2. Crazy Virginity
Quelques jours plus tard, attablés à la terrasse d'un café, Koichi, Josuke et Okuyasu profitaient de l'intense soleil d'un bel après-midi.
En voyant le regard perçant et vigilant de son Bro' scruter discrètement les alentours, Okuyasu demanda étonné :
- Jos'ke qu'est-ce que t'as à regarder partout comme ça ? T'as l'air méfiant ces derniers temps.
Josuke n'avait parlé à personne de qu'il avait écrit sur le carnet. Et surtout pas à Okuyasu. Son instinct lui soufflait que son meilleur ami courrait un grave danger et qu'il valait mieux le tenir à l'écart. Qu'aurait-il bien pu dire de toute façon ? Lui même ne savait pas encore de quoi ou de qui se méfier.
- Rien ne t'inquiètes pas. Je regarde juste si y'a pas quelques nanas dans le coin. Le rassura t-il en lui répartissant un grand sourire pour sauver les apparences.
Il se rendit compte aussitôt que sa réponse n'avait pas de sens. Il n'était pas dans ses habitudes d'observer les filles ou d'être à l'affût. Tout simplement parce qu'il n'en avait jamais eu besoin. C'était toujours elles qui venaient à lui, grouillant comme un essaim d'abeille autour d'un pot de miel.
Okuyasu semblait d'ailleurs peu convaincu par sa réponse et ses petits yeux ronds avaient adopté une expression dubitative. Il était vrai que parfois Oku ne se montrait pas très futé, mais il le connaissait mieux que personne et par conséquent il s'avérait très dur de lui cacher quoi que ce soit. Alors pour faire diversion, Josuke lança d'un air goguenard :
- Oh fait Koichi comment ça se passe avec Yukako ? Vous êtes enfin passés aux choses sérieuses ?
Le petit blond s'agita sur sa chaise en baissant timidement les yeux sur son verre de Pepsi.
- Et bien... Je dirais que oui...
Okuyasu manqua aussitôt de recracher son café par les trous de nez. Immanquablement, des larmes avaient afflué aux coins de ses petits yeux et il avait enfoui sa tête dans la large et solide épaule de Josuke. Le grand brun s'en voulait un peu d'avoir évoquer devant lui un sujet aussi délicat. La réaction de son pote ne l'étonnait absolument pas.
- Pourquoi ? Pourquoi même Koichi a le droit d'avoir une vie sexuelle et pas moi ? S'apitoya t-il d'une voix enrouée par l'abattement.
Okuyasu était si sensible... Et quand il s'agissait de sa vie sentimentale, aussi vide que l'espace intersidéral, il démarrait toujours au quart de tour. A deux doigts de culpabiliser, Josuke lui avait gentiment tapoté l'épaule avant de faire mine de l'ignorer.
- Greato daze ! Raconte Koichi.
D'un petit sourire gêné, le garçon passa une main derrière ses cheveux en brosse, le regard fuyant.
- Bah, il n'y a rien de spécial à raconter. On l'a juste fait, c'est tout. Tu dois bien savoir ce que c'est, avec toutes ces filles qui t'invitent chez elles...
- Oui mais je t'envie. Le faire avec la personne qu'on aime, ça doit être très différent...
Le visage de Josuke devint songeur et incompréhensiblement, il eut soudain une conscience accrue du visage d'Okuyasu, niché contre son bras, en train de maculer son uniforme de ses larmes de crocodiles.
- Dans le fond tu es un romantique Josuke. Qui l'aurait crut avec toutes tes conquêtes ? Renchérit le petit Koichi, toujours aussi clairvoyant.
Soudain Okuyasu s'était redressé, le regard furibond. Il se mordit la lèvre inférieure et dans une moue ouvertement boudeuse il s'écria :
- Allez-y faites comme si j'existais pas ! Comme si j'étais la neuvième roue du carrosse ! Vous savez très bien que je suis encore puceau, et vous osez parlez de ça devant moi ? Bande de traîtres !
Sans se l'expliquer, Josuke le trouvait en cet instant absolument adorable et sans vraiment vouloir se l'avouer, au fond de lui, il aimait savoir qu'Oku était encore vierge, que personne ne l'avait encore touché d'une manière intime... Comme si son corps lui était entièrement réservé, rien qu'à lui.
« Putain jsuis grave ! Pourquoi je pense à des trucs pareils ? »
Il était choqué par son propre instinct territorial et paradoxalement c'était comme si une part de lui revendiquait sans aucune gêne son comportement possessif. Bien que troublé, il n'en laissa rien paraître et parvint même à reprendre la conversation d'un air décontracté :
- T'inquiète pas mec, ton tours viendra un jour. Et puis tu sais, en vrai, le sexe juste pour le sexe c'est très surfait...
