Chapitre X♡
Je l'ai laissée seule. Seule, avec elle-même. Je ne supportais plus de l'entendre dire ses choses. Elle soupçonne Evan d'être comme... Ça me fatigue. En attendant, je rentre chez moi. J'irai voir Evan demain, au pire et on ira à la cafétéria ensemble.
Le silence règne en maître dans la maison. Les parents sont sûrement partis. Où ? Je ne sais pas, mais j'espère qu'ils ont pris Austin avec eux.
— Merde, t'es là toi ? S'étonne ce dernier en descendant à moitié à poil.
— Qu'est-ce que tu fiches habiller comme ça ?
— Bah j'étais avec une meuf.
— Très propre...
— T'as pas ton mot à dire.
— C'est chez moi, t'es juste un parasite, craché-je.
— T'as dit quoi là ? Dit-il en me prenant par le col. Je te conseille de me parler autrement, c'est chez toi mais maintenant c'est aussi chez moi. Souviens-toi que je peux ne faire qu'une bouchée de toi.
— Lâche-moi !
— Sinon quoi ? Ton copain va venir ? Il n'a déjà pas su protéger sa sœur, alors toi encore moins, rigole-t-il.
— Sa sœur ? Il a une sœur ?
— Ouais, tu ne savais pas ? Il t'en cache des choses ton copain ! Pouffe-t-il.
Il n'a jamais parlé de sa famille maintenant que j'y pense. Il a une sœur ? Pourquoi il a fallu qu'il soit aussi intriguant ce mec ? Je n'aurais pas pu avoir à faire avec un gars qui raconte toute sa vie ? Ce serait tellement plus simple.
Je ne perds pas de temps à penser encore à lui et part dans ma chambre pour vérifier si mon maillot de bain me va. Ce n'est surtout pas pour le style. Je m'en fiche de ressembler à un cachalot des îles mais c'est pour voir si je n'ai pas trop grossi, si je peux réussir à enfiler mon maillot de bain.
C'est ballot. J'ai plus de maillot de bain. Celui-là ne me va pas. Il faut que j'aille faire les magasins mais je déteste ça. Il y a trop de gens en plus je déteste faire des essayages. J'ai chaud après.
Une fois dehors, je me dirige dans une boutique qui ne me semble pas trop mal, mais il n'y a aucun maillot de bain ! Bon sang, on les trouve où ces maillots ? Je ne vais pas me balader à poil, je ne suis pas nudiste ! Je suis pudique, moi. En cherchant sur internet, j'ai trouvé Decathlon, je n'y aurais pas pensé. Ça se voit direct que je ne vais pas souvent acheter des fringues ou autres.
— Bonjour Mademoiselle, besoin d'aide ? Demande une femme.
— Oui, je cherche un maillot de bain, je bredouille.
— Je vois. C'est pour votre petit ami ?
— Non, pas du tout ! Je sors maladroitement. Je n'ai plus de maillot à me mettre et j'en ai besoin pour les vacances.
— Je vois ! Dans ce cas, j'ai déjà une sélection pour vous !
Elle me prend la main et m'emporte avec elle dans sa course, rayon maillots. Seulement, elle me présente que des maillots deux pièces ! Ou alors une seule pièce mais sexy ! Je choisis lequel moi ? Comme Jojo... Je complexe aussi sur mon corps et pourquoi m'habiller aussi sexy pour un faux copain. Je suis à la limite de pouffer de rire, rien que d'imaginer ma gêne devant Evan avec ces soi-disant maillots de bain. Les deux pièces ne m'intéressent pas en plus, on verrait trop mes petits bourrelets.
— Vous n'aurez pas...autre chose ? Demandé-je mal à l'aise.
— Si, si mais c'est taille enfant. Je doute que ça vous aille vu votre silhouette ! Sourit-elle.
Comment ça, ma silhouette ? Je suis grosse ? Je le savais, j'en étais sûre !
— Mademoiselle ? Ça va ? Je crois que vous m'avez mal comprise, je voulais dire que vous avec une magnifique silhouette ! C'est un compliment, Se rattrape-t-elle.
— Ah, merci, Soufflé-je rassurée.
— Vous voulez en essayer ? Demande-t-elle.
Finalement, ce n'était pas si mal ces essayages. Au final, j'ai trouvé mon bonheur. J'espère seulement que je ne changerai pas d'avis une fois que je serai au milieu d'inconnus à la plage.
Alors que je marche pour rentrer à la maison, une vue me paralyse sur place. Mais qu'est-ce qu'ils foutent ici ? Ils sont censés être loin. Leurs regards se tournent vers moi, ça me fige aussitôt. L'un d'eux fit un sourire en coin, l'un lèche ses lèvres, l'un me fait un salut de la main. Puis ils s'en vont. Comment ça se fait qu'ils soient ici ? Heureusement, la bande n'est pas au complet. Ça aurait été un cauchemar, rien que de les voir me donner l'impression d'en vivre un. Il n'y a qu'une personne qui connaisse aussi ces personnes.
