Justice 4-2


TW : quelques propos peuvent choquer la gente féminine, mais c'est pas le but. Le personnage amène ce comportement. Par pitié, ne levez pas les yeux au ciel pour si peu. J'ai aussi eux certaines lectrices qui, dès qu'il s'agit d'une belle femme, de surcroît si elle est blonde, évoquent d'emblée le cliché, sans même connaître la psychologie du personnage. En exemple : Dans une autre de mes histoires, j'ai une jeune femme blonde, jolie, d'origine russe. Direct, la juge l'a catalogué en cliché et comme espionne. Pfff, n'importe quoi. Bref, voilà.

*******

S'ensuit une attente insupportable. Josh arpente sa cellule en long, en large et en travers. Il met des coups-de-pied dans les parois et les barreaux. Cette impuissance le rend dingue et il finit par s'asseoir sur le banc, la tête entre ses mains, puis serre sa mâchoire. Plusieurs heures s'écoulent avant que l'incendie ne soit maîtrisé. En effet, le mauvais temps vient de s'immiscer dans la partie et les premières grosses gouttes ne tardent pas à se transformer en des trombes d'eau. Le changement radical amène avec lui une chute drastique de la température. Petit à petit, par le fenestron, Josh voit les hommes revenir et aucun signe de Murdock. Très inquiet pour son ami Joe, il ne peut qu'espérer qu'il sorte vainqueur de cette traque engagée par le shérif. Vers seize heures, c'est Rodgers en personne qui entre.

— Désolé pour ce contretemps, mais le shérif reste introuvable. Du coup, le procès est reporté à demain après-midi. Un léger sursis, profites-en bien.

Le ton moqueur incite une provocation du détenu, mais Josh se contient. À ce petit jeu, son adversaire, connu pour s'emporter à la moindre inconvenance, risque de vite y perdre son latin. Tandis que le Maire pose son Spencer sur le bureau, l'ex-soldat Unioniste se prépare à un échange houleux. Dans la foulée, l'élu enlève ses habits trempés, puis s'installe dans la chaise du shérif. Il étend ses jambes sur le plateau, croisées au niveau des chevilles.

— Pourquoi les avoir tués, bon sang !

— C'est pas moi, mais bien Murdock.

— Foutue connerie !

— Ce trou du cul m'a tout dit sur vos manigances avec Jacko. Tout !

Le sanguin sort déjà de ses gonds et de sa chaise, piqué au vif. Il saisit son arme et effectue un geste du levier de sous-garde, puis pointe le fusil sur Josh. Ce dernier ne recule même pas, bien au contraire, il avance jusqu'aux barreaux.

— Et je vais vous dire mieux, monsieur l'enfoiré. Hier soir même, un cavalier a été mandaté afin de prévenir le détective privé Lemeunier, à City of Kansas.

— Putain de merde ! Le toubib m'a doublé, j'aurais dû me méfier de ce vieux schnok. Mais de toute manière, ton Messie ne sera pas là avant plusieurs jours.

— Sans doute, mais s'il me retrouve pendu, il poussera à coup sûr ses recherches. Il ne fera pas tout ce chemin pour rien, croyez-moi.

— S'il devient trop curieux, on fera comme d'habitude, une balle dans le crâne. Rien n'arrêtera l'essor d'Hovertown, tu m'entends, rien !

— Êtes-vous impliqué dans le trafic d'armes et de chevaux dressés de Jacko ?

Le front plissé, il baisse son long rifle, le rythme cardiaque à son paroxysme. Il repousse sur le levier et éjecte la balle de la chambre, puis repose l'engin sur le bureau. Tandis qu'il récupère la balle au sol, il poursuit son échange.

— Je ne sais pas d'où tu tiens de telles aberrations, mais pourquoi je serai à l'origine de tout cela, tu m'expliques ta théorie ?

— Je n'ai pas encore la vision globale de votre plan diabolique, mais vous payez grassement ce taré de Jacko pour livrer aux Cheyennes des armes et des munitions.

L'impliqué hausse les épaules et les laisse retomber dans la foulée. Mais Josh sait qu'il est dans le vrai.

— Foutaises. Faut pouvoir prouver ce genre d'accusations, crétin.

