-"Karen, verrouille la porte et enclenche le protocole Spider-Man s'il te plaît." Peter s'est laissé glisser au sol. Il est assis sur la douce moquette de sa chambre, adossé à la porte, ses bras enroulés autour de ses genoux, sa tête appuyée sur le bois.  Comment ont-ils pu en arriver là? Que s'est-il passé?

Après les événements de ces dernières années, le détournement de son avion, l'intervention de Peter évitant le vol de sa technologie, et la guerre contre Thanos, Tony Stark avait pris plusieurs grandes décisions. Tout d'abord, il avait renoncé à vendre la tour préférant garder le complexe au nord de l'État mais aussi avoir un pied-à-terre dans New York même, un point stratégique. Ensuite il avait fait la paix avec Steve et les autres, ils avaient tous été énormément touché par la guerre des pierres d'infinité. Bien sur tout n'avait pas été tout rose dès le début, Tony avait eu beaucoup de mal à faire de nouveau confiance mais dans l'adversité n'est-il pas plus facile de s'allier? Et pour finir, Tony avait adopté Peter sous la demande de May mourante qui ne voyait personne d'autre pour s'occuper de son neveu. Elle s'était éteinte peu de temps après que les papiers aient été signés.  Dix mois maintenant que Peter faisait partie de la vie de monsieur Stark et des autres. 

Peter grimace sous le flux des souvenirs, il n'aime pas se rappeler tout ça. Il se lève et se dirige vers sa salle de bain d'un pas traînant.

-"Peter es-tu sûr que tout va bien?" Demande l'intelligence artificielle

-"Ça va Karen." Répond Peter d'une voix morne. Son reflet dans le miroir ne lui plaît pas, il sait que sa souffrance n'est pas physique, non, les mots prononcés par monsieur Stark l'ont fait bien plus souffrir que ses côtes cassées. Il se penche et arrose son visage, l'eau tiède efface les traces des larmes. La peau ruisselante d'eau, Peter se remémore le premier jour de son arrivée ici, dans l'appartement de monsieur Stark au dernier étage de la Tour. Lorsqu'il avait franchi la porte de sa chambre, il avait été accueillit par la voix douce et rassurante de Karen, le milliardaire avait installé l'intelligence artificielle de Peter dans sa future chambre. Il se rappelle encore le sourire qui avait déchiré ses lèvres sèches et gercées de ne pas avoir parlé et sourit depuis le décès de May. Il avait été touché par l'attention de son tuteur. Et l'homme lui avait expliqué pour le protocole Spider-Man, un programme permettant à la chambre de Peter d'être entièrement insonorisée et éclairé faiblement en cas de problème de sens.

Il s'essuie le visage et retourne dans sa chambre, il enfile un simple pantalon, les bandages recouvrant toujours le haut de son corps et abandonne son costume à même le sol au pied de son lit. Il ouvre sa fenêtre et s'y assoit comme à l'accoutumée une jambe repliée permettant à son menton de reposer sur son genou et l'autre se balançant dans le vide. Laissant libre cours à ses pensées. Il lui suffirait simplement de sauter et de ne pas se rattraper, et tout le monde serait content, Tony serait libéré de ses obligations et lui ne serait plus un poids pour personne. Le jeune homme soupir et se calme, tante May n'aimerait pas le voir ainsi, il s'efforce de sourire et reste encore là, à observer les grattes ciel, l'astre lunaire se reflétant dans ses orbes noisettes peintes de tristesse et les souvenirs refont surface une fois de plus. Il se souvient de la présentation entre Spider-Man et les autres Avengers. Tony avait fait les choses bien ou pas et alors que tout le monde était réuni autour de la table du salon, confortablement installés sur les canapés  à regarder un film, le milliardaire avait  tout simplement annoncé que Peter était son fils adoptif mais aussi et surtout Spider-Man. Sans même sourciller, comme ci de rien n'était, Peter avait failli s'étouffer avec son soda. Certains avaient réagi brutalement s'indignant face à Tony qui avait emmené un gamin au combat alors que d'autres comme la veuve noire ou encore Captain America s'étaient contentés de hausser un sourcil et de dire qu'ils s'en doutaient. 

Dans le salon au même instant Steve, Bruce, Natasha et Tony sont en pleine discussion. Le milliardaire s'en veut énormément, comment a-t-il pu dire une telle chose au petit. Il n'en revient pas. Ceci dit il est difficile d'être aimant et intentionné quand même son propre père était distant et cassant alors qu'il n'était qu'un enfant.  

-"Je ne veux pas qu'il soit blessé." Ajoute le milliardaire,  malheureusement le mal est déjà fait. 