— Ambre ! Crié-je avant d'arriver face à elle.
— Oui ?
— C'est toi qui leur as dit où j'étais ? Tu veux recommencer à me pourrir ?
— Comment ça ? Je ne comprends pas. Dit-elle perturbée.
— Jackson et Maël sont revenus.
— Comment c'est possible ? Demande-t-elle choquée.
— Je te le demande.
— Tu me soupçonnes de les avoir invités ici ou quoi ? S'exclame-t-elle.
— Oui, il n'y a que toi et moi qui les connaissons et la Justice ne leur avait pas dit où j'étais.
— Tu crois vraiment que c'est moi qui leur ai dit de venir pour recommencer à te harceler ?
— Oui...
— Bien. C'est clair maintenant. Je pensais que ça allait mieux, que tu me croyais enfin quand je m'excusais, mais c'est faux... Bien, salut alors. Dit-elle avant de repartir tristement.
Malheureuse, je pars dans le sens inverse, le cœur lourd. En vérité, je ne crois pas que ce soit elle mais il n'y a qu'elle qui ne les connaisse. Ils peuvent venir visiter la ville mais pourquoi celle-ci surtout qu'ici c'est banal donc tout accuse Ambre. J'aurais préféré que ce ne soit pas le cas, surtout que j'ai fait la bêtise de m'attacher à elle ces derniers jours.
Je croise Erika qui viens me voir et me dit :
— J'ai tout vu, il se passe quoi avec Ambre.
— Je la soupçonne d'avoir fait venir les autres...
— Okay, j'ai compris ne le dit pas si tu veux. Je pense qu'elle voulait vraiment se faire pardonner. Je ne vois pas pourquoi elle aurait fait ça sinon elle ne t'aurait pas sauvée.
— Il s'est passé quoi ce jour-là ?
— Quand tu es tombée à l'eau, Ambre a couru. On a essayé de l'arrêter mais elle était trop rapide puis elle a sauté là où tu as chuté. Plusieurs secondes interminables se sont écoulées après ça puis on l'a revue à la surface avec toi en prime, dans ses bras. Elle t'a ramenée, tu ne bougeais plus. On avait tous peur pour toi, surtout elle. Elle n'arrêtait pas de jurer "s'il te plaît, pas encore". Elle t'a fait du bouche à bouche et les gestes de premiers secours en attendant les secours. Tu penses vraiment qu'elle serait capable de te faire vivre un cauchemar encore une fois ?
— Je ne sais pas, Marmonné-je. J'ai besoin de réfléchir.
— D'accord, mais ne mets pas trop de temps. C'est rare les gens qui sont prêts à donner de leur vie pour te sauver.
J'hoche la tête avec un sourire timide puis je pars à mon prochain cours. Je remarque Evan dans la salle, capuche remontée, il me voit et me fait signe. Je lui en fais un en retour.
À la fin du cours de Madame Castencià, la prof de théâtre. Je rejoins Evan. Je lui demande qu'on aille à la cafète, il accepte.
Une fois posés à la cafétéria, un de nos profs est absent ! Il boit encore son petit café, je regarde son gobelet avec dégoût. Il jette un œil sur moi et me demande :
— Tu veux goûter ?
— Non, merci ça va aller, dis-je écœurée.
— Je te convertirai au café, tu verras, lâche-t-il avant de siroter sa boisson.
— C'est quand les vacances ? Demandé-je soudainement.
— Dans deux jours, je crois.
— Ah ouais ? M'exclamé-je. Trop bien ! Sourié-je aux anges.
— T'es pressée de me voir ? Rigole-t-il.
— Hein ? Non pas du t...
— Hey, les amoureux ? Intervient quelqu'un en me coupant.
— Jake ? Salut ça fait un bail ! S'exclame Evan en faisant un tchek avec ce dernier.
— Normal, tu calcules plus tes potes maintenant, taquine Jake.
— Désolé, s'excuse Evan.
— D'ailleurs, moi et les autres on se demandait un truc, commence Jake.
— Et c'est quoi ? Demande Evan intrigué.
— Vous vous êtes déjà embrassés ? Sort-il de nulle part.
— C'est quoi cette question foireuse ? S'exclame Evan, choqué.
— Bah on ne vous voit jamais vous embrasser. C'est louche !
— Comment ça "louche" ? On est ensemble nous !
— Vous jouez les faux couples, c'est ça ?
— Non, pas du tout, ment-il. T'es tordu mec.
— Alors, embrassez-vous, ordonne Jake, un sourire en coin.
