Eyeless Jack x Reader - Mange moi ( Partie 2 )

Je glisse ma petite tête dans la cuisine et découvre ma maman affairée aux fourneaux.

Aucune nervosité ne transparaît chez elle ; au contraire, elle respire le calme et la tranquillité, instaurant une atmosphère chaleureuse tout autour d'elle. De dos, elle s'attelait à sa tâche culinaire avec une aisance presque hypnotique. Sensible à ma présence, elle interrompt ses gestes pour tourner la tête dans ma direction.

- Ne serait-ce pas une petite curieuse que je vois là ? Demanda-t-elle avec un sourire bienveillant.

Je m'avance timidement dans la cuisine, serrant mon ours en peluche qui fait presque ma taille, et cache la moitié inférieure de mon visage derrière sa tête. D'une petite voix, je demande :

- Je te gêne maman ?

- Hum ? S'étonna-t-elle légèrement. Jamais ma puce. Répondit-elle en souriant doucement. Tu veux regarder maman faire à manger ?

- Oui ! M'exclamai-je toute excitée.

D'un pas pressé, je me dirige vers le plan de travail où maman s'active. Elle a juste le temps de s'essuyer les mains avec un chiffon et de saisir une chaise avant que je n'arrive. Je dépose mon ours en peluche par terre, et maman me soulève par les hanches pour m'installer sur la chaise à côté d'elle. Nos regards se croisent, et nous échangeons un sourire complice.

- Tu vas faire quoi à manger maman ? Demandai-je en posant mes mains sur le rebord du plan de travail.

- Je vais faire du poisson pané maison avec des haricots verts. Répondit-elle.

Je fis la moue en entendant le mot "haricots verts". J'aurais préféré du riz ou des patates...

- ( t/p ), je vais en profiter pour te montrer comment on prépare un poisson, mais interdiction de le faire seule, compris ? Ça peut être dangereux. Dit-elle d'un ton sérieux.

- Oui, maman. Acquiesçai-je en hochant la tête.

- Parfait. Dit-elle en me souriant à nouveau. Alors, pour préparer un poisson, qu'est-ce qu'il nous faut en premier ?

- Euh... Un poisson ? Répondis-je timidement.

- C'est exact. Dit-elle en riant doucement, me caressant les cheveux. Donc, il nous faut un bon poisson, qu'on va aligner comme ceci sur la planche à découper. Elle le fit avec habileté. Vu que le poissonnier l'a déjà préparé, on n'est pas obligé de lui couper les nageoires et de lui retirer les écailles. Je vais alors te montrer comment on vide un poisson.

Durant toutes ses explications, je ne fis que hocher la tête ou répondre "d'accord".

- On va planter le couteau ici, sur à peu près deux centimètres, pas plus. En fait, on va le vider par la tête. Dit-elle en posant le couteau sur l'anus du poisson. Je vais décoller les parois de la peau que j'ai coupée, pour vider les intestins. Expliqua-t-elle tout en exécutant les gestes. En dessous de sa gorge, je vais soulever et crocheter les ouïes, arracher le haut, puis le vider, par ici.

Elle sortit tous les organes du poisson.

- Jusqu'ici, tout va bien ? Tu as tout suivi ?

- Oui, j'ai tout compris ! Répondis-je avec fierté en la regardant. C'est comme hier avec tonton, quand il m'a ouvert le ventre et sorti des trucs de mon ventre.

- Hein ? Fit maman d'une voix tremblante, me regardant avec stupeur.

- Oui ! Tonton a planté un couteau en bas du ventre, en séparant ensuite ma peau, pour retirer des trucs de mon ventre. Puis ensuite, il a fait la même chose en dessous de ma gorge.

- Arrête...

- Mais... Ça faisait très mal... Est-ce que ce poisson a aussi mal quand on lui fait ça ? Si oui... Tu veux bien arrêter maman ? Dis-je en fixant le poisson.

- Non... Arrête... Tais-toi...

