― 𝟏𝟕 ―
― San, tu vas bien ?? Ils t'ont fait quelque chose ??
― Non, je... je vais bien... Je suis désolé, c'est ma faute si...
― Qu'est-ce que tu racontes ?? T'y es absolument pour rien ! C'est moi qui suis désolé, c'est à cause de moi si t'es là, je... je m'en veux tellement...
San fixa le sol, perdu. La présence de Wooyoung le rassurait. Il a dit qu'il le sortirait de là. Et pour une certaine raison, San était persuadé qu'il le ferait. Puis le jeune homme repensa aux mots de Aaron. Que Wooyoung lui montre son vrai visage, ses secrets... De quoi parlait-il ?
― C'est sûrement la clé de tes chaînes. Il faudrait que je puisse me défaire des miennes... - lâcha le chef de gang en s'agitant, faisant référence à la clé que le baron avait posée devant San.
Il tira avec force sur ses liens, essayant de les briser ou de faire passer ses mains hors du nœud. Il lâcha un grognement de frustration en remarquant que c'était vain.
― Qu'est-ce que voulait dire le baron ? Quand il a dit que je ne connaissais pas ton vrai visage...
― Ne l'écoute pas, il essaye simplement de te faire peur... - répondit Wooyoung en regardant autour de lui.
Il remarqua la caméra postée en hauteur dans un angle de la pièce.
― Il nous observe. Il veut profiter du spectacle cet enfoiré - dit le chef de gang entre ses dents en se remettant à forcer sur les chaînes dans un élan de motivation, mais leur situation semblait inespérée. Putain... Il n'y a rien à faire...
― Quoi, on va rester coincés là ?? Aaron avait l'air d'attendre que tu fasses quelque chose en particulier !
Wooyoung baissa la tête et resta silencieux quelques instants.
― Ok... Tu me fais confiance ? - demanda ce dernier doucement.
― Je... Euh... Ouais. Je te fais confiance - répondit San sûr de lui après une légère hésitation.
Il ne pouvait que lui faire confiance. Il avait décidé de s'en remettre à lui. Wooyoung le ferait sortir de là.
― Bien, alors ferme les yeux s'il te plaît. Et ne les rouvre pas avant que je te le demande. Sous aucun prétexte - imposa le chef de gang d'un air déterminé.
― Que je ferme les yeux ? T'as une idée ??
― Ne pose pas de question, je m'occupe de tout.
― Très bien... - accepta San en refermant les paupières.
― T'as bien compris hein, tu les rouvres sous aucun prétexte !
― Oui, promis.
― Ok, c'est parti...
San était plongé dans le noir et son ouïe prit le dessus sur ses autres sens. Il entendait les chaînes de Wooyoung tinter en tapant l'une contre l'autre. Puis il discerna le bruit de sa ceinture qu'il était en train de défaire suivit de celui d'un frottement de tissu. Est-ce qu'il était en train de... retirer son pantalon ?
― Qu'est-ce que tu fais...?
― J'ai dit pas de question, San - répondit doucement le chef de gang.
― Pardon...
― T'excuse pas. C'est bientôt terminé, t'en fais pas - dit Wooyoung pour rassurer le brun. Je vais te ramener chez toi et régler son compte à cet enfoiré. T'as ma parole.
― Tu... Tu étais vraiment sincère à propos de tes sentiments pour moi ?
― Écoute San, on n'a pas le temps de parler de ça maintenant. Je ne vais pas pouvoir parler pendant quelques instants, n'ouvre surtout pas les yeux, d'accord ?
― Euh... Oui, d'accord...
― Parfait. Je te fais confiance.
Un silence pesant s'installa dans la pièce. San était complètement décontenancé face à la situation. Pourquoi devait-il garder les yeux fermés ? Que pouvait bien être en train de faire Wooyoung ?
Toujours plongé dans le noir, San se mit à entendre Wooyoung gémir doucement. D'inconfort et de douleur, de toute évidence. Puis il y eut des bruits sourds, comme si ses os étaient en train de craquer. Bordel, qu'était-il en train de se passer ??
― Woo... Wooyoung...?? - s'inquiéta San tout en gardant les paupière fermées.
― Ne... Ne regarde surtout pas hhha... - essaya d'articuler le chef de gang d'une voix rauque et douloureuse.
