour lui, ayant remarqué qu'il s'écartait toujours un peu quand je mangeais certaines choses. Et je pense que là, c'était le cas, vu que son nez était plissé en avant.

Je prends son masque qui avait été posé sur le comptoir, je m'approche vivement de lui, et lui mets sur le visage. Il tourne sa tête vers moi de suite, étant sûrement surpris, son attention étant probablement trop portée sur le plat qu'il avait essayé de concocter. Parfois, je me demandais comment il avait réussi à me nourrir pendant ses 4 mois, mais si on y réfléchissait bien, les plats qui me rapportaient n'avaient pas besoin qu'on utilise des objets électronique de cuisine.

- Pourquoi as-tu retiré ton masque ? Tu ne supportes pourtant pas ces odeurs, surtout que le parfum du plat doit être amplifié vu l'état dans lequel il se trouve... Dis-je en regardant la substance qui tuerait les grands chefs s'il voyait ce plat, alors que je tenais toujours son masque.

- Je l'ai retiré pour justement mieux sentir, pour savoir à l'odeur quand ça serait prêt, vu que je ne suis pas doué avec la cuisine humaine, mais ça a explosé et a brûlé avant que j'ouvre la porte du micro-onde. Je voulais te faire une surprise.

Un sourire se plaque malgré la situation sur mon visage, mon être se réchauffant, comme à chaque fois qu'il me parlait comme ça.

- C'est sympa d'avoir essayé. Donne, je vais jeter cette substance à la poubelle. Dis-je en avançant mon autre main pour prendre l'assiette.

- Tu ne devrais pas toucher. Dit-il en reculant l'assiette. C'est très chaud, tu pourrais te faire mal. Dit-il en retirant une de ses mains de l'assiette pour la mettre sur son masque.

Je l'aide un peu pour bien mettre son masque, et dis :

- Oui, tu dois avoir raison...

J'oubliais parfois que Jack ne sentait ni la chaleur ni le froid. Il s'approche donc de la poubelle, l'ouvre, pour jeter ce qu'il avait fait pour moi. En attendant, je m'approche des fenêtres présentes dans la pièce, et les ouvre, pour aérer, alors que je sentais le froid commencer à s'infiltrer dans ma peau, me créant un frisson tout le long de ma colonne vertébrale.

Je regarde le paysage, qui était certes maussade, mais je le trouvais agréable, c'était un temps à lire. Je me tourne, et vois que Jack essayait de jeter les bouts qui ne voulaient pas tomber dans la poubelle, avec une fourchette en grattant. Je m'approche du micro-onde, alors que Jack, énervé, casse l'assiette en deux, et jette les deux moitié dans le sac-poubelle. Je ne sais pas pourquoi, mais je m'y attendais.

Arrivé devant, je me baisse à sa hauteur, et je vois que l'intérieur méritait un bon coup de nettoyage. C'était un vrai carnage. Je discerne cependant quelque chose de curieux, parmi tout ce désordre principalement de couleur noir.

- Dis-moi, Jack, qu'est-ce que tu as essayé de cuire au juste ? Dis-je en me relevant, avec un bout de coquille dans les doigts.

- Des œufs. Dit-il en se mettant à mes côtés.

Je tourne ma tête vers lui, et le regarde éberluée.

- Des œufs ?

- Oui. Dit-il en hochant la tête.

- Avec la coquille ?

- Euh... Oui ? Dit-il en penchant un peu la tête sur le côté.

Non... Ce n'est pas possible un tel niveau... Si ? J'avais une forte, mais alors, une très grande envie d'éclater de rire, mais vraiment. Je me retiens tout ce que je peux, pour ne pas le faire, pour ne pas le vexer, alors qu'il avait fait un énorme effort pour essayer de me faire un manger.

- Jack, il serait peut-être plus raisonnable que tu essaies de trouver un autre moyen que la cuisine pour me faire une surprise.

Jack ne répond pas, baissant juste la tête.

- Mais tu sais, tu n'es pas obligé de me faire des surprises. Dis-je alors qu'il venait de relever la tête. Tu as déjà fait et tu fais tant pour moi, juste ça me fait extrêmement plaisir. Dis-je en lui souriant, alors que des petites rougeurs s'installent sur mes joues.