- Ah ouais ? Et c'est toi, le pire aimant à gonzesse de Morioh, qui me dit ça ?! Si c'est si nul que ça, pourquoi tu couches avec toutes ces filles ?!
- Je sais pas Oku. Le désir c'est mécanique je dirais. Il faut bien relâcher la pression de temps en temps...
- Ouais bah chez moi aussi c'est mécanique... Mais quand jveux relâcher la pression, y'a jamais personne pour faire la vidange !
Devant son exclamation théâtrale, Josuke et Koichi avaient du se retenir d'exploser de rire. Et les voyant pouffer derrière leurs mains comme deux idiots, Okuyasu se leva et la mine contrariée, il balança avant de tourner les talons :
- Sympa les potes ! Rappelez moi de plus jamais parler de ce genre de choses avec vous ! Vu que j'ai rien à rajouter à vos petites confidences en la matière, je me casse !
C'était la première fois que son Bro' réagissait comme ça et Josuke s'en voulut immédiatement de s'être moqué de lui. Sans doute était-il bien plus affecté par son éternel célibat qu'il ne le laissait paraître au quotidien. Instinctivement, il entreprit de lui courir après en s'excusant auprès de Koichi qui resta seul attablé à la terrasse, avec la charge de régler l'intégralité des consommations.
Au loin, Josuke pouvait voir la large silhouette d'Okuyasu avancer d'un pas pressé, le dos courbé et les mains dans les poches. En quelques rapides enjambées, il le rattrapa et dans un geste aussi naturel qu'habituel, il abattit son bras autour de ses épaules.
- Hé Oku, tu vas où comme ça ?
- Laisse moi Jo'... Jsuis pas d'humeur...
Le grand brun ressenti comme un pincement au cœur. Pour la première fois, son meilleur ami se montrait distant avec lui et il se rendit compte qu'il avait horreur de ça.
- Écoute Oku, jsuis désolé vieux... Je voulais pas me moquer de toi, j'aurais dû être plus compréhensif...
- Je t'en veux pas. Le problème c'est pas toi Josuke... Moi aussi j'aurais pas hésiter à me foutre de la gueule d'un minable comme moi.
Josuke s'arrêta soudain, retenant Okuyasu d'un bras ferme. Ses grandes mains se posèrent sur les épaules de son ami et le visage on ne peut plus sérieux, il planta ses grands yeux bleus et sombres dans les siens.
- Tu n'es pas un minable ! Je t'interdis de dire ça !
Devant l'intensité de sa voix et de son regard, Okuyasu baissa les yeux. Avec ce petit air sévère et ses épais sourcils noirs et froncés, Josuke était encore plus irrésistible et ça l'agaçait. Son ami ne savait pas ce que ça faisait, il ne savait pas ce qu'il pouvait ressentir... Pour lui tout était facile : il était intelligent, confiant et beau comme un Dieu. Pour toutes ces choses, et même bien plus encore, il l'avait toujours admiré et au fond de lui, il le jalousait. Pire, il le désirait.
Sans dire un mot, sans même un regard, Okuyasu se défit doucement des mains de son ami et reprit sa route.
Désagréablement surpris, Josuke n'avait pas lâché l'affaire et encore une fois il l'avait rattrapé par l'épaule :
- Allé tu vas pas bouder toute la journée. Viens, je sais ce qui pourra te remonter le moral. Et si on allait à la boutique St Gentlemen ? C'est moi qui paye les sandwich !
- C'est gentil mais je préfère rentrer à ma baraque.
- Mais pourquoi ? Tu veux pas profiter de notre temps libre ?
- Non. Jvais aller me branler pour tenter d'oublier ma misère sexuelle ! Voilà, t'es content ? Avait soudain explosé Oku en se dégageant vivement de la poigne de Josuke.
A cette révélation, le grand brun l'avait immédiatement lâché. Les traits de son visage se disputaient entre la surprise et la déconfiture et alors que ses dernières paroles raisonnaient dans son esprit, il sentait le trouble et l'excitation l'envahir. Interdit, Josuke observa Okuyasu tracer sa route, et une main en travers du visage il essaya de dissimuler ses joues en feu. Il était déjà en train d'imaginer son Bro' s'adonner aux joies solitaires et un début d'érection se profila derrière son large pantalon. Bien trop choqué par les réactions incontrôlables de son corps et de son esprit, il n'osa pas insister pour lui courir après. Trahit par son propre corps, il alla s'écraser mollement contre la façade d'une maison et attendit que ses ardeurs daignent enfin retomber.
Cette fois c'était clair, depuis quelques temps, il ne parvenait plus à nier ou à refouler la monstrueuse attirance qu'il ressentait pour son meilleur ami. Et étrangement, cela correspondait à la découverte des quelques mots qu'il avait griffonné sur le carnet. Etait-ce de lui même qu'il devait protéger Okuyasu ? Car si les choses continuaient ainsi, si le désir ne faisait que grandir et se révéler en lui, Josuke ne craignait qu'un de ces jours il finisse par se ruer sur son Bro' comme un cheval en rûte.