San ne répondit rien, terrorisé. Plongé dans l'obscurité, il s'imaginait tout et n'importe quoi, et des images terrifiantes lui venaient à l'esprit. Wooyoung avait l'air de souffrir, et San ne voulait pas entendre ça... Les gémissements cessèrent enfin et le garçon entendit les chaînes tomber au sol. Ça y est ? C'était terminé ?
― Wooyoung...? - demanda San avec prudence.
Pas de réponse. Au lieu de ça, il entendait Wooyoung haleter... Bizarrement. Ça ressemblait aux halètements d'un... chien. San pensa qu'il devait être en train de devenir fou, mais il entendit cette fois un grognement et un gémissement qui semblaient davantage appartenir à ceux d'un animal qu'à un humain. Les bruits d'os craquant reprirent puis cessèrent après quelques instants, plus rapidement que la première fois. Il entendit Wooyoung renfiler son pantalon et boucler sa ceinture.
San n'osait plus parler. Il avait baissé la tête et fermait ses paupières avec force.
― C'est bon, tu peux rouvrir les yeux... - annonça doucement Wooyoung.
San avait peur. Peur de les rouvrir. Peur de découvrir l'homme aux cheveux de jais mutilé ou couvert de sang.
― San...?
Le jeune homme ouvrit lentement les paupières puis leva doucement les yeux vers Wooyoung. Il n'avait rien. Il était debout devant lui, habillé et sans aucune trace de blessure. Ses chaînes gisaient sur le sol, ni ouvertes, ni brisées. San n'y comprenait rien.
― Comment... Que s'est-il passé ?
Wooyoung ne répondit rien. Il se baissa et ramassa la clé au sol avant de déverrouiller les chaînes du garçon. Celui-ci laissa échapper un soupir d'aise en laissant retomber ses bras engourdis et passa ses mains sur ses poignets rougis. Et sans un mot, Wooyoung le prit dans ses bras. San accepta volontiers ce contact réconfortant.
― J'ai eu tellement peur... - avoua le brun en se détendant enfin.
― Moi aussi j'ai eu tellement peur... qu'il te soit arrivé quelque chose...
Ils restèrent comme ça de longues seconde puis se séparèrent finalement, échangeant un regard profond qui dura quelques instants.
― Mais tout n'est pas encore gagné - lâcha Wooyoung en reprenant un air sérieux.
Il tira sur la chaîne à laquelle était attaché San, la décoinçant de la poutre sur laquelle elle reposait, et il s'en servit pour frapper sur la caméra de surveillance. Celle-ci se tourna vers le mur suite au choc et laissa les garçons hors de vue.
― Ils ont verrouillé la porte - lâcha Wooyoung en essayant de l'ouvrir. Attends, j'ai ce qu'il faut - continua-t-il en sortant une épingle qu'il avait cachée dans sa ceinture puis il se mit à crocheter la serrure.
― Woah, t'avais tout prévu.
― C'est Jackson qui m'a conseillé de toujours garder une épingle sur moi, faudra que je pense à le remercier - ricana le chef de gang. En parlant de Jackson... Il a été capturé aussi avec Will, je ne sais pas où ils les ont été emmenés. Je vais te faire sortir puis je retournerai les chercher. Je vais te confier à mes hommes. T'en fais pas, ils te mettront en sécurité.
― Je veux rester avec toi !
― Non, c'est trop dangereux.
C'est vrai que San avait peur de Aaron et de cet endroit, qu'il voulait s'en aller le plus vite et le plus loin possible. Malgré tout, il voulait rester aux côtés de Wooyoung, comme si c'était avec lui qu'il était le plus en sécurité.
Un déclic sourd se fit entendre dans la serrure que Wooyoung était en train de crocheter, ce dernier pressa la poignée et la porte s'ouvrit.
― C'est bon - lâcha-t-il tout bas. Suis-moi, reste bien derrière moi - dit-il en attrapant la main de San et en s'aventurant dans le couloir.
✧ ✧ ✧
Les deux jeunes hommes marchaient d'un pas léger et discret. Wooyoung connaissait l'endroit et savait où aller, ils étaient dans les sous-sols du manoir.
― Il faut qu'on remonte, on va essayer de sortir par la buanderie.
― D'accord...
Ils s'arrêtèrent net en entendant une alarme se déclencher dans tout le bâtiment.
― Merde, ils viennent sûrement de découvrir notre cellule vide. Viens, faut qu'on se dépêche.
