Raphaël attend que sa sœur ait terminé son exercice puis se lève et jette son sac sur son épaule.

    « Tu viens, on va à la piscine !

    — Mais il est trop tard, elle est fermée !

    — Ne t'inquiète pas, ça fait partie du plan. »

    Juliette hausse les épaules et se lève à son tour. Ils prennent la voiture et roulent jusqu'à la piscine municipale. Raphaël est ami avec le maître- nageur, et il lui a demandé de la laisser ouverte spécialement pour eux.

    Juliette et son frère enfilent leur maillot de bain puis rentrent dans l'eau froide.

    « Tu tiens combien de temps sous l'eau ? demande Raphaël.

    — Quinze secondes ! », déclare fièrement Juliette.

    Raphaël compte jusqu'à trois plus plonge avec sa sœur la tête sous l'eau. Tout devient silencieux : l'eau les entoure et étouffe tous les bruits. C'est apaisant, pense Raphaël. Il l'emmène dans les profondeurs de la piscine et lorsqu'elle n'a plus d'air, il la remonte aussi vite que possible hors de l'eau.

    Une fois à la surface, Juliette prend une immense bouffée d'air et demande à son frère de la ramener au bord : elle a eu peur au fond de l'eau.

    Raphaël soulève Juliette pour la déposer sur le carrelage froid de la piscine. Il sort ensuite de l'eau pour aller chercher une serviette qu'il enroule autour de sa petite sœur.

    Finalement, une demie heure plus tard, ils sont à nouveau dans la voiture, en route pour la maison. La tête appuyée sur son poignet et les cheveux au vent, Juliette écoute le silence de la nuit avant de demander :

    « C'était quoi comme couleur ?

    — Le bleu foncé, la couleur des profondeurs maritimes et de la nuit. La couleur des aventures qui ne font pas de bruit. »