Si on mesurait la valeur des gens avec de choses matérielles, je dirais que Lou valait une villa, 100 voitures de luxe et tous les bijoux du monde. Tandis que moi, je ne vaux même pas de vulgaires petits papiers.

Mais ce n'est pas comme ça qu'on mesure la valeur des gens, même si certaine personnes aimeraient vous le faire croire.

Quand je lui ai dit la vérité sur mes origines, elle a pleuré. Elle a pleuré parce qu'elle avait le cœur trop tendre pour la dure vérité. Elle a pleuré parce qu'elle trouve ça triste la guerre, les gens qui fuient et les vulgaires canaux sur la mer.

Vous savez, ça m'a fait mal de lui causer tant de peine. Je ne lui aurais jamais raconté tout cela si je n'y avait pas été obligé. Il fallait qu'elle sache pourquoi je partais, pourquoi je la quittais. Après ça, elle a pleuré encore plus fort, elle a crié "Non non non !", elle a hurlé que c'était injuste puis elle s'est effondrée dans mes bras. Pour une fois, c'est elle qui s'est accrochée fort à moi, comme si elle voulait me graver à l'intérieur d'elle-même. J'ai essayé d'effacer ses sanglots avec ma main. Ses larmes étaient de l'or, j'en ai mis quelques unes dans ma poche. Elle a pleuré toute la nuit.

Vous savez, des fois je me dis que la place des gens devrait être déterminée par l'amour qu'on leur porte, pas au fait que leurs papiers soient en règles ou  non.

La voiture s'arrête, une porte s'ouvre. 

Je ne verrais peut-être plus jamais les cheveux ondulés de Lou, son tatouage dans la nuque et ses larmes d'or.

J'ai envie de pleurer mais je retiens mes larmes car je ne veux pas que les autres me voient.

Quelqu'un me crie de lâcher mon stylo et de me bouger le cul. J'arrive, j'arrive.

Il me demande si je comprends le français. Oui, je ne suis pas stupide, je veux juste terminer.

Adieu la France.

Adieu Lou.