Ils pressèrent le pas et entendirent les hommes de Aaron venant du couloir parallèle. Le sous-sol était quadrillé de nombreuses allées et était comme un genre de labyrinthe dans lequel il était facile de se perdre.
Heureusement pour les deux garçons, les aptitudes canines et l'intelligence de Wooyoung lui avaient permis de mémoriser à la perfection les lieux. Il entendait les pas des gardes courir dans leur direction en criant qu'il fallait les retrouver.
― Vite, on se cache là-dedans ! - lâcha Wooyoung en amenant San à travers une porte qui était à quelques mètres d'eux.
Ils attendirent dans la pièce sans un bruit, plongés dans le noir. Ils entendaient les hommes se presser dans le couloir et passer devant leur porte. Heureusement, ils semblaient ne pas avoir flairé leur odeur, ayant probablement reçu l'ordre de se rendre jusqu'à leur cellule avant de se mettre à les pister. Les deux jeunes hommes retournèrent dans le couloir et continuèrent d'avancer.
Wooyoung sentait le coeur de San battre de manière démesurée et sa main était moite. Le pauvre garçon était terrorisé, et c'était tout à fait compréhensible. Wooyoung se haïssait de l'avoir impliqué là-dedans. Il devait à tout prix le ramener chez lui sain et sauf.
L'alarme continuait de résonner dans les couloirs lugubres et l'ouïe des deux hommes devenait de plus en plus incertaine, troublée et fatiguée par ce bruit incessant.
Ils arrivèrent à l'angle d'un couloir et Wooyoung se stoppa brusquement, poussant San à lui rentrer dedans doucement.
― Attends, j'entend du bruit - chuchota Wooyoung.
Évidemment, San n'entendait absolument rien, mais le chef de gang, lui, percevait de petits pas discrets s'approcher dangereusement de l'autre côté du couloir. Son cœur s'accéléra, cette fois, il n'y avait nul part où se cacher. Il se prépara à se battre.
― Reste bien derrière moi...
Les pas arrivèrent jusqu'à l'angle du couloir et les deux garçons relâchèrent la pression en voyant Jackson et Will sortir de derrière le mur. Ils étaient accompagnés de la moitié des hommes de Wooyoung.
― Les gars !
― Wooyoung ! San !! Tu vas bien ?? - lâcha Jackson avec enthousiasme et soulagement en s'approchant du brun.
― Oui, ça va !
― Vous avez réussi à vous échapper ? - demanda Wooyoung à ses deux amis tout en attrapant le pistolet que lui tendait Ruben.
― Évidemment - répondit Jackson fièrement. Puis on a prévenu les gars pour qu'ils nous aident à vous sortir de là.
― Ok, la priorité est de faire sortir San.
Il ne pouvait pas leur parler du fait qu'Aaron était celui qu'ils recherchaient depuis un mois. Qu'il tentait de recréer Crazy Bark. Pas en présence de San. Il voulait d'abord le mettre en sécurité le plus vite possible, il leur dirait à ce moment-là.
― Ils sont là ! - hurla un garde en déboulant à l'autre bout du couloir.
― Merde !
Le groupe de Wooyoung se mit en mouvement instantanément, un coup de feu se fit entendre mais la balle se planta dans le mur, ils étaient cachés par l'angle du couloir et s'étaient mis à courir à la recherche des escaliers.
― Par là ! - lâcha Wooyoung en ouvrant la porte donnant sur la cage d'escalier.
Il tenait la porte en attendant que tout le monde soit passé. Il vit les hommes de Aaron apparaître à l'autre bout du couloir et tira un coup précis dans la poitrine d'un d'entre eux avant de passer par la porte à son tour.
Il jeta un coup d'œil à son groupe. San était aux côtés de Jackson, au milieu du reste de ses hommes. Parfait. Ils montaient les marches dans la hate et Wooyoung entendit des coups de feu provenant des gars en tête de son groupe. Ils mirent à terre quelques gardes qui venaient de pénétrer dans la cage d'escalier et continuèrent d'avance. Ils arrivèrent jusqu'à la porte menant au couloir de l'aile Ouest du manoir.
Wooyoung prit les devants, il ouvrit la porte doucement et jeta un œil pour vérifier que la voie était libre. Ils étaient tout près de la buanderie qui possédait une issue de secours menant derrière le bâtiment. Ils s'introduisirent dans le couloir et se mirent à courir jusqu'à celle-ci mais, alors qu'ils arrivaient devant la porte, la voix de Aaron résonna derrière eux.
