14. « Je ne veux pas que ça lui arrive. »

-Thaïs ? Thaïs, arrête de pleurer, lui demanda Marc, la seule chose qu'il pouvait entendre à l'autre bout du fil était les sanglots de sa meilleure amie.

-J'ai peur, Marc, elle lâcha entre deux sanglots.

-Thaïs, écoute-moi. Tu m'écoutes, mmh ?

-Oui, elle répondit, et il pouvait presque la voir hocher la tête à distance tellement elle avait mis de conviction dans sa réponse.

-Tu vas aller prendre l'air dehors, ça va te faire beaucoup de bien. Vas-y, j'attends que tu sois dehors, je ne raccroche pas.

-D'accord, elle déclara, et ils restèrent tous les deux silencieux jusqu'à ce qu'elle lance : c'est bon, je suis dehors.

-Alors tu respires fort et tu m'expliques ce qui se passe. Comment va ta demi-sœur ?

-Ils sont en train de l'opérer. Si l'opération rate...

-Okok, il la coupa. Ne pensons pas comme ça, tu veux ?

-Elle est toute petite, Marc. Elle a trois ans, et elle est juste...minuscule. Elle ne peut pas mourir. Elle ne peut pas devenir un légume. Je ne veux pas que ça lui arrive.

-Je ne connais pas l'hôpital dans lequel elle se trouve, alors je ne sais pas si les médecins sont qualifiés ou non. Mais...ils sont médecins, alors je pense que sauf s'il se passe quelque chose de totalement imprévu qui les prend vraiment de cours, tout va très bien se passer.

-Tu crois ? elle demanda d'une petite voix.

-J'en suis sûr. T., je dois retourner en cours, je vais devoir te laisser.

-Amuse-toi bien, elle lui lança, et il rit.

-Tu es un peu trop optimiste, là. Envoie-moi un message dès que vous avez des infos, d'accord ?

-Promis.

-Reste forte. Je t'aime.

-Je t'aime aussi.

-Monsieur Fernandez ?

Thaïs releva la tête en même temps que son père et Camila vers le médecin.

-Votre fille est en salle de réveil, pour pourrez la voir dès qu'elle sera réveillée. Elle a eu beaucoup de chance de s'en sortir avec uniquement une fracture du poignet gauche.

Un sourire prit place sur le visage de Thaïs tandis que son père et Camila se prenaient dans les bras, cette dernière déjà en train de pleurer—mais de joie, cette fois. Elle se leva et s'éloigna un peu, voulant leur laisser un peu d'espace. Elle était plus qu'heureuse d'apprendre la nouvelle, mais elle savait que sa joie n'était pas comparable à celle de son père et de Camila : ils étaient les parents de Tabatha, et vivaient avec elle, contrairement à Thaïs. Leur vie entière tournait autour de la petite, et elle ne pouvait pas imaginer comment ils auraient tous réagi si l'opération ne s'était pas bien passée. Elle secoua sa tête pour chasser ses pensées et sortit son téléphone pour prévenir Marc que sa demi-sœur allait bien et pour le remercier. Elle retourna ensuite auprès de son père et de Camila, qui discutaient, un sourire collé aux lèvres.

-Thaïs ! s'exclama Camila en la voyant. Tabatha est réveillée, tu viens avec nous ?

-Vous ne voulez pas vous retrouver juste tous les trois d'abord ? elle proposa, et son père fronça les sourcils.

-Bien sûr que non. Elle sera très heureuse de voir que sa grande sœur est là.

Thaïs sourit avant de les suivre vers la même chambre que celle dans laquelle la petite était ce matin. Mais contrairement à ce matin, quand elle entra, Tabatha avait les yeux ouverts, et était en train de discuter avec un médecin.

-Regarde, tu as de la visite, lança justement le médecin en les voyant entrer tous les trois. Je vous laisse, je repasserais un peu plus tard.

-Merci, lança Camila avant de s'approcher sa fille pour la prendre dans ses bras.

Tabatha sortait à peine de la salle de réveil, elle était donc encore un peu endormie. Elle salua chacun de ses parents—qui ne voulaient plus la lâcher d'une semelle, ce qui était compréhensif—avant de plisser les yeux en voyant Thaïs.

-Thaïs ? elle demanda justement, comme si elle avait très bien reconnu son visage, mais qu'elle n'était pas sûre qu'elle soit vraiment là en chair et en os.

-Salut, Tabatha, elle sourit, et cette dernière lui fit un sourire.

-Tu es venue, elle lança, comme si elle n'en croyait pas ses yeux. Ma grande sœur est venue, elle ajouta en regardant ses deux parents, qui lui firent un grand sourire. Je peux avoir un câlin ?

