~ Leaving Home Ain't Easy ~

Demon's Coffee
25 Mai 1975
20:00:

Le service du soir ne va pas tarder à commencer, mais je n'ai pas revu Maggie depuis la fin de l'après-midi.

– Liz ? J'appelle ma collègue.

– Oui, me répond la brune avec son enthousiasme habituel.

– Tu sais où est Margaret ?

– Euh... non, je l'ai pas vue. Elle doit être en cuisine.

Je la remercie d'un signe de tête et me dirige vers les cuisines, mais, arrivée dans le couloir qui se sépare en deux, donnant l'un sur les cuisines et l'autre sur les vestiaires, un bruit me parvient. Je m'approche de la porte battante qui mène aux vestiaires et m'arrête avant d'entrer, un sanglot s'en échappe. J'ouvre donc la porte, décidée. Maggie est assise sur le banc au milieu de la pièce, elle a la tête baissée, et les mains sur le visage, j'en déduis donc qu'elle ne m'a pas vue.

– Margaret, je dis en m'approchant doucement.

Elle relève la tête et plante son regard dans le mien, ses yeux sont rougis et deux traces sur ses joues confirment mes soupçons, elle a pleuré. Elle détourne le regard et tente d'essuyer discrètement ses larmes d'un coup de manche. Je m'assois à côté d'elle et la prend dans mes bras.

– Qu'est-ce qu'il y a, Maggie ? Je demande alors.

Elle ouvre la bouche, mais ne semble pas parvenir à formuler une phrase. Pour seule réponse, elle me tend une feuille. Je la prends pour y lire en grosses lettres rouges, "AVIS DE FERMETURE DÉFINITIVE".

– Quoi ?! Je hurle, j'inspire aussitôt à fond pour reprendre sur un ton plus calme. Mais nous avons payé les dettes.

– Oui, soupire-t-elle, mais, le café ne rentabilise pas assez et, un client a déposé une plainte.

– Comment quelqu'un pourrait faire ça ? Qui-est-ce ? Tu as son nom ? Je demande, consternée.

– Non, pas de nom, la plainte est anonyme. Le client se plaint du niveau d'hygiène.

– Quoi ? Mais ce café est impeccable, nous n'avons obtenu que des A depuis l'ouverture !

– Je sais bien, mais ils s'en fichent, ça n'a fait qu'appuyer les propos, me répond Margaret, les yeux toujours brillants de larmes.

Je me relève d'un mouvement.

– Quand ? Quand devrons-nous fermer ? Il est hors de question que je laisse faire !

Un sourire triste apparaît sur son visage.

– C'est gentil... Mais c'est trop tard.

– Non, nous devons nous battre !

– À quoi bon ? Nous avons déjà perdu.

Je me laisse de nouveau glisser sur le banc, mes espoirs s'envolent petit à petit.

– J'ai fait mon temps, il est temps d'abandonner, de lâcher prise, parfois ça nous fait plus de mal de s'accrocher que de se laisser partir. Je rends mon tablier, c'est la fin. C'était bien. Maintenant, il faut en faire le deuil...

Sa voix me renvoie plusieurs années en arrière, le jour où elle m'a annoncé la mort de mes parents, le même ton, la même douleur. Je reviens alors moi aussi à cette époque, une enfant, mes yeux se remplissent de larmes. Je me lève et crie exactement comme je l'ai fait à l'époque.

– Non !

Les larmes coulent d'avantage.

– Bats toi ! Tu ne peux pas abandonner ! Ma voix se brise tellement je hurle, elle est engloutie par l'émotion.

Les larmes fusent maintenant sur mon visage.

– Tu ne peux pas... Je chuchote. Ne me laisse pas...

Le visage de la femme qui m'a élevée se tord dans une grimace triste.

Brian's Home
26 Mai 1975
03:45:

Je monte les escaliers et arrive devant la porte de Brian, j'appuie sur la sonnette et attends. Mes yeux sont bouffis, brouillés de larmes. Mes cheveux gouttent de part et d'autre de mon visage, il pleut, et je suis venue à pied, mais je m'en fiche. Je m'en fiche d'être trempée, je m'en fiche de ne ressembler à rien, j'ai juste envie de sentir la présence de mon brun, de ne pas être seule. La porte s'ouvre sur Brian qui se frotte les yeux, il devait dormir. Il lève les yeux vers moi.

– Emma, qu'est ce que...

Je m'effondre dans ses bras, les larmes continuent de couler, je lâche mon sac qui tombe à terre.

– Emma, tu es venue à pied ?

