La jeune fille tire et tire encore sur ces liens, ils ne sont pas en acier mais ils sont solides, ils lui scient les poignets, elle est fatiguée, les intraveineuses sont trop nombreuses, trop d'injections, trop de produits. Les deux hommes en blanc entrent dans la pièce vide et froide, elle est simplement vêtue d'un pantalon et d'un débardeur. Ils ont des masques de chirurgie qui leur cachent la bouche et le nez, le bruit que provoquent les gants en latex lorsqu'ils les enfilent la fait grincer des dents. Ils s'approchent mais ils ne parlent pas, chacun d'un côté, elle se débat et se tortille sur ce siège inconfortable, mais tous ses efforts sont vains, ils enfoncent les aiguilles et d'un signe de tête se mettent d'accord et injectent les contenues des seringues d'un même geste. La brûlure dans ses veines est atroce, elle hurle et hurle encore, la douleur est sans fin, c'est interminable, son corps s'embrase et son cerveau se ferme, elle n'est plus capable de bouger. Elle perd connaissance une première fois.

La jeune fille est dans une cellule capitonnée, il fait sombre, une seule et unique caméra la filme, elle est à même le sol encore inconsciente, il fait froid et son corps est meurtri, elle a mal et grogne quand enfin elle revient à elle. Elle essaie encore et encore de se redresser, mais rien, elle est bien trop faible, elle ne sait pas comment ni pourquoi elle est là, elle ne se souvient de rien, qui est-elle? Quel âge a-t-elle? Qui sont ces hommes? Elle est terrifiée mais elle ne se laisse pas abattre, elle se lève comme elle peut et cherche un moyen de fuir. Mais cette porte ne cède pas et pour cause, elle est bien trop fatiguée et affaiblie.

La jeune fille est de nouveau sur ce fauteuil, dans cette pièce blanche, elle est encore une fois ligotée et les liens sont solides. Les éternelles intraveineuses sont plantées dans ses bras, un homme tout seul entre et se présente à elle, sans masque, sans piqûre. Le Professeur Fenwick dit-il se nommer, il la regarde avec avidité et espère que cette fois sera la bonne, la force et l'agilité déjà mises en place dans son organisme via la molécule spéciale, ils pourront enfin s'occuper de la dresser avec les drogues adéquates, elle sera une incroyable machine qui n'obéira qu'à eux, sans état d'âme, forte et agile. Les deux hommes en blouses blanches entrent de nouveau et la fille crie à s'en déchirer les cordes vocales, puis ils piquent, et la souffrance est de retour, elle est à l'agonie, c'est tout simplement une torture. Elle sent et ressent son sang circuler fortement dans ses veines, ses muscles se tendent et son corps convulse, elle ne respire plus pendant quelques secondes, les trois hommes se reculent et attendent. Puis ses poumons reprennent leur fonction et elle revient à elle, fiévreuse et déboussolée.

La jeune fille est dans une autre salle, il n'y a pas de fenêtre, elle est là mais ne sait pas quoi faire, elle cherche désespérément comment sortir et fuir pour sa survit, pour sa vie. Rien aucune sortie, la seule porte est verrouillée. Elle s'assied au sol et attend puis la porte s'ouvre et un homme entre, dans sa main il y a une arme, une longue barre en fer qu'il fait tourner dans ses doigts, elle a peur mais elle sent ses muscles se tendre. L'homme l'attaque le premier et lui met un coup sur le bras qu'elle a levé pour se défendre, mais elle ne souffre pas autant qu'elle aurait cru, elle se recule et se prépare pour une seconde attaque, puis tout va très vite, l'homme recommence et là, elle n'hésite pas, elle attrape la barre d'une seule main, elle s'en empare et l'utilise sur le type qui se recule mais alors qu'il esquive une première fois, elle frappe dans ses tibias, le gars s'effondre et elle l'assomme d'un coup. Alors qu'elle croit être tranquille un autre mec entre et ainsi de suite jusqu'à épuisement. A la fin de cette étrange séance, un gaz soporifique sort du plafond et elle perd pied, elle s'effondre et s'endort.

La jeune fille est de nouveau sur le fauteuil, les liens sont renforcés, elle sent que si elle n'était pas si fatiguée, elle pourrait les arracher en un rien de temps. Les deux types sont encore là, leurs masques sur leur bouche et leur nez, le Professeur bizarre Fenwick aussi, il parle et parle encore, frottant ses mains l'une contre l'autre, Il dit qu'elle sera parfaite et qu'elle est forte, agile et intelligente. Les deux hommes en blanc injectent encore et toujours des liquides colorés dans les seringues plantées dans ses mains, elle a mal et hurle de douleur, les larmes emplissent ses yeux et ils débordent bientôt de détresse que personne ne voit, ils ne se soucient pas de sa douleur et de sa peine, elle a mal, elle crie et crie plus fort encore, mais rien ne se passe, le scientifique fou la regarde et s'énerve, il est en colère et ordonne qu'on recommence, puis encore et encore une fois. La pauvre fille est déboussolée et le mal qu'elle ressent lui vrille le cerveau et l'estomac. Elle va mourir s'ils ne s'arrêtent pas.

