~ Nevermore ~
Emma's Home
26 Février 1975
12:30:
Le bruit de l'effervescence du cachet dans mon verre d'eau brise le silence de la pièce, de même que la voix de Dominique à travers le combiné du téléphone.
– J'ai dû prendre un jour de congé parce que là, je ne suis vraiment pas sûre de pouvoir travailler.
– Mouais...
– Je t'assure que c'est rien, je dis, j'ai juste dû mal digérer mon repas hier.
– Ouais, Emma, on ne me la fait pas. Est-ce que tu as bu plus que de raison ?
Je fronce les sourcils et ne répond pas, elle sait très bien pourquoi.
– Emma, je sais, mais s'il te plaît fait attention.
– Je n'ai bu qu'un verre si tu veux savoir ! Je hurle d'un coup.
Je regrette d'avoir crié, j'ai un mal de tête ignoble et cela n'arrange rien.
– De toute façon, ce n'est pas comme si je me bourrais la gueule tous les soirs, je crache.
Tiens, on dirait que je suis susceptible quand je me sens pas bien. Mais mon amie sait comment gérer.
– Emma, dis-moi juste si tu as quitté ton verre ou ton plat des yeux.
– Je suis parti aux toilettes, je finis par déclarer, mais le repas n'était pas encore arrivé...
– Je le savais, il a forcément mis quelque chose dans ton verre.
– Dom !
– D'accord, d'accord, mais comment expliques tu qu'il était là quand tu t'es fait agresser ?
– J'en sais rien, il m'a peut-être entendu crier. Dans tous les cas, ce n'est pas le problème et heureusement qu'il était là sinon, je ne parlerais peut-être pas maintenant.
Je l'entends soupirer puis, notre conversation repart sur des sujets plus banals.
Emma's Home
15 Avril 1975
14:30:
Je suis, une nouvelle fois au téléphone avec Brian. Deux mois, ça commence à faire long. Je range, pour la énième fois, des livres qui traînent.
– Je te jure, de l'opéra ! On est en train d'enregistrer de l'opéra.
Je rigole légèrement et attrape un livre que je replace dans la bibliothèque.
– Et vous allez l'appeler comment votre "opéra rock" ?
– On n'en sait rien, Freddie garde "la surprise".
Je pourrais presque l'entendre lever les yeux au ciel et je ris de plus belle.
– C'est le bazar ici, Freddie est complètement hystérique à l'idée de ses chansons, Roger et Paul passent leur temps à se chamailler et John déprime totalement...
– Je pense que c'est difficile pour tout le monde...
– Tu me manques, déclare-t-il.
J'attrape un livre et un petit papier en tombe, je me penche pour le ramasser et le déplie, l'adresse de la ferme que Jim m'a donné plus tôt est inscrite dessus.
– Tu me manques aussi Mister May, on se voit bientôt...
– Comment ça ?
J'entends qu'on l'appelle au loin, et il répond quelque chose que je ne parviens pas à comprendre avant de me parler de nouveau.
– Je dois y aller, je te laisse. Je t'aime, Miss Smith.
– Je t'aime aussi, Mister May.
La sonnerie qui retentît dans le combiné m'indique que l'appel est terminé. Je soupire, mais ne le repose pas. Je compose de nouveau le numéro en priant pour que ce soit Jim qui réponde.
– Allô ?
Bingo !
– Jim, salut, c'est Emma.
– Emma, comment vas-tu ?
– Ça va et toi ?
– Freddie nous mène la vie dure, mais ça va.
– Tu penses que je pourrais venir ce week-end ?
– Ça devrait pouvoir se faire, tu veux rester tout le week-end ?
– Si c'est possible, je ne suis pas contre..
– D'accord, dit il en riant, j'organise ça. Samedi vers dix heures ?
– Parfait !
J'allais raccrocher, mais une phrase me revient en tête.
– Attends, Jim.
– Oui ?
– Tu penses que je peux amener quelqu'un ?