Thaïs hocha la tête avant de s'approcher de la petite pour la prendre dans ses bras. Elle allait bien. Tabatha allait bien.

Et en étant égoïste, refusant d'adresser la parole à son père, elle avait pris le risque de ne jamais rencontrer sa demi-sœur qui n'avait rien demandé.

Quand on est fâché contre quelqu'un, on oublie que la vie et courte et qu'elle ne tient à un fil. On se dit qu'on pourra pardonner la personne plus tard, quand on sera prêt, quand on sera déterminé pour de bon à le faire. Mais on oublie trop vite que cette personne peut disparaître à tout jamais à n'importe quel moment. Et qu'on aura pris le risque de ne jamais revoir cette personne tout ça à cause de notre colère.

Alors Thaïs se fit la promesse de ne plus jamais faire ça. De ne plus jamais ignorer qui que ce soit peu importe à quel point elle en veut à cette personne.

-Ton avion est à quelle heure ?

-14h, répondit Thaïs, occupée à regarder le paysage qui défilait par la fenêtre de la voiture de son père.

Après avoir passé l'après-midi avec sa demi-sœur la veille, elle était rentrée dormir avec son père, Camila passant à son tour la nuit avec Tabatha. Même si elle avait campé sur ses positions de ne pas pardonner aussi facilement à son père, elle s'était montrée plus sympa que les jours précédents, rendant l'ambiance beaucoup plus détendue. Elle avait acheté son billet retour pour Barcelone, n'ayant plus rien à faire ici à présent. Et elle était enfin sur le point de rentrer au pensionnat.

-Thaïs, j'ai quelque chose d'important à te demander.

-Oui ? elle fronça les sourcils, quittant le paysage des yeux pour regarder son père, qui lui, était concentré sur la route.

-J'ai besoin que tu me donnes ton opinion sincère sur Camila.

Thaïs haussa les épaules.

-Je ne l'ai pas assez côtoyée pour avoir un avis objectif. Elle semble être une bonne personne, je peux voir à quel point elle vous aime, Tabatha et toi.

-Est-ce que tu m'autoriserais à la demander en mariage ?

-Quoi ? demanda Thaïs, ne pouvant s'empêcher de rire. Tu me demandes à moi si tu peux épouser la mère de ta fille ?

-Tabatha était un accident, et je n'ai pas honte de le dire. Je venais à peine de perdre ta mère quand j'ai rencontré Camila, et je me sentais coupable de me mettre en couple aussi vite alors que j'avais perdu la femme de ma vie. Elle n'était pas supposée tomber enceinte aussi tôt, voir peut-être pas du tout, mais c'est arrivé. Presque un an après la naissance de Tabatha, j'ai réalisé que peut-être, Camila était aussi la femme de ma vie. Peut-être que j'ai deux femmes de ma vie ? C'est à ce moment-là que j'ai commencé à vouloir demander Camila en mariage, mais je ne pouvais pas faire ça, et je ne peux toujours pas faire ça, temps que tu ne m'as pas assuré que tu étais d'accord avec ça. Que tu étais d'accord pour que j'épouse une autre femme que ta mère.

-Ça fait deux ans que tu attends d'avoir mon autorisation ? balbutia Thaïs, prise de cours. Et si je te dis non, tu ne l'as demanderas pas en mariage ?

-Bien sûr que non.

Thaïs soupira, secouant la tête.

-Évidemment que tu peux la demander en mariage.

Son père sourit.

-Merci, Thaïs. Je vais le faire. Je sais que tu m'en veux toujours malgré tout, mais j'aimerai beaucoup que tu te joignes à nous pour le mariage. Tu peux ramener quelqu'un, bien sûr.

-Je peux ramener Marc ? elle demanda, et son père hocha la tête.

-Tu peux ramener Marc. C'est ton copain ?

-Non, bien sûr que non. C'est mon meilleur ami.

-Eh bien, je peux lui envoyer une invitation à part, et tu peux ramener ton copain.

-Je n'ai pas de copain, papa.

Son père se tourna vers elle rapidement avant de poser de nouveau ses yeux sur la route, un grand sourire aux lèvres.

-Quoi ? elle demanda, un sourcil haussé.

-Rien, c'est juste que...tu m'as appelé papa.

-Oh, elle souffla. Ouais. Eh bien, même si je suis toujours en colère, tu es mon père. Et je viendrais au mariage. Mais ne t'attends pas à ce que je réponde quand tu m'appelles tous les deux jours. Je répondrais peut-être parfois. Quelque chose comme une fois toutes les deux semaines. Si je peux parler à Tabatha.

-Merci, Thaïs. Ça compte beaucoup pour moi.

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