5. Crazy Best Friend


 « MERDE MERDE MERDE !!! Qu'est-ce qu'il fout là, dans un endroit pareil ?! S'il me reconnaît, il va me prendre pour un pervers, c'est obligé ! TAIAUT ! TAIAUT »

Okuyasu courait dans le quartier comme un dératé. Comme si sa vie en dépendait. Porté par l'adrénaline, hanté par la peur que Josuke ne le rattrape, ses jambes semblaient avoir des ailes. Son corps de femme était plus léger mais pas moins rempli de son habituelle énergie débordante. Aussi, bien que son ami soit particulièrement athlétique et endurant, il n'eut aucun mal à le distancer. Et pour gagner encore un peu de terrain, il n'hésita pas à brasser deux ou trois fois l'air avec The Hand.

Sans stopper sa course affolée, il prit le temps de regarder derrière lui pour mesurer pleinement son avance. Contre toutes attentes, Josuke n'était plus à ses trousses, il avait disparu.

« Yosh! J'ai été trop rapide pour lui ! Devant ma vélocité à tout épreuve, il a du abandonner !»

Persuadé d'être tiré d'affaire, de l'avoir semé, il se retourna en brandissant le poing de la victoire. C'est alors que devant lui, un large torse obstrua son champ de vision. Un torse imposant contre lequel il alla s'écraser. Et en une fraction de seconde, une paire de bras musclés se referma sur lui pour l'étreindre avec force. Puis fatalement, il reconnut la voix essoufflée et triomphante de Josuke :

- Enfin je te tiens !

- Que ? Comment ? Balbutia-t-il en levant le menton pour faire face à son meilleur ami.

- Comment j'ai fait pour te rattraper ? Je te rappelle que je connais par cœur tous les raccourcis de Morioh.

Il aurait du s'en douter. Le grand brun avait toujours été doué pour chasser et traquer. Rien ne pouvait lui échapper. Il avait ça dans le sang. Et désormais, Okuyasu était pris au piège. Fait comme un rat.

Son nouveau corps semblait si frêle et si petit en comparaison de celui de Josuke. Et ainsi pressé contre ses muscles saillants, les narines frappées par son odeur suave et masculine, son bas ventre se mit à réagir violemment, comme secoué d'intenses vagues de chaleurs. C'était mauvais. Très mauvais. Il devait se tirer de là, faire comme lui avait conseillé Travolla et tout nier en bloc !

- Lâ-lachez-moi espèce de taré ! Puisque je vous dis que je vous connais pas !

Les regards interloqués des passants se tournèrent vers eux. Et en remarquant qu'ils devenaient le centre de l'attention, le visage de Josuke se fit dur et sévère. Ses superbes sourcils noirs se froncèrent et le bleu de ses yeux envahit les siens, réprobateur, glacial. Son ami l'avait mauvaise, mais Okuyasu était persuadé qu'il allait le relâcher. Il s'apprêtait à l'invectiver encore une fois pour l'obliger à céder mais ne réalisa que trop tard qu'il commettait une grave erreur.

Plus rapide, Josuke coupa court à toutes protestations. Sa grande main se glissa à l'arrière de son crâne et sans ménagement, il bloqua son visage dans le creux de son épaule. Comme deux boas constricteurs, ses bras se resserrèrent plus sûrement autour de lui et ne souffrant ainsi plus aucunes contestations, il commença à l'embarquer dans une ruelle déserte.

Ébranlé, Okuyasu essaya de se débattre, en vain. Sa voix féminine et paniquée alla mourir contre l'éternel uniforme noir de son meilleur ami et c'était à peine s'il pouvait respirer. Du moins, pas autre chose que cette odeur divinement mâle qui le mettait dans tous ses états. Prisonnier de la solide et étouffante étreinte de Josuke, il ne pouvait plus ni s'enfuir, ni parler, ni même bouger. Juste se laisser envahir par une incoercible excitation.

« Une chance que je sois une fille ! J'imagine pas le malaise s'il avait senti mon érection contre lui ! » Se rassura t-il dans son infortune en sentant les lèvres de son sexe palpiter et s'humidifier subrepticement.

Il se retrouva finalement plaqué contre un mur de béton, les bras de Josuke sécurisant chaque côté pour qu'il ne cherche plus à s'enfuir. Profondément intimidé, il darda un regard sur son Bro' : ses maxillaires palpitaient et une veine saillait sur sa tempe. Son beau visage portait toutes les traces de l'agacement et sa voix se fit lourde de reproches quand il le réprimanda :

- Non mais à quoi tu joues ? T'as une idée d'à quel point je me suis inquiété pour toi ces derniers temps ? Et regarde comment je te retrouves ! Tu me dois des explications !

- Je- je ne vois pas de quoi vous parlez... Je crois que vous devez me confondre avec mon cousin...

L'air toujours aussi contrarié, Josuke poussa un long soupir devant sa lamentable tentative d'esquive.

- Inutile de nier, je sais que c'est toi Okuyasu... Lui fit-il d'une voix ô combien blasée.