– Euh, sûrement, mais qui ?
J'ai un sourire en coin.
Demon's Coffee
16 Avril 1975
09:30:
Je suis dans les vestiaires lorsque j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Je prends l'élastique autour de mon poignet et noue mes cheveux en une tresse lasse que je laisse retomber sur mon épaule droite. Les portes battantes émettent un bruit derrière moi alors que je pose mon sac dans mon casier, je ferme la porte et me retourne.
– Salut Emma, comment vas tu ? Me demande Kévin.
– "Ça va et toi, toujours missionné en tant que cuisinier ?"
– Ça va aussi et, oui, je suis toujours aux cuisines... Mais Margaret m'aide beaucoup.
– "Oui, je ferais la plonge ce soir, ne t'embête pas avec ça. J'espère qu'on va résoudre ce problème de cuisinier vite parce que ça dure depuis trop longtemps."
– Merci, tu es un ange, j'espère aussi, mais tu connais Margaret, elle ne veut pas admettre que le café ne rapporte pas assez. Cet endroit, c'est toute sa vie...
– "Je sais..."
Sur ce, nous nous mettons au travail, rejoints, peu de temps après, par Liz et Maggie. Je vois la fatigue creuser les traits de celle qui m'a élevée et ça me brise le cœur. Je soupire puis me remet à ma tâche.
Demon's Coffee
16 Avril 1975
13:30:
J'essuie des verres au bar lorsque je vois une petite fille s'approcher et escalader un des tabourets hauts qui trônent devant le comptoir. Elle s'assoit, fière d'elle et me regarde.
– Fais attention à ne pas tomber, je dis sans vraiment la regarder, c'est haut pour toi.
– Tu es jolie.
Je relève la tête et j'observe, vraiment, pour la première fois la petite fille qui vient de parler. J'en ferai presque tomber ce que j'ai dans les mains. Elle me ressemble comme deux gouttes d'eau, en plus jeune, et plus petite. Elle a les mêmes cheveux, les mêmes quelques taches de rousseur qui parcourent son nez et la couleur de ses yeux est identique à la mienne. La seule différence est qu'elle a les joues plus tirées que moi et que ses yeux brillent de joie et d'innocence.
– Toi aussi, je réponds après un petit moment.
– Comment tu t'appelles ?
– Emma. Et toi ?
Une femme à peine plus âgée que moi arrive et l'attrape par la taille.
– Melody, laisse la demoiselle, elle travaille.
– Elle ne me dérange pas, je dis avec un sourire.
Elle me regarde et semble un instant, elle aussi frappée par la ressemblance. Voyant que la petite s'énerve, elle me demande :
– Vous êtes sûre que ça ne vous dérange pas ?
– Je vous assure, elle a l'air adorable en plus.
La petite fille sourit et se replace sur le tabouret sur lequel elle était quelques secondes plus tôt.
– Merci, je suis à la table à côté s'il y a un problème.
– Pas de soucis, je la rassure.
Elle s'éloigne et rejoint une table où d'autres femmes l'attendent. Je regarde de nouveau la petite fille en continuant de ranger le bar.
– Alors comme ça, tu t'appelles Melody, c'est jolie.
Elle sourit.
– Et tu as quel âge Melody ?
– J'ai neuf ans. Il est joli ton collier.
Je porte la main au pendentif et souris, c'est celui que Brian m'a offert lors de notre premier séjour en France. La musique change et Melody s'agite :
– J'adore cette chanson ! C'est Queen !!!
Je souris devant l'excitation de la petite fille.
– Tu connais Queen ?
– Bien sûr que je connais ! J'ai des posters dans ma chambre. Roger est trop beau, ajoute-t-elle la mine rêveuse.
– Il n'est pas un peu vieux pour toi ?
Elle rigole et me dit sur un ton des plus sérieux.
– Si, mais c'est mon amoureux imaginaire !
J'explose de rire.
– Et si je te disais que je connais Roger, et tous les autres membres de Queen d'ailleurs.