- Maman... Je vous l'ai déjà dit... Et je sais que tu ne veux pas que j'en parle... Mais... Tu pourrais dire à tonton d'arrêter de me faire ça ? Dis-je en la regardant, sentant sa main trembler. Je n'aime pas du tout ce jeu d'adulte... Ça fait trop mal... Tu veux bien lui dire ? Hein ? Ma-

- JE T'AI DIT DE TE TAIRE ! Cria-t-elle en plantant le couteau dans ma main, me faisant pousser un cri de douleur.

La douleur causée par cette lame n'était rien comparée à ce que m'avait infligé mon oncle, mais elle était tout de même vive. Mon corps se mit à trembler et ma vision devint floue. Je reniflai en arrêtant de crier.

- Oh pardon ma chérie ! S'excusa maman en retirant le couteau, paniquée. Je suis désolée ! Il faut vite guérir !

- Pas la peine maman, regarde. Dis-je en lui montrant ma main, où le trou commençait déjà à se refermer.

Elle observa ma main comme si elle était la chose la plus choquante qu'elle n'ait jamais vue, puis ses yeux s'emplirent de larmes et elle me prit dans ses bras.

- Je suis désolée, vraiment, je suis désolée. Répéta-t-elle dans ma nuque, qui devenait mouillée.

- Tu me serres trop fort maman. Dis-je en la serrant à mon tour, perplexe devant sa réaction.

Le corps de maman ne cessait de trembler et ses excuses se succédaient. Moi, je fixais le mur devant moi, désemparée. Puis, alors que je contemplais les petites bulles qui apparaissaient, je tendis la main et, au moment où j'en touchai une, tout devint noir.

Quand mes paupières se soulèvent, un océan d'obscurité m'engloutit. La noirceur qui m'entoure est dense, oppressante, ponctuée seulement par le doux gazouillement d'un berceau. Guidée par ce murmure innocent, je me dirige vers l'origine de cette mélodie, un berceau en bois éclairé par une lueur mystérieuse. Là, dans ce cocon de tranquillité, repose Lou, mon petit trésor endormi, ses boucles blondes caressées par la lumière.

Un sourire tendre effleure mes lèvres alors que je m'approche pour admirer cette image paisible. Mais soudain, une voix pernicieuse brise le silence derrière moi. Je me retourne vivement pour découvrir mon ourson en peluche flottant dans les airs, ses yeux énigmatiques rivés sur moi.

- Tu n'es qu'une menteuse. Résonna sa voix discordante. Tu voulais qu'elle soit comme toi.

- Hein ?

- Pourquoi devrais-tu être la seule à souffrir ? Pourquoi Lou était-elle normale et pas toi ? Est-ce parce qu'elle n'était pas comme toi que tes parents l'ont préférée ?

- Non... Balbutié-je, déconcertée par ces accusations insensées.

- Tu voulais qu'elle subisse les mêmes tourments que toi. Tu jalouses ta petite sœur, tu ne l'aimes pas vraiment au fond.

- C'est faux ! M'écrié-je, le cœur déchiré par ces paroles vénéneuses. Je l'aime plus que tout, c'est ma sœur !

- Tu veux échanger les places. Tu veux qu'elle devienne toi, et toi, elle. Tu veux que ce soit elle qui soit choisie comme proie, pas toi. Tu veux la tuer, tu aurais préféré qu'elle ne naisse jamais.

- Assez !

Mon poing s'abat violemment sur la tête de l'ours, le propulsant hors de ma vue. Je m'effondre sur mes genoux, serrant ma tête entre mes mains. Je... Je ne peux plus supporter ça... Je veux juste disparaître ! Ce corps hideux, cette régénération constante... Je n'ai jamais voulu ça ! Mais je suis piégée... Aucun pouvoir ne peut détruire ce corps... Aucun...

Je rouvre brusquement les yeux, hurlant alors que des crocs acérés s'enfoncent dans mon épaule, arrachant un morceau de chair. La douleur me transperce, mais quelque chose de froid m'empêche de baisser la tête. Je lutte pour me libérer, mais une force invisible m'étreint, m'empêchant de bouger. Les crocs se retirent, emportant un morceau de moi avec eux. Une main gantée couvre mes yeux, me privant de ma vision, tandis qu'une voix glaciale me fige sur place.