-"Tony." Souffle la seule femme. "Il était Spider-Man avant même de te connaitre, il le sera toujours." Elle s'assied à côté du père adoptif et continu. "Avec ou sans toi." La femme ne sait pas trop comment lui dire mais il en est sûrement conscient. "Tony, ça fait des mois qu'il souffre." Elle pose une main réconfortante sur l'avant-bras du génie. "Chaque jour il déprime un peu plus et sans les missions et notre soutien il aurait déjà craqué." Le milliardaire se tend à l'entente de cette phrase et pourtant il sait que Natasha a raison. Peter ne va pas bien.

-"Je sais tout ça et ça me terrifie. Je le vois dépérir chaque jour." Tony se passe une main, nerveusement dans les cheveux. "Comment May faisait-elle pour supporter toute cette pression?" L'homme est encore plus admiratif face à la bonté de cette femme qui avait laissé son neveu être Spider-Man alors qu'elle savait les dangers potentiels qu'il pouvait rencontrer. Tout ça parce qu'elle savait qu'il n'aurait pas voulu rester à la maison sans se servir de ses dons pour aider autrui. "Je ne suis certainement pas le mieux placé pour l'aider."

Les deux autres hommes restent silencieux devant le désarroi de leur ami. Il semblerait que sur ce coup seul Natasha sache quoi dire.

-"Demande toi une chose." Intervient encore une fois la Russe. "Si tu faisais plus attention à ton environnement et que tu le surveillais moins,  peut-être n'aurais-tu pas été blessé et lui non plus?" 

-"Que veux-tu dire?" Tony n'aime pas la direction que prend cette conversation, il n'aime pas être déclaré comme fautif. Encore moins quand ça concerne la santé du gamin.

-"Si tu te préoccupais plus de ton combat et moins de Peter, il n'aurait pas été obligé de se jeter entre toi et ce criminel à la banque et il n'aurait peut-être pas été blessé." Natasha sait que ses mots sont tranchants mais il faut que Iron Man comprenne que Peter peut se débrouiller tout seul et ainsi lui serait plus apte à combattre sans baisser sa garde de façon à surveiller le petit. Et certainement que le plus jeune se sentirait moins comme un poids et plus comme un membre à part entière de l'équipe.

-"Tu insinues quoi là Natasha?" L'homme s'est levé sur le coup de la colère qui ravive la flamme dans ses veines. 

-"Calme-toi Tony." Reprend le scientifique. "Elle n'a pas tord." 

-"Alors il est blessé à cause de moi?" Tony secoue la tête et ne comprend pas comment ses soi-disants amis peuvent lui dire une chose pareille.  Lui qui se soucie constamment d'avoir Peter à l'œil pour éviter qu'il ne soit blessé ...Et là Tony comprend. Il vient de se rendre compte. Il fronce les sourcils le regard dans le vide comme se remettant en question. S'il avait fait plus attention à son combat aujourd'hui à la banque, le gamin n'aurait pas été blessé, c'est Peter qui veille sur lui car lui est trop occupé à surveiller le gamin. Il suffit simplement de faire confiance à Spider-Man. "Merde." Souffle le milliardaire. "Et ne t'avise pas de me dire de surveiller mon langage Steve!" Reprend-il avant que le premier Avengers n'intervienne. "Vous avez raison."

-"Parce que tu en doutais?" Interroge l'espionne Russe. 

Dans sa chambre le jeune homme en ayant assez de ressasser le passé enfile sa combinaison et son masque, ajuste son costume en appuyant sur le motif d'araignée sur sa poitrine et s'apprête à sauter par la fenêtre. 

-"Peter." La voix de Karen raisonne dans les oreilles du jeune héros. "Je ne pense pas que tu devrais sortir, tu es encore en convalescence." Finit-elle.

-"Ne t'en fais pas Karen, je vais bien." Le jeune homme fait face au vide et tire une toile sur l'immeuble d'en face. "Si je reste dans cette chambre encore ne serait-ce qu'une minute je crois que je vais craquer." Il saute et reprend. "Trouve-moi quelque chose, n'importe quoi!" Tant qu'il se change les idées.

Quand tous les adultes se dispersent pour rentrer chez eux ou encore dormir ici, chacun ayant une chambre à l'étage inférieur. Tony prend son temps. Il passe devant la chambre de Peter et espère que le gamin derrière cette porte close sera disposé à entendre ses excuses demain matin. Il fait finalement demi-tour et se présente au laboratoire. Comme chaque fois qu'il doute, le génie milliardaire se terre dans son atelier.

-"Allô Pepper!" Il n'a pas résisté plus et a joint sa femme en déplacement à l'étranger.

-"Tony, tout va bien?" Décidément elle le connaît parfaitement. Et Tony parle à sa femme, et elle le rassure à sa manière. Il passera la nuit ici et ne dormira pas.