– C'est pas vrai, tu mens, c'est pas possible de les connaître, c'est des super star !
Je rigole, Freddie serait flatté: "des super star".
– Eh bien, tu sais quoi, je te donne une pièce pour aller faire rejouer le vinyle sur le juke-box et moi, je vais te chercher une preuve, je dis en sortant une petite pièce de monnaie de la poche de mon tablier.
– D'accord, elle dit toute contente avant de partir avec la pièce.
Je me dirige vers les vestiaires et prends dans mon casier, deux places VIP pour le prochain concert de Queen dans un mois. Je reviens au bar et dépose les tickets sur le comptoir. Les yeux de la petite fille s'illuminent lorsqu'elle comprend ce que c'est et verse même une larme.
– Comme ça, tu pourras voir Roger, en vrai, je lui dis.
– C'est pas une blague ? C'est pour de vrai ? Elle me demande en regardant toujours les billets.
– Pour de vrai, je confirme, on se retrouvera en coulisses, j'ajoute avec un clin d'œil.
– M... merci, elle me répond, secouée par les pleurs.
Elle se met à genoux sur le tabouret et me prend dans ses bras par-dessus le comptoir. Elle prend les billets et cours vers sa mère pour lui montrer. Elle se lève et vient me voir.
– Elle vous les a pris ?
– Non, je lui ai donné. Je n'ai pas besoin de ça pour voir le groupe, j'ajoute en riant, ce sont mes amis. Et je suis sûre qu'ils seront heureux de rencontrer une petite fan comme Melody.
Je souris à la mère qui semble ne pas y croire.
– Eh bien... je n'ai pas les mots. Merci, c'est très généreux de votre part.
Elle me donne un billet, mais je le refuse.
– Non, ça me fait plaisir.
– Si, s'il vous plaît, c'est un pourboire.
Je finis par céder et dépose le billet dans la caisse. Elle dit à sa fille que c'est l'heure d'y aller, mais la petite râle.
– Je veux rester avec Emma !
La femme me regarde et déclare :
– J'ai quelques courses à faire, ça vous embêterai de la garder un peu ?
Je secoue la tête.
– Bien sûr que non. Elle peut rester ici si elle me promet d'être sage, je dis en contournant le comptoir et m'agenouillant à sa hauteur.
– Promis, juré, craché, elle me répond la main gauche sur sa poitrine.
– Ton cœur est de l'autre côté, mais j'accepte, je rigole en me relevant.
– Oh merci, vous ne savez pas à quel point cela m'aide, me dit sa mère.
J'attrape un morceau de papier et griffonne mon prénom, mon nom ainsi que le numéro de téléphone du café. Et lui tends.
– Voilà, je sais que ça peut être difficile de se trouver du temps pour soi avec des enfants.
– Vous en avez ?
Je pense aux garçons qui ne font que de se chamailler. En quelque sorte, oui, j'en ai, mais je réponds :
– Non, non, pas encore...
– Profitez ! S'exclame-t-elle en riant.
Elle se baisse et dit à Melody.
– Tu es gentille avec Emma et tu l'écoutes d'accord ?
– Oui !
Elle me remercie encore et s'en va.
– Bon, on va t'équiper ?
Ses yeux s'illuminent et je l'amène avec moi dans les vestiaires.
– Eh, regarde, on a les mêmes chaussures !
Je me retourne pour constater qu'elle porte également des Docs bordeaux. C'est vraiment mon portrait craché. J'ouvre mon casier et en sort un tablier et un calepin.
– Mais, c'est... c'est Brian sur la photo !
Je regarde la photo en question, qu'elle pointe du doigt. Dans la porte de mon casier, une photo de Brian et moi, qui nous embrassons, est accrochée avec un petit aimant. Freddie à fait développer cette photo il y a quelques mois, elle est très belle.
– Mais en fait, c'est ton amoureux ! S'exclame la petite fille.
Je rougis et rigole.