- Je pensais te dévorer dans ton sommeil, mais puisque l'agneau s'est réveillé, resteras-tu sage ?

Une question rhétorique, assurément. Et soudain, une simple pensée me hérissa le sang : tenter de bouger serait une invitation à la punition, à être battue jusqu'à sombrer dans un état de semi-conscience, un état ni tout à fait éveillé, ni totalement inconscient, comme tant de fois auparavant. Je suis pleinement consciente maintenant, de toute cette sombre réalité qui m'enserre. Je me souviens de tout : de ce démon vorace, festoyant de temps à autre sur ma chair, m'ayant enchaînée à ce lit comme une offrande sacrificielle. Combien de temps suis-je restée ici, à jamais coupée de tout contact extérieur ? Je demeure emprisonnée dans cette chambre.

Lorsque mes pieds ne sont pas entravés par ces chaînes, c'est pour me soumettre à sa surveillance tatillonne lors de mes rares déplacements vers la salle de bain ou les toilettes. Quant à mes repas, ils sont simplement suffisants pour garantir ma survie, offerts avec des mots vides de sens sur ma santé et mon bien-être. « Pour que tu restes en bonne santé et ne perdes pas de poids », avait-il déclaré d'une voix étrangement neutre. Ce personnage, dont le nom m'échappe toujours, reste l'unique présence humaine que je vois depuis... Je ne saurais le dire avec certitude. Cela fait-il moins d'un mois ? La mesure du temps semble si futile ici, alors que mes règles n'ont même pas eu l'occasion de venir. Je suis emprisonnée dans cette chambre, sans perspective d'évasion, les seules portes menant à la salle de bain et aux toilettes restant hermétiquement fermées.

Les chaînes m'empêchent de regarder au-dehors, de scruter l'horizon à travers la fenêtre éclairée par la lueur fantomatique de la lune. Cette même lune qui brillait le soir où ma vie a basculé, où je suis devenue sa proie, condamnée à un sort que même mes pires cauchemars n'auraient pu imaginer.

- Ferme les yeux. Ordonne-t-il d'une voix qui résonne comme un glas funeste, ponctuant la noirceur de mon existence d'une nouvelle note de terreur.

Je ferme les yeux, consentant à cette volonté silencieuse de ne pas contempler le visage de mon bourreau. Le tiroir de la commode émet un léger grincement tandis qu'il en extrait le bandeau souillé qui va devenir ma réalité pendant un temps. J'incline légèrement la tête pour faciliter sa tâche, laissant le tissu sale m'envelopper d'obscurité. Une fois attaché, je laisse retomber ma tête sur l'oreiller, qui, comme le reste du lit, est maculé de traces de mon propre sang, séché en témoignage de mes souffrances passées.

Et ainsi débute l'horreur. Il soulève mon tee-shirt, exposant ma poitrine à sa respiration putride, qui souffle sur mon ventre, faisant naître en moi un frisson de terreur anticipée. Puis, je ressens la morsure de ses dents aiguisées comme des lames de rasoir, qui arrachent des lambeaux de ma chair dans une danse macabre. Je crie, mais mes cris se perdent dans le vide, étouffés par l'indifférence glaciale de mon tortionnaire, qui poursuit son festin avec une voracité insatiable. Mes mains se crispent sur les draps souillés, le sang affluant en une cascade écarlate, mais je suis impuissante, mes poignets enserrés par la poigne implacable de ses mains.

Alors qu'il se repaît de ma chair meurtrie, une sensation de picotement émerge dans mon épaule, insignifiante comparée à la douleur lancinante qu'il me fait endurer. La bile remonte dans ma gorge, et un gémissement de souffrance s'échappe de mes lèvres, suivie par un flot de sang qui macule mon visage et mon cou. Malgré les nombreuses fois où j'ai été soumise à cette horreur, je ne m'y habitue pas. Mes larmes se mêlent au sang qui coule de mes yeux, tandis que la douleur s'intensifie, réactivant chaque blessure infligée à ma peau avec une intensité décuplée. Ma peau ruisselle de sueur, mon corps entier criant sa détresse dans le silence étouffant de la chambre.