Je rosie aussitôt. On ne s'est jamais embrassés, ça sera forcément maladroit ! Et mon consentement d'ailleurs ? Je n'ai pas spécialement envie de l'embrasser d'ailleurs. Je me connais, je risque de tomber dans le panneau.
Un grincement de chaise me sort de mes pensées. Je regarde devant moi, c'est Evan qui se lève. Mais qu'est-ce qu'il fiche ? Il ne va pas le faire sérieusement ? Si ? Non, non, non ce n'est pas vrai ! Et moi je ne bouge pas comme une débile. Mais bon sang, réagis ma cocotte sinon on va te voler un baiser ! Bon, pas le premier, mais l'autre ne compte pas c'était un véritable traumatisme. Oh la, il s'approche de moi. Son visage se rapproche de moi, je louche sur ses lèvres. Il met sa main sur mon dossier de chaise, se baisse vers moi, penche sa tête de quelques degrés avant d'enfin poser ses lèvres sur les miennes.
— C'était petit ça ! Râle Jake pour taquiner. Ça a duré à peine une seconde !
— Tu veux un vrai baiser ? Demande Evan.
Sans même laisser son ami de répondre et moi de me rendre compte de ce qu'il a dit, il fonce sur mes lèvres. Nos lèvres se touchent, il commence à bouger ses lèvres, à lécher les miennes. Je sursaute et ouvre la bouche. Sa langue danse avec la mienne. J'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine. Le baiser est si doux et si timide à la fois et moi je nesais pas embrasser ! Je ne bouge pas, je le laisse faire comme une cruche mais même si j'en suis une, il se débrouille à merveille. Je finis par fermer les yeux, envoûtée par son baiser. Pas la sensation qu'il me procure à la poitrine. Mais ses lèvres se détachent des miennes.
— Wow, super ! Merci ! Dit Jake avant partir en courant.
Nos regards ne se lâchent pas, trop perturbés par ce baiser soudain. Ses yeux brillent, des diamants s'y trouvent. C'est tout ce que j'y vois. Il jette un coup d'œil à mes lèvres quand il se met à tousser pour revenir à sa place. Je me gratte la tête, gênée. Sans un mot, on quitte tous les deux la table.
Durant les deux derniers jours avant les vacances, on ne s'est plus parlés. Il y a eu comme un malaise entre nous depuis ce baiser, alors on a pris nos distances. Pour une première fois, c'était trop de ressentis d'un seul coup. Peut-être que je me noie dans l'illusion en pensant que c'était réciproque, que lui aussi il a senti cette chose au cœur qui fait perdre le nord. Peut-être que pour lui, ce n'était qu'un baiser comme tant d'autres...
On assiste au dernier cours avant les vacances : le théâtre. Avant de nous libérer, Madame Castencià vient devant nous et nous dit avec joie :
— Au prochain cours, à la rentrée, vous serez par deux et vous ferez une pièce improvisée. Allez, passez de bonnes vacances les jeunes !
On nous libère, je ne sais même pas avec qui je vais être pour ce travail. Je n'ai définitivement plus d'amies et avec Evan, c'est gênant. On fait comme si nous ne nous connaissions pas. Est-ce si gênant de m'embrasser ? Est-ce une honte ? J'embrasse mal ? Je ne sais pas pourquoi ça me presse la poitrine, comme ça, juste avec ces questions.
En à peine quelques jours, je crois que j'ai perdue tout le monde. Je me suis séparée de ma meilleure amie de toujours. Celle avec qui je partageais tout. Je me suis séparée d'une nouvelle amie que j'ai accusé. Peut-être que j'ai eu tort, mais à chaque fois que je me dis ça, je me trompe. Je me sens seule, comme au collège. Je retrouve cette vielle boule au ventre qui m'empoisonne. La solitude, la pire des choses que j'ai vécue avec le harcèlement.
Je rentre chez moi, me remémorant ces années. Une fois arrivée, je me plonge aussitôt dans mon lit.
La sonnette de la porte se met à vibrer dans la maison. Je finis de préparer mes affaires lorsque j'entends la porte s'ouvrir et ma mère qui s'exclame aux anges en saluant le nouveau venu. Mon cœur rate un battement quand j'entends le son de sa voix. C'était comme si je ne l'avais pas entendue depuis une éternité alors que concrètement, je l'ai entendue il y a deux jours, sa voix. Ma mère m'appelle alors je prends ma valise puis descends, je croise aussitôt son regard. Lui aussi est surpris, pourtant il savait que je serai là.
— Tu es venue ? Demandé-je une fois devant lui.
— On dirait bien. J'ai hésité à venir, avoue-t-il.
— Pourquoi ?
— Allez les enfants ! C'est parti va pour les vacances ! S'exclame ma mère en me coupant.
— Ouais super..., souffle Austin. Je peux pas rester à la maison ?
— Non, on y va en famille ! S'exclame son père.
— Pas vraiment, soupire mon beau-frère.
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