~ Drowse ~

Emma's Home
12 Juillet 1975
14:30:

J'applique consciencieusement du rouge sur mes lèvres alors que le bruit de la sonnette résonne jusqu'à moi. Je referme le tube et le range dans une petite trousse avant de me diriger vers la porte. Lorsque je l'ouvre, une petite me saute dans les bras.

– Bonjour à toi aussi Melody, je dis avec un petit rire. Kathleen, tu vas bien ?

Cette dernière me répond par un hochement de tête positif avant que je ne l'invite à entrer. Je referme la porte et nous allons nous installer dans le salon.

– Tu es prête pour ce week-end ? Je demande à la petite.

– Oui, oui, et mille fois oui ! Me répond-elle.

Je rigole.

- D'accord.

Nous discutons pendant une bonne heure avant que Kathleen ne s'en aille en donnant ses dernières consignes à sa fille. Une fois qu'elle est partie, je referme la porte et me retourne pour planter mon regard dans celui de Melody.

– Prête pour un super week-end ?

Le sourire de la petite s'élargit.

– Suis moi.

Je me dirige vers la cuisine, la petite sur mes talons.

– Et si... Je commence en cherchant dans mon placard. Et si on faisait des crêpes pour le goûter ?

– Tu veux dire des pancakes ?

– Non, non, des crêpes. Comme en France, je déclare.

– Je n'en n'ai jamais mangé ! S'exclame la petite.

Je rigole avant de répondre :

– Alors, c'est le moment.

Emma's Home
12 Juillet 1975
22:45:

J'attrape le bol rempli de popcorn dans la cuisine d'où je vois Melody, assise en tailleur devant un meuble rempli de cassettes, je la rejoins et m'assois sur le tapis devant le canapé. Nous avons poussé la table et posé quelques coussins au sol.

– Alors, tu as choisi ? Je demande à ma nièce.

Elle se retourne avec une cassette dans la main.

– Oui !

– On regarde quoi ?

– Surprise, me répond Melody.

Je souris et hoche la tête. Le générique s'enclenche et je reconnais immédiatement Jaws. Je me cale alors contre le canapé pendant que la petite s'allonge sur le ventre, nous allons passer une bonne soirée.

Emma's Home
16 Juillet 1975
21:30:

Je suis au téléphone avec Brian, le week-end avec Melody était génial, et ce soir, je sors avec Beth et Veronica. Je n'ai pas revu Mary depuis qu'elle a débarqué chez moi, il y a quand même plus d'un mois maintenant, mais je l'ai appelé et je m'inquiète un peu pour elle. Je tiens donc le combiné entre mon oreille et mon épaule en cherchant des vêtements dans mon armoire.

– Le public est génial, on joue dans des salles pleines tous les soirs ! S'exclame Brian au bout du téléphone.

Il m'appelle d'une cabine téléphonique et le temps de l'appel est compté alors, je le laisse parler. La plupart du temps, il me raconte ce qui se passe pendant les concerts ou avec les garçons.

– Freddie paraît même un peu abattu, je pense qu'il est fatigué.

Je me pince les lèvres avant de répondre, sincèrement, mais aussi pour éviter le sujet :

– Tu me manques, ça commence à faire long...

– Tu me manques aussi Miss Smith, je t'ai-

La fin de sa phrase est coupée par la sonnerie du téléphone, le temps limite de l'appareil est dépassé. Je repose le combiné en espérant qu'il sonne de nouveau, mais il n'en est rien, alors je reporte mon attention sur les vêtements dans mon placard. J'en sors un pantalon large bleu et un tee-shirt des Beatles ainsi qu'un des Rollings Stones, que j'affectionne particulièrement dû au fait qu'il soit déchiré à l'épaule gauche, cela donne un côté rock. Je mets les deux tee-shirt devant mon buste l'un après l'autre en me regardant dans le miroir.

– Tu en penses quoi toi ? Je demande à Jo, qui forme une tâche noire sur les draps rouges de mon lit.

Il relève la tête en m'adressant un long miaulement.

– Oui, moi aussi ! Je m'exclame avant de jeter le tee-shirt des Beatles sur mon lit, et sur mon chat, au passage...

J'enfile donc mon trésor avant d'attacher, comme à mon habitude, mes cheveux qui retombent alors sur mon épaule droite en une tresse lasse. Je me regarde dans le miroir en souriant, le mascara déposé sur mes cils les rend interminables et donne de l'intensité à mon regard tandis que le rouge qui colore mes lèvres les fait ressortir magnifiquement. Contrairement à d'habitude, un peu de poudre cache mes cernes et mon teint jaunâtre. La fermeture du café, bien qu'elle se soit passée il y a quelques mois maintenant, est toujours difficile pour moi, d'autant plus que le départ des garçons n'a pas vraiment arrangé les choses, mais j'ai décidé de me relever. Il faut, de toute façon, toujours se relever comme on dit, ce qui ne tue pas rend plus fort, alors j'ai décidé d'être forte. J'enfile mes Docs dans l'entrée et attrape la veste en jean de Brian, complétant ainsi parfaitement ma tenue. Je sors ensuite de chez moi et prends la direction du Cherry's.

