13. « Je suis une horrible grande sœur. »

-Il y a une brosse à dents neuve dans le dernier tiroir de la salle de bain, et je t'ai posé un pyjama propre à moi sur ton lit. Tu n'es pas obligée de le porter, je ne sais pas si tu as apporté quelque chose pour dormir, alors...

-Merci, Camila, lui lança Thaïs, et Camila hocha la tête.

-Je t'en prie. Passe une bonne nuit. Si tu n'es pas réveillée demain matin quand ton père viendra nous chercher, ce n'est pas grave, tu n'auras qu'à lui téléphoner et il viendra te chercher.

-Je serais débout, elle assura. Je suis venue pour voir ma demi-sœur, elle dit sans hésiter, parce que même si elle avait envie de dire « ta fille », elle savait que Camila n'était pas en état de supporter ses remarques désobligeantes.

-À demain, alors, sourit la blonde avant de quitter le salon pour rejoindre sa chambre. Thaïs soupira avant de boire un grand verre d'eau dans la cuisine et de monter à son tour. Après un passage rapide dans la salle de bain pour se brosser les dents, elle trouva rapidement la chambre d'ami, et elle enfila son propre pyjama—elle ne voulait pas vexer Camila, mais il y avait des limites—avant de s'asseoir sur son lit pour taper un message à Marc.

« Hey Marc, j'espère que je te réveille pas, si c'est le cas, je ne suis pas désolée. Je suis bien arrivée à Séville, et je suis actuellement dans la maison de mon père et sa copine (sa femme ? je ne sais pas) pour la nuit. Je n'ai pas encore vu leur fille, je la verrais demain seulement, avec j'espère de bonnes nouvelles sur son état de santé. Fais des bisous à Gérard et à Alba de ma part, ainsi qu'à Helen si tu la croises (je pense qu'elle va te courir après dans les couloirs pour te demander si tu as de mes nouvelles). Je t'aime très fort. »

Elle posa ensuite son téléphone sur sa table de chevet avant de soupirer et de se lever. Elle fit quelques pas dans le couloir avant de se retrouver devant la chambre qu'elle cherchait. « Tabatha » était écrit en rose sur la porte, avec une petite couronne de la même couleur au-dessus du dernier A. Elle poussa la porte avant de se retrouver dans la chambre de la petite, et de vraiment comprendre ce qui se passait.

Elle ne l'avait jamais vu, alors c'était difficile pour elle de s'imaginer tout ce qu'elle représentait. Avant d'entrer dans cette pièce, Tabatha était juste...comme une idée. Mais maintenant, Thaïs commençait à réaliser qu'elle n'était pas simplement une idée, mais une personne. Et qu'elle allait peut-être mourir.

Les murs de la pièce étaient peints en violet, et des cadres de princesses Disney étaient accrochés sur les murs. Son lit était rose, et le reste de l'espace de la pièce était envahi de jouets. Des ballons, un circuit de voitures, des voitures, une cuisine, une poussette. La pièce n'était pas particulièrement en bazar, mais elle n'était pas parfaitement rangée non plus. On pouvait voir qu'elle avait joué avec le circuit avant de partir, puisque les voitures étaient éparpillées dessus et à côté.

Et c'est là qu'elle se rendit aussi compte que Camila était une battante. Que son père était un battant aussi. Et que s'il lui avait envoyé un message, ce n'était pas simplement parce qu'il voulait que ses deux filles se rencontrent enfin, c'était surtout parce qu'il avait besoin de réconfort.

-Tu peux y aller la première Thaïs, les médecins vont arriver d'une minute à l'autre pour nous parler, lui annonça son père quand ils arrivèrent à l'hôpital à neuf heures, heure du début des visites.

-Merci, elle répondit avant de pousser la porte de la chambre de sa demi-sœur. Son cœur se serra quand elle posa ses yeux pour la première fois sur la petite.

Elle avait un lit pour les petits, mais il n'empêchait qu'elle paraissait minuscule dedans. Elle avait les yeux fermés, ses cheveux étaient attachés en une natte qui avait dû être fait avant l'accident. Tout son corps était enfoui sous la couette, à l'exception de ses petits bras, qui dépassaient, laissant apercevoir la robe d'hôpital blanche qu'elle devait porter. Le bruit de la machine était le seul son audible dans la pièce, et parce que tout ça était beaucoup trop d'un coup, Thaïs se mit à pleurer pour la seconde fois en deux jours. Un record, pour elle.

-Pourquoi, elle demanda en essayant d'arrêter de pleurer. Elle a trois ans, elle n'a rien demandé, alors pourquoi, elle répéta. Je suis une horrible grande sœur, je suis vraiment désolée de ne pas avoir accepté de te rencontrer avant, elle souffla en regardant Tabatha, avant de prendre une grande inspiration et de se tourner face au mur pour reprendre ses esprits. Une minute plus tard, elle sortit de la chambre, et son père et Camila étaient toujours en train de discuter avec les médecins. Elle en profita pour lire la réponse de Marc à son message d'hier soir—ils avaient foiré leur contrôle surprise de philo, Gérard, Jordi, et Helen qui lui avait bien couru après dans les couloirs l'embrassaient en retour, et il l'aimait encore plus fort—, quand la voix de son père la sortie de sa concentration.