Jack ne répond toujours pas, me fixant juste, ce qui ne m'aidait pas à savoir à quoi il pensait. Déjà que c'était assez compliqué, alors s'il se murait dans le silence sous son masque, c'était impossible. Je détourne le regard gêné, et dis en regardant le micro-onde :

- Bon, il va falloir que je nettoie tout ça maintenant.

- Déjeune avant, tu t'en occuperas après. Dit-il en posant sa main sur le haut de ma tête, la caressant, en passant à côté de moi.

- D'accord... Dis-je en le regardant se diriger vers le canapé.

Une chose était belle et bien morte en moi, cette chose, c'était, la solitude, et la terreur qu'il me faisait ressentir avant, pour faire naître une autre chose en moi, et je pense savoir ce que c'est... Mais je préfère garder ça pour moi, et puis... C'est un démon, est-ce qu'un démon ressent ce genre de sentiment ? Surtout envers une humaine ?

Je remue un peu la tête sur le côté, pour me remettre les idées en place. Je m'approche de la commode qui se trouve en dessous de l'évier, me baisse, l'ouvre, et prend une petite casserole. Je me redresse, en fermant la porte, lève le robinet vers le haut ce qui fait couler l'eau, qui au mieux de couler dans l'évier, coule dans la casserole. Jugeant avoir assez d'eau, je baisse le robinet, et pose la casserole sur une des plaques de la petite gazinière, prend un briquet, l'allume et en même temps que la flamme se montre sous la casserole, je tourne un des cinq boutons sur le côté gauche, ce qui allume le dispositif du passage à la plaque à la bouteille de gaz, et du feu apparaît en dessous, sans que j'ai à utiliser un briquet.

En attendant que l'eau soit chaude, je prends une pomme, croque dedans en me retournant vers Jack, qui était assis confortablement sur le canapé, son bras posé sur le haut du dossier du sofa. J'avale le morceau que j'avais en bouche, et écoute les informations qui sont diffusées.

- Les psychologues et les médecins ne savent toujours pas pourquoi la mère a commis un tel acte. Même si quand elle était adolescente, elle avait été dans une grande dépression, ce n'était aujourd'hui plus le cas. Tout son entourage le confirme, et ne comprend pas non plus. Elle continue de dire dans sa folie qu'elle n'y est pour rien, alors que toutes les preuves sont contre elle. Nous avons trouvé ses traces ADN sur le couteau qui a mis fin à la vie de son propre fils. Les voisins ont entendu des cris et on préféré appeler les forces de l'ordre, même si ce n'était pour rien. Ce qui se révéla être une bonne action, vu que quand les autorités sont arrivées sur les lieux, ils ont vu la mère remplie de sang, tenant le couteau, à ses pieds le corps mort du garçon âgé de 6 ans planté plusieurs fois. Iris Nicolas, pourrait voir sa peine se raccourcir, si elle avouer son crime et qu'elle acceptait de se faire soigner, mais elle refuse, et continue de dire que ce n'était pas son œuvre. Elle continue de dire qu'un homme avec une apparence tout sauf humaine, avec des yeux jaunes-oranges fluorescents la manipuler, profitant de ses faiblesses pour la pousser à faire cela. Les psychologues pensent donc que c'est une excuse venant de son inconscient pour la protéger...

- C'est horrible... Dis-je en arrêtant d'écouter, ne voulant même plus manger ma pomme.

- Cette affaire, c'est typiquement Puppeteer.

Je porte mon regard sur Jack, et un millier de questions traversent mon esprit. « Puppeteer » ? Marionnettiste ? Ça serait une creepypasta comme Jack ? Est-ce que cet homme vit au Manoir ? C'est vraiment son œuvre... ? Oui... Si Jack le dit, c'est que ça doit être vrai, mais c'est horrible. Pousser une mère à tuer son propre fils... C'est une des pires choses qu'on puisse faire... Et dire qu'au Manoir, il y avait des êtres comme ce Puppeteer... Et que moi, j'avais réussi à vivre pendant 4 mois au milieu de ces prédateurs...

Je tressaille et lève la tête, et remarque que Jack me regardait.

- Ne t'en fais pas, tant que tu restes avec moi, tu es en sécurité.

Je hoche la tête, et il tourne la sienne, pour continuer à regarder les informations. Je me tourne et éteins le feu, en tournant le bouton cette fois-ci à droite. Je prends une tasse, que je pose sur la table de la cuisine, et prends le manche de la casserole, et verse l'eau chaude dans la tasse.

