Chapitre 19 : La nuit

La nuit... la nuit est une malédiction. Lorsque les ténèbres envahissent la Tour, Peter n'est plus rien, la nuit il n'est pas occupé, il a eu interdiction de quitter sa chambre pour patrouiller depuis tout ça. Ce n'est pas une punition, non c'est une précaution, une blague oui !

Ses yeux le brûlent, sa gorge se serre sans cesse, il n' ose parler de peur d'éclater en sanglots, il ne veut plus voir personne, les regards tristes qu'on lui donne, les gestes affectueux, comme toutes ses mains sur ses épaules.

Le jour n'est pas vraiment mieux alors il ne sort plus de sa chambre mais la nuit, tout seul, sans bruits, il ne dort pas, dans ses songes il la voit, elle lui parle tout bas mais il ne la comprend pas. La douleur ne l'épargne pas. Il a mal. Dans son corps, dans son cœur, dans son être et dans son âme. Elle a été égoïste pour choisir à sa place... Il s'en veut de penser comme ça. Elle a fait un choix qu'il n'approuve pas. Lui il voulait mourir, il avait déjà essayé de mourir. Mais elle, elle ! Cette créature si différente et pourtant tellement compréhensible, elle était comme lui. Différente, sensible et forte.

Souffrir, il aime souffrir, il aime avoir mal, la souffrance physique efface la douleur psychologique. Quand il se blesse et coupe encore sa peau, son cerveau est en paix. Son corps est en feu. Les larmes coulent toutes seules comme le sang qui s'écoule de ses blessures. Il s'en veut putain, il s'en veut, elle ne voudrait pas ça, mais elle n'est pas là, et c'est elle qui l'a voulu. Mais sa tante, serait-elle triste de le voir se mutiler? Pourquoi pense-t-il à elle maintenant, alors qu'il est là, au-dessus du lavabo dans sa salle de bain à s'entailler la peau, une fois de plus? 

Il a tout brisé dans sa chambre, tout est détruit, tout est retourné et les miroirs plus encore, ce morceau dans sa main, celui qui coupe son bras provient de la glace de sa salle de bain. Les gouttes écarlates s'éclatent sur la faïence blanche et cette fois encore son esprit lui joue des tours, il la revoit, elle si blanche et tout ce sang rouge vif sur ses doigts.

-"Arrête Peter..." Souffle-t-il alors qu'il redresse la tête et aperçoit son reflet dans l'unique bout de miroir restant accroché au mur, ses doigts enroulés autour du bout de verre souillé de son sang et son autre main serrée sur le bord de la vasque fracassée. Son regard le surprend, il ne se reconnaît pas, ses yeux sont noirs, sa peau est pâle et ses joues sont creuses.

-"May." Chuchote le jeune homme alors qu'il se dirige vers ses coussins éventrés au sol et s'assoit attendant que les heures passent. Rien, plus rien ne compte. "May, oncle Ben... Je suis désolé." Pleure-t-il.

A même le sol, sur la moquette recouverte de débris en tous genres, il s'endort une nouvelle fois, le souci c'est de savoir pour combien de temps. Et pour cause, les cauchemars sont multiples et le privent bien souvent du peu de sommeil qu'il parvient à avoir. Ses pensées et ses rêves sont si semblables qu'il peine à faire la différence entre dormir et être éveillé. Il est fatigué. Il est épuisé. Cela le détruit. Il se tue...

Encore et comme à chaque fois, il se réveille en sursaut, sa peau moite et le cœur battant, il a mal partout. Son corps n'est plus qu'un amas de plaies et de souffrances. Toujours ce rêve, Luna, qui meurt et sous les yeux de Peter son corps devient celui de sa tante, le sang inondant une pièce blanche et trop claire puis Tony apparaît et se tranche les veines et Peter est là mais ne peut rien faire, il ne peut pas bouger... À bout de souffle et de nerfs, il se lève et déambule sans but précis juste le temps que son esprit oublie. La colère prend le dessus parfois et il casse tout ce qui lui passe sous la main. Sa porte est verrouillée, Karen désactivée et cette nuit encore il est épuisé. Il n'a dormi qu'une heure. Au petit jour il est toujours dans sa chambre à attendre assis par terre.

