La seconde fois que je l'ai vue, j'ai voulu prendre sa main. Mais je n'ai pas pu, je ne voulais pas laisser de tâches sur sa paume fraîche. Elle était le genre de poupée de porcelaine qu'on n'ose pas toucher. On l'admire, c'est tout.

Moi, j'étais maladroit de la vie. Tout se cassait entre mes mains brusques. Mais à elle, j'ai fait attention. J'y ait pris soin, je me suis attaché à ne pas l'abimer. Elle était sacré.

Mon dieu, ma main tremble. Elle me manque.

Mon esprit s'embrouille. Commençons par le plus simple. Vous voulez peut-être la connaître ? Oui, évidemment, quelle question stupide. Qui ne rêverait pas de connaître une fille aussi extraordinaire ?

Son nom est Lou. C'est un astre pâle, qui brille même s'il est trop timide pour éblouir. Ou je dirais même que c'est un genre d'éclipse. C'est quelque chose de lumineux qu'on cache. C'est quelqu'un qui, lorsqu'elle entre dans votre univers, fait disparaître tout le reste. On fait abstraction de tout. C'est quelqu'un qui n'a pas sa place dans les ténèbres où elle a été plongée.

Lou, c'est aussi une petite chose qui dort au creux de mon bras. Une tête qui se pose sur mon épaule et qui me murmure des mots enchantés.

Elle était un peu fragile, comme le sont les belles choses de la vie. Je me suis trop appuyé sur elle.

Lou, c'est avant tout quelque chose qui bat en moi. Qui me sert de cœur et d'esprit. Je ne suis qu'un pauvre monstre, une enveloppe vide, mais elle était mon tout. Elle faisait de moi quelqu'un.

On aurait pu tout détruire pour Lou, sous prétexte qu'elle a de beaux yeux. Ce sont des yeux qu'on ne veut jamais voir tristes, au grand jamais.

Parce que lorsque Lou souffre, c'est vous qu'elle détruit.