- C- comment tu peux en être aussi certain ?

Sa large main se posa à deux centimètres de son visage et Josuke se pencha sur lui au point que son ample pompadour vint frôler son front. Il était si près qu'Okuyasu se mit à espérer que la pénombre suffirait à dissimuler la couleur pourpre qui s'étendait sur ses joues.

- Hors mis la ressemblance et le fait que tu m'aies appelé « Jos'ke »... Je le sens c'est tout. Tu as la même odeur, la même aura. Je sais que c'est toi. Fit-il d'une voix basse en inspirant discrètement l'air autour de lui, saturé des effluves que dégageaient son ami métamorphosé.

- Et merde ! S'exclama Okuyasu en rentrant la tête dans les épaules comme un petit gosse prit en faute.

- Jte le fait pas dire ! Et maintenant tu vas m'expliquer ce qu'il se passe ! Comment ça se fait que tu te sois transformé en fille ? C'est pour ça que tu répondais pas au téléphone ? Me dis pas que c'est l'attaque d'un stand ennemi et que t'es pas venu m'en parler ?!

« Me montre pas que tu t'es inquiété pour moi... Je vais encore croire des choses... » Se désola Okuyasu sans pouvoir s'empêcher de se réjouir intérieurement.

Puis, acculé par toutes les questions aussi invasives que légitimes de son Bro', incapable de lui mentir frontalement, Okuyasu cracha le morceau. Sans osé le regarder dans les yeux, avec un débit ultra rapide et d'une élocution vaseuse, il lui avoua tout d'un bloc, de son passage chez Travolla, à son espoir d'enfin briser sa si pesante solitude...

- ... J'avais peur de ce que tu pourrais penser de moi, alors je t'ai rien dit et jme suis enfuit. Tu dois me prendre pour un vieux pervers maintenant... Avait finalement conclut Okuyasu d'un air penaud.

En dardant un furtif regard sur le visage de Josuke, il s'était attendu à faire face à un profond dégoût. Mais étonnement, sur les traits de son meilleur ami, il ne pu qu'identifier les marques de la surprise et de la colère.

- Attends-tends-tends, t'es en train de me dire que t'as l'intention de perdre ta virginité avec ce corps et avec un inconnu qui plus est ?! Demanda-t-il d'une voix blanche et presque inquiétante.

De tout le long discours d'Okuyasu c'était tout ce qu'il avait retenu et à cette simple idée, son sang ne fit qu'un tours dans ses veines. Lui vivant, il ne le permettrait pas ! Pour la première fois il se sentait aveuglé par des sentiments violents et impétueux. Et s'il ne s'était pas retenu, s'il n'avait pas eut si peur de le blesser, il n'aurait pas hésité à l'embrasser sur le champs pour bien lui faire comprendre que sa place était auprès de lui ! Qu'il lui appartenait tout entier, lui et sa virginité.

Devant l'air furieux et désapprobateur de son Bro', Okuyasu ne savait plus comment réagir. La mine craintive, il hésitait à s'expliquer. Il ne savait simplement pas quoi lui répondre de peur qu'il n'en vienne à vraiment le détester.

En voyant sa gêne profonde, Josuke fut soudain traversé d'un élan de compassion. Son meilleur ami avait l'air encore plus sensible et fragile sous sa forme féminine, et il regretta amèrement de se laisser guider par ses instincts d'homme primitif.

« Mais respecte toi Josuke putain ! Calme toi où tu vas finir par l'effrayer ! Montre toi compréhensif crétin ! » Tenta de se réfréner le grand brun en respirant bien fort pour se détendre.

- Écoute, je crois que j'arrive à te comprendre. Mais sincèrement, je ne pense pas que ce soit une bonne idée... S'exprima t-il d'une voix aussi posée que possible.

- Alors... Je te dégoûte pas ?

D'abord surpris, le grand brun répondit sans détours, d'un ton des plus sérieux :

- C'est quoi cte question ? Jamais tu pourras me dégoutter. Tu m'entends Oku ?

Pour toute réponse, son meilleur ami se jeta dans ses bras, s'agrippant solidement à sa veste, pressant mollement sa joue et ses seins contre lui. Josuke passa une main rassurante sur son dos, profitant un instant de cette tendre et douce proximité. Puis quand il sentit qu'il commençait à avoir la gaule, il s'était aussitôt écarté, tournant le dos pour dissimuler ses joues en feu et la moue de frustration qui pendait à ses lèvres.

- Allez-viens, j'vais te payer une glace. On ira se poser au parc et on pourra discuter de tout ça tranquillement. Avait-il dit en masquant ses émotions à la perfection et en commençant à sortir de la ruelle sombre.

Quand Okuyasu le vit avancer pour rejoindre la lumière de la rue marchande, son beau visage avenant tourné de trois quart et incliné sur le côté, son cœur avait bondit de joie. Il l'avait rattraper et comme il était maintenant trop petit pour entourer ses épaules, il s'accrocha à son bras.


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