– Mais c'est un secret d'accord, je lui dis toujours en riant. Aller, enfile moi ça, j'ajoute en lui envoyant le tablier dans la figure.
Elle l'attrape et rit.
– Tu peux me tresser les cheveux comme toi s'il te plaît ?
– Bien sûr, assis toi sur le banc.
Elle s'exécute et je commence à nouer ses cheveux en une tresse lasse qui retombe sur son épaule droite, exactement comme moi. Je relève la tête et nous regarde dans le miroir, on dirait deux sœurs.
– Bon, on a du travail, je dis.
Demon's Coffee
17 Avril 1975
01:30:
Je monte les chaises sur les tables alors que Maggie passe derrière moi avec la serpillière. Melody a passé tout l'après-midi avec moi, elle était si heureuse de pouvoir prendre les commandes des clients, qui la trouvaient adorable, au passage. Beaucoup de gens ont laissé un pourboire beaucoup plus gros que la normale, je lui ai donné un billet quand elle est partie et lui ai promis qu'on se reverrait, au moins au concert. C'était une après-midi éprouvante dirons nous. Alors que je passe l'éponge sur le comptoir, je demande :
– Maggie ?
– Oui Emma ?
– Est ce que tu penses que...
– Quels jours tu veux prendre ? Elle me demande avant que je n'aie fini ma phrase.
– Comment tu sais que...
– Emma, tu prends beaucoup de congés en ce moment... Réplique-t-elle.
– Je sais, mais ça va faire un mois que je n'en ai pas pris, c'est juste pour le week-end, et ça fait deux mois que je n'ai pas vu Brian et...
– Oui, mais ce n'est pas parce que le groupe gagne en notoriété que tu dois t'absenter tout le temps. En plus, ça serai du favoritisme.
– Je fermerai le café pendant deux semaines, et je l'ouvrirai aussi.
Elle soupire.
– Ça veut dire oui ou non ? Je demande avec un sourire crispé.
– Ça veut dire que c'est la dernière fois Emma.
Je saute dans ses bras.
– Merci Maggie !
– Oui, oui aller.
– Promis, ça n'arrivera plus jamais.
Nevermore :
Plus Jamais :
There's no living in my life anymore
Il n'y a désormais plus de vie dans ma vie
The seas have gone dry
Les mers sont devenues sèches
And the rain's stopped falling
Et la pluie s'est arrêter de tomber
Please don't you cry any more
S'il te plait ne pleure plus jamais
Can't you see ?
Ne vois-tu pas
Listen to the breeze
Ecoute le vent
Whisper to me please
S'il te plait dis-moi doucement
Don't send me to the path of nevermore
Ne me renvoie pas au chemin de "Plus Jamais"
Even the valley's below
Même la vallée ci-dessous
Where the rays of the sun
Où les rayons du soleil
Were so warm and tender
Etaient si doux et tendre
Now haven't anything to grow
Maintenant plus rien ne pousse
Can't you see ?
Ne vois-tu pas ?
Why did you have to leave me ?
Pourquoi m'as tu quitté ?
Why did you deceive me ?
Pourquoi m'as tu trompé ?
You sent me to the path of nevermore
Tu m'as envoyé au chemin de plus jamais
When you say you didn't love me anymore
Quand tu as dit que plus jamais tu ne m'aimerais
Nevermore nevermore
Plus jamais plus jamais
Hello tout le monde ! Je suis pleine d'inspiration et comme je ne peux pas attendre, voici le chapitre avec quelques heures d'avances. Je n'ai pas grand chose à dire, je pense que ce chapitre est suffisamment long, nous atteignons bientôt les 3K de lecteurs et c'est génial ! J'espère que ce chapitre vous a plu, et faites vos suggestions en commentaires ! Qui va voir les garçons avec Emma ? Et qui était cette enfant ? J'attends vos hypothèses ! Comme d'habitude, je vous fais un bisou sur le nez 🌟
- Love, J. ❤️
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