-Thaïs, nous avons besoin de ton avis.

-De mon avis ? elle demanda avant de ranger son téléphone dans sa poche et de s'approcher de Camila, qui se pinçait l'arête du nez.

-Les médecins nous proposent d'opérer Tabatha. Si l'opération fonctionne, elle se réveilla quelques heures plus tard sans aucune séquelle, sauf peut-être des cicatrices, mais rien de très sérieux.

-Et si elle ne fonctionne pas ? elle se risqua à demander.

-Elle peut en mourir. Dans le meilleur des cas, elle deviendra un légume.

Thaïs se mordit la lèvre.

-Si on ne l'opère pas... ?

-Elle reste inconsciente. Elle aura peut-être de grosses séquelles. On ne peut pas savoir.

-Mon avis n'a aucune importance, elle souffla. Vous ne pouvez pas prendre cette décision par rapport à mon avis. Vous êtes ses parents. Mais...si le choix me revenait, je choisirais l'opération.

-Et tu es sa sœur, répondit Camila. Alors ton avis compte.

-Je vais prévenir les docteurs que nous choisissons l'opération, déclara son père avant de disparaître.

-Helen, où...

La jeune femme se retourna et fronça les sourcils en se retrouvant face à Neymar. Elle croisa les bras, attendant qu'il continue.

-...est Thaïs, il termina. Je ne l'ai pas vu de la journée, et...

-Et quoi ? Elle n'a pas envie de te voir, de toute façon.

-Est-ce qu'elle va bien ?

-Est-ce que tu penses qu'elle va bien ? elle le contra, et il plissa les yeux.

-N'essaie pas de me faire de la psychologie ou je ne sais pas quoi. Je sais qu'elle n'a pas envie de me parler, de me voir, je veux juste savoir si elle va bien.

-Elle va bien, répondit Helen avant de fermer son casier et de commencer à s'éloigner.

-Ok, en fait, je ne veux pas juste savoir si elle va bien. Je veux aussi savoir pourquoi elle n'est pas venue en cours aujourd'hui.

-Elle est partie.

-Partie ? Partie où ? Est-ce que c'est à cause de moi ? Elle n'a pas à arrêter ses études à cause de moi, je sais que j'ai été un connard, mais...

-Mon Dieu, tu penses vraiment que le monde tourne autour de ta petite personne ? Tu l'as blessé, mais pas à ce point-là. Mais j'ai bien aimé la partie où tu admets enfin que t'as été un putain de connard avec elle, j'aurais voulu l'enregistrer. J'espère que tu te sens coupable de tes conneries, même si ça devait t'amuser de faire ces montages.

-Non, il se renforgna, et Helen hocha ironiquement la tête.

-Qui est-ce qui t'aidait ? Qui prenait les photos avec lesquels tu montais ?

-Helen, tu ne veux pas savoir, Neymar secoua la tête, et Helen se mordit la lèvre.

-C'était Toma, n'est-ce pas, elle dit, et Neymar acquiesça.

-Je ne l'ai forcé à rien, il--

-Je sais, elle le coupa. Il l'a fait de son plein gré. Je m'en doute. C'est pas la première fois qu'il me déçoit, de toute façon.

Elle ferma les yeux quelques secondes avant de se reprendre.

-Thaïs a eu une urgence familiale et la principale l'a laissé partir trois jours.

-Dis-lui que je suis désolé, s'il-te-plaît.

-Je viens de te dire qu'elle avait une urgence familiale, crois-moi, ta tête et le dernier de ses soucis en ce moment, alors je ne vais pas la déranger pour ça.

-Tu ne vas pas me dire de quel genre d' « urgence familiale » il s'agit même si je te le demande, n'est-ce pas ? il soupira, déjà vaincu.

-Je ne crois pas que ça te regarde. Mais tu sais quoi ? Être loin d'elle comme ça va t'être bénéfique. Après tout, ça te rappellera ta vie avant que tu te mettes à faire l'abruti pour attirer son attention.

-S'il-te-plaît, Helen, tu sais très bien qu'il n'y avait aucun autre moyen de faire en sorte qu'elle me remarque.

-Si tu savais à quel point c'est faux, Neymar. Il te suffisait d'aller lui parler, de lui montrer un minimum d'intérêt, et le tour était joué. Tu as dû t'en rendre compte en passant du temps avec elle, Thaïs est pas compliquée à rendre heureuse, et c'est ce qui fait d'elle une aussi bonne personne. Tu aurais pu très bien t'en sortir sans devoir lui planter un couteau dans le dos.

-Tu crois qu'elle me pardonnera ?

-J'aimerais bien te dire que non, mais je ne suis pas dans sa tête, elle déclara avant de tourner les talons pour de bon.

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