Une personne est devant sa porte. Il l'entend, il sait que c'est monsieur Stark, il reconnaît ses pas, tout le monde de l'autre côté s'inquiète, puis il fait demi-tour et s'en va. Une heure est quelqu'un d'autre, un autre Avengers, Peter l'ignore même quand des coups sont donnés à la porte. Encore et encore, des fois ils lui parlent à travers la porte, parfois il sent l'odeur de la nourriture qu'ils laissent sur un plateau devant la porte...Mais Peter n'a plus faim. Et un jour, il n'y a plus personne qui vient et c'est ainsi, plusieurs nuits et jours. Il est heureux qu'on le laisse enfin tranquille mais il est aussi tellement triste de voir qu'il est encore une fois abandonné. 

Les Avengers sont partis, ils ont d'autres missions, Bruce et Sam aussi, leur aide ayant été demandée au complexe dans le nord de l'État. Ils se sont tous excusés une bonne centaine de fois, Natasha a même enlacé Tony, chose si rare. Le S.H.I.E.L.D c'est occupé de MADACORP.

Le milliardaire se retrouve seul ou presque puisque Peter est là, sans l'être vraiment. Le génie est bien embêté, lui qui a souvent une solution pour tout est malheureusement bien incapable d'aider Peter. 

La nuit, la nuit Tony ne dort pas, ou très peu, bien souvent il est enfermé dans son laboratoire, son atelier, cet endroit bien à lui, cet endroit qu'il affectionne et le garde en sécurité. FRIDAY est là pour l'aider et l'avertir en cas de danger. Cette nuit ne déroge pas à la règle, il est là et soude, améliore, fabrique et quand ses yeux le piquent et qu'il ne peut plus ignorer cette douleur dans son cœur, il s'arrête et range un minimum. Il se lève et avance d'un pas lourd dans le couloir, il se stop devant la porte de l'enfant qu'il a adopté et écoute, il n'entend rien, peut-être que Peter dort enfin alors il devrait aller se coucher aussi. Sans grand espoir de voir son protégé lui ouvrir la porte, l'homme se dirige vers sa chambre et se couche sans réel envie de se lever le lendemain.

Dans sa chambre qui n'est plus qu'un amoncellement de meubles brisés et d'objets détruits, Peter veut souffrir, il doit souffrir pour moins souffrir. Ce n'est pourtant pas difficile à comprendre, s'il a mal physiquement, il se sent mieux émotionnellement. La douleur de la perte de tous ses proches et de Luna s'évanouit quand il saigne et que son corps est en feu.

Mais cette nuit il coupe trop, trop loin, trop fort, trop profond, et il saigne trop, le sang coule sur son bras et le long de son coude pour éclabousser les rebords du lavabo. Et il saigne et saigne encore.

Les cachets qu'il a pris, sans trop y penser, ceux que Bruce lui avait donnés commencent à faire effet, comme un vertige, il est si fatigué. Il a trop mal et son corps se plie de douleurs, il pleure et les larmes glissent sur ses joues, il se hait, il est si faible, et pourtant, il veut mourir, mourir pour ne plus souffrir. Mais Luna s'est sacrifiée pour lui, sa tante a passé sa vie à s'occuper de lui, à veiller à son bien-être, et Monsieur Stark...Il n'a pas hésité une minute à l'adopter, à l'aider et à l'aimer. Car même si monsieur Stark ne le montre pas, Peter sait que le milliardaire l'aime comme il aimerait son propre enfant.