Je hoche presque imperceptiblement la tête, mais Brian le ressent.

– Mais tu es folle, le café est à quarante-cinq minutes d'ici ! Mais tu es trempée, rentre.

Il me prend par les épaules et me fait entrer, il ramasse mon sac au passage et ferme la porte.

Brian's Home
26 Mai 1975
04:30:

Je suis assise sur le canapé, dans un tee-shirt de Brian bien trop grand pour moi, avec une tasse de chocolat chaud et une couverture. Je me tiens dans les bras de mon copain, je lui ai raconté ce qui s'était passé, il n'y a que quelques heures. Margaret nous a tous rassemblés dans la salle, comme une semaine auparavant. Elle nous a annoncé la fermeture définitive et nous avons protesté, en vain. Le café a fermé ses portes ce soir, car c'est la fin de la semaine. Nous reviendrons la semaine prochaine, pour récupérer nos affaires et vider les lieux... Brian n'a rien dit depuis, et je l'en remercie. J'ai besoin de calme, juste de sentir qu'il est là pour moi. Mon corps est encore secoué par quelques sanglots et quelques frissons, malgré la douche chaude que j'ai prise. Je sens les bras de Brian se resserrer autour de mes épaules, je me retourne pour lui faire face. Mes yeux se perdent dans son regard hazel, je l'aime.

Brian's Home
26 Mai 1975
10:30:

Un bruit strident me réveille, je me redresse et me frotte les yeux, c'est le réveil de Brian. Ce dernier tourne sur lui-même et frappe l'objet, bien plus fort que nécessaire. Il accompagne son geste d'un grognement. Je m'étire et repousse la couverture. Je sors de la chambre et laisse mon brun dans le lit. Je me dirige vers la cuisine, en passant dans le couloir, le miroir qui y est accroché me renvoie une image de moi qui me terrifie. Mes yeux sont plus rouges que jamais et des cernes les creusent jusqu'à mes joues, joues qui sont, elles aussi, creusées par les traits de la fatigue et de la tristesse. Je détourne le regard de mon reflet et continue mon chemin jusqu'à la cuisine. Je prépare une tasse de café, une de thé et deux verres de jus d'orange que je pose sur un plateau. Je prends une pomme et croque dedans avant de l'ajouter au reste, je prends le plateau et l'amène jusqu'à la chambre. Je pousse la porte avec mon pied et viens déposer le plateau sur le lit. Je lance un coussin à Brian qui grogne une nouvelle fois.

– Aller Mister May, tu vas être en retard à la répétition.

Il se relève et nous déjeunons, sur le lit.

– Tu comptes faire quoi ? Se risque mon brun.

J'inspire à fond et soupire.

– Je ne sais pas... Le café est déjà fermé de toutes façons alors, je pense que je vais aller chercher mes affaires et aider Maggie du mieux que je peux...

Il hoche la tête.

– Je t'y dépose ?

– Chez moi, plutôt.

Il acquiesce et nous terminons de manger. J'enfile des vêtements que j'avais laissé ici et nous partons.

Emma's Home
26 Mai 1975
11:45:

J'embrasse Brian avant d'ouvrir la portière.

– Vous partez quand, déjà ? Je demande avant de sortir.

– Dans quatre jours.

Je hoche la tête.

– Je reviendrai ici ce soir, me dit-il.

– Tu n'es pas obligé Bri, je...

– Je reviendrai.

Sur ces mots, il démarre et me laisse ici. Je me dirige vers mon bâtiment et entre.

Quelqu'un frappe et la porte, je me dirige donc vers cette dernière. Je l'ouvre avant même de regarder par le judas. Maggie se tient derrière.

– Emma, je...

– Je suis désolée... Je dis, empêchant la fin de sa phrase.

Je la prends dans mes bras, elle pleure encore. Moi, j'ai trop versé de larmes, mon corps n'en contient plus une seule. Je ne ressens même plus la tristesse de la perte, je me sens vide.

– Je n'aurais jamais dû réagir comme ça, tu n'y es pour rien. Je sais que tu as fait tout ce que tu as pu.

Je le pense vraiment pourtant, ma voix est sans émotion, vide de sens.

– Emma, tu sais combien le Demon's Coffee comptait pour moi, je te remercie de m'avoir autant aidé.

– Merci à toi de m'avoir offert le job.

Elle me sourit, un sourire triste, mais un sourire tout de même.