Je pose la casserole sur la gazinière, prends un sachet de thé vert à la menthe, se trouvant dans sa boîte en carton, et un morceau de sucre dans la boîte en ferraille que je mets dans la tasse. Je prends ensuite une cuillère dans un des tiroirs, pour mélanger doucement, et m'assois, en effectuant cette action, la tête plongée dans mes pensées, vers, malgré moi, cette affaire, et surtout, vers ma mère. Une seule question, malgré que j'avais décidé de faire une croix sur mon passé définitivement, une question persistait, et qui sera toujours là, car je n'aurais jamais ma réponse. La question était tout simplement « Pourquoi ma mère m'avait laissé en vie, voir, pourquoi m'avait-elle gardé auprès d'elle ? ». Elle aurait pu tout simplement m'abandonner, ça lui aurait éviter tous ces soucis...

Je lâche un petit soupir.

- Ma brebis ?

Je sursaute de surprise, et tourne ma tête sur le côté, pour voir le masque de Jack juste en face de mon visage. Je n'avais même pas remarqué qu'il s'était levé, étant sans doute trop plongée dans mes pensées.

- Ça fait 5 minutes que tu fixes ta tasse.

- Oh euh... J'étais juste plongée dans mes pensées, ne t'en fais pas. Dis-je en lui souriant, espérant ne pas l'inquiéter.

Jack ne dit rien, à la place, il tire la chaise à côté de moi, et s'assoit dessus. Il retire un de ses gants, et prend une de mes mains, pour la caresser. On reste comme ça, pendant quelques instants, dans le silence, mais pas un silence dérangeant, un silence plaisant. Si à l'instant, je ne me sentais pas bien, il avait suffi d'un seul contact avec ce démon pour que mon mal-être s'envole.

Je porte ma tasse à mes lèvres, et bois une gorgée.

- Tu sais quel jour on est ?

Je pose la tasse et je le regarde curieuse.

- Non, pourquoi ?

- On est le 31 octobre, le jour où on fête Halloween. Dit-il alors que j'entendais de l'amusement dans le timbre de sa voix.

Halloween, hein... Personnellement, cette fête ne m'avait jamais touché, enfin, je n'avais peut-être pas eu l'occasion de saisir la fantaisie de cette fête, où on s'amusait à se déguiser pour avoir des bonbons quand on est enfant, faire la fête ou s'amusait à se faire peur avec ses amis quand on est plus grand. Mes parents ne m'avaient jamais fait participer à cet événement. J'y ai participé, mais en tant qu'accompagnatrice. Lou voulait absolument que ce soit moi qui aille avec elle à la chasse au bonbon. Cette année, elle avait 12 ans, ça m'étonnerait qu'elle veuille aller à la chasse aux sucreries... Arrête de penser à ça, cela ne sert à rien.

- Tu veux faire quelques choses ? Dit-il toujours amusé, en lâchant ma main, pour prendre une de mes mèches de cheveux et jouer avec le bout de ses doigts gris.

- Hum... Pour être honnête, le 31 octobre a toujours été une journée banale pour moi... Je ne l'ai jamais réellement fêté... Donc je n'en ai aucune idée. Et toi ?

- Pour moi, Halloween a toujours été ma fête préféré, avec les autres, on peut sortir librement dans les rues, les humains pensant qu'on est hyper bien déguisé, et on s'amuse à repérer la proie la plus difficile, et celui qui la trouve et qui, surtout lui fait le plus peur, gagne. Mais bon, on ne se prend pas trop au jeu, voulant juste s'amuser différemment avec les humains. Dit-il avant de rigoler. Celle de l'année dernière était fort intéressante ~

- Et... T-Tu vas y participer ? Dis-je en ayant eu un frisson dans le dos malgré moi, dû à ce qu'il venait de dire, et surtout, de la manière dont il l'avait dit.

- Non. Cette année, j'ai envie de le fêter avec toi, j'ai déjà prévenu Toby, il est venu pendant que tu dormais. Dit-il en lâchant mes mèches de cheveux.

- J-Je vois... Dis-je inquiète, commençant à redouter, même si je sais que Jack ne me forcera jamais à faire son activité préférée.

- Dans le village près d'ici, à 21 heures, jusqu'à 23 heures 30, les habitants organisent une sorte de festival des morts. Bien sûr, pour ceux qu'ils veulent, ils continuent de faire la chasse aux friandises, mais nombreux préfèrent faire la fête. Qu'en dis tu ? Tu veux y aller ?