— Ce que je n'ai toujours pas pigé, mais je trouverai peut-être, c'est à quoi servent les chevaux dressés dans le contexte actuel ? Il doit bien y avoir une raison ? Qui les achète ?

— Oh la la, tu pars dans des délires sans queue ni tête, Parson, réfute-t-il les bras en l'air.

— Et l'argent que vous devez à Jenny, à nous du coup, pour la vente frauduleuse de notre propriété, ce sont des suppositions aussi ?

La mine déconfite sur cette précision, l'élu se met une claque afin de se revigorer.

— Co... Comment ?

— Votre toutou Murdock baratine de trop. Du coup, vous déduirez les frais engendrés par Lemeunier sur la créance, ça va de soi !

— Merde ! Je ne te laisserai pas l'occasion de me souiller dans la boue, Parson. Tu seras pendu après-demain à l'aurore, point barre ! De toute manière, tu ne peux pas démontrer ton innocence au sujet du double meurtre de Jackson et Marco. Déjà là, l'affaire est pliée.

— Lemeunier trouvera bien un moyen scientifique afin d'y parvenir.

— Je m'occuperai de son cas lorsque ça s'avèrera nécessaire. Pour l'heure, on en a terminé toi et moi, je sors. J'ai besoin d'un verre de whisky.

— Mouais, ça aide à cogiter par quel moyen tordu vous allez encore tenter de vous défiler.

Les habits mouillés remis à la hâte et le fusil en main, il quitte en claquant la porte, puis revient et la ferme à clé. Juste après, ses pas lourds résonnent sur les planches. À nouveau seul, il se demande s'il a bien fait de tout lui déballer comme ça, sur le coup de l'émotion. À proximité du fenestron, une voix l'interpelle.

— Pssst, Josh Parson.

Devant lui surgit Mary, trempée jusqu'aux os et un sourire radieux. Ses habits lui collent à la peau, mettant encore plus en valeur ses formes féminines.

— Vous allez attraper la mort !

— Humm... j'en suis pas à mon coup d'essai, bel étalon ! Bon, j'ai tout arrangé pour le procès. Mon époux est bien trop bavard avec moi, il me confie tout, je suis sa biche toute frêle et innocente. Il va sans dire que ce rôle me satisfait très bien.

Elle accompagne ses dires de plusieurs clignements de paupières exagérés. Le rythme cardiaque du détenu s'envole.

— Qu'est-ce que vous avez manigancé ?

— Surprise, surprise, ça va swinguer ! Pour faire court, rien n'empêchera Rodgers de vous passer la corde au cou, mon ange. Bon, j'ai payé quelqu'un pour trafiquer l'attache de la corde de la potence. Voilà le plan. Nous repartons après-demain pour City of Kansas, juste après votre pendaison loupée ! Ohhhh, ça m'excite déjà !

S'ensuivent des petits bonds sur place, accompagnés par ses propres applaudissements, paumes jointes.

— Vous avez vraiment un truc qui tourne pas rond, Mary, mais quel charisme !

— Oh merci, je sais, une enfance tragique. Bref, je ferai en sorte que la diligence soit à proximité de la potence. Après l'acte ignoble qui vous verra vous vautrer sur votre joli petit cul, vous n'aurez plus qu'à vous accrocher sous la diligence et... salut la compagnie !

Le baiser volé sur ses doigts se voit balancé de manière comique vers le ciel. Il ne peut s'empêcher d'admirer sa danse et sa vivacité, cette envie de vivre qui se dégage d'elle. Cette jeune femme est à elle seule, sous ses profondes blessures du cœur, une bouffée d'oxygène.

— Avec le monde qu'il va y avoir, ça risque d'être compliqué. Et facile à dire, mais tenir sous une diligence n'est pas chose aisée, surtout avec une épaule en charpie.

— Aucunement, projetez-vous dans la situation. Quel dilemme, n'est-ce pas ? La corde qui signe votre arrêt de mort va devenir votre moyen d'évasion !

Sans même s'en rendre compte, Josh se frotte son cou et visualise l'action évoquée.

— De plus, là encore, j'ai engagé les services d'un gosse du coin, il coupera vos liens et occasionnera une diversion juste avant. De toute manière, y aura quoi, trois, quatre clampins érudits avec ce beau temps ? Un bisou ?