Le professeur Fenwick parle devant une caméra et explique le cas de cette fille, durant seize ans elle a grandi dans un caisson semblable à une poche de liquide amniotique, elle a grandi dans ce sarcophage, elle est la première et la seule pour le moment à être vivante, elle a supporté le mélange de son ADN et de la molécule de synthèse créée pour la rendre plus performante. Elle est bien plus intelligente, son cerveau ayant évolué durant seize années au lieu de neuf ridicules petits mois. Mais elle est défectueuse, elle ne réagit pas au sérum censé la faire obéir au doigt et à l'œil. Elle se rebelle trop souvent et c'est tellement dommage, les test avec les hommes armés étaient concluants, si seulement elle avait mieux réagi au sérum, il ne serait pas obligé de s'en débarrasser. Un an d'injection, de test, d'essais et de fabrication de sérum pour ça, quel gâchis. Il dit encore qu'ils se débarrasseront de la fille cette nuit, il sait ce qu'il faut faire et les deux hommes qui le feront sont de bons éléments.

-"Merde!" Souffle Bruce après avoir vu toutes ces vidéos, pauvre petite, voilà d'où lui viennent ses capacités hors normes et son intelligence, mais comment peut-on être à ce point inhumain?

Tony est en colère, il a comme une énorme envie de tuer cet homme et tous ceux qui ont fait tant de mal à Luna.

-"Ce n'est pas possible une chose pareille?" Demande Steve alors qu'il a les mains qui tremblent et le cœur qui bat frénétiquement dans sa poitrine.

Chacun est choqué, troublé, dégoûte, horrifié ou encore révolté, chacun s'est attaché à cette jeune fille qu'est Luna, et ils sont tous d'accord pour dire qu'il va falloir agir et empêcher cette organisation de faire souffrir comme ils l'ont fait pour la jeune fille ces huit autres jeunes qui attendent "de venir au monde", que Natasha a vu là-bas. Ce n'est pas possible, heureusement que Peter n'est pas là, il n'aurait pas supporté de voir une telle chose. Mais alors que tous pensent que le jeune n'a rien vu, cela fait des jours qu'il sait que les Avengers vont agir. Il s'est fait discret en mode Spider-Man priant Karen de l'aider et de détourner FRIDAY pour qu'il puisse se glisser dans les conduits d'aération. Maintenant il sait, il a tout vu et tout entendu, et il a toutes les difficultés du monde à contenir sa rage et sa haine qu'il ressent pour cet homme, le fameux professeur Fenwick et toute son organisation, cet immeuble finira en cendres et les hommes qui ont fait ça vont payer. Il l'a dit et promis, il en fait une affaire personnelle.

Alors que les adultes continues à débriefer sur ce qu'ils ont appris et qu'ils se préoccupent à présent de mettre au point un plan d'attaque. Le jeune homme rejoint Luna qui attend dans sa chambre, il frappe doucement à la porte et oublie un instant ses problèmes qui lui semblent bien dérisoires face à la souffrance qu'a rencontrée Luna dès sa "venue au monde." Elle est assise sur le bord de son lit, elle a l'air si fragile.

-"Peter." Chuchote la créature, elle est si triste depuis ces derniers jours.

-"Luna, c'est bon, je vais tout régler, je te promets que plus jamais tu ne souffriras." Il s'approche à pas de velours et s'accroupit face à son amie. Avec tendresse il pose une main sur son genou et la regarde dans les yeux.

-"Peter peu importe mes souffrances, je ne me sentirais pas mieux si tu ne vas pas mieux." Elle le regarde tristement. "Guéris et reviens Peter, j'ai besoin de toi à mes côtés." Luna n'est pas comme les autres, non elle est bien plus réceptive et réactive, elle ressent plus de chose que la normale et c'est là que ça coince, elle sait que le garçon face à elle est en détresse constante, qu'il souffre et se blesse constamment. Mais il ne l'avouera jamais même pas pendant ses séances avec Sam Wilson.

-"Je vais de mieux en mieux et c'est grâce à toi." Le jeune homme est sincère, il l'est toujours. "Nous allons régler cette histoire et tout le monde pourra enfin vivre."