Puis, subitement, il cesse son festin, après avoir dévoré mon deuxième rein. Cette interruption inattendue me laisse perplexe. Pourquoi s'arrête-t-il ? D'ordinaire, peu lui importe que je m'évanouisse ou non, alors qu'est-ce qui a changé ? Quel est le problème ? Ma poitrine se soulève rapidement, en phase avec ma respiration haletante, malgré la pause qu'il m'accorde. D'habitude, il ne cesse de me manger que lorsque mon abdomen est vidé de ses organes. À moins que... Ai-je été si torturée que je ne puisse plus distinguer le moment où mes organes sont intacts ? Je n'en sais rien. Malgré ma capacité de régénération, l'évanouissement me guette, me happant vers le monde onirique alors que la dévoration prend fin.

Une sensation inattendue émerge, faisant bondir mon corps en un sursaut de terreur. Je ressens un contact sur ma joue, un contact qui tranche avec la froideur habituelle de la matière inanimée ou des dents avides qui cherchent à me dévorer. Des doigts, tièdes, se posent sur ma peau meurtrie. Je reste figée, partagée entre la curiosité et la terreur, alors qu'il fait glisser ses doigts le long de ma joue jusqu'à frôler mes lèvres, étalant davantage le sang sur mon visage. Ce geste, à la fois intrusif et presque tendre, m'empêche de m'évader dans un autre monde, me maintenant prisonnière de cette réalité cauchemardesque.

Il retire sa main et se lève, laissant dans son sillage une atmosphère tendue et chargée d'incertitude. Je reste allongée, immobile, mes sens aux aguets, scrutant le moindre bruit qui pourrait trahir sa présence. J'entends le léger grincement de la porte qu'il ouvre puis referme derrière lui. Je demeure stoïque dans mon lit, essayant de démêler le chaos de pensées qui tourbillonne dans mon esprit tourmenté. Ses gestes, bien que surprenants, semblaient presque... Doux. Non, je m'interdis de délirer, de laisser mon esprit s'égarer dans les méandres de l'illusion. C'était sûrement une autre facette de sa torture, conçue pour semer le doute et la confusion dans mon esprit déjà épuisé par l'horreur.

Pendant un moment, je reste immobile, me demandant s'il est encore dans la pièce, hésitant à bouger. Dois-je rester allongée ou puis-je me redresser ? Mes pensées sont interrompues par les picotements dans mon corps, signe que ma régénération est en cours. Je lève lentement la tête, me sentant anxieuse, et retire tremblante le bandeau qui recouvre mes yeux. Je les garde fermés, laissant mes sens s'habituer à la lumière tamisée de la pièce. Puis, je replace ma tête sur l'oreiller, décidant de garder mes yeux clos, essayant de retrouver le sommeil malgré la douleur persistante dans mon ventre et l'odeur âcre du sang qui imprègne mes sens. Après tout, que puis-je faire d'autres ?

***

Je rouvre les yeux avec peine, me rendant compte que j'ai mal dormi. Mon mal de tête s'est estompé, mais je suis encore engourdie. Encore sous l'emprise de la confusion, je ne remarque pas tout de suite que je ne suis plus dans la chambre de mon ravisseur. Lorsque cette réalisation me frappe enfin, la panique s'empare de moi. Je scrute frénétiquement mon environnement, réalisant que je suis attachée au lit par des sangles qui entravent mes bras, mon ventre et mes jambes.

Le rideau bleu marine est tiré sur le côté, révélant une vision cauchemardesque qui glace mon sang. Je suis pétrifiée, incapable de crier, submergée par une terreur indicible. Je réprime le besoin de vomir ou de pleurer, ignorant ce que cette créature pourrait me réserver. Je voudrais disparaître, m'évaporer hors de son regard perçant.