Sur la pointe des pieds, l'échange buccal devient vite passionnel. L'instant est de nouveau intense, magique et en tel décalage avec sa mort programmée. Cette Mary lui fait tourner la tête et amène à chaque fois l'espoir. Les souffles courts, les langues entremêlées, les mains de Josh s'engouffrent dans son épaisse chevelure rousse. Les cœurs explosent, prêts à sortir de leurs poitrines. Après plusieurs longues et intenses minutes, ils s'écartent. Il contemple ses yeux, ses tâches de rousseur, elle ses iris si clairs et si purs.

— Votre époux ne va pas se douter de quelque chose, trempée comme vous êtes ?

Amusé par cette remarque, elle exécute un demi-tour et se fige en mode danseuse aguicheuse, la jambe droite pliée au genou, le visage en arrière.

— J'en fais mon affaire, une bonne pipe et le tour est joué, Josh Parson. À demain !

Encore une fois émerveillé par cette beauté aux cheveux de braise, il secoue la tête et la regarde traverser la rue sur des planches. Elle ressemble à un cygne, si délicate, mais en vérité si dangereuse.

— À demain.

S'ensuit, en guise de réponse, un geste de la main de Mary, qui ne tarde pas à disparaitre au loin. À nouveau seul, il s'allonge sur le banc et s'endort recroquevillé. La fatigue l'emporte sur l'enjeu vital qui l'attend le lendemain. Josh se réveille vers onze heures, alors que Rodgers en personne vient lui apporter à manger et à boire. Sans tergiverser, le détenu jette son dévolu sur la nourriture. Sans un mot, l'élu met à jour le registre du shérif, puis ressort aussi vite qu'il est venu.

— À tout à l'heure, Parson, pour le procès.

— Va te faire mettre, pourriture ! lui envoie-il la bouche pleine.

L'attente devient insupportable. Beaucoup de questions fusent dans sa tête. Beaucoup d'inquiétude aussi, pour Jenny et Joe. Les souvenirs d'enfance défilent. Avec eux, les tensions de plus en plus marquées avec ses parents, au fur et à mesure des années, jusqu'à la guerre civile. Qu'est devenue leur sœur, vendue en Suède ? Puis Rodgers revient pour ce moment fatidique, accompagné des deux hommes de main de Ricon. Tandis que le Maire déverrouille la porte d'accès de la cellule, un garde le tient dans sa ligne de mire, au bout d'un Colt. L'autre se plante dans la sortie et lui ordonne de se tourner, mains en arrière. Peu enclin à tenter quoique ce soit, le détenu se laisse passer les menottes.

— Aïe, merde quoi, je ne vais pas m'évader, c'est bon !

Dans cette position, sa douleur à l'épaule se trouve ravivée de plus belle. Dans la foulée, le quatuor sort du bureau du shérif et rejoint le Saloon sous le déluge. Afin de rester le plus possible au sec, ils empruntent les perrons successifs. Les pas réguliers sur les planches sonnent déjà comme une exécution à marche forcée. Toute cette mascarade va se terminer au bout d'une corde de toute manière. Il espère vraiment que Mary va réussir à faire quelque chose en sa faveur, mais tant que rien n'est acté, interdiction de se réjouir. La rue d'Hovertown se transforme petit à petit en un vaste marécage boueux. La luminosité, disparue et supplantée par d'épais nuages noirs, apparaît parfois au crédit d'innombrables éclairs qui fendent le ciel de pacotille. Devenu maître des lieux, le grondement de la foudre se rapproche avec son lot de dangerosité.

Arrivé à proximité du Saloon, la potence trône bien là, fière, munie du jugement final : l'épaisse corde. Cette dernière se balance au gré des rafales. Les portes battantes du Saloon grincent dans un son mortuaire. L'endroit a été transformé pour sa soi-disante séance plénière équitable. Mais Josh sait à quoi s'en tenir, tout comme les quelques personnes présentes. Seul point positif, la présence de Mary, à côté de son chef-d'œuvre qui lui sert d'époux. Le fortuné, l'air hautain et malsain, transpire la corruption sous ses habits mondains. Mary, un peu en retrait, se mouche, en raison d'un sale rhume. Les yeux rouges, elle accepte sa condition pour l'avoir cherché.