Les membres du gang se retournèrent et tout le monde fixa le baron qui était accompagné d'une dizaine de ses hommes postés à l'autre bout de l'allée.
― Tu croyais t'en tirer si facilement, Wooyoung ?
― Merde... - murmura le chef de gang.
― C'était un beau spectacle que vous nous avez offert dans le cachot, très émouvant. Mais c'est dommage que San ait fermé les yeux, il a raté le plus intéressant !
― Laisse San et mes gars s'en aller et réglons ça tous les deux !
Le rire de Aaron éclata joyeusement.
― Quelle assurance ! Tu crois vraiment pouvoir me battre ?? Je te rappelle que c'est moi qui t'ai élevé et appris tout ce dont tu avais besoin pour survivre ! Tu me dois tout ce que tu es, Wooyoung.
― Jackson, fais sortir tout le monde. Protège San au péril de ta vie - chuchota le chef de gang pendant qu'Aaron racontait sa vie.
― Je peux pas te laisser ici ! Je reste avec toi - répondit Jackson.
― Non, fais ce que je te dis ! Je compte sur toi, ne lâche pas San d'une semelle !
Jackson baissa les yeux puis hocha la tête doucement. Il releva cette dernière et posa sa main sur l'épaule de Wooyoung.
― Reviens vivant. Sinon, San s'en voudra toute sa vie.
Les pupilles de Wooyoung prirent une nuance sombre. Il fixait son frère de cœur avec une expression indescriptible sur le visage.
― Eh ! Vous m'écoutez !? - s'impatienta le chef de la mafia.
Jackson fit signe au reste du groupe de sortir par la porte et ils se mirent en mouvement. Les gardes de Aaron mirent leurs armes en joue et Wooyoung fit un pas en avant, lâchant son pistolet devant lui et écartant les bras.
― Ne tirez pas ! - s'écria le baron.
Le gang de Wooyoung était en train de s'échapper par la porte et, quand ce fut au tour de San, celui-ci se retourna et fixa l'homme aux cheveux de jais.
― Wooyoung !! - hurla-t-il dans un cri déchirant qui fit lâcher une grimace au concerné.
San voulut courir vers lui mais Jackson l'attrapa et le força à continuer d'avancer. Wooyoung se retrouva seul dans ce grand couloir, faisant face à la mafia d'un air affrontant.
― Battons-nous dans les règles. Sous forme canine. Pas d'arme, seulement nos griffes et nos crocs - lâcha-t-il d'un ton déterminé.
― C'est intéressant. Un pauvre petit Border Collie de troisième génération contre un grand Dalmatien de première génération. Tu penses vraiment avoir une chance ? Je n'ai jamais su dire si tu étais trop sûr de toi ou simplement inconscient...
― Tu parles trop, Aaron. Alors, qu'en dis-tu ? Si tu gagnes, tu auras le droit de faire ce que tu veux de moi. Mais je ne vais te demander qu'une seule chose. Promets-moi de ne faire aucun mal à San et de ne plus le mêler à ces histoires de Crazy Bark. Puissant et riche comme tu es, tu n'as pas besoin d'un petit botaniste pour développer ta drogue, n'est-ce pas ?
― Tu t'es vraiment lié à cet humain, c'est fascinant. Le grand et solitaire Wooyoung, meurtri par la vie, s'éprenant d'amour pour un misérable non muté. Mais je dois admettre que ta détermination et ta dévotion sont respectables. J'accepte ta condition.
― Parfait. Tu te montres enfin raisonnable.
― Baissez vos armes et laissez-nous seuls - ordonna Aaron à ses hommes. Réglons ça dans un combat à mort, Wooyoung - lâcha-t-il ensuite dans un rictus malsain en fixant le chef de gang.
Les deux hommes se retrouvèrent seuls l'un face à l'autre, les yeux fixés sur leur adversaire. Ils se déshabillèrent, jetant leurs vêtements dans un coin du corridor et prêts à se transformer.
― Pas de sale coup. Seulement nos griffes et nos crocs.
― Seulement nos griffes et nos crocs.
𝐂𝐎𝐍𝐂𝐋𝐔𝐒𝐈𝐎𝐍 𝐃𝐔 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟕 :
San a les mains moites.
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