Cette "femme", si l'on peut la qualifier ainsi en raison de ses formes, dépasses en taille et en horreur tout ce que j'ai jamais vu. Vêtue d'une tenue d'infirmière noire qui s'arrête aux cuisses, elle porte des gants longs assortis. Son visage est dissimulé derrière un masque et un chapeau d'infirmière, orné d'une croix rouge. Des cheveux bruns ondulent autour d'elle, encadrant une partie de son visage, mais ce qui m'effraie le plus, ce sont ses sutures, qui parcourent tout son corps grisâtre, tandis que ses genoux prennent une teinte vert kaki étrange. Son œil visible, d'un rouge sanglant, me fixe avec une intensité qui glace mon âme, sa pupille noire et ses cernes accentuant son aura de menace.

- Hum. Je vois que tu es réveillée. Dit-elle d'une voix calme, brisant le silence oppressant qui règne dans la pièce.

Je ne bouge pas, mes yeux rivés sur elle, anticipant ses moindres gestes. Elle se déplace avec une assurance tranquille, prenant un carnet sur la commode pour y griffonner quelque chose, tandis que je scrute frénétiquement la pièce à la recherche de mon ravisseur.

- Inutile de chercher, Jack n'est pas ici. Il t'a confié à moi pour que je puisse l'éclairer sur certains points te concernant. Il est actuellement en mission. Déclare-t-elle, brisant le silence de sa voix calme et mesurée.

"Jack"? Serait-ce son nom ? Je reste silencieuse, observant avec appréhension ses moindres mouvements. Elle se retourne vers moi, et malgré mes efforts pour rester impassible, je sursaute en voyant son visage.

- N'aie pas peur, je ne te tuerai pas, même si j'en meurs d'envie. Dit-elle d'un ton calme qui contraste avec l'angoisse qui me tenaille.

L'atmosphère, la mise en scène, tout cela évoque une scène d'horreur de film, où l'on sait que la fin sera tragique pour celui qui gît sur le lit. Elle s'approche de moi, et je retiens un haut-le-cœur face à l'odeur de mort qui émane d'elle, mélange de pourriture et de sang. Je veux fuir loin, très loin. Je n'ai rien fait pour mériter tout ça, absolument rien.

- Tu es la protégée d'Eyeless Jack. Il a demandé à Slenderman si tu pouvais devenir son animal de compagnie, et comme c'était la première fois qu'il demandait quelque chose, je suppose que c'est pour cela que tu es ici. Explique-t-elle en posant sa main sur ma joue, caressant doucement ma peau, ce qui me fait fermer les yeux.

"Eyeless Jack"? Un Jack sans yeux ? Et "Slenderman"? Serait-ce le même "Slenderman" de la légende urbaine ? Il existe vraiment ? Je suis totalement déboussolée. Qui est-elle ? Qui sont-ils ? Où suis-je ? Cet endroit ressemble à l'Enfer. Et c'est la première fois que ce Jack demande quelque chose ? J'aurais préféré ne jamais être l'objet de cette attention particulière.

- Passons aux choses sérieuses. Je suis ici pour comprendre ce qui te rend si unique. As-tu une idée ? Demande-t-elle en retirant sa main. Jack m'a parlé de la particularité étonnante de ton corps. Je t'ai injecté une forte dose de somnifère pour ne pas être dérangée pendant mon examen. Et je dois dire que je ne suis pas déçue de ce que j'ai découvert. Ton corps se régénère malgré toutes les blessures qu'il subit. Les organes que j'ai prélevés restent en très bon état, même en dehors de ton corps. J'ai également découvert quelque chose d'intéressant en analysant ton sang. Veux-tu savoir ce que c'est ? Poursuit-elle, me fixant intensément.

Une découverte sur mon cas ? Personne n'a jamais rien trouvé auparavant. Est-ce réellement possible ? Est-ce que... cette créature pourrait vraiment m'éclairer sur ma propre condition ? Je détourne le regard, incapable de soutenir le sien, et hoche légèrement la tête.

- Alors, réponds à ma question : as-tu été adoptée ? Me demande-t-elle, brisant le silence pesant.

Adoptée ? Pourquoi parler d'adoption ? Je suis bouleversée. Je sais pertinemment que je n'ai jamais été adoptée. J'ai vu des photos et des vidéos de moi bébé, dans les bras de ma mère. Je ne suis pas adoptée, c'est certain.