Cherry's
16 Juillet 1975
22:30:

Je pousse la porte et entre dans le pub, je remarque immédiatement Beth et Veronica, autour d'une table, au fond de la pièce. Je m'installe avec elles après les avoir saluées.

– Comment vas-tu ? Me demande Veronica.

– C'est plutôt à toi que je dois demander ça, je réponds avec un sourire en montrant son ventre.

Elle y porte sa main et sourit.

– Ça grandit, commente-t-elle.

– Vous ne connaissez toujours pas le sexe du bébé ? Demande Elizabeth.

– Non, pas avant la naissance, répond la future mère.

John et elle ont choisi de ne pas connaître le sexe de leur futur enfant. Je ne sais pas si je pourrais le faire, moi. Nous commençons à parler de tout et de rien quand un sujet déjà abordé plus tôt dans la journée revient.

– Vous avez vu Mary ce mois-ci ? Demande alors Beth.

– Non, répond Veronica et secouant la tête, elle ne répond pas non plus au téléphone.

Pour ma part, j'attrape mon verre et porte mes lèvres à la paille avant d'en aspirer une longue gorgée, heureusement, les filles ne s'en rendent pas compte et continuent de parler ensembles.

– Je pense que c'est à cause de Freddie, lance Veronica.

J'avale mon cocktail de travers et tousse violemment, leurs yeux se tournent vers moi et je tape légèrement sur ma poitrine.

– Désolée, je chuchote, tu disais.

– Je suis sûre qu'ils se sont encore disputés, continue alors mon amie.

– Sûrement, répond Elizabeth.

Je me cale au fond de la banquette en buvant le contenu de mon verre.

Cherry's
16 Juillet 1975
23:45:

Nous sommes proches de la porte et nous nous apprêtons à partir lorsqu'un garçon m'attrape par le bras, je me retourne, imitée par Veronica et Elizabeth, un peu devant moi. Il sourit, mais moi, non.

– Lâche-moi, tu me fais mal.

Je bouge mon bras, il ne tire pas mon bras vers lui, mais le sert très fort, non, il le broie.

– Aller ma jolie, ne te débat pas, dit l'homme.

Je cesse de lutter et soupire, malgré le nombre de personnes assistant à la scène, personne ne bouge. Elizabeth s'approche alors de moi et pose sa main sur celle du garçon, fermée sur mon bras. Mon amie est très douce.

– Tu penses que c'est une façon de s'adresser à une femme mon chou ? Lâche-la, ajoute-t-elle d'un ton ferme.

Il paraît déconcerté, mais ne lâche pas mon bras pour autant.

– Je t'ai dit de la lâcher, répète la jeune femme d'un ton encore plus ferme.

– Sinon quoi ? Demande le garçon avec un rire gras.

La moitié de gens du café sont maintenant tournés vers nous, mais personne ne réagit pour autant. En quelques secondes, Elizabeth donne un coup de genoux centré dans le bas-ventre de l'homme et ce dernier me lâche avant de se plier en deux, il tente de frapper mon amie au visage, mais elle attrape son bras et le tord dans son dos, elle le pousse violemment et il s'écarte de plusieurs mètres. Tout le monde nous regarde à présent, bouche bée, la brune se retourne vers moi, ses yeux verts brillants, comme si rien ne s'était passé, comme si elle ne venait pas d'envoyer un gars au tapis. Nous décidons de sortir du pub avant de nous attirer des ennuis, sur le chemin du retour, je suis encore sous le choc et une question s'échappe de mes lèvres sans que je ne puisse le contrôler.

– Où est-ce que tu as appris ça ?

Je vois un rictus se dessiner sur ses lèvres.

– C'est mon père qui m'a appris à me battre quand j'étais petite...

Je n'ose pas parler après qu'elle ait dit ça, Veronica s'arrête.

– Ça va ? Je lui demande alors.

Elle lève son regard vers moi, et ouvre la bouche pour me dire quelque chose, mais détourne la tête avant de vomir. Beth et moi nous précipitons sur elle. Mon amie pousse un cri affreux en se tenant le ventre. En un regard avec Elizabeth, nous savons exactement ce que nous devons faire.

– Reste avec elle, je dis avant de partir en courant.

Je retourne sur mes pas, il y a une cabine téléphonique à côté du Cherry's, j'entre et cherche une pièce dans mon sac. Je compose alors un numéro de téléphone à toute vitesse.

– Allô ? Commence une voix endormie.

– Mary, c'est Emma. Veronica n'est vraiment pas bien, il faut que tu nous emmènes à l'hôpital. S'il te plaît, tu es la seule qui a le permis.

– D'accord, vous êtes où ? Me demande-t-elle avec un bruit de fond qui laisse penser qu'elle s'habille.

– Pas loin du Cherry's.

– J'arrive.

Sur cette phrase, j'entends la sonnerie de fin d'appel et part rejoindre Elizabeth et Veronica qui n'a jamais été aussi pâle.