Je le regarde hébété par ce qu'il venait de dire. Il me proposait vraiment d'y aller ? D'aller dehors ? Avec des gens autour ? Il n'avait pas peur que j'en profite pour le dénoncer ou puisse demander de l'aide ? Que j'essaie de faire comme la dernière fois ?... Non... Bien sûr qu'il le savait. J'avais nulle part où aller, et surtout, je voulais rester avec lui. L'excitation de sortir s'empara de moi, mais... La peur de me retrouver de nouveau entouré d'autant de monde me prit aussi.

- Mais... Si je sors, on ne risque pas de me reconnaître ?

- Aucune chance. Ça fait dix mois que tu dois être porté disparu, les médias sont passés à autre chose depuis longtemps. Puis les informations d'enlèvements de personnes non-importantes pour la société, ne traversent pas les pays. Et si, je dis bien, si il y avait une infime chance qu'une personne puisse te reconnaître, il ne pourras pas, vu que tu sera masqué. C'est Halloween, les gens sont déguisés. Je te prêterais un vieux masque.

- ... Je vois...

Je me trouvais donc dans un autre pays ? Je ne savais pas où j'étais, et jusqu'à maintenant, je pensais être encore dansmon pays, mais il faut croire que non.

- Alors ? Tu veux qu'on fasse ça ?

- Si effectivement, je me trouve dans un autre pays et que je porterais un masque alors... Pourquoi pas, je veux bien. Dis-je souriant contente de sortir avec Jack.

- C'est décidé alors. Dit-il en hochant de la tête. Je vais aller chercher le masque maintenant pendant que tu déjeunes, ça sera fait comme ça. Dit-il en se levant.

- Tu as eu un autre masque que celui-là ? Demandais-je curieuse.

- Oui, exactement le même, mais, avec le temps, ça finit par s'abîmer.

- Et tu la gardais ?

Jack se tait en me regardant, avant de tourner la tête sur le côté comme si ce qu'il s'apprêtait à dire le dérangeait :

- Oui, c'est avec ce masque que j'ai tué ma première victime qui était aussi la personne qui m'a rendue comme ça. J'y tiens particulièrement.

- Qui t'a rendue comme ça ? Dis-je surprise parce qu'il venait de dire.

- Tu pensais que j'étais née comme ça ? Dit-il en rigolant un peu.

- Euh... Oui, mais... Tu étais... ? Mais... Maintenant, tu es... Comment... ? Dis-je perdue alors que plusieurs scénarios tournent dans ma tête, pouvant expliquer cela.

Jack ne répond pas, à la place, il s'approche de moi, mettant sa tête juste en face de la mienne, et dit en posant sa main sur ma joue pour la caresser :

- Je t'en parlerai un jour, promis. Mais pour l'instant, je ne me sens pas prêt à le dire, même à toi.

- D'accord... Dis-je malgré tout un peu triste de ne pas savoir.

Mais je comprends. Je ne vais pas le forcer. Cela a l'air d'être tout sauf joyeux, vu la manière dont il en parle. Je ne sais pas ce qui c'est passé, mais pour qu'il devienne comme ça, par la faute d'une personne, ça doit être tout sauf plaisant... On a tous des événements du passé qu'on préférerait oublier, mais c'est impossible, il reste là, ancré en nous. Oui, le fait d'en parler aide, mais il faut déjà pouvoir le faire, et ça, c'est très compliquer.

Jack semble satisfait de ma réponse, et me laisse pour partir chercher le masque. Ce fameux masque, qui pourra me permettre de sortir dans un lieu public avec lui.

Mais il avait dit que ça commençait qu'à 21 heures, j'ai largement le temps de nettoyer la bêtise de Jack tranquillement, et de me préparer ensuite, n'étant que 10 heures 51, d'après l'horloge qui se trouvait dans la pièce.

J'ai hâte d'y être.
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Oui, j'ai encore dû séparer un chapitre en deux, sinon ça aurait fait trop long, moi long que le chapitre 7, mais long quand même. ;-;

J'espère, que ça vous a plut, même s'il ne se passe pas vraiment grand chose dans ce chapitre. ^^'

Et j'espère que le caractère de Jack et de la reader est respecté, car bon, il n'y a plus trop de terreur, mais en même temps, c'est un peu logique, je trouve qu'il n'y en a plus entre ces deux-là surtout après une ellipse de 6 mois. '^'

La suite va sortir de suite après.

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