- Je n'ai pas de temps à perdre. Réponds maintenant, ou je m'amuserai enfin avec ma tronçonneuse sur ton corps. Menace-t-elle, faisant naître en moi une terreur brûlante qui me consume de l'intérieur.

- N-non...! Balbutiais-je, ma voix se brisant à la fin, terrifiée par cette femme. J-je... Je suis sûre de ne pas avoir été adoptée...

- Alors... Es-tu sûre que ton père est bien ton géniteur ? Poursuit-elle, accentuant encore davantage mon malaise.

- Dans ton sang que j'ai prélevé, j'ai découvert qu'une petite cellule de ton ADN n'était pas humaine. Dit-elle en se retournant vers la commode.

Elle prend quelque chose et revient vers moi, me montrant deux photos représentant la composition d'un ADN. Je les examine attentivement, mais elles semblent identiques.

- Les ADN ont l'air identiques, n'est-ce pas ? Un humain lambda dirait la même chose. Mais quand on connaît la composition du corps humain sur le bout des doigts, on remarque quelque chose qui cloche. C'est cette molécule qui crée ton anomalie. Regarde ici. Dit-elle en me montrant du doigt où je devais regarder.

Je scrute les photos de nouveau, les comparant, mais je ne vois rien d'anormal.

- Alors ? Demande-t-elle.

-... Je... Je ne trouve rien d'anormal... Balbutiais-je.

- Regarde encore. Ne vois-tu pas une anomalie ? Une cellule qui ne devrait pas être là, mais qui se mélange aux autres ? Pourquoi ton regard évite-t-il cet endroit ? Insiste-t-elle.

-... Je...

- Pourquoi ? Pourquoi refuses-tu de regarder à cet endroit-là ? Demande-t-elle.

- Parce qu'il y a une cellule qui ne devrait pas être là ! M'écriais-je, surprise par mes propres paroles.

Dès que les mots sortent de ma bouche, je suis choquée. Mon corps tremble. J'ai l'impression qu'on m'a plongée dans une eau glacée. Pourquoi ai-je dit ça ? Mon ADN est normal, non... ?

Je regarde de nouveau la photo de mon ADN et je remarque, bouche bée, une cellule supplémentaire, une cellule qui n'appartient pas à un être humain. Comment est-ce possible ? Pourquoi personne ne l'a remarqué ? Pourquoi mon oncle ne l'a pas remarqué ? Je sens mes vertiges et nausées revenir. Je suis prise de palpitations. Je tremble de sueur froide. Tout ce que j'ai connu semble être un mensonge. Qui suis-je vraiment ?

- C'est exact, il y a une cellule en trop dans ton ADN. Elle se camoufle à l'œil humain, mais une fois que tu le sais, elle perd son effet. Il y a deux possibilités : soit tu as été contaminée par un virus inconnu, soit tu es ainsi depuis l'enfance. Cela voudrait dire qu'un de tes parents n'est pas humain. Ta mère, est-elle vraiment ta mère ? Et qu'en est-il de ton père ? Explique-t-elle, s'écartant de moi.

-... Je... Je...

Mon esprit tourbillonnait dans une confusion grandissante. Mon père ne pourrait pas être mon père... ? C'était une pensée insensée qui menaçait de bouleverser tout ce que je croyais savoir sur moi-même. Je fixe une dernière fois la photo, cherchant désespérément des réponses qui semblaient fuir mes pensées, se perdant dans un labyrinthe de doutes et d'incertitudes.

- Enfin, la demande de ce satané cannibale était que je découvre pourquoi tu étais comme ça. Déclare-t-elle en reculant, tournant le dos pour poser les photos sur le meuble. L'avis d'une brebis qui se laisse faire par un homme ne m'intéresse pas. Je vais rédiger un rapport expliquant mes trouvailles sur ton cas, et tu le remettras à ton maître.

Malgré toute la peur qui m'assaillait, malgré le stress qui nouait mon estomac, une question me brûlait de l'intérieur. Tout mon être me criait de ne pas la poser, mais je ne pouvais pas m'empêcher de vouloir savoir. Cette femme avait percé le mystère de mon existence. Alors... Peut-être que...