London's Hospital
17 Juillet 1975
01:45:

– Ne t'inquiète pas, elle va bien, je rassure John à l'autre bout du fil.

– Oh, j'aurais aimé être là, quel mauvais mari et père je suis...

– John, ça va aller. On est là pour elle et tu n'as pas à t'en vouloir.

J'entends qu'on l'appel derrière et je continue.

– Je te rappelle dès qu'on en sait plus et je te tiens au courant, elle t'appellera quand elle sera en état, promis.

Je lui dis au revoir et retourne m'asseoir dans la salle d'attente avec Mary et Elizabeth. Après quelques instants, une femme en blouse blanche s'approche de nous, nous nous levons à son arrivée et elle replace ses lunettes sur son nez en appuyant doucement son majeur au milieu de sa monture.

– Alors ? Demande Mary qui semble, pour la première fois, inquiète.

– Madame Tetzlaff a perdu les eaux, son accouchement se déroulera sûrement dans les prochaines heures.

– On pourrait la voir ? Je demande.

– Je suis désolée, mais seule sa famille proche est acceptée. De plus, nous lui avons donné un calment pour apaiser les douleurs, elle dort actuellement.

– Quand est-ce que l'on pourra la voir ? Demande finalement la plus jeune de nous trois.

– Après l'accouchement, nous vous appellerons, répond la femme avec un faible sourire.

Nous acquiesçons et elle nous invite à quitter l'hôpital, nous reviendrons demain. Nous partons donc, et je rentre chez moi dans l'état dans lequel j'ai été ces derniers mois, je somnole.

Drowse :
Somnoler :

It's the sad-eyed, goodbye, yesterday moments I remember.
Ce sont les instants passés d'adieux aux yeux tristes dont je me souviens.
It's the bleak street, weak-kneed partings I recall.
C'est la rue désolée, les séparations lâches dont je me rapelle.
It's the mistier mist
C'est la brume plus brumeuse
The hazier days
Les jours plus flous
The brighter sun
Le soleil plus radieux
And the easier lays
Et les poèmes plus simples
There's all the more reason for laughing and crying
Il y a toutes les raisons pour rire et pleurer
When you're younger and life isn't too hard at all.
Quand tu es jeune et que la vie n'est pas trop dure.
It's the fantastic drowse of the afternoon Sundays
C'est le fantastique assoupissement des dimanches après-midi
That bored you to rages of tears
Ca t'assome à pleurer de rage
The unending pleadings, to waste all your good times
La prière sans fin, pour perdre tout ton bon temps
In thoughts of your middle aged years
En pensant à ton certain âge
It's a vertical hold, all the things that you're told
C'est une emprise, toutes les choses dont on t'a parlé
For the everyday hero it all turns to zero.
Pour les héros de tous les jours ça tourne au zéro.
And there's all the more reason for living or dying
Et il y a toutes les raisons pour vivre ou mourir
When you're young and your troubles are all very small.
Quand tu es jeune et que tes problèmes sont tous minuscules.
Out here on the street
Dehors ici dans la rue
We'd gather and meet
On s'était rassemblé et on avait fait connaissance
And scuff up the sidewalk with endlessly restless feet
Et trainé les pieds agités sans fin sur le trottoire
And half of the time
Et à la moitié du temps
We'd broaden our minds
On avait élargi notre esprit
More in the poolhall than we did in the schoolhall
Plus dans la salle de billard qu'on l'aivait fait à l'école
With the downtown chewing-gum bums
Avec le chewing-gum du centre-ville
Watching the nightlife, the lights and the fun.
Regarder la vie nocturne, les lumières et l'amusement.
Never wanted to be the boy next door,
Je n'ai jamais voulu être le garçon d'à côté,
Always thought I'd be something more,
J'ai toujours pensé que je serais plus,
But it ain't easy for a smalltown boy,
Mais ce n'est pas facile pour un provincial,
It ain't easy at all,
Ce n'est pas facile du tout,
Thinking it right, doin' it wrong
Bien penser, le faire mal
It's easier from an armchair,
C'est plus facile depuis un fauteuil,
Waves of alternatives wash at my sleepiness,
La vague des alternatives lave ma somnolence,
Have my eggs poached for breakfast I guess.
Prendre mes oeufs pochés au petit déjeuner je crois.
I think I'll be Clint Eastwood
Je pense que je deviendrai Clint Eastwood
Oh no, Jimi Hendrix, he looks good
Oh non, Jimi Hendrix, il a l'air bien
Let's try William The Conqueror
Essayons Guillaume Le Conquérent
Now who else do I like ?
Qui d'autre je pourrai bien aimer ?

Salut tout le monde, comment allez-vous ? J'espère que ce chapitre vous a plu et je pense que vous savez ce qui va se passer dans le prochain ;) Je souhaite un joyeux anniversaire à la meilleure personne que j'ai rencontré sur Wattpad Mag783. J'attends vos retours pour savoir ce que vous en avez pensé, sur ce, je vous laisse et vous fais des bisous sur le nez 🌟

- Love, J. ❤️

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