Demon's Coffee
28 Mai 1975
15:00:

J'arrive au bout de la rue du café, mais en m'approchant, j'aperçois une silhouette devant. Melody est assise, les bras autour de ses jambes, contre la devanture du café. À mon approche, elle se relève et s'écrase dans mes bras.

– C'est vrai que le café est fermé ? Me demande-t-elle, la voix tremblante.

Je me baisse un peu pour être à sa hauteur.

– Oui, je soupire.

Elle pleure de plus belle.

– Mais on va continuer à se voir, d'accord ? Je lui dis.

Elle renifle et hoche la tête.

– Mais ce... ce ne sera plus pareil.

– Je te promets que je ferai tout pour que ça ne change pas, je continue en la prenant dans mes bras. Viens avec moi à l'intérieur.

J'enfonce la clé dans la serrure et pousse la porte. La vision qui s'offre à moi me donne le vertige. Tous les stores sont baissés, donnant une ambiance lugubre à la pièce, le juke-box, qui se trouvait au fond de la salle n'y est plus et les tables et chaises sont empilées d'un côté. J'ai envie de vomir. Nous nous dirigeons tout doucement vers les vestiaires, ce qui me donne l'occasion de constater, au passage, que le bar est complètement vide, plus aucune bouteille, plus aucun verre. Arrivée à mon but, je constate qu'ici au moins, rien n'a changé, hormis les casiers qui appartenaient à Liz et Kevin qui sont complètement vides. Le banc se tient toujours au milieu de la pièce et, lorsque j'ouvre la porte de mon casier, la photo de Brian et moi, m'apporte un petit peu de réconfort. Melody s'assoit et se fixe dans le miroir en face d'elle, lui non plus n'a pas bougé. Je vide, au ralenti, mon casier et dépose le contenu dans mon sac, le chagrin planant au-dessus de ma tête comme l'épée de Damoclès. Quitter ce qui se rapproche le plus de chez moi n'est pas facile. 

Leaving Home Ain't Easy :
Quitter Sa Maison N'est Pas Facile :

I take a step outside
Je fais un pas dehors
And I breath the air
Je respire l'air
And I slam the door
Et je claque la porte
And I'm on my way
Puis je suis mon chemin
I won't lay no blame
Je ne vais pas rejeter les responsabilités
I won't call you names
Je ne vais pas citer vos noms
‘Cause I've made my break
Car j'ai fait ma pause
And I won't look back
Et je ne vais pas regarder en arrière
I've turned my back
J'ai tourné le dos
On those endless games
À ces jeux sans fin
I'm all through with ties
J'en ai fini avec ces liens
I'm all tired of tears
Et je suis épuisé de larmes
I'm a happy man
Je suis un homme heureux
Don't it look that way
Mais je ne donne pas cet air-là
Shakin' dust from my shoes
Je secoue la poussière de mes chaussures
There's a road ahead
Il y a une route devant
And there's no way back home (no way back home)
Et pas de chemin pour revenir à la maison (revenir à la maison)
Oh but I have to say
Mais je dois dire que
Leavin' home ain't easy
Quitter sa maison n'est pas facile
Oh I never thought it would be easy
Oh je n'ai jamais pensé que cela pouvait l'être
Leavin' on your own
Laissé pour compte
Oh is the main thing calling me back
Oh tant de choses qui me disent de revenir
Leavin' home ain't easy
Quitter sa maison n'est pas facile
On the one you're leavin' home
Pour celui pour qui tu quitte ta maison
Stay my love my love please stay
Reste mon amour s'il te plaît reste
Stay my love what's wrong my love ?
Reste mon amour qu'est ce qui ne va pas ?
What's right my love ?
Qu'est ce qui va mon amour ?
Oh leavin' home ain't easy
Oh quitter sa maison n'est pas facile
I thought how could I think of leavin'
Je me dis comment ai-je pu penser que je pouvais quitté
Leavin' on your own
Laissé pour compte
Still tryin' to persuade me that
J'essaye toujours de m'en persuader
Leavin' home ain't necessarily the only way
Quitter sa maison n'est pas necessairement la seule voie
Leavin' home ain't easy
Quitter sa maison n'est pas facile
But may be the only way
Mais c'est peut être le seul moyen

Salut ! Comment allez-vous ? Moi, ça va, je suis assez fière de ce chapitre pourtant si difficile et déchirant. J'espère qu'il vous a plu aussi ! N'hésitez pas à me le dire. Je vous souhaite une bonne reprise, même si elle est rude pour certains (et j'en fais parti) et vous dit à prochaine. Et surtout ! Bisous sur le nez 🌟

- Love, J. ❤️

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