Lou, c'était le genre de fille qui vous faisait sentir à votre place.

Ma place, je l'ai souvent cherchée. Surtout quand je suis arrivé en France. J'avais 17 ans, j'étais seule et paumé. Mais j'étais aussi rempli d'espoir. Je me suis débrouillé comme j'ai pu. J'ai vite trouvé de petits boulots. J'ai rencontré des gens géniaux, d'autres un peu moins. Certains m'ont fait comprendre que je n'avais rien à faire ici, d'autres m'ont tendu la main.

Et dans tout ce chaos a surgit un ange qui s'appelait Lou. Lou, ma bonne étoile.

Oups, ma main a dérapé. Pardonnez mon écriture légèrement illisible, la voiture bouge beaucoup.

Reprenons. Mon français était maladroit, je lui avais dit que j'étais un étudiant étranger qui passait quelques temps en France. Elle m'a aidé, m'a donné de petits cours. Elle me regardait de ses yeux patients et candides, comme inconscients de la pagaille qui subsistait dehors. Et dans ma tête aussi.

Mais plus que son aide, Lou m'a donné son cœur. C'est le genre de chose avec lequel on peut tenir plusieurs jour dans la rue, ça vous réchauffe de l'intérieur.

J'étais heureux. Ca sonne stupide, mais c'est vrai. J'étais heureux, parce que Lou était à mes côtés. Ce n'est pas par faute de mots que je ne précise pas plus la cause de mon bonheur, c'est parce qu'il n'y a rien à ajouter.

Elle était comme du cristal, Lou.  Elle était belle mais on a toujours peur de la casser. C'est pour ça que j'ai brodé un immense mensonge autours de moi. Lou ne mérite pas la boue de la vie, il lui faut la plus belle des dentelles. J'espère qu'elle me le pardonnera.

On nous dévisageait parfois, dans la rue. Ma peau sombre détonnait avec la pâleur de la sienne. J'étais ombre et elle était lumière. Nous formions un sacré contraste.

Je crois qu'elle aussi m'aimait. Et c'est le plus important, non ? Parce que ma place était auprès d'elle.