- Et... Est-ce qu'il y aurait un moyen de me « guérir »... ? Demandai-je d'une voix timide, baissant les yeux pour éviter son regard.

Je la vis se retourner vers moi, son regard perçant semblant pénétrer jusqu'au plus profond de mon âme. Regrettant déjà ma question, je fermai les yeux en la sentant s'approcher. Elle saisit mon bras gauche et, d'un geste précis, m'entailla profondément, faisant jaillir le sang.

- Regarde, quand il y a une simple coupure, les cellules de ton corps s'activent pour se rejoindre et fermer les pores. Expliqua-t-elle, alors que je contemplais mon bras effectué sa propre guérison. Et cela à jamais. Tu ne pourras jamais être guérie, tu serviras toute ta vie de nourriture à ce cannibale.

- Je ne serai jamais guérie... Murmurais-je, laissant l'amertume envahir mes pensées en voyant mon corps se refermer sans laisser de cicatrice.

- Je pourrais peut-être trouver un moyen. Annonça-t-elle, levant soudainement mon espoir.

Une lueur d'optimisme perça à travers les ténèbres de ma situation. C'était presque trop beau pour être vrai... Était-ce un piège ?

- Mais je trouverais cela dommage. Ajouta-t-elle, faisant vaciller mon fragile espoir.

Mon regard s'éleva vers elle, interrogatif. Pourquoi me faire miroiter une lueur d'espoir pour ensuite l'étouffer sous un voile d'obscurité ?

- Si tu es guérie, Jack n'aura plus besoin de toi, et tu seras forcément tuée. Poursuivit-elle, dissipant tout doute quant à ses intentions.

Une onde glaciale parcourut mon être à cette idée. Mais était-ce préférable à une vie de servitude éternelle dans ce manoir sinistre ?

- Ici, nous sommes au Manoir de Slenderman. Continua-t-elle, m'exposant les sombres réalités de notre existence. Il y a de nombreux tueurs de tout genre qui vivent sous son toit. Chaque mois, une liste nous est rendue par les proxys, désignant qui nous pouvons tuer pour le plaisir, pour calmer notre soif de sang, ou pour des besoins vitaux. Si tu devenais la seule source de nourriture de Jack, tu pourrais réduire le nombre de victimes. Tu pourrais sauver beaucoup de personnes. Es-tu égoïste ? Tu pourrais peut-être sauver ta famille. Ça ne te tente pas ? Tu es peut-être née pour lui servir de nourriture. C'est peut-être ton destin. Qu'en dis-tu ? La mort ? Ou la satisfaction de sauver des vies ?

Le destin ? Que je devienne sa seule source de nourriture ? Que je subisse encore plus de tortures ? Sauver des vies au prix de la mienne ?... Même si je guéris, comme elle l'a dit, il me tuera sur-le-champ... Mais... Pourquoi devrais-je être celle qui souffre ? Pourquoi devrais-je être celle qui est sacrifiée ? Pourquoi suis-je née ainsi ? Il est hors de question que je continue à vivre dans cette terreur ! Je le refuse ! Je ne pourrais pas supporter toute cette horreur et cette douleur qu'il m'inflige, je ne pourrais pas ! Je... Je ne pourrais pas... Je... Fais chier...

- ... D'accord...

- Hum ? Fit-elle, se redressant soudainement, son regard empreint d'étonnement fixé sur moi. Tu acceptes vraiment qu'il se nourrisse de toi pour le reste de ta vie ?

- Je lui dirai de ne se nourrir que de moi. Déclarai-je, sentant un vide béant s'installer en moi à ces mots, consciente que je venais de sceller mon destin dans les abysses de la souffrance.

Un silence pesant envahit la pièce. Cependant, quand je ferme les yeux, je fus submergée par le rire dément de l'infirmière, qui venait de me précipiter encore plus profondément dans les ténèbres de la torture.

Regrettant déjà mon choix. 

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Voici la partie 2, j'espère que vous l'apprécierez autant que moi. ^^

Pour ceux qui ne savent pas qui est l'infirmière, c'était Nurse Ann. J'espère avoir respecté son image et sa personnalité.

Sur ce, je vous dis à bientôt pour la partie 3 !


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