Sur l'estrade, à l'opposé du comptoir, une table avec le fameux juge nommé pour l'occasion. Le concerné n'est autre que le barbier d'Hovertown, monsieur Finn, d'en manche avec Rodgers, ou du moins, grassement rémunéré. Le professionnel n'a jamais caché ses intentions de devenir un jour Maire à son tour. De toute façon, impossible de mettre en œuvre un procès en bonne et due forme dans ce village si isolé, à défaut d'un report de plusieurs semaines. Il reste fort probable que pour le pseudo juge, l'arrivée d'une ligne ferroviaire, ainsi que tout ce que cela entraîne en terme de plus-value, ne peut que l'inciter à prendre le parti de l'élu actuel, développement économique oblige. Josh s'assied à côté de son avocat de bric et de broc. Le juge tape fort sur la table, d'un coup de maillet. La poussière virevolte. Croyant faire un coup d'éclat vis-à-vis de Josh, il obtient surtout le sursaut de tous les autres, mais pas du détenu. Mary s'offusque, éternue de plus belle et s'excuse, amusée.

— Bien, je déclare le procès ouvert !

— Arrêtez de fanfaronner, Finn. Qu'on en vienne aux faits.

— Je ne vous ai pas sifflé, Parson, à ce que je sache ? Attendez votre tour et vous avez un avocat pour vous représenter.

— Pfff, la bonne blague !

— Enfoiré, t'as tué de sang-froid Jackson et Marco ! renchérit Rodgers, un doigt inquisiteur dans sa direction.

— Jamais de la vie, c'est Murdock !

Trois coups de maillets remettent un peu d'ordre, mais la tension est palpable. Finn reprend la parole, trop fier de son rôle de meneur tant convoité. Au regard de la loi, il a le pouvoir le temps du procès.

— Bien, monsieur Rodgers, maire de Hovertown, ici présent, s'est porté partie civile dans cette affaire. Il a demandé ce procès équitable afin de mettre en lumière les faits qui vous sont reprochés. Pour rester court, il demande la mort par pendaison, avec présence du pasteur, bien sûr. Amen !

Profitant de cette intervention, Josh murmure à Mendez son angle de défense. S'il est une chose qu'on a à volonté en prison, c'est bien le temps de réfléchir. Mendez se lève et tousse, puis s'adresse au juge.

— Jé veux attirer voutre attention sur l'arrivée du senior Lemounier, doupuis City of Kansas.

Dans une comédie théâtrale bien huilée, la partie civile s'insurge. Rodgers, en tant que propre avocat et représentant légal d'Hovertown, demande des explications.

— Comment c'est possible que ce détective privé soit au courant de ce procès ?

Vu la virulence des propos en corrélation avec leur discussion d'hier, Josh sait qu'il a touché une corde sensible. Mendez poursuit les directives de son client.

— Si vous execoutez moun mousieur, Jé pense que ça va encoure plous intéressé Lemounier ! Une doumande de rouport reste la meilloure souloution.

Rodgers, de tempérament sanguin, surtout lorsqu'une situation lui échappe, renverse la table de colère. L'élu sait que tôt ou tard, le détective privé l'aura vite dans le collimateur. La pendaison reste d'autant plus la meilleure solution, car aucun témoin ne peut disculper Josh.

— Comment pouvez-vous nous prouver que vous n'avez pas exécuté Jackson et Marco, Par...son ?

— Mon ami Joe Wang le peut. Il peut témoigner de deux coups de feu simulta...nés.

Le juge et Rodgers plissent les yeux en direction des fenêtres, bouches-bée. Josh et Mendez font de même. En effet, la carriole du croque-mort s'arrête dans la boue. Le professionnel, accompagné de ses deux acolytes, en descendent, ce qui ne manque pas de captiver les différents protagonistes.

— Atchoum !

Mary se mouche encore et encore. S'ensuit une arrivée fracassante dans le Saloon. Le croque-mort aux directives, fait mettre le premier cercueil sur une table, en plein milieu de la salle. L'humidité dégouline sur le plancher et tout le monde se met debout et exécute un signe de la croix approprié à la situation. Face à cet outrage, le juge ne peut s'empêcher d'invoquer la religion.

— Jésus Christ, sainte-Marie mère de Dieu, pardonnez ce pauvre pêcheur.

— Allez chercher l'autre macchabé, les gars ! exige l'inquisiteur des faits, les doigts coincés dans ses indémodables bretelles.

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