Peter trébuche sur ses pieds et se traîne jusqu'aux matelas au sol et les coussins déchirés, il se blottit contre le montant en bois de son cadre de lit et enroule son avant-bras dans un de ses tee-shirts et le jeune homme pleure et pleure encore, épuisé, faible et tremblant recroquevillé sur lui-même au sol, se vidant de son sang.

-"Ka-Karen?" Demande-t-il alors que ses lèvres tremblent et que son cœur tape fort dans son corps.

-"Peter, selon mes analyses tu es souffrant, tu dois appeler de l'aide." Karen s'est automatiquement réactionnée quand le jeune héros l'a appelée. "Appeler Monsieur Stark." Dit-elle mais Peter ne le veut pas, ceci dit la faiblesse de son corps l'a déjà presque mené dans l'inconscience. 

Tony dort depuis une heure tout au plus quand l'alarme de FRIDAY le fait sursauter, il sait que c'est Peter, alors sans hésitation aucune, il repousse les couvertures, se lève et court, comme jamais il n'a couru avant. Il arrive dans une glissade devant la porte du petit alors que l'intelligence artificielle lui explique la situation. Tony cogne contre la porte de toutes ses forces mais tout cela ne sert à rien c'est lui qui a fabriqué ces portes et elles sont à l'épreuve de Hulk.

-"FRIDAY? Karen?" Demande l'homme alors que l'angoisse fait trembler ses mains et rend son souffle court. "Putain déverrouillez cette foutue porte." Il a un mal fou à garder son calme. Il est prêt à appeler son armure pour tout défoncer s'il le faut.

Le déclic se fait entendre et Tony n'hésite plus, le doute s'envole et la peur qu'il soit trop tard pour son petit prend sa place. 

-"Peter?" Appelle-t-il. La pièce est sombre, une odeur de sueur et de sang lui monte au nez et l'écœure. Un ray de lumière venant du couloir par la porte entrouverte éclaire faiblement la chambre et du peu que Tony peut voir, tout est sens dessus dessous. Peter a tout cassé, tout explosé et tout retourné. Des morceaux de coton, de tissus, de bois, de verre et de miroir jonchent le sol ici et là. Au milieu de tout ce capharnaüm l'homme aperçoit des traces de sang, des gouttes plus ou moins grosses, des trainées sanglantes, datant de différents moments selon l'aspect. Quand l'homme voit ça, la panique le gagne, merde, le gamin s'est blessé et certainement plus d'une fois. Alors il continue son avancé jusqu'à ce que son pauvre cœur déjà bien à l'épreuve s'arrête de battre juste un instant, au milieu de toute cette pagaille gît Peter couché sur le côté, dans une position fœtale, son bras gauche enroulé dans un de ses tee-shirts scientifique, le sang se répandant déjà dans les fibres du vêtement. Tony se précipite et s'agenouille face au petit, son teint est gris et son front perle de sueur, ses cheveux sont sales et colles à sa peau, sa respiration est sifflante et Tony le voit immédiatement, il est si maigre. 

-"Merde, Peter!" Qu'as-tu fait?" L'homme passe une main douce sur le visage de cet enfant autrefois si plein de joie. "FRIDAY? Est-il transportable?" Demande le milliardaire. "Je peux le porter jusqu'à ma chambre?"

-"Oui patron, ceci dit monsieur Parker a perdu beaucoup de sang, vous devait stopper l'hémorragie et le réhydrater, son métabolisme prendra le relais s'il se repose." Répond l'intelligence artificielle.

-"Est-ce tout?" 

-"Vous devez savoir que monsieur Parker a aussi pris quelques sédatifs et qu'il pourrait sombrer dans un coma et tout ceci pourrait lui causer quelques dommages cérébraux ." Termine FRIDAY. 

C'est l'angoisse. Avec mille précautions, comme Tony ne l'a jamais fait, il soulève le corps mou et blessé du jeune homme, il n'écoute pas les protestations de ses os qui sont un instant mal menés. Un fois sa prise sûre, il se dirige à grandes enjambées dans sa chambre.

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