***
Une fois qu'il eut franchit la porte de sa grande baraque délabrée, Okuyasu poussa un soupir à fendre l'âme. Rentrer jusque chez lui en tentant de cacher qu'il se trimballait un barreau de tous les diables n'avait pas été chose facile. D'ordinaire il parvenait très bien à museler ses réactions physiques au contact de Josuke. Mais cette fois avait été différente.
Il ne savait si c'était à cause de la colère, de sa jalousie ou bien de l'insistance de Josuke à essayer de le retenir, mais quand il avait vu son regard cobalt, brûlant d'intensité, la sève était montée en lui sans préavis. Il avait aussitôt réagi à toute la force et la chaleur qui émanaient des mains puissantes de Josuke, fermement visées sur ses épaules. Puis il avait fallut qu'il sente son haleine chaude et sucrée sur son visage quand il lui avait dit qu'il n'était pas un minable. Il l'avait regardé comme s'il lui était précieux, comme s'il le désirait...
« Josuke, te désirer ? Tu peux toujours rêver abruti ! » Se fustigea t-il.
De frustration, Okuyasu balança son poing dans le mur qui se fissura sous la force de l'impact. Il se détestait d'éprouver autant de désir refoulé pour son meilleur ami. C'était comme trahir leur indéfectible amitié. Quel genre de pote fantasmait le soir sur l'odeur de son Bro', sur le timbre grave et suave de sa voix, tout en se branlant dans l'espoir de purger cette attirance malsaine. Dans l'espoir de se vider les couilles au point d'en avoir mal au bras, mal au ventre. Au point de drainer toute énergie sexuelle, pour le lendemain, être en mesure de lui faire face sans que son corps ne s'emballe à ses sourires ou aux moindres de ses gestes amicaux.
Le cœur lourd, le jeune homme s'engouffra dans ses escaliers de bois et se traîna jusqu'à sa chambre. En dardant un regard sur celle d'en face, qui avait appartenu à son frère, il se sentit encore plus abattu. Il se souvint que dans un étrange symbolisme, le jour de la mort de Keicho coïncidait à sa première rencontre avec Josuke. Un frère cruel disparaissait et un autre emplie de bonté apparaissait dans sa vie. Parfois le sort ne manquait pas d'ironie.
Il se fit alors la réflexion que depuis ce jour, en se tenant dans l'intense lumière de Josuke, sa vie avait perdue de sa noirceur et il lui semblait être devenue un homme meilleur. Faire sa connaissance, se lier d'amitié avec lui avait été d'un réconfort salvateur. La meilleur chose qu'il pouvait lui arrivé. A cela près que de plus en plus, le côtoyer au quotidien torturait ses sens et son esprit.
Au café, s'il avait pété un câble, ce n'était pas seulement parce qu'il était vexé d'être le seul puceau. Non cela n'avait été qu'un détail, la cerise sur le gâteau. Ce qu'il avait eut le plus de mal à encaisser, c'était qu'on lui rappelle que Josuke c'était tapé un paquet de meufs. Et quand le grand brun avait sous entendu qu'il aimerait le faire avec une personne dont il serait amoureux, Oku avait pris peur. Il s'était aussitôt imaginé le jour où son pote tomberait sur la fille de ses rêves et où il finirait par prendre ses distances, le délaissant comme une vieille chaussette. Autant il était en mesure de tolérer que son meilleur ami aille trousser la moitié des plus jolies filles de la ville par « mécanisme », autant il ne supporterait pas de le voir offrir son amour à quelqu'un d'autre que lui.
Ce jour là, il lui ne resterait plus qu'à tirer sa révérence et à se barrer. Loin de Morioh. Loin de Josuke...
« Jsuis vraiment qu'un minable. Une merde. Le pire de tous les potes ! »
Allongé sur son lit, il ouvrit les vannes et laissa des torrents d'eau salé dévaster ses joues creuses. Il n'y avait désormais plus qu'une seule chose à faire pour atténuer son mal...
D'une main sans force, il se défroqua. Sans même prendre la peine de défaire sa veste, il se recroquevilla en position fœtale contre le matelas et brandit son sexe qui n'avait pas encore faiblit. Sans cesser de pleurer, il actionna les mouvements mécaniques et implacables de sa paume et de son poignet. Et pendant plus d'une heure, il tortura et malmena sa verge sans cesser de penser à Josuke.
Ce n'est que lorsqu'il ne fut plus en capacité de tirer une seule larme ni une seule goûte de sperme à son corps éreinté qu'il roula sur le dos et s'endormit sous le coup de